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Qui est juif et qui est israélien ?

Publie le mardi 12 juillet 2005 par Open-Publishing

Par : le professeur Yitzhak David *

"juif démocratique", est, pour ceux qui approuvent ces définitions, le point d’appui du monde occidental et démocratique, au sein d’un monde arabo-musulman opposé à la démocratie.

Mais, avant de critiquer nos voisins, il ne serait pas inutile de faire notre propre autocritique : Israël est-il vraiment un Etat démocratique ? Est-ce un Etat "civilisé", conformément aux critères occidentaux ? Et dans ce contexte, une question s’impose, à savoir quelles sont les relations entre les institutions de l’Etat et la définition de la judaïté ? Comment un Etat peut-il promulguer des législations religieuses ? C’est le cas de l’Israël démocratique et civilisé de Poraz et de Rubinstein.

La définition de celui qui est juif et de celui qui ne l’est pas met de temps en temps en lumière la différence fondamentale qui caractérise Israël dans son intégralité, de la droite à la gauche. La question à laquelle doivent répondre les institutions de l’Etat (en dehors des institutions religieuses et rabbiniques), c’est de savoir qui est israélien, et non qui est juif. Mais l’orientation générale, c’est de se demander qui est juif.

Et c’est pour cela que les autorités de l’Etat sont dans une situation embarrassante, comme celle où s’est mis le Premier ministre Sharon lorsqu’il a appelé les juifs de France à émigrer en Israël. Israël, contrairement à la France, n’est pas une république, encore moins une république laïque. Le parlement israélien, composé d’athées, de chrétiens, de musulmans, a-t-il la possibilité d’examiner la question de la judaïté ?

Le parlement italien, par exemple, est-il préoccupé par la question de savoir qui est chrétien ? Israël n’est pas une république civilisée parce qu’il ne dispose pas de lois civilisées sur la nationalité. Il ne demande pas aux immigrés, résidant sur son territoire depuis plusieurs années, d’apprendre sa langue ou de s’intégrer à son mode de vie pour leur accorder la nationalité, quelles que soient leur religion ou leur origine ethnique.

En Israël naissent des enfants qui ne parlent que l’hébreu, qui désirent intégrer l’armée et servir le pays dans lequel ils vivent. Mais ils sont mis à la porte, avec leurs parents, sous prétexte qu’ils sont des travailleurs étrangers. Existe-t-il un autre Etat se réclamant de la démocratie qui fasse de même ?

Ce traitement israélien n’est pas réservé aux seuls travailleurs étrangers ; il touche aussi les citoyens arabes, victimes de discrimination dans divers domaines et insuffisamment représentés dans les ministères et les institutions de l’Etat.

Quel peut donc être l’avenir d’un pays qui partage ses habitants en secteurs, et met à l’écart 20% de sa population ?

Si Israël ne met pas en place un régime républicain ouvert sur l’autre, il restera un Etat marginal, quel que soit ce qu’en diront ses plus grands juristes.

* L’auteur a présenté une requête à la Cour suprême pour obtenir une reconnaissance d’une nationalité israélienne.

http://www.aad-online.org/2005/Fran...