Accueil > Occupation sans papiers/réfugiés

Occupation sans papiers/réfugiés

Publie le jeudi 9 octobre 2003 par Open-Publishing

Paris, le 9 octobre 2003

L’occupation du S.S.A.E ( SERVICE SOCIAL AIDE AUX ETRANGERS) par les
exilés du X^ème arrondissement de Paris et des sans-papiers
*Contre la maltraitance d’Etat, des otages se rebiffent*
/Ce 9 octobre 2003, les exilés du X^ème arrondissement de Paris et des
sans-papiers occupent 1 August Perret,LE SERVICE SOCIAL D4AIDE AUX
ETRANGERS ( SSAE) Ils ont entrepris cette action dans le but de cesser
d’être les victimes de la politique de dissuasion de l’Etat français./

Depuis des années, en effet, tout laisse penser que la maltraitance
d’Etat à l’encontre de certaines catégories d’étrangers présents sur
leur territoire fait partie de la panoplie des moyens de dissuasion que
l’Union européenne et la France s’autorisent à employer à l’intention
des futurs migrants et des futurs demandeurs d’asile. Il s’agit de
convaincre ces étrangers de renoncer à venir en Europe. Dans cette
perspective, les pouvoirs publics prennent en otages les sans-papiers et
les demandeurs d’asile déjà présents, les soumettent à des traitements
inhumains et illégaux, et les métamorphosent en épouvantails.

Tel est notamment le sort des exilés du X^ème arrondissement - Kurdes,
Afghans, Iraniens et Irakiens. L’extrême précarité à laquelle ils sont
condamnés, leur relégation à la rue et dans les jardins
publics,l’indifférence des pouvoirs publics à leur égard, qui entendent
les
considérer comme des étrangers en simple transit alors qu’ils viennent
de pays où la guerre sévit et où les droits humains sont bafoués, tout
cela appartient à cette stratégie de la dissuasion. La plupart
pourraient - s’ils étaient correctement informés de leurs droits - ou
voudraient demander l’asile en France, mais ils se trouvent confrontés à
mille obstacles, en particulier aux scandaleuses conditions d’accueil en
préfectures, et à la grave pénurie de places sans les centres d’accueil
pour demandeurs d’asile.

Il en est de même pour les sans-papiers. Leur condamnation à une
existence permanente sans droits vise aussi à en faire de véritables
repoussoirs destinés à décourager des immigrations futures.
Les différents aspects de cette politique migratoire sont inacceptables,
d’abord parce qu’ils violent toujours davantage les droits humains et le
droit d’asile, ensuite parce qu’ils ont montré depuis longtemps leur
impuissance à dissuader les victimes de l’organisation politique et
économique du monde de s’exiler.

Ensemble, exilés et sans-papiers ont décidé de dénoncer le sort qui leur
est ainsi fait, ainsi que l’aggravation de la situation à laquelle ils
peuvent s’attendre avec les projets de loi en lecture devant le Sénat au
mois d’octobre :

1) la réforme de la réglementation sur l’entrée, le séjour et
l’éloignement des étrangers vise entre autres à :

 marginaliser et criminaliser des étrangers qui devront franchir des
obstacles juridiques multipliés et affronter la suspicion et
l’arbitraire de l’administration ;

 une criminatlisation sans précédent des travailleurs migrants
dépourvus d’autorisation de travail, renversant un principe majeur du
droit social ;

 la pénalisation des personnes faisant le choix de la solidarité plutôt
que de l’exclusion, les peines encourues pour aide au séjour irrégulier
d’un étranger étant aggravées ;

2) la réforme de l’asile entreprend de vider de son sens la notion
d’asile, réduite à un instrument de contrôle des « flux migratoires ».
Exilés et sans-papiers observent, par ailleurs, que le gouvernement a
décidé de mettre fin à l’existence du Service social d’aide aux
émigrants (SSAE) qui avait été créé en 1950 pour accueillir demandeurs
d’asile, étrangers primo-arrivants et mineurs étrangers. Sa disparition
augure mal de l’avenir.

Dans ce contexte, exilés et sans papiers demandent ensemble au
gouvernement :

 la mise en œuvre d’un dispositif d’accueil permettant à tous les
exilés et sans-papiers de vivre dans des conditions dignes, par la
création de centres d’accueil, logements et foyers ;

 la régularisation de tous les sans-papiers, et la reconnaissance de la
place qu’ils occupent dans la société française, au sein de laquelle ils
vivent et travaillent depuis des années ;

 pour les demandeurs d’asile, le retour du droit au travail dont ils
jouissaient jusqu’en 1991

 des moyens suffisants dans les administrations en charge de l’accueil
des étrangers (préfectures, Ofpra, etc.).

(*) Le Collectif de soutien aux exilés du X^è arrondissement de Paris,
composé des exilés eux-mêmes, de militants, et des organisations
suivantes :

ATTAC 9/10^e Droits devant ! !, France Libertés, GISTI, Les Verts 10^è