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"Portes fermées en Bosnie Herzégovine", dans les fabriques ethniques
Publie le samedi 18 février 2006 par Open-Publishing4 commentaires

Si tu es serbe, on ne te donne pas de travail dans l’Aluminij, si tu es croate on te refuse dans les mines Ljublija. La dénonciation d’Amnesty
de SARA FAROLFI traduit de l’italien par karl&rosa
"Je ne me définis pas comme un travailleur licencié, je dis que je suis un travailleur serbe et c’est pour cela qu’on m’a demandé de ne plus me présenter au travail". Nous sommes à Mostar, Bosnie Herzégovine, où a son siège la Aluminij, la fabrique d’aluminium qui constitue aujourd’hui l’une des plus importantes réalités industrielles de la région, avec plus de 20 000 salariés, entre les directs et les indirects. Nebojsa Spaijic, un Serbe bosniaque de 38 ans, a travaillé à la Aluminij de 1988 jusqu’à 1992, quand on lui a demandé de ne plus se présenter parce qu’il est serbe. Et à d’autres milliers de travailleurs comme à lui. Dans la nuit du 9 au 10 mai 1993, à Mostar, les forces armées bosniaco-croates établirent le contrôle sur la zone ouest de la ville, où a son siège la Aluminij.
Même pas un mois plus tard, tous les managers de l’entreprise, qui à l’époque était contrôlée par l’état, furent remplacés par d’autres personnes. Toutes rigoureusement Croates. Et pourtant, les discriminations ne sont pas terminées avec la fin de la guerre.
Pas au lendemain des accords de Dayton, en 1996 : il a été refusé aux travailleurs d’être réintégrés dans leur emploi et souvent on leur a même refusé la possibilité de retirer leur livret de travail, qui est la preuve du travail effectué au fil des années et sans lequel il est plutôt difficile d’obtenir un autre emploi. "Dans la ville divisée de Mostar, la Aluminij a poursuivi une politique de discrimination ethnique pendant la guerre, dont on continue à ressentir les effets et dont quelques éléments continuent à être pratiqués".
C’est Amnesty International qui le dénonce, avec un rapport intitulé "Portes fermées : discrimination ethnique dans l’emploi en Bosnie Herzégovine", qui pointe le doigt contre la discrimination, largement répandue dans le monde du travail, en tant qu’obstacle principal au retour des réfugiés et des rescapés.
En 1997, quand la Aluminij est partiellement privatisée, le conseil d’administration décide de convertir la valeur des salaires non payés (et accumulés par les travailleurs pendant la guerre) en actions équivalentes de la société. Selon le rapport d’ Amnesty, la plupart des travailleurs serbo-bosniaques n’ont reçu aucune somme ni action correspondante au salaire qu’ils n’ont pas perçu ; les Bosniaques ont reçu des actions correspondantes au salaire minimum de neuf mois, alors que les travailleurs croates ont vu la valeur le leur salaire plein réintégrée pour la période toute entière où la fabrique n’a pas travaillé (53 mois). Encore : si, en 1992, 33% des salariés étaient des Bosniaques, 44% des Croates et 23% des Serbes, en 2003 les Bosniaques représentent 3%, les Serbes 4% alors que les Croates représentent 93%.
En se rapportant à la "guerre sanglante" qui de 1992 à 1995 opposa les trois principaux groupes ethniques de la Bosnie Herzégovine actuelle, les Musulmans, les Serbes et les Croates, qui provoqua des dizaines de milliers de morts et obligea à la fuite des millions de personnes, Amnesty souligne que la discrimination et le licenciement pour des raisons ethniques fut dans la plupart des cas le premier pas des campagnes de nettoyage ethnique, auxquelles succédèrent des tueries, des expulsions forcées et des déportations. Comme le démontre le deuxième cas évoqué dans le rapport. Près de Prijedor, dans la République Srpska, dans les mines de fer Ljublija, un autre lieu de déportation et de nettoyage ethnique.
