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Paris : grève dans les crèches pour un service public de qualité
Publie le lundi 12 juin 2006 par Open-Publishing2 commentaires
Coordination Féministe pour une Europe Alternative
Les personnels des crèches municipales de la ville de Paris entament leur 4e semaine de grève : contre la surcharge de travail et le manque d ’effectifs ils exigent la création de 1344 postes budgétaires supplémentaires. Cette grève touche aussi les halte-garderies, les centres de protection infantile et les jardins d’enfants de la l’Office d’HLM de la ville de Paris.
Militantes de la Coordination Féministe pour une Europe alternative, (partie prenante du Collectif national du 29 Mai), attachées à la défense et au développement du service public d’accueil de la petite enfance, nous sommes solidaires des personnels en grève.
Nous affirmons qu’une société peut être évaluée sur sa capacité à prerndre en charge dans de bonnes conditions la petite enfance. Comme le disent les grévistes dans un document publié par l’intersyndicale :
“S’occuper de jeunes enfants, ce n’est pas seulement les nourrir, les laver, les habiller, les déshabiller, les coucher, les faire jouer. Pour que ces bébés deviennent des personnes à part entière, il faut que les adultes qui s’en occupent puissent penser chacun d’eux comme un individu singulier.
Il faut qu’ils puissent porter chacun de ces enfants, non seulement dans leurs bras mais aussi dans leurs têtes. C’est ce que s’efforce de faire le personnel Petite Enfance à Paris malgré un épuisement professionnel de plus en plus important ...“
Par ailleurs, ce service public est essentiel non seulement pour la socialisation des enfants et les apprentissages premiers, mais joue un rôle central dans l’activité professionnelle des femmes, indispensable à leur autonomie et leur émancipation.
¨Pour ces raisons, nous soutenons cette lutte pour des emplois de qualité dans un service public garant d’une société plus juste.
Cette grève a été reconduite, le jeudi 1er juin jusqu’au 8 Juin, par l ‘AG des personnels, à l’appel de l’intersyndicale CFTC, CGT, FO et SUPAP-FSU. Sur les 397 établissements de la petite enfance de la ville de Paris, plus de 60 crèches sont touchées par le mouvement, 3 ou 4 sont totalement fermées, mais le plus souvent, ce sont des « sections » qui sont fermées. Ainsi, tous les jours, ce sont plusieurs centaines d’agents qui sont en grève.
Pour permettre à la grève de durer et garder le contact avec les parents, ils ont opté pour une grève a durée variable : journée entière permettant d’aller aux AG, mais aussi journée de grève « allégée » : demi-journée ou 1 heure.
Les parents manifestent leur solidarité : plus de 4000 ont signé une pétition et jusqu’à 1000 ont participé aux rassemblements organisés devant l’Hôtel de Ville.
Les personnels ont organisé un forum de discussion
http://www.lesocial.fr/forums/read.php?f=5&i=82092&t=82092
Le 23 Mai, lors de la dernière rencontre avec la direction des personnels, la mairie de Paris a proposé la création de 156 postes alors que les personnels en grève estiment qu’il en faudrait plus de 1300... Les 360 crèches et haltes-garderies Parisiennes emploient aujourd’hui 6000 personnes, ce que les grévistes considèrent largement insuffisant. C’est en fait depuis plusieurs mois que des mouvements de grève agitent ces personnels. Comme le souligne un document de l’intersyndicale, depuis des années, « le manque de personnel dans les crèches conduit à des pratiques et à un état de fait mettant en cause le bien-être et la sécurité affective des enfants ».
En matière de prise en charge de la petite enfance, l’arrivée de l’équipe Delanoë a marqué un progrès, mais si elle a à son actif la création de 5000 places de crèches supplémentaires, les postes correspondants de personnel, indispensables à la qualité de l’accueil, n’ont pas été prévus au budget. La mairie de Paris avance que plus de 1000 postes (soit 1/4 des créations de poste) ont été affectes à la petite enfance depuis 2001, mais ce que ne dit pas la mairie, c’est que tous les ans, environ 800 personnes quittent ces services de la Ville de Paris à cause de conditions de travail...Soulignons que ces emplois, dans leur écrasante majorité, sont occupés par des femmes.
Le sous-effectif est évident et les chiffres officiels parlent : Aujourd’hui, dans les crèches de la ville de PARIS, le taux d’encadrement est de 1 personnel pour 8,7 enfants. Or, un décret du 1er août 2000 stipule que dans les crèches, le taux d’encadrement minimum est de 1 personnel pour 5 enfants qui ne marchent pas et de 1 pour 8 enfants qui marchent : au total et en moyenne, la norme s’établit à 1 personnel pour 6,5 enfants. Ces normes d’encadrement ne sont en fait respectées que de 10 h à 12h30 et de 15h à 16h30 : 4 heures par jour alors que les crèches sont ouvertes 11h ...
