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Quand ATTAC se mêle de stratégie.

Publie le mercredi 4 juin 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

Retour sur une analyse stratégique après la parution de l’appel anti-libéral Politis.

On se souvient qu’ATTAC a produit un Manifeste contre le néolibéralisme nouvelle phase du capitalisme. Le néolibéralisme est fondé, non pas sur deux piliers - le libéralisme économique et le libéralisme politique - mais sur 7 .

Pour mémoire, les 7 piliers à scier sont :
1 - la guerre permanente et les politiques sécuritaire.
2 - le rejet de la démocratie
3 - le formatage des esprits et la société de la peur
4 - contre les services publics et pour plus d’inégalité
5 - contre les droits des salariés et pour le pouvoir des actionnaires
6 - la nature dépotoire et réservoir sans fin
7 - le libre-échange et la libre circulation des capitaux.

Car c’est bien de la compréhension de la nature exacte du phénomène de mondialisation que dépendra la pertinence des alternatives à lui opposer et les voies pour y parvenir, c’est-à-dire la construction du mouvement altermondialiste en tant que processus politique et culturel d’émancipation humaine.

Pourquoi retour ? L’appel de Politis, la naissance du M’PEP, la transformation de la LCR en NPA, du PT en POI, les combats des anticapitalistes dans le PS, les débats internes du PCF tout comme la droitisation du PS, la montée du "Sarkoberlusconisme" (Le Monde du 4/6/08) voilà bien quelques changements qui incitent à aller plus loin en terme de trajet pour aboutir à la réalisation du projet. ATTAC France - la section d’ ATTAC probablement la plus critique d’Europe - n’est pas sans réflexion sur le sujet. Il y a tout juste un an Jean-Marie HARRIBEY , co-président d’ATTAC France, fournissait une excellente contribution au débat. Contribution personnelle qui ne fait pas pleinement l’unanimité.

cf. Ebauche de contribution au débat [dans Attac France] sur la stratégie par Jean-Marie HARRIBEY

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article6372

Il - JMH - distingue de façon assez classique 4 stratégies d’émancipation : - 1. stratégie social-démocrate ; 2. stratégie social-libérale ; 3. stratégie anti-libérale ; 4. stratégies communiste et d’extrême gauche - mais son regard sévère et pessimiste les voit soit disparue à jamais (la social-démocrate et la communiste ) soit impuissante (la social-libérale et l’anti-libérale) .

Ce qu’il décrit de la stratégie social-libérale ne pose pas problème à la différence de son jugement sur le stratégie communiste dont il englobe les différentes variations déclinées par différents partis : PCF ou LCR ou LO . Il sous-estime me semble-t-il les capacités d’analyse de la situation mondiale et continentale des théoriciens marxistes de ces organisations ainsi que de leur capacité à offrir des débouchés politiques et sociaux aux couches populaires victime du nouveau capitalisme. "Ils sont dit-il à l’agonie et ne renaîtront pas car ils correspondent à une époque du capitalisme qui est dépassée depuis un quart de siècle".

Finalement son meilleur jugement va à la stratégie anti-libérale mais pour autant elle est loin d’être satisfaisante (ni pour lui ni pour moi ) car pour l’essentiel on ne peut pas vraiment parler de stratégie : il manque un sujet (quelle(s) classe(s) ou couches sociales) sont censées porter le projet jugé par ailleurs assez peu cohérent ce qui exact mais surtout ce qui ne facilite ni la détermination même floue de classes sociales auxquelles s’adresser ni l’élaboration d’un trajet même aléatoire pour faire aboutir le projet.

L’appel de Politis ne clarifie pas plus ces questions. Vouloir créer un front mixte anti-libéral et anticapitaliste ne réponds pas à la question stratégique si ce n’est sur le besoin d’unité face au capital. Car "en face" l’oligarchie financière et plus largement la bourgeoisie est organisée pour le développement d’une société à son service. Au service du surprofit financier .