Au début de la guerre, quand la compagnie (qui, en 1992, donnait du travail à 4300 personnes) tomba sous le contrôle de facto des autorités locales serbes, au moins deux mille travailleurs non serbes furent systématiquement discriminés, par des licenciements en masse, motivés exclusivement par des questions d’ethnie et communiqués au travailleurs par des annonces radiophoniques. En 2004, un rapport des Nations unies a fait savoir que 90% des rapatriés à Prijedor après la fin de la guerre sont sans emploi. Et quand, en 1999, soixante nouveaux travailleurs ont été embauchés, ils étaient tous Serbes.
Le rapport dit que, ces dix dernières années, à peu près la moitié des deux millions de déplacés sont rentrés chez eux. Mais quand ils rentrent, les réfugiés appartenant aux minorités ethniques doivent souvent faire face à une discrimination persistante dans l’accès à l’emploi. Sans un emploi, d’ailleurs, et face au risque de l’indigence, ils décident d’émigrer à nouveau.
La fabrique Aluminij compte, parmi ses clients, quelques-unes des plus grandes entreprises automobile européennes, y compris Fiat. Maintenant, les mines de fer Ljublija sont contrôlées par la Mittal Steel, un colosse international. Au fond, ça aussi est l’Europe.
Messages
1. > "Portes fermées en Bosnie Herzégovine", dans les fabriques ethniques, 18 février 2006, 10:13
C’est cela la véritable finalité de l’Europe, celle ces races et des ethnies, celle qui fabrique les cons sanglants qui se lèvent pour la conquête d’un pouvoir local, celle qui fut encouragée par Hitler (certainement d’autres avant lui) et celle de Pétain, celle qui rejette son voisin aussi pauvre que lui, qui devient son concurrent, au nom de sa culture opprimée, celle des Occitanistes, de Basques, de Bretons, d’ Alsaciens, de Corses qui refusent les valeurs d’égalité parce qu’ils veulent être maîtres "chez eux" et qui te mesurent à la pureté de ta race. Triste Europe, où la culture universelle recule au profit de représentations mensongères et de légendes pourtant métissées transformées en mythes fondateurs d’un monde irréel et figé. Europe de Charlemagne et chrétienne de tous les fascismes, Europe des marchands dont le credo est de saigner toujurs plus ses serfs et ses esclaves, Europe dont la seule raison d’être est le capitalisme tu te construis en ouvrant de nouveaux cimetières sur le modèle des anciens. Construisons ensemble une République sociale, laïque pacifique et universelle des pays européens, méditerranéens et africains d’abord, qui respectera les cultures donc les langues, dans une stricte égalité de valeur, qui chassera définitivement du pouvoir et de la politique les prétentions ethniques, donc le Racisme.Jdes P
1. > "Portes fermées en Bosnie Herzégovine", dans les fabriques ethniques, 18 février 2006, 13:22
" celle des Occitanistes, de Basques, de Bretons, d’ Alsaciens, de Corses qui refusent les valeurs d’égalité parce qu’ils veulent être maîtres "chez eux" et qui te mesurent à la pureté de ta race. " :
Pauvre petit nationaliste français, nostalgique des colonies, j’ai pitié de toi !
Le drapeau du maréchal Pétain est tricolore, c’est le fameux étendard sanglant.
C’est aussi celui des colonies, celui au nom duquel ont été faites les pires exactions. Regardez donc l’article sur les cartes postales de la "patrie des droits de l’homme" en Indochine sur ce même site.
Vous dégainez votre pistolet dès que vous entendez parler de "cultures", n’est-ce pas ?
Bertrand Deléon.
2. > "Portes fermées en Bosnie Herzégovine", dans les fabriques ethniques, 18 février 2006, 14:23
JdesP,
Il semblerait qu’on mélange un certain nombre de choses d’une façon un peu exagérée, et je vois que tu as tourné autour des nationalismes corrects contre des nationalismes incorrects...
