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Quel danger réel représentent les banques européennes ?

par La Quotidienne d’Agora

Publie le mardi 22 novembre 2011 par La Quotidienne d’Agora - Open-Publishing
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De Cécile Chevré

Qu’est-ce qui est le plus dangereux ? Chasser le caïman ou déposer un chèque à votre banque ? Faire du base jump ou rencontrez votre conseiller financier ? Prêter de l’argent à Bachar el-Assad ou à la Société Générale ?

Le danger n’est pas forcément là où on le pense... La crise nous a obligés à revoir notre échelle de risque. Tout en haut, parmi les choses les plus dangereuses, se trouvent maintenant les banques européennes.

A juste titre ? Quel réel danger représentent-elles ?

Une étape de plus vers l’effondrement
Les banques européennes vont mal, ce n’est un secret pour personne. Mais pourquoi ? Parce qu’elles ont en coffre des actifs qui ne valent que des cacahuètes. On parle beaucoup en ce moment des obligations souveraines – les établissements bancaires sont effectivement de gros acheteurs de dettes souveraines – si bien qu’on en oublierait presque ce ne sont pas les seuls actifs pourris qu’elles détiennent.

Les banques européennes sont en effet toujours plombées par des monceaux de "A pourris" et de produits dérivés, ceux-là même qui ont engendré la crise de 2008. Alors certes, cela paraît bien loin maintenant, mais les banques ne sont toujours pas parvenues à effacer de leurs livres de compte ces pertes latentes.

L’accumulation de ces mauvais achats est fatale pour les banques européennes. A chaque nouvelle dégradation d’un Etat, les banques qui détiennent de ses obligations sont dégradées dans la foulée, et sanctionnées par les marchés.

Le coeur du problème : le financement
Le principal problème pour les banques est aujourd’hui de se refinancer. Car les banques ne font pas que prêter, elles empruntent aussi (pour prêter à nouveau...). Or depuis plusieurs mois, les prêts interbancaires sont au point mort. Comme nous vous le répétons souvent, qui mieux qu’une banque pour connaître la santé d’une autre banque. Les banquiers ne sont pas (complètement) décervelés : ils sont bien conscients que prêter à leurs confrères n’est pas une bonne idée.

Les banques européennes doivent donc trouver d’autres sources de financement. Jusqu’à présent, elles pouvaient compter sur le soutien de fonds américains. Mais depuis quelques jours, ceux-ci prennent leurs jambes à leur cou.

L’exemple d’UniCredit
Le cas de la banque italienne UniCredit est révélateur. Elle détient plus de 1 200 milliards d’euros d’actifs (les crédits qu’elle possède, etc.). Mais elle ne possède que 74 milliards de fonds propres (c’est-à-dire sa réserve). Ce qui nous donne un ratio de 24/1. Or, selon les règles fixées par Bâle II, les fonds propres d’une banque doivent normalement atteindre 8% des actifs. UniCredit est bien en-deçà des règles avec 4,1% de fonds propres.

Une perte de 4% de valeur de ses actifs signifie donc la faillite d’UniCredit. Une baisse de 10% de ses actifs – ce qui est fort probable étant donné que l’Italie est le troisième plus gros émetteur de dette souveraine au monde et que les banques italiennes sont les principales détentrices de cette dette – impliquerait des pertes potentielles de plus de 100 milliards d’euros.

Mais le problème ne s’arrête pas là. De toutes les grandes banques européennes, UniCredit est celle qui devra se refinancer le plus en 2012. Elle devra trouver 51 milliards d’euros. Auprès de qui obtiendra-t-elle cet argent ? Pas de l’Etat italien qui est déjà sous le feu croisé des marchés et de l’Union européenne à cause de son endettement. UniCredit doit donc émettre des obligations... et trouver des acheteurs, qui se font désirer. Actuellement, elle emprunte à un taux bien supérieur à son A2 (qualité moyenne supérieure) officiel accordé par Moody’s. En pratique, elle emprunte comme si elle était notée B1 (très spéculatif).

Avec un tel coût de l’emprunt, UniCredit ne peut plus vraiment espérer faire des bénéfices. D’ailleurs, la banque italienne a déjà affiché des pertes de 14,3 milliards d’euros au dernier trimestre.

Italie, Europe, même combat
L’exemple d’UniCredit est caractéristique mais il n’est pas unique. Parmi les banques qui sont aujourd’hui pointées du doigt comme dangereuses par les analystes et les agences de notation, on trouve plusieurs grandes banques françaises comme la Société Générale, Crédit Agricole ou encore BNP Paribas.

Comme pour UniCredit, la question de leur financement est cruciale. Les Echos nous apprennent que les banques françaises ont dû faire appel aux largesses de la BCE en octobre : "Selon les dernières statistiques de la Banque de France, [les banques françaises] ont emprunté 100 milliards à la Banque centrale en octobre, soit plus de trois fois plus qu’il y a deux mois ou qu’il y a un an (36 milliards en août, et 33 milliards en octobre 2010). Leur recours à la liquidité de la BCE a même désormais dépassé celui des banques espagnoles". Or vous connaissez l’état de santé catastrophique des banques espagnoles...

La contagion au système mondial
Au niveau mondial, c’est tout aussi inquiétant. Les banques européennes détiennent 55 000 milliards d’euros d’actifs. C’est autant que le total de la dette américaine (de l’Etat, des particuliers et des entreprises réunis). Le système bancaire européen est quatre fois plus grand que son équivalent américain.

Les Etats-Unis sont largement exposés au risque bancaire européen. En septembre, 37% des 1 500 milliards de dollars détenus par les fonds monétaires américains étaient investis dans des obligations bancaires européennes et dans des CDS (les assurances contre le risque de faillite) de ces banques.

Pensez-vous que les Etats-Unis peuvent se permettre de perdre ces 500 milliards de dollars investis en Europe ?

Que devez-vous faire ?
Comme le rappellent Les Echos, la mise à mal des banques européennes n’est pas sans conséquences pour les investisseurs particuliers, et ce même si vous ne possédez pas d’actions du secteur : " Les répercussions sur l’activité commerciale se font sentir. Les banques réduisent les crédits immobiliers notamment, tandis que sur les dépôts, la bataille s’intensifie. Les établissements financiers poussent à la bascule des épargnants particuliers (1 092 milliards placés auprès des banques françaises à fin juin) de l’assurance-vie vers les produits d’épargne pouvant être comptabilisés à leur bilan comme les livrets".

Soyez donc attentif quand votre conseiller financier vous propose ces produits. Y trouverez-vous votre intérêt ?

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Je vous en parlerai très bientôt dans La Quotidienne...

http://quotidienne-agora.fr/2011/11/22/quel-danger-reel-representent-les-banques-europeennes/

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