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Pour détendre la colère en passant les fêtes

Publie le jeudi 23 décembre 2010 par Open-Publishing

Un mal qui force le déshonneur,

Mal que la loi en sa fureur

Inventa pour aider les dérives des notaires ,

La rente (puisqu’il faut l’appeler par son nom)

Capable d’enrichir en un jour toute la bande à Fillon,

aux hommes honnêtes faisait la guerre.

A ceux du président elle arrondissait leur aire

Si tous n’y cédaient pas, ceux venant de l’UMP

étaient les plus frappés :

On les voyait occupés

A draguer les soutiens d’une sonnante escarcelle

Chaque besace animait leur envie.

Loups comme Renards ils épiaient

La douce et l’innocente collecte.

Comment du téléthon en capter les pépètes :

Plus de chèque, partant plus de don.

Et en plus, le mitard s’ils taisaient leurs millions.

C’était plus que n’en pouvaient tolérer ces mignons

Devant les périls qu’annonçaient ces heures graves,

Il fallait d’urgence une réponse de braves.

Copé tint conseil, et dit : Mes chers amis,

J’ai vu avec Jacob comment sortir de ce piège

Pour cacher nos péchés et taire nos fortunes ;

Que les tant coupables que de nous

Soient livrés en pâtures.

Aux voleurs de vélo mettons des peines planchers

Et à nous une loi pour que la magistrature

Par les parquets mandée doive taire nos fortunes.

Qu’aux courroux populaire, on sacrifie les premiers

Nous obtiendrons ainsi rémission pour nos thunes.

L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents

On fait de pareils dévouements :

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

L’état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons

J’ai financé par la pub toute mes réélections.

En avais-je le besoin ? Sûrement je le pense.

Et s’il m’est arrivé quelquefois de voter amnistie

C’était dans l’intérêt supérieur du parti.

Je me dévouerai donc, s’il le faut ; à payer une amende

Mais que la prison épargne nos contrebandes.

Il est bon dit Copé que chacun s’accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter selon toute justice

Que le plus coupable subisse

Il faut que voleur de vélo en cinq ans se flétrisse

Pour que l’enrichit des cumuls au soleil s’épanouisse.

 Ami, dit Jacob , vous êtes trop adroit ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;

Et bien, cacher biftons, joncquaille et autres espèces,

Est-ce un péché ? Non, non. Vous fîtes, président,

En stockant vos richesses, exemple du gagneur

Vous aidez l’ami Eric touché dans son honneur.

Et quant à la pub on peut dire

Qu’elle fut outil décisif pour que vous pûtes rester à la tête de Meaux

Face à ces gens-là qui, voleurs de vélo,

n’ont de cesse de vouloir vous ravir votre empire.

Ainsi dit Jacob, et flatteurs d’applaudir.

On n’osera trop approfondir.

De l’Oise et de Neuilly, de Corbeil à Noisy et des autres résidences,

Les moins pardonnables dépenses.

Tous affairistes véreux coureurs de maroquins

Au dire de chacun, étaient de petits saints.

Tino de Bondy à son tour nous dit : J’ai souvenance

Que près d’un parking passant,

pressé par pôle emploi pour venir au pointage, je pense

Quelque diable aussi me poussant,

Je sautais sur un cycle démuni d’antivol et le pris.

Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.

A ces mots on cria haro sur le Tino.

Un élu quelque peu clerc prouva par son avis

Qu’il fallait enchrister ce maudit délinquant,

Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout le mal.

Qui faisait du pays l’image du scandale

Sa peccadille illico fut jugée cas pendable.

Prendre le vélo d’autrui ! Quel crime abominable !

Qu’une peine plancher de trois ans seule était capable

D’expier le forfait : on le lui fit bien voir.

Et la bande à Copé satisfait du jugement

Repris de la poularde et du moulin à vent.

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les lois du parlement vous rendront blanc ou noir.

© C. Le R. Qui remercie pour son aide Monsieur La Fontaine