Alors permets-moi de réécrire ton texte d’une façon + visible (ah ! au fait Charlemagne était plus pour une panzer-unification de l’Europe qu’eutre chose...et il connu déjà l’irredentisme basque) , donc :
..../....C’est cela la véritable finalité de l’Europe, celle ces races et des ethnies, celle qui fabrique les cons sanglants qui se lèvent pour la conquête d’un pouvoir local, celle qui fut encouragée par Hitler (certainement d’autres avant lui) et celle de Pétain, celle qui rejette son voisin aussi pauvre que lui, qui devient son concurrent, au nom de sa culture opprimée, celle des Occitanistes, de Basques, de Bretons, d’ Alsaciens, de Corses, d’Algériens, d’Irlandais, de Français , d’Antillais, de Kanaks, de Vitenamiens, etc qui refusent les valeurs d’égalité parce qu’ils veulent être maîtres "chez eux" et qui te mesurent à la pureté de ta race.../...
Est-ce qu’en rajoutant de cette façon provocatrice des groupes nationaux tu comprends un peu mieux qu’on puisse s’interroger sur des propos ?
Les choses me semblent bien plus difficiles à traiter que celà.
Mettre Pétain au milieu est également une grande curiosité argumentaire, celui-ci étant plutôt connu pour sa soumission au reich nazi en quête vers la construction d’une Europe de nations soumises.
Et Pétain n’était pas trop connu pour sa participation à une résistance nationale...
Autre curiosité , parler d’une spécificité et d’une finalité de l’Europe construite sur des races et des éthnies, et faire passer Hitler pour un defenseur de minorités nationales avec à la clé faire donc de l’expression de minorités de l’Hitlerisme.... CQFD, les ouistres auraient donc raison de traîter les nonsses de fachos à ce compte...
Ni nazie, ni démocratique, ni raciste , ni égalitaire, ni...., en soit sont les expressions de cultures minoritaires (je ferai remarquer que l’écrabouillement de la culture française s’est nourrie de la reduction de la culture française écrasant les cultures minoritaires. Il a fallu attendre ces 15 dernières années pour voir des Bretons, des Corses, avoir le droit de chanter dans leur langue, de droit de trouver une salle pour faire des concerts, etc), elles peuvent aussi bien déboucher sur des boucheries ethnicistes (médaille d’or pour les Serbistes extremistes, médaille d’argent pour les Croatistes extremistes, médaille de bronze pour les Bosniaquistes extremistes) que sur des luttes sociales et de gauche...
Rien d’écrit, mais ce qui est sûr c’est qu’on ne peut construire une société meilleure sur des négations de cultures minoritaires.
Faire semblant que celles-ci n’existent pas, faire semblant de faire comme si elles n’étaient pas maltraitées (il suffit pour celà de les nier, de nier leur existence, comme celà fut fait pendant longtemps) n’est peut-être pas la meilleure des choses...
On parle d’Hitler et de Pétain, en y accolant les Basques, et on tombe là sur l’ignominie... Faut-il rappeler que les nationalistes basques rendèrent un grand service aux Espagnols, et à la démocratie en Europe, en envoyant vers le ciel le successeur de Franco ? On en pense ce qu’on veux, mais les nationalistes basques se retrouverent longtemps dans la bataille anti-fasciste, et + peut-être que certains...Et ils en payerent cash le prix.
Souvenons-nous de Guernica.
Les choses sont plus compliquées que celà. Et on ne construit pas un monde apaisé en niant les peuples, en niant les cultures des autres. En général ça aboutit toujours à ce que ceux-ci resurgissent avec une très grande violence, des années après, des dizaines d’années après, des centaines d’années après.
Cop.
2. > "Portes fermées en Bosnie Herzégovine", dans les fabriques ethniques, 18 février 2006, 11:36
La situation de l’ensemble des pays de l’ex Yougoslavie n’est autre que la conséquence logique de la guerre "juste" menée par l’OTAN dans les années 1990...
Lire Diana Johnstone, La croisade des fous, Le temps des cerises, 2005
http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=23336