Pour faire comprendre les enjeux de leur lutte les personnels, ont élaboré des documents approfondis publiés par l’intersyndicale. On y apprend par exemple, que « faute de personnels, les « regroupements » tels qu’ils sont organisés pendant l’été ou les vacances de Noël sont néfastes aux enfants. (...) Le turnover du personnel étant important, les psychologues observent régulièrement les effets néfastes sur les enfants de ces changements répétés (tristesse, retrait, agressivité, troubles du sommeil...) ».
Olga Trostanski, adjointe PS à la petite enfance la mairie de Paris s’interroge sur “l’absentéisme récurent “, et affirme qu’ “une meilleure gestion du personnel permettrait de régler les problèmes“. Les personnels soulignent : « à l’épuisement dû à la dégradation des conditions de travail s’ajoute la fatigue liée aux transports, le personnel étant contraint de se loger de plus en plus loin de Paris du fait de la faiblesse des salaires... La ville de Paris ne se donnant pas les moyens de fidéliser le personnel, l’hémorragie vers les communes de banlieue est constante... Ce qui est indispensable à la construction psychique de l’enfant, c’est le lien privilégié, continu et stable qu’il peut avoir avec un adulte. La destruction renouvelée de ces liens est une menace permanente pour l’équilibre affectif de l’enfant . Cet état de fait est une maltraitance pour les enfants et pour les équipes ».
On voit donc à quel point les revendications des personnels en grève sont légitimes. La gestion de la mairie de Paris a-t-elle pour priorité la qualité du service public ? Ou bien, la création d’un nombre important de places de crèches n’est-elle qu’une VITRINE derrière laquelle on essaie de rentabiliser les personnels ?
Aujourd’hui la mobilisation des personnels et le soutien de nombreux parents dérange la mairie. mais elle refuse de négocier sur les embauches nécessaires. Après un véritable dialogue de sourds, le problème des effectifs est reconnu et la mairie essaie de faire un geste tout en proposant des règles de gestion et le “ management “ des personnels. .
La grève a été reconduite jusqu’au 8 juin, date à laquelle aura lieu une AG et un « temps fort » avec mobilisation dans la rue.
Nous , militantes de la Coordination Féministe pour une Europe alternative, construite lors de la campagne contre le traité constitutionnel européen qui voulait « graver dans le marbre » la disparition des services publics soutenons cette lutte . Nous tenons à inscrire notre soutien aux grévistes dans le cadre plus général de la défense de tous les services publics et de leur qualité., menacés par les politiques néolibérales mises en application part les directives de l’actuelle Union Européenne.
Nous appelons à participer aux actions qui seront organisées le 8 Juin et à signer la pétition de soutien aux grévistes Pour les contacter : intersyndical.pe@voilà.fr.
Pour information, la Coordination Feministe pour une Europe Alternative a élaboré un document à l’usage des militantes et des militants intitulé “ Petite enfance et emancipation des femmes : pour la refondation du sercvice public“ , mis en ligne sur les sites suivants :
CN 29 Mai :
http://www.collectifdu29mai.org/Pet...
– Vivent les services publics : http://www.v-s-p.org/article423.html
La Coordination Feministe pour une Europe Alternative Paris le 5 Juin 2006
Messages
1. Voeu déposé par Camille Marques, Conseillère du 14 ème Arrondissement, au sujet des crèches, 20 juin 2006, 09:26
Conseil du 14ème arrondissement
26 juin 2006
Vœu déposé par Camille Marques, conseillère d’arrondissement PCF
La municipalité de Paris a fait depuis son installation de la prise en charge de la petite enfance sa priorité. Nous avons eu à nous féliciter, notamment dans le 14ème, de l’ouverture de places de crèches tout en regrettant que soient privilégiées des structures non municipales. Des extensions d’horaires ont également été organisées. Depuis plusieurs mois, les agents, majoritairement des femmes, des crèches municipales, sont en mouvement pour réclamer l’amélioration des conditions d’accueil des enfants et des moyens supplémentaires pour le service public de la petite enfance. La force et la détermination de ce mouvement social, démarré le 8 mars, marqué par une grève entamée le 9 mai, momentanément suspendue, indiquent par elles-mêmes la profondeur du malaise existant. Au plan parisien, la création au minimum de 1344 emplois qualifiés de puériculteurs/trices, d‘auxiliaires de puériculture, d’éductaueur/trices de jeunes enfants, d’infirmières, de psychologues, d’agents d’entretien, soit l’équivalent de 3 postes par établissement est jugée indispensable immédiatement. En attendant, la situation est jugée à la limite de la normale par les professionnelles et par les parents, largement solidaires. La municipalité est pour l’instant restée sourde à ces revendications, se bornant à proposer l’accroissement du volant de remplaçant(e)s, maintenant à organiser des « études » au cas par cas, jugées dilatoires. Régulièrement alertés par les professionnelles et habitants de notre arrondissement, nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation de blocage. Aussi nous formulons le vœu que le Maire de Paris prenne des engagements précis sur le nombre de créations de postes, profession par profession, pour la rentrée prochaine, le nombre 1344 constituant une base minimale pour le prochain projet de budget primitif.
http://pcf-paris14.over-blog.org/article-3059683.html
1. Déclaration de Camille Marques au Conseil d’Arrondissement du 26 Juin, 28 juin 2006, 23:25
Soutien à la lutte des personnels des crèches parisiennes.
http://pcf-paris14.over-blog.org/
Adoption d’un voeu de Camille Marques au Conseil d’Arrondissement du 26 Juin.
