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RÉSISTER, RECONQUÉRIR, RASSEMBLER !

Publie le dimanche 3 juillet 2005 par Open-Publishing

03 juillet 2005
RÉSISTER, RECONQUÉRIR, RASSEMBLER !

Une vingtaine de collectifs de défense des services publics, réunis ce week-end dans la Creuse, se sont constitués en fédération pour prolonger la dynamique au plan national.

Les acteurs de la lutte pour les services publics ne voulaient pas se quitter pour l’été avant d’avoir posé les jalons de la poursuite de l’action à la rentrée. Ils se sont donc retrouvés, samedi et dimanche, à Guéret, d’où tout est parti avec la démission de 260 élus locaux en novembre dernier et la manifestation nationale qui a réuni 6 000 personnes, le 5 mars dernier, à l’instigation du collectif creusois. Une vingtaine de collectifs locaux, départementaux ou interdépartementaux venus des Alpes-Maritimes, de Bretagne, de Charente, de Corrèze, de Dordogne, de Haute-Vienne, de l’Indre et du Nord ont fait le déplacement ce week-end. Également présents, des représentants des organisations politiques (PCF, LCR, PS, PRS, Cap 23...), des élus (maires, conseillers généraux...), des syndicats (FSU, CGT, CFDT, UNSA, Solidaires), des associations (LDH, AITEC, ATTAC, Forum social limousin) et de la Coordination nationale des hôpitaux de proximité. Objectif de la rencontre : « Donner des poursuites à la dynamique qui s’est créée autour des services publics dans les collectifs », avec, notamment, la création d’une « structure nationale », a exposé Bernard Defaix, membre d’ATTAC, et porte-parole du collectif creusois.

Pour les participants, le temps est venu de franchir une nouvelle étape dans la mobilisation. « Quelques succès ont été obtenus dans la résistance à la casse, mais qui peuvent être remis en cause », rappelle Bernard Defaix. Et d’évoquer « la circulaire Raffarin de février, qui gèle officiellement la suppression des moyens en zone rurale ». « Un statu quo jusqu’en 2006, qui n’empêche pas les fermetures ici ou là », observe à ses côtés Jean-Jacques Lozach, président (PS) du conseil général. Ange Herviou, maire et conseiller général (PCF) de Rostrenen, en Bretagne Centre, dit « craindre une poursuite des politiques mises en oeuvre depuis des années », citant l’interruption « de la démarche de négociations qui avait été promise, avec l’annonce de la conférence nationale des services publics ».

Pour nombre d’intervenants, le « non » au référendum sur la constitution européenne appelle à décupler les ambitions. « Nous ne sommes plus seulement les collectifs de défense des services publics, nous sommes aussi les 55 % de Français qui ont exprimé un "non" antilibéral à la constitution », souligne Jean-Paul Salon, membre du collectif Dordogne et par ailleurs responsable du PCF, qui évoque le « rapport des forces qui a changé en Europe, en France et dans la gauche ».

Des ambitions que les collectifs entendent concrétiser en se dotant « d’un outil de coordination à l’échelle nationale », et en posant les grands principes d’une « charte » sur les « modes d’organisation » et les « champs d’intervention » revendiqués pour les services publics. Pour les participants, il s’agit de « rassembler les diverses composantes (syndicales, politiques, citoyennes) de la manière la plus large possible, en globalisant la problématique » des services publics. « Il n’y a pas de lutte conséquente en séparant lutte des services publics et lutte contre le libéralisme », estime Bernard Defaix qui rappelle les trois « R » pour « résistance, reconquête, rassemblement » à la base de la - démarche.

« Signal fort de cette rencontre » en direction de celles et ceux qui ne pouvaient être présents, les participants ont décidé dimanche la création d’une Fédération nationale pour la défense et le développement des services publics, dont Bernard Defaix a été désigné porte-parole. Les collectifs de la Creuse, de la Charente et de la Dordogne assureront l’intendance de cette nouvelle structure jusqu’à une « convention » convoquée à l’automne, chargée d’adopter la future charte de la fédération. Pour sa rédaction, la réunion de Guéret a proposé de « partir de la notion de bien public, de besoins et de droits à caractère universel », avec l’affirmation de principes tels que la « continuité, l’accessibilité, l’égalité d’accès et de traitement, la qualité des services rendus, l’obligation de fourniture et d’adaptabilité aux nouveaux besoins ». Un service public qui « doit échapper aux secteurs marchands et aux critères de rentabilité », et couvrir des « domaines incontournables » tels que « l’éducation et la recherche, la santé, l’énergie, les transports, l’eau, le logement, le crédit, la culture, l’information, l’emploi, les déchets ménagers », etc. Affirmant son « refus du pacte de stabilité » européen, cette charte devrait également préciser les « principes d’organisation à respecter » pour le service public : « égalité, solidarité, démocratie, laïcité ». Enfin, une manifestation nationale en faveur des services publics a été décidée, qui devrait se tenir à Paris en novembre prochain, en marge du congrès des maires de France.

Sébastien Crépel

Page imprimée sur http://www.humanite.fr
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