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Palestine - Le Hamas prend le pouvoir aux élections
Publie le mardi 14 février 2006 par Open-PublishingUn communiste libertaire israélien fait une brève analyse des dernières
élections parlementaires en Palestine qui ont eu comme résultat la déroute
du parti « Al-Fatah » jusque-là majoritaire, vaincu par les
fondamentalistes du Hamas.

L’élite gouvernante d’Israël, qui comptait sur la bonne volonté de l’OLP et du Fatah pour un compromis qui leur laisserait quelques-uns des
territoires occupés lors de la guerre de 1967 (si ils les maintenaient
sous pression suffisamment longtemps), a commis une erreur de calcul. Une
partie de ses efforts incluait de favoriser les fondamentalistes du Hamas,
ce qui était censé remplacer les tendances nationalistes par un programme
religieux. Les effets de cette stratégie n’ont conduit qu’à
l’affaiblissement de l’Autorité palestinienne corrompue, à tel point que
cela en est devenu incontrôlable. Maintenant, les Israéliens se retrouvent
avec le gouvernement du Hamas, plus fondamentaliste et moins corruptible,
qui a opté pour le fondamentalisme et une lutte active contre l’occupation
appuyée par l’argument religieux.
Le système capitaliste moderne dépend de la classe capitaliste qui
contrôle la bureaucratie de l’Etat. Lorsque le système capitaliste est
imposé par les anciens colons sans une classe capitaliste suffisamment
forte, la bureaucratie étatique ou l’élite militaire prennent les rennes
du pouvoir. Dans le cas des territoires palestiniens confiés à la
bureaucratie et à la force militaire de l’OLP, l’influence modératrice
d’une classe capitaliste forte et locale n’existait pas. De cette manière,
les fonctionnaires de haut niveau se sont enrichis grâce à la corruption
et ont acheté la loyauté des fonctionnaires sulbalternes.
Les travailleurs et les paysans ne pouvaient qu’envier la nouvelle élite
gouvernante et corrompue. Ce système ne pouvait pas fonctionner
correctement car il n’était pas indépendant des forces d’occupation
israéliennes, qui ont favorisé la montée des fondamentalistes du Hamas.
Ainsi, le Hamas (qui a distribué énormément d’aide aux plus nécessiteux,
aussi via ses ONG, dans des domaines tels que les soins médicaux,
l’éducation et les services sociaux) a donné l’impression d’agir loin de
la corruption. Il s’est assuré de cette manière de nombreuses voix de
sympathie, y compris de la part de personnes qu’on ne peut pas considérer
comme fondamentalistes.
D’après les scrutins, il semble que les électeurs du Fatah ou du Hamas ne
se sont pas différenciés en ce qui concerne le niveau de ferveur
religieuse. Mais il existait deux raisons non liées à la religion qui ont
poussé les gens à voter pour le Hamas : d’abord, une forme de sanction à
l’égard du Fatah corrompu ; et en second lieu, le soutien à une lutte plus
systématique contre Israël.
De plus, le Fatah était était désorganisé en raison des conflits internes
et des attaques constantes des forces israéliennes. Il était tellement
gangrené par les rivalités internes que le Hamas a obtenu un nombre de
députés au-delà de ce que son noyau d’électeurs permettrait normalement.
Le Hamas lui-même n’est pas monolithique. La principale motivation de son
noyau d’activistes est de promouvoir la religion islamique, pour laquelle
ils ont activement milité durant de nombreuses années au travers d’un
nationalisme extrême. Cependant, beaucoup d’entre eux seraient prêts à
faire un pacte avec Israël et les pouvoirs impérialistes pour se maintenir
sur le trône ou au moins conserver une position de premier plan.
Ce n’est pas par hasard si seulement des candidats du Fatah ont été élus
dans une municipalité où le Hamas contrôle la mairie depuis un an. Ce
n’est pas par hasard non plus que le Fatah ait obtenu 20 votes de plus que
le Hamas dans le petit village de Bil’in, où le comité nationaliste
populaire fait du bon travail pour la lutte contre le Mur de séparation.
Le Hamas a obtenu environ 42,9 pour cent des voix lors des dernières
élections en Palestine. Cependant, en raison de la désorganisation du
Fatah et de la procédure électorale (la moitié des sièges (soit 66) sont
élus par votes proportionnels et l’autre moitié par votes régionaux), le
Hamas a obtenu les 56 pour cent des sièges au parlement. Maintenant, ils
doivent décider (ou se diviser) si ils veulent utiliser leur nouveau
pouvoir pour promouvoir leur fondamentalisme à partir de l’Autorité
palestinienne ou arrêter la résistance militaire afin de se légitimer aux
yeux des principaux Etats capitalistes.
Ilan Shalif, anarchiste contre le Mur
Cet article a été écrit pour Anarkismo.net
Traduction de Louis Jazz, A voix autre - avoixautre(a)no-log.org
[ texte repris du site http://www.anarkismo.net ]
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