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Quand Michelin menace d’expulser des sans-logis brésiliens... Solidarité Internationale avec l’occupation

Publie le mardi 2 février 2010 par Open-Publishing
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Quand Michelin menace d’expulser des sans-logis brésiliens...

Solidarité Internationale avec l’occupation « Josué de Castro » à Recife !

30 janvier 2010.

Appel d’une occupante du site « Josué de Castro ».

Mon nom est Ceça, je suis une habitante et coordinatrice de l’occupation Josué de Castro.

Je souhaite que tous apprennent notre existence et c’est pour cela que j’ai décidé d’écrire ce récit.

Dans la matinée du 20 septembre 2009, avec plus de 80 familles, nous avons décidé d’envahir et d’occuper un terrain abandonné situé près de l’avenue Recife, à Recife (Etat du Pernambuco, Nord-est), qui appartient à l’entreprise française de pneus Michelin. Nous n’avions que peu de moyens à notre dispositions (pieux, planches, cordes) et le peu de biens que nous possédons. Le pire étant qu’une grande partie du terrain était un véritable bourbier. Cela ne nous à pas empêché de planter nos tentes là où nous le pouvions.

La première semaine, nous avons nettoyé le lieu, retirant les ordures et les cadavres d’animaux qui parsemaient la friche. Nous avons habité dans des tentes durant plusieurs semaines. Pendant ce temps, nous avons reçu la visite de la police et d’autres groupes qui voulaient nous chasser de ce site. Nous n’avons pas levé le camp, et cela fait maintenant plusieurs mois que nous continuons à lutter, sous le soleil comme sous la pluie, dans la chaleur comme dans le froid. Bientôt, nous nous sommes organisés et le bois a remplacé les tentes. Chacun commença à construire sa propre cabane avec les moyens du bord. A ce jour, la mienne est toujours faite de planches. Mais notre chantier avançait, chacun aménageant son espace et tous participant à la « rue centrale ». Nous avons viabilisé l’occupation et nous sommes prêts à passer l’hiver. Nous avons aujourd’hui l’électricité que nous avons prise en face du terrain occupé. Nous avons eu à surmonter de nombreux écueils techniques à nos débuts, mais sommes à présent organisés et nous avons même collecté de l’argent pour nous fournir des vêtements à notre communauté.

Nous sommes de mieux en mieux organisés, notamment grâce au soutien que nous avons reçu et que nous continuons de recevoir de la part de militants venant de divers secteurs de la société tels que l’APAP (1),NAJUP (2), FAP (3), Autonomia (4), MSEU (5), entre autres. Notre première prise de contact se produisit suite à la première manifestation que nous avons fait sur l’avenue, qui faisait suite à notre premier avis d’expulsion. Quelques étudiants qui nous soutiennent ont tenté de relayer notre mouvement dans les médias, et nous ont aidé à faire converger nos revendications avec le mouvement pour la gratuité des transports collectifs à Recife. Nous étions décidés à bloquer toute la ville ! Malheureusement, nous n’avons pas pu accomplir cette objectif, mais ces actions nous ont beaucoup apporté sur le plan individuel comme collectif.

A partir de là, nous nous sommes réunis et les différents groupes, chacun dans son rayons d’actions, ont commencé à réaliser des cours à différents endroits, ce qui nous a permis de rencontrer de plus en plus de personnes intéressées par notre cause. Dans le moment actuel nous essuyons notre quatrième ordre d’évacuation et comme nous refusons de nous conformer à la réalité que le gouverneur veut nous imposer et qui nous est étrangère, nous continuons donc à créer des contacts avec divers organismes à travers le Nordeste, le Brésil et le monde. C’est pour cela que j’ai écrit ce petit récit. J’appelle chacun d’entre-vous, lorsqu’il aura pris connaissance de ce notre histoire, à parler et faire parler de notre lutte pour en grossir les rangs. Parce que Josué de Castro entend bien réveiller la ville avec son cri de guerre, et occuper les avenues non seulement pour réclamer le droit à un logement, mais pour une vie digne ! Logement, école, transport, droits aux loisirs et accès à la culture pour tous.

Cette lutte est aussi la vôtre !

Maria da Conceição do Carmo

(1) Association du Pernambuco pour l’Amnistie Politique

(2) Noyau d’Aide à l’Information Judiciaire (extension faculté de droits de Recife)
(3) Forum des Actions Populaires
(4) Groupe d’éducation populaire
(5) Mouvements sociaux et Espace Urbain (extension faculté de géographie, UFPE, Recife)
(6) Augmentation des tarifs des omnibus à Recife, en février 2009.

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