Dans ce cas, disposer d’un projet pour "un autre monde" est nettement plus mobilisateur que la présentation de mesures pour un monde simplement meilleur. Le flou des objectifs pousse à la constitution d’un processus mouvementiste qui ne sait pas franchement ou il va. L’altermondialisation (comme processus de construction) n’est pas l’altermondialisme car elle se replie sur des pratiques sociales mais sans mobiliser vers un but. Il n’y a que des alternatives partielles pour des acteurs individuels : les "citoyens", qui ne sont pas les producteurs mais les consom’acteurs . Pour être clair, il ne s’agit plus d’aller vers le socialisme. ATTAC qui rassemble l’altermondialisation et l’ altermondialisme revendicatif a eu le mérite de proposer des "ruptures franches" contre le capitalisme financier.

Il ne faut pas opposer comme le fait JMH une "conception du changement social subordonnée à un modèle politique léniniste" et une conception de "culture du contre-pouvoir" mais au contraire les articuler. L’émancipation a besoin des deux stratégies. Mais pour l’heure la synthèse n’est pas réalisé . La gauche d’alternative et le mouvement altermondialiste se côtoient et les individus passent de l’un à l’autre selon qu’il s’agit de porter des ruptures "de contre-pouvoir" dans la société civile (contre la marchandisation ou transformation dans l’entreprise) ou selon qu’il s’agit de ruptures "léniniste" dans l’appareil d’ Etat et les institutions politiques . Dans le même temps ils changent bien souvent à la fois de projet et d’appartenance organisationnelle.

Par ailleurs le reste de l’analyse de JMH et pertinente sous réserve des réserves émises ci-dessus . J’approuve sa proposition d’avoir "un axe stratégique fondamental : nous inscrire dans un grand mouvement international ; la construction de solidarités internationales est une condition sine qua non des alternatives au capitalisme néolibéral". Donc vive l’amitié entre les peuples contre les rentiers de la finance internationale !

Aujourd’hui les regards révolutionnaires se portent vers l’Amérique latine et ses stratégies de "déconnexion" du système mondial. (Samir Amin 1985). Oserais-je dire que se combine des tentative de "socialisme dans un seul pays" via les nationalisations notamment avec la transcroissance des processus révolutionnaires dans trois ou quatre pays allant nécessairement vers un socialisme continental du XXI siècle.

Inutile de dire que ces luttes populaires et ses expériences auront des répercussions sur la construction d’une autre Europe socialiste et écologique quand les couches moyennes européennes appauvries se joindront aux ouvriers, employés et chômeurs pour aller vers l’alterdémocratie, vers la démocratie socialiste.

Christian DELARUE

<http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article6372

Messages

  • Daniel Ben saïd a répondu de manière fort argumentée au texte de JMH dans une contribution du 28 juin 2007. A consulter sur le Net.

  • Le danger est que nous devenions si infectés par le virus de l’apocalypse que nous finissions par provoquer une vraie catastrophe :

    L’Arme Ultime ! Les anges ne jouent pas de cette HAARP !

    "Successeur terrestre du projet Star Wars (Guerre des étoiles), le Haarp serait, par ses extraordinaires puissances et polyvalence, "l’arme ultime" des États-Unis.

    Les Américains sont-ils en train de mettre au point un vaste système d’armement capable de :

     scanner les entrailles de la terre à la recherche de bases secrètes,

     d’interrompre toute forme de communication hertzienne,

     d’influencer les comportements humains,

     de modifier la météorologie,

     de griller les avions dans le ciel comme le ferait un vulgaire four à micro-ondes de votre potage,

     de provoquer des tremblements de terre

     ou des explosions aussi puissantes qu’une bombe atomique.

     Avec le "Haarp", l’armée américaine serait en train de rééditer, sous une forme plus économique et plus dangereuse encore, son projet "Star Wars" ou Guerre des étoiles. A une différence près : il s’agit cette fois d’une installation terrestre.

