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Piste politique confirmée dans l’affaire de Karachi.

Publie le vendredi 18 juin 2010 par Open-Publishing
3 commentaires

Le juge d’instruction chargé de l’enquête sur un attentat anti-français au Pakistan en 2002 a confirmé la piste d’une affaire de corruption en France susceptible d’impliquer Nicolas Sarkozy, a-t-on appris de source judiciaire.

Lors d’une rencontre avec les familles des victimes de l’attentat de Karachi, Marc Trévidic a annoncé qu’il demanderait en septembre la co-désignation d’un juge financier pour explorer cette piste, dans le cas où le parquet refuserait toujours d’ouvrir une procédure distincte.

Le procureur Jean-Claude Marin a dit dans un communiqué cette semaine qu’il jugeait les faits prescrits.

L’avocat des familles qui assistait à la rencontre, Maître Olivier Morice, a rapporté les propos du juge et a souligné son manque de latitude.

"Marc Trévidic n’a pas caché aux familles les problèmes qu’il connaissait actuellement puisqu’il est laissé seul avec sa greffière et qu’il n’a pas de moyens d’enquête", a dit à Reuters Maître Morice.

Ce dossier porte sur un attentat-suicide commis en mai 2002 à Karachi qui a tué 14 personnes, dont 11 employés français de la Direction des constructions navales (DCN) qui travaillaient sur place pour un contrat de livraison de sous-marins Agosta signé en 1994.

La piste d’Al Qaïda avait été d’abord suivie mais c’est désormais celle d’une action commanditée par des militaires pakistanais, sur fond d’imbroglio sur le paiement de commissions, qui est aujourd’hui privilégiée.

"RÉTRO-COMMISSIONS" AVÉRÉES

Le juge Trévidic a dit aux familles que son enquête avait confirmé qu’une partie des 83 millions d’euros de commissions convenues pour versement au Pakistan en marge de ce contrat était revenue en France.

Selon Me Morice, l’existence en 1994 de cette opération illégale de corruption appelée "rétro-commissions" est prouvée par des courriers entre la DCN et ses avocats, versés à la procédure, qui en font état.

D’autres éléments montraient déjà qu’un intermédiaire libanais, Ziad Takieddine, était intervenu pour obtenir au dernier moment 33 millions d’euros de commissions, s’ajoutant aux 50 déjà convenus initialement.

Ziad Takieddine a versé ensuite l’argent au Luxembourg au crédit d’une société créée par la DCN avec le feu vert de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, selon les conclusions d’une mission d’information parlementaire.

L’intervention de Ziad Takieddine avait été imposée par le ministre de la Défense de l’époque, François Léotard.

Les familles des victimes soupçonnent un financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, que soutenait Nicolas Sarkozy.

L’arrêt des paiements, tant au Pakistan qu’au Luxembourg après la victoire de Jacques Chirac sur Edouard Balladur à la présidentielle de 1995, interruption également démontrée au dossier du juge Trévidic, expliquerait l’attentat de 2002, selon l’hypothèse de travail du juge.

D’après Me Morice, Marc Trévidic estime que le pouvoir actuel sait tout de l’affaire.

"Le magistrat a déclaré qu’au plus haut niveau de l’Etat, on sait parfaitement pourquoi il y a eu arrêt du paiement des commissions. Il attend donc que soient remis les documents utiles dans le cadre de la demande de déclassification qu’il a faite", a dit l’avocat.

Une commission consultative a donné un avis favorable cette semaine à une nouvelle remise de documents secrets. La première n’a abouti à déclassifier que des documents secondaires.

Le député socialiste Arnaud Montebourg demande vendredi 18 juin au procureur Jean-Claude Marin d’ouvrir une information judiciaire sur le volet financier.

"J’invite le procureur Marin à respecter scrupuleusement les devoirs de sa charge en aidant les familles des victimes à obtenir la vérité, et non en protégeant le pouvoir contre le risque de son implication", dit-il dans un communiqué.

http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE65H09T20100618

Messages

  • Au sens strict du terme, il ne s’agit pas là d’une piste "politique" mais d’un motif vénal.

    Selon le juge, le mobile de l’attentat du 8 mai 2002, à Karachi, serait le non-versement de rétro-commission à des intermédiaires pakistanais.

    L’article ci-dessus n’évoque pas le Prince de nationalité saoudienne qui serait, d’après la rumeur "Nautilus", impliqué...

    De plus les raisons géo-politiques et le moment historique quand a lieu l’attentat ne sont toujours pas évoquées.

    Le juge ne parle pas des opérations Enduring freedom, Sagittarius, Parkaram et Blue Tulsi ainsi que les contradictions entre une politique de vente d’armes françaises tout azimut et l’alignement sur la stratégie de l’OTAN, dans la région.

  • Non.

    Il ne faut pas confondre deux choses :

     d’abord, des commissions occultes partaient de France en direction du Pakistan ;

     en échange, des rétro-commissions occultes revenaient en direction de la France pour financer des mouvements politiques français.

    Le mobile de l’attentat de Karachi serait l’arrêt du versement des commissions.

    • la rumeur indique que c’est Chirac qui aurait bloqué ces commissions qui auraient été à visée corruptrice.

      et que les corrompus (ceux de là bas, pas ceux des "prétendues" rétro-commissions) auraient été très fâchés.

      Il reste à foutre en taule les corrompus et ceux qui ont corrompu.

      Si ils existent bien sur.

      La bonté des retro-commissions qui ne sont que des rétro-pots-de-vins c’est que le corrompu est en même temps le corrupteur.

      ah si ils avaient commis un crime épouvantable comme tirer la langue à un policier français ! ou volé un scooter !