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PALESTINE : "Unité nationale pour battre l’isolement"

Publie le vendredi 17 février 2006 par Open-Publishing

L’ancien ministre Abu Amr : le Hamas est prêt à céder au Fatah les Affaires étrangères et l’Intérieur

de MICHELE GIORGIO ENVOYE A GAZA traduit de l’italien par karl&rosa

Après avoir consulté le Roi Abdallah de Jordanie et le président égyptien Hosni Mubarak, le président palestinien Abu Mazen a entamé hier soir à Gaza les entretiens avec la délégation du mouvement islamique pour la formation du nouveau gouvernement palestinien. Nous avons interviewé sur le futur exécutif l’académicien Ziad Abu Amr, indépendant laïc élu dans la liste de Hamas, désigné de plusieurs côtés comme le futur ministre palestinien des Affaires étrangères. Professeur de relations internationales à l’université de Bir Zeit (Cisjordanie), Abu Amr a été ministre de la Culture dans le gouvernement dirigé par Abu Mazen en 2003.

Professeur Abu Amr, votre candidature dans la liste du Hamas a été une surprise. Vous êtes un laïc et dans le passé vous n’avez pas caché vos sympathies pour Al Fatah. Qu’est ce qui a déterminé votre déplacement vers le mouvement islamique ?

Des motivations qui ne sont pas idéologiques mais politiques. Depuis longtemps je sentais la nécessité d’un profond changement de direction du gouvernement et, de façon plus générale, de renouveau de la politique palestinienne et quand les dirigeants du Hamas m’ont proposé la candidature j’ai accepté tout de suite. Je l’ai fait parce qu’ils m’ont parlé de choses concrètes, de bon gouvernement, de fin de la corruption, d’utilisation rationnelle des ressources, c’est-à-dire de ce dont les Palestiniens ont besoin aujourd’hui. Entre Hamas et moi il y a des différences sur différentes questions, comme les négociations et la solution du conflit avec Israël. Les dirigeants islamiques ne m’ont pas demandé de changer mes idées mais seulement de participer au renouveau de la politique palestinienne.

Vous avez été le promoteur dans les jours derniers d’entretiens entre Al Fatah et le Hamas, en vue des consultations amorcées par le président Abu Mazen pour la formation du nouveau gouvernement. Quel sera le but des deux parties ?

La délégation du Hamas affirmera sa disponibilité à former un gouvernement avec Al Fatah et, s’il le faut, à renoncer à des ministères importants, par exemple à ceux des Affaires étrangères et de l’Intérieur, dans le but d’arriver à un compromis. Après tant de déchirures il faut un gouvernement d’unité nationale qui aurait l’effet de calmer les tensions internes et permettrait de travailler d’un commun accord. En même temps, un gouvernement de coalition enverrait un signal rassurant à l’opinion publique internationale préoccupée, sans raison pourtant, par la victoire électorale du Hamas. J’espère qu’Al Fatah mettra fin à ses conflits internes et adhèrera au nouvel exécutif. De toute façon sur un point il n’y a pas d’incertitudes : le premier ministre sera du Hamas, le parti qui a gagné les élections.

Serez-vous le ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement ?

Il est prématuré de parler de charges ministérielles. Certes, la possibilité que je sois nommé existe, mais les consultations sont à peine commencées et en outre d’autres représentants palestiniens peuvent bien s’en charger (on parle aussi du ministre des Affaires étrangères actuel, Nasser Qidwa, ndr).

On parle de plusieurs côtés d’un conflit de pouvoirs entre un président d’Al Fatah qui a une vision modérée et un premier ministre du Hamas avec des positions plus intransigeantes, surtout à l’égard d’Israël. Ce conflit est-il réel ?

Je dirais plutôt qu’il est improbable. Le Statut définit les rôles et les prérogatives des organes institutionnels et ensuite les deux parties, avant d’arriver à la formation du gouvernement, seront engagées dans des entretiens visant aussi à éviter le conflit des pouvoirs. Certains services de sécurité, par exemple, répondront directement au président, d’autres au premier ministre et c’est pourquoi il n’y aura pas d’affrontements ou de polémiques comme plusieurs l’affirment.

Vous avez défini comme immotivées les préoccupations de la communauté internationale mais les Etats-Unis et l’Europe sont en train d’évaluer sérieusement la possibilité de couper leurs financements annuels de quelques centaines de millions de dollars à l’Anp si le gouvernement est confié au Hamas.

Je souhaite que les Usa et l’Ue continuent à affecter des fonds qui sont essentiels pour notre population. Les Palestiniens ont tenu des élections démocratiques qui représentent un modèle pour le Moyen Orient tout entier. Ils doivent être récompensés et non pas punis par la Communauté internationale. En ce qui concerne le Hamas, l’Occident ne peut pas ignorer son évolution dans un sens modéré. Depuis à peu près un an, il respecte la trêve avec Israël et en acceptant de faire partie de l’Anp il a commencé de facto à reconnaître indirectement l’Etat hébreu. Ces développements doivent être encouragés par le dialogue.

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