    Plusieurs scientifiques et experts en armement ainsi que des députés du Parlement européen se montrent préoccupés, c’est un euphémisme, par le développement de ce projet. C’est pourquoi un expert en énergie, Gratan Healy, conseiller auprès des parlementaires, rassemble pour l’instant les pièces accusatoires de ce projet de fin du monde.

    Magda Haalvoet, une eurodéputée belge, chef de file du groupe des Verts au Parlement européen est en charge du dossier. C’est elle qui doit donner une suite officielle aux demandes d’éclaircissement des membres de son groupe et qui fera en sorte que le Parlement fasse pression, via l’Otan, pour que les Etats-Unis répondent à toutes questions utiles,

    Magda Haalvoet est inquiète. Elle affirme même que ce type d’armement ("non lethal weaponery"), outre les conséquences écologiques désastreuses qu’il implique, "peut mettre en danger les libertés individuelles et la démocratie". Rien de moins......................

    http://www.conspiration.cc/sujets/arme/HAARP.htm

  • Qui a pouvoir sur les forces productives ?

    Va-t-on disputer cela ou s’imagine-t-on qu’un bon gouvernement en serait capable ?

    Sans l’analyse en termes de classes (voir la hausse du taux de profit depuis quand et les impacts sur le monde) et des propositions en conséquence, des stratégies en conséquence essayant de déblayer le chemin vers la direction des travailleurs sur leurs entreprises, les croyances en de bons gouvernements sont particulièrement vaporeuses.

    Les modes venues d’Amérique Latine sont en même temps méprisantes des problèmes concrets particulièrement ardus que rencontrent les populations de ces états et prennent des vessies pour des lanternes, sans déblayer le chemin dans les pays industriels vers des chemins alternatifs à la faillite du capitalisme.

    Ici , comme là bas, reviennent au centre les questions du pouvoir démocratique à la base des travailleurs, des paysans, des déshérités , pouvoir à construire en bas mais avec volonté de remonter vers le haut afin de se constituer en alternative globale, de classe, au capitalisme.

    Les victoires électorales, les mesures prises en faveur des couches populaires, dans des systèmes fondamentalement inchangés et capitalistes, ne sont pas suffisantes pour enclencher de véritables changements révolutionnaires.

    Elles en sont éléments indispensables quand elles sont équilibrées par un pouvoir populaire naissant, plus démocratique que la démocratie étriquée car touchant les principaux centres de créations de richesse, les entreprises, plus proches de la population et sous son contrôle.

    Des expériences comme celles du Vénézuela et de ma Bolivie en sont là : Expériences embryonnaires de pouvoir populaires s’appuyant (et des fois se confrontant) à la dynamique issue de deux gouvernements progressistes.

    Aller au delà ne peut pas se cantonner de croire en des gouvernements progressistes dans les grands métropoles impériales de la mondialisation capitaliste et d’écrire de beaux plans sur des mesures à prendre.

    C’est bien dans la discussion et l’action dans la chair des processus populaires, leurs organisations, leurs types d’organisation, que peut se faire la différence.

    Sinon, à structures inchangées sur le fond, les meilleures gouvernements seront ramenées comme avec un élastique par le chaos et la violence d’une classe bourgeoise qui aurait eu très peur.

    Il nous faut travailler sur la question de l’organisation des hommes et des femmes, sur la question des formes d’organisation démocratiques aptes à faire peser un pouvoir populaire assez puissant pour bloquer la furie des classes possédantes si elles sont attaquées sérieusement dans l’assise de leur pouvoir.

    Un adversaire qui n’hésite pas à faire des guerres impériales d’une plus extrême violence rien que pour obtenir une meilleure allocation en pétrole pour ses entreprises, imaginez un peu si elle était mise en cause par des gouvernements dans des grands pays industriels !

    Sans un pouvoir exceptionnel, solide, issu du contrôle étroit et démocratique des travailleurs sur leurs entreprises, centralisé et coordonné afin de se hisser à l’échelle de son adversaire, le changement révolutionnaire ne se fera pas.