Accueil > Pourquoi personne n’en parle ?

Rainer Schlüter :
« la ruée vers les coopératives »
Choc en retour au pays de Mme Thatcher. Alors que Gordon Brown, le chancelier travailliste joue Keynes contre Friedman pour sortir de la crise, on assiste au pays du libéralisme roi, selon Rainer Schluter, le directeur de la plate- forme des Coopératives européennes à « une véritable ruée vers les coopératives ». Comment explique-t-il ce basculement ? Interview.
ARIA-Nord : Vous estimez « que le capitalisme va dans le mur ». Est-ce que cela va changer la donne économique et sociale ?
Rainer Schlüter : Il est clair qu’aujourd’hui les citoyens ont perdu confiance dans le système. Et ça, ça va énormément modifier la donne. Dès à présent, on assiste à un retour en grâce des coopératives.
Je pense à l’Angleterre en particulier. On assiste à un rush sur ce type d’entreprises. A un retour massif.
ARIA-Nord : pourquoi ce retour vers la forme coopérative ?
Rainer Schlüter : les gens avaient fait d’autres choix, parce qu’il est vrai qu’ils gagnaient plus facilement ailleurs, dans l’autre économie. Mais avec la crise les gens comprennent qu’on perd aussi plus facilement ailleurs. Ils se tournent vers des modèles plus stables.
Les coopératives n’affichent qu’une rentabilité de 3%, 4% ou 5% , mais une rentabilité assurée sur le long terme. Certes, ce n’est pas 15%, 20%, 30%, mais ce n’est pas non plus brusquement, - 20%, -30%, -40%. Les gens ont pris conscience qu’il valait mieux s’investir dans ce type de modèle.
Il y a un retour à certaines valeurs, mais aussi à un certain militantisme, en crise ces 20 dernières années.
ARIA-Nord : vous êtes directeur de la plate-forme des coopératives en Europe. Que représente cette plate-forme ?
Rainer Schlüter : cette plate-forme a été créée à Manchester en novembre 2006. Elle regroupe 172 fédérations nationales de coopératives dans les 37 pays de l’Union Européenne.
ARIA-Nord : pourquoi cette création ?
Rainer Schlüter : Nous avons fusionné les secteurs coopératifs professionnels organisés à Bruxelles et l’Alliance Coopérative Internationale qui, elle, est régionalisée.
Nous nous sommes regroupés pour parler d’une même voix au niveau européen.
Si la commission reconnaît les banques coopératives, les coopératives agricoles, ou bien encore les coopératives d’assurance, elle ne reconnaît pas notre particularisme comme modèle d’entreprises avec nos logiques de propriété différentes, nos logiques de gouvernance différentes, nos logiques de gestion du profit tout à fait différentes.
On est même attaqué, aujourd’hui, sur certains de ces éléments, notamment les réserves impartageables.
On s’est donc regroupé pour avoir une plus grande force d’expression politique, y compris en lançant des pétitions auprès de nos membres.
ARIA-Nord : quels sont les objectifs ?
Rainer Schlüter : De rentrer dans les grandes sphères de consultation comme le patronat européen sait le faire. C’est de revendiquer un champ législatif adapté aux entreprises coopératives.
Aujourd’hui, c’est un modèle unique, celui de l’entreprise capitaliste qui détermine les décisions prises à Bruxelles. Or, neuf fois sur dix, cela a des impacts négatifs pour nous. On doit donc se défendre, mais pas seulement.
Il faut que nous parvenions à créer les mêmes capacités de développement que les autres avec nos propres instruments. On ne fonctionne pas de la même manière que l’entreprise capitaliste. Qu’on le reconnaisse.
ARIA-Nord : comment comptez-vous parvenir à imposer votre point de vue ?
Rainer Schlüter : Déjà, par une plus grande cohérence dans notre expression, mais aussi par une plus grande présence à Bruxelles avec la mobilisation de budgets plus importants.
Il faut aussi, et c’est un enjeu important, faire des alliances plus larges avec les mutuelles, avec les associations dans le cadre de l’économie sociale. Mais aussi, peut-être avec d’autres types d’acteurs. Je pense aux caisses d’épargne, à des formes non capitalistes d’entreprises qui ne font pas nécessairement parties de l’économie sociale, comme les entreprises publiques qui défendent l’intérêt général.
ARIA-Nord : vous considérez qu’il ne faut pas seulement engager un dialogue social avec les syndicats, mais construire avec eux ?
Rainer Schlüter : Il faut développer un partenariat, parce que nous avons d’abord une histoire commune. Nous sommes nés de la même histoire sociale, celle où les travailleurs, les exclus ont revendiqué le droit à manger, le droit à l’habitat, le droit à l’assurance. Des revendications qui sont les mêmes pour les syndicats et le monde de l’économie sociale.
On a un parcours commun, on a une génétique commune, on a des valeurs communes.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons, trop souvent, de manière erronée, de part et d’autre de la barrière, employeurs – syndicats, pour négocier. C’est important.
Mais, ce n’est pas la seule chose. Je crois que nous avons des choses à revendiquer en commun en terme de modèles, modèle d’entreprise, modèle social, modèle qui assurerait une qualité de vie.
Propos recueillis par Jean-Paul BIOLLUZ
– http://www.nord-social.info/spip.ph...
Messages
1. Pourquoi personne n’en parle ?, 8 avril 2009, 15:49
C’est certain que les coopératives ont un bel avenir, parce que plus stable, à taille humaine, avec une emprise qui échappe au capitalisme ! La crise capitaliste nous montre le chemin à prendre !
2. Pourquoi personne n’en parle ?, 8 avril 2009, 21:15, par emorej
Ca me parait une solution, pour dépasser le capitalisme et l’état nation. A chacun-e d’entre nous de rentrer, de créer ces assocs, de quelques idéologies qu’elles soient, et de rendre caduque le capitalisme. A vos marques, prêt-e-s, go