Voila le voeu dont Camille Marques est à l’origine et dont elle a obtenu l’adoption à l’unaminité du Conseil d’Arrondissement du 14ème : http://pcf-paris14.over-blog.org/article-3059683.html. Toutefois, les élus socialistes, majoritaires, ont imposé que soit retiré l’estimation minimale des 1344 postes minimaux à créer, ce qu’a vivement regretté Camille Marques. Ce voeu a été transmis et sera discuté au Conseil de Paris du 3 Juillet. Ce sera l’occasion de relayer à nouveau la juste lutte des personnels de la Ville de Paris et de renforcer la mobilisation autour d’eux.
Défense du voeu sur les crèches en séance :
« Quelque chose ne va pas dans les crèches de la Ville de Paris. Il faut avoir la lucidité de le reconnaître même s’il est indéniable que la municipalité a agi dans le sens d’améliorer l’offre d’accueil de la petite enfance depuis son arrivée.
Pour la quatrième fois en un an, à l’appel de leur intersyndicale, les agents de la petite enfance ont fait grève mercredi 21 juin. Ils, elles, ont alerté à nouveau les élus et les participants aux assises de la petite enfance. En mai, elles ont mené un mouvement déterminé de 4 semaines. Si les agents font grève, ce n’est pas pour le plaisir, c’est pour tirer un signal d’alarme. Nos enfants sont concernés, nous sommes concernés.
La réaction de notre municipalité face aux revendications des personnels contraste avec le soutien des agents des autres services de la ville et de leurs représentants syndicaux, avec le soutien des parents, manifesté par des milliers de pétitions (plus de 6000 au moins à ma connaissance) ou par la constitution d’associations de solidarité.
Les personnels s’apprêtent à écrire un livre noir des conditions de travail et d’accueil dans les 397 établissements de la petite enfance. Chers collègues, nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation.
La question la plus urgente est la question des moyens humains et du taux d’encadrement des enfants. Les récits s’accumulent. Les personnels, toutes catégories confondues, se retrouvent parfois avec plus de 10 enfants chacun à charge, avec des heures critiques à l’heure des repas et des siestes. Des témoignages de la sorte, nous en entendons toutes les semaines d’agents, ou de parents du 14ème.
Les conséquences sont néfastes aussi bien pour la santé des agents, pour la sécurité des enfants que pour la bonne exécution de leur mission qui n’est pas que de la garde mais aussi et même principalement de l’éveil.
Permettez-moi de citer un document de l’intersyndicale que je trouve extrêmement juste et hautement responsable :
« s’occuper de jeunes enfants, ce n’est pas seulement les nourrir, les laver, les habiller, les déshabiller, les coucher, les faire jouer. Pour que ces bébés deviennent des personnes à part entière, il faut que les adultes qui s’en occupent puissent penser chacun d’eux comme un individu singulier ». Mais dans les conditions actuelles, les tâches élémentaires elles-mêmes sont effectuées de justesse et encore au prix du dévouement extrême des personnels sinon de leur propre santé. Parfois ils craquent comme le démontrent les 800 départs par an hors de nos structures.
« Le manque de personnel dans les crèches conduit à des pratiques et à un état de fait mettant en cause le bien-être et la sécurité affective des enfants » poursuit le document de l’intersyndicale.
Les agents et leurs organisations syndicales ont chiffré l’urgence : il faut créer au minimum 1344 postes. Ce chiffre l’équivalent d’à peine 3 emplois par établissement, correspond à une estimation sérieuse, tenant compte de l’amplitude d’ouverture de 11 heures.
Le taux d’encadrement moyen est actuellement de 1 personnel pour 8,7 enfants. Un décret du 1er août 2000 stipule que dans les crèches, le taux d’encadrement minimum est de 1 pour 5 enfants qui ne marchent pas et de 1 pour 8 qui marchent, soit en moyenne une norme de 1 agent pour 6,5 enfants.
A l’heure actuelle, la réponse des responsables municipaux est un niet sur toute la ligne : aucune création de poste, une annonce fictive d’un volant supplémentaire de remplacement de 150 et d’études dilatoires sur les besoins ultérieurement.
Chers collègues, cette situation n’est pas digne de notre ville, de ses enfants, des priorités annoncées de sa municipalité et que nous partageons, notamment en matière de service public.
Qu’on ne nous réponde pas que les moyens manquent quand le surplus budgétaire correspondant aux droits de mutations engrangés avec la spéculation immobilière se monte à plus de 200 millions d’euros chaque année.
Communistes, nous avons toujours lutté pour le développement des structures collectives publiques d’accueil des jeunes enfants dotées de personnels qualifiés en nombre suffisants. Elles devraient même pouvoir accueillir tous les enfants.
Sous réserves de ces arguments, je vous demande d’adopter ce voeu. »