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Queen Mary 2 : le procès s’ouvre ce matin

Publie le lundi 8 octobre 2007 par Open-Publishing

de Frédéric SALLE

L’effondrement de la passerelle avait fait 16 morts, en 2003. Le tribunal de Saint-Nazaire va devoir déterminer les responsabilités de la catastrophe.
« Activité exceptionnelle au tribunal du 8 au 23 octobre », annonce la pancarte dressée devant le palais de justice de Saint-Nazaire. À partir d’aujourd’hui et durant trois semaines, Saint-Nazaire va vivre au rythme d’un procès fleuve, qui analysera l’effondrement de la passerelle menant au Queen Mary 2, le 15 novembre 2003.

Il s’agira de comprendre dans quelles circonstances 16 personnes ont trouvé la mort, et 29 autres ont été blessées, la plupart grièvement. Trois salles d’audience ont été prévues afin d’accueillir 130 parties civiles, une quarantaine de cabinets d’avocats, une trentaine de journalistes et le public. Ce dernier pourra suivre le procès grâce à une retransmission vidéo, dans une salle municipale.

Dix personnes prendront place sur les bancs des prévenus. Les responsables de deux entreprises, Chantiers de l’Atlantique (qui réalisait le bateau) et Endel (qui a conçu la passerelle), répondront en tant que personnes morales. À leurs côtés, huit salariés : quatre pour les Chantiers, tous cadres (coordonnateur d’ouvrage, responsable de travaux et chef de service sécurité) ; quatre pour Endel (le chef d’agence, le dessinateur, deux chefs de chantiers). Tous sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires.

Réparations financières

Près de quatre ans d’instruction, étayée par des centaines de témoignages, et trois expertises ont permis d’éclaircir les causes de la chute d’une passerelle réalisée en dépit des règles de l’art. La rampe d’accès, faite de tubes d’acier, était mal construite, certes, mais n’y a-t-il pas eu d’autres fautes, des dysfonctionnements, des omissions, à la fois dans la commande de l’édifice, dans la conception, dans le contrôle d’une structure de type échafaudage qui nécessite connaissance et rigueur ? Vingt-six salariés sont tombés de la passerelle et huit sont morts : la sécurité du travail a-t-elle été respectée ? Et celle applicable à l’accueil du public ? Les autres victimes étaient en effet des visiteurs du navire...

Jusqu’à présent, les deux entreprises se sont rejeté la responsabilité. Pour les Chantiers, l’accident résulte d’une mauvaise conception et construction. Pour Endel, la passerelle était utilisée dans des conditions imprévisibles. « On peut redouter une partie de ping-pong », estime le bâtonnier Tinière, avocat de la CGT, partie civile. Le syndicat souhaite faire le procès de l’organisation du travail dans une entreprise où « la compétitivité et le souci de l’économie conduisent à nuire à la sécurité ».

Dernier enjeu du procès annoncé comme « très technique », la dimension humaine. Les familles, qui portent encore le deuil, et les rescapés, qui vivent avec les images de l’accident, attendent « une juste reconnaissance », selon le président de l’association des victimes. Les 130 parties civiles demanderont également des réparations financières. Elles auront la parole lors de ce premier jour d’audience pour décrire « la réalité de l’accident, dans son ampleur et son horreur ».

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