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Palestine Agrexco : les fruits de la colonisation
Publie le lundi 17 août 2009 par Open-Publishing2 commentaires
lundi 17 août 2009
Une mission civile composée de membres de la Cimade, de la CCIPPP (Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien), du CMF (Collectif des Musulmans de France) et du NPA s’est rendue en Palestine fin juillet pour enquêter sur la société israélienne Agrexco.
Les 4 organisations prenant part à cette mission sont toutes membres de la "Coalition contre Agrexco", qui s’est formée pour s’opposer à l’implantation d’Agrexco dans le port de Sète (34), projet lancé par le sioniste convaincu Georges Frêche, président du Languedoc Roussillon, et voté par le Conseil Régional (majorité PS-PC).
Depuis la création de cette coalition à la fin du mois de mai, plus de 80 organisations l’ont rejointe : partis politiques, syndicats, associations de défense du peuple palestinien, association pour les droits de l’homme… Le 25 juin, une journée de mobilisation était organisée, avec des marches partant de Nîmes (60km de Montpellier) et de La Paillade (quartier populaire de Montpellier) qui ont rejoint le cortège de la manifestation de plus de 1000 personnes devant le Conseil Régional. Le mot d’ordre : pour le respect du droit du peuple palestinien et la sauvegarde des emplois agricoles régionaux, non à Agrexco ! Agrexco est une société dont le capital est détenu à 50% par l’Etat d’Israël, et qui exporte fruits, légumes et fleurs, produits en partie dans les colonies israéliennes en Cisjordanie et de la bande de Gaza. Tous ces produits arrivent sur nos marchés avec un label "made in Israël", sans qu’il y ait moyen de faire la différence entre production des colonies, de Palestine ou d’Israël. Agrexco commercialise notamment les marques Carmel, Biotop et Ecofresh.
Au cours de cette mission nous avons rencontré des organisations palestiniennes et israéliennes (comité BDS [Boycott, désinvestissement et sanctions] palestinien, syndicats, associations anticolonialistes…), ainsi que le ministre palestinien de l’agriculture, pour recueillir leur opinion et leurs témoignages sur les pratiques d’Agrexco.
Toutes ont été claires. Cette société, par l’exploitation des paysans palestiniens, par la commercialisation de produits issus des terres et de l’eau volées aux palestiniens, participe activement à la politique de colonisation et de domination d’Israël.
En nous rendant dans la vallée du Jourdain, principale zone agricole de Cisjordanie, entièrement contrôlée par Israël, nous avons pu voir la réalité de la colonisation et discuter avec des paysans palestiniens. Quasiment toutes les terres appartiennent désormais aux colons. La main d’œuvre palestinienne est utilisée dans les plantations dans des conditions exécrables : salaires minimes, pas de protection sociale ou maladie, les accidents sont fréquents… Et pour ceux qui viennent d’autres régions de Cisjordanie pour travailler ici, les habitants de la région refusant de plus en plus de se vendre à ceux qui ont volé leurs terres, des logements des plus sommaires, ressemblant à des box à chevaux, sont gracieusement mis à leur disposition, et un petit poste de santé pour des milliers de personnes.
La peur se lit sur les visages des travailleurs que nous tentons d’interroger à la sortie des plantations de palmiers dattiers. Ils n’ont pas le droit de nous parler, ils craignent pour leur travail, leur famille, si jamais un colon les aperçoit… Une partie de la production agricole palestinienne est également achetée par les compagnies israéliennes pour être mêlée aux produits des colonies ou d’Israël et exportée. Dans bien des cas, les paysans palestiniens sont escroqués, et ils ne sont pas payés pour leur production, et ce sont, de toute façon, les Israéliens qui fixent les prix, évidemment très bas.
Aujourd’hui, les Palestiniens n’ont pas beaucoup d’autre choix que de passer par Agrexco (ou autre entreprise du même genre) pour vendre leur production, au risque de la voir pourrir au prochain check sur la route de Ramallah ou de Naplouse.
Leur message est unanime et très clair : nous devons les aider, par le boycott, à faire pression sur Israël pour qu’exploitation et colonisation stoppent, pour qu’ils retrouvent le contrôle de leurs ressources, leur liberté de circuler et de vendre leurs produits pour eux.
Avec les élections régionales françaises approchant, cette « affaire Agrexco » va prendre encore plus d’ampleur. Il faut maintenir la pression sur les élus pour que le Conseil Régional Languedoc-Roussillon revienne sur son vote et ne se rende pas coupable de sponsoring de l’occupation de la Palestine.
Le 10 octobre est prévu comme journée nationale de mobilisation pour le boycott d’Israël et, à Montpellier, se tiendront "6h pour la Palestine : contre Agrexco et pour l’emploi. Des militants de différent pays où se mène cette lutte (Ecosse, Belgique, Palestine…) participeront aux ateliers de débat et au meeting.
Si cette bataille contre Agrexco est pour l’instant locale, elle doit vite devenir nationale voire même européenne !
Non à Agrexco ! Boycott Israël !
http://www.npa2009.org/content/agrexco-les-fruits-de-la-colonisation
Messages
1. Palestine Agrexco : les fruits de la colonisation, 17 août 2009, 20:47, par Retirat
G Frêche va par le fait precipiter la disparition des producteurs locaux.Qu’en pensent ces derniers ?
1. Palestine Agrexco : les fruits de la colonisation, 17 août 2009, 21:33, par Antoine (Montpellier)
A Retirat
Ce souci de l’impact, sur l’économie locale, de l’arrivée d’Agrexco à Sète est présent dans l’appel du collectif. Qu’on en juge par ce passage :
Pour autant et parce que la question de l’emploi est au centre de nos préoccupations, notre intérêt pour les emplois sur le port et les activités du port nous amènent aussi à nous préoccuper des emplois dans l’agriculture. Quelles conséquences auraient les importations massives de fruits et légumes largement subventionnés en Israël sur l’économie paysanne de la région ? Et par voie de conséquence quels risques de pénurie alimentaire et de destruction de savoirs-faire encourons nous ? Va t-on, au prétexte de la création d’emplois de manutentionnaires précarisés sur le port, participer à la liquidation d’emplois agricoles paysans réels ? Pire encore, cela se ferait avec l’argent public ? C’est inacceptable et nous le refusons.
Pour l’ensemble de l’appel :
http://www.resistons.net/index.php/2009/06/01/411-agrexco-a-sete-pas-dargent-public-contre-le-peuple-palestinien
Antoine