Patrick DARRE, président du groupe communiste au conseil municipal de Montreuil

Par Patrick DARRE, président du groupe communiste au conseil municipal de Montreuil

Au point de tension extrême où nous nous trouvons, mesurant l’ampleur des questions politiques qui nous séparent et font blocage avec Jean Pierre Brard, je prends la décision de ne pas figurer sur sa liste aux élections municipales des 9 et 16 mars prochains

Les communistes de Montreuil ont souverainement débattu et adopté des propositions qui, dans le cadre du contingent qui leur est imparti sur la liste, s’efforcent de répondre au mieux aux objectifs politiques qui sont les leurs.

Jean Pierre Brard refuse d’intégrer en l’état le contingent communiste ainsi constitué au motif qu’il ne répondrait pas aux critères fixés. Critères, qu’il prend d’ailleurs soin à ne pas s’appliquer à lui même.

Comme l’a démontré la direction de section, les motifs évoqués pour justifier son entêtement, sont infondés. En revanche ils constituent un faisceau de tirs concentré sur des camarades ciblés, servant à affaiblir notre démarche politique de construction autour de l’objectif de transformation de la société.

Les communistes se sont engagés depuis de nombreuses décennies avec les Montreuillois pour construire une politique de défense des droits, de solidarité, de justice sociale, qui s’est traduite dans la ville notamment par des politiques en faveur du logement social, de la défense de l’emploi, de la santé, de l’éducation.

Ils ont toujours eu à cour de combattre le capitalisme qui engendre concurrences et misère, ils ont toujours eu la volonté d’aller de l’avant pour défendre la dignité et l’émancipation humaines.

C’est dans la fidélité à ces valeurs, que nous inscrivons notre action présente qui veut allier conduite de politiques publiques locales au combat fondamental contre les dominations capitalistes. Aujourd’hui, celles ci sont au niveau de l’état incarnées par la politique conduite par Sarkozy.
Le traité de Lisbonne a pour but d’installer ces dominations durablement dans la communauté Européenne.

C’est la raison pour laquelle les prises de position des uns et des autres sur le traité européen constituent pour nous, le repère essentiel dans la période politique actuelle.
Jean Pierre Brard ayant clairement pris position à ce sujet, nous nous sommes engagés à ses côtés. Cependant, force est de constater qu’au niveau local, ses actes vont à l’encontre de ses prises de position. Singulièrement, la conception qu’il a de l’union, entre radicalement en conflit avec la conception de rassemblement qui est la nôtre.
• Tout d’abord, c’est une conception de l’union qui repose sur deux forces politiques qui ont échoué dans leur prétention à transformer la société.
• Ensuite, en enfermant l’affrontement politique dans le classique concept gauche/droite, il nie que la véritable ligne de fracture est aujourd’hui entre ceux qui acceptent le système capitaliste et la logique néolibérale, et ceux qui ne s’y résolvent pas.
Il s’inscrit pleinement dans une gauche qui a renoncé à la transformation de la société et ne se différencie que par une autre façon d’accompagner les affaires du capital, comptant sur l’alternance électorale pour arriver au pouvoir.
Ce faisant, il entretient une ambiguïté qui contribue à la dépolitisation de la société et fait la part belle aux idées dominantes.

Nous sommes pour notre part persuadés qu’il faut construire un rassemblement à gauche basé sur les luttes contre la domination capitaliste, ancré dans les solidarités et les coopérations sur tous les plans.
Enfin à cette opposition politique de fond, s’ajoute la poursuite de pratiques politiciennes que je refuse de cautionner.
Jean Pierre Brard continue en effet de diviser toutes les forces politiques en présence, d’organiser leur poids dans la vie municipale, pour asseoir son pouvoir personnel.
Plus grave, sa volonté de ne pas voir figurer sur la liste qu’il conduit certains d’entre nous, n’a pour but que de se débarrasser de communistes représentatifs de la conception du rassemblement que je viens d’évoquer et ce, d’autant plus aisément, qu’il a l’appui de la direction nationale du PCF, et de ses relais locaux.

Rien, ni personne ne me détournera de l’objectif communiste qui est le mien et que je partage avec une grande majorité de camarades, ainsi qu’avec de nombreuses forces, de personnalités de gauche dans notre ville. Cependant, je considère aujourd’hui qu’il m’est quasiment interdit par Jean Pierre Brard de pouvoir le faire fructifier dans l’ambiguïté qu’il entretient savamment et dans le cadre d’un partage de responsabilités avec lui à la tête de la municipalité.
Je me suis toujours attaché, partout et en toutes circonstances à faire respecter les choix collectifs de mes camarades, mais dans la situation créée par Jean Pierre Brard, je prends mes responsabilités afin de contribuer au déblocage de la situation et ainsi permettre à celles et à ceux d’entre nous qui en ont encore la possibilité de travailler à la poursuite de nos objectifs en bâtissant les alliances nécessaires au sein de l’institution comme en dehors.

Désormais, c’est sur ce terrain que je déploierai toute l’activité militante dont je suis capable pour que nos efforts convergent et aboutissent à la reconstruction d’une gauche de transformation influente et efficace. Montreuil est riche de potentiel pour y parvenir.

Declaration prononcée par Patrick Darré, le 16 Février 2008 en ouverture de l’assemblée de militants du PCF