Accueil > Réduction de voilure pour l’AFP
de Fernand Nouvet
Ce qui semble se tramer à la tête de l’Agence France Presse est suffisamment grave pour que les syndicats CGT (toutes catégories confondues) de l’AFP s’en émeuvent. Concernant le « maillage » de l’Hexagone, ils en sont au point de crier au « massacre à la tronçonneuse ! ». Selon leur communiqué, la direction de l’AFP aurait prévu de supprimer les postes de Reims, Perpignan et Rouen, de fusionner Metz et Nancy. À Nice, un poste serait menacé. De même, Besançon serait pourvu en puisant dans l’effectif de Strasbourg ! Quant à Marseille, elle perdrait un journaliste pour la création d’un poste d’anglophone dans le Sud. Et Lyon se verrait supprimer un poste pour celui d’un coordinateur vidéo. Enfin, Rennes perdrait un poste de généraliste pour pourvoir un éventuel poste d’anglophone.
« Aucune annonce officielle n’a encore été faite par la direction, révèle Maria Carmora, du SNJ-CGT. Celle-ci ne parle pour l’instant que de « concertation » alors que doit se tenir, le 15 novembre, un CE sur la question. Mais nous avons eu des informations par nos collègues de province qui, eux, savent déjà ce qui les attend… »
Pour la délégué SNJ-CGT, « il serait donc prévu la suppression de 8 à 9 postes en province. Et ce, sans aucune logique rédactionnelle. De fait, alors que commence la négociation sur le contrat d’objectifs et de moyens pour les cinq années à l’AFP, le seul raisonnement qui compte est purement comptable ». Et la syndicaliste de résumer : « Depuis des années, on ne fait que déshabiller Pierre pour habiller Paul. Ou Peter ! Tout ça parce que l’AFP veut se développer dans la vidéo et le secteur anglophone. Mais tout cela sans embaucher et sans moyens supplémentaires. Alors elle supprime des postes en province pour les réaffecter ailleurs. »
Bref, cela risque de bouger cette semaine à l’AFP. Car, comme le rappelle la syndicaliste, « supprimer des bureaux en province nous rappelle ce que la direction a pu faire il y a quelques années avec certains bureaux à l’étranger ». Et de remonter jusqu’au plan Ficot, du nom du directeur de l’époque de la province, qui, il y a maintenant vingt ans, avait déjà entraîné la suppression d’une trentaine de postes. Et plus récemment, il y a deux ans, la direction de l’AFP s’était livrée à un petit test en supprimant, sans concertation aucune, un poste détaché à Besançon.
Mais là n’est pas tout. La CGT s’élève aussi contre d’autres mesures que la direction semble vouloir au plus vite entérinées : la suppression de deux postes de techniciens, des réaménagements d’horaires, la révision en profondeur du travail des assistants, la réduction des piges texte et sport ainsi que le développement accru de l’usage des correspondants de presse. Malgré un statut qui lui fait obligation de conserver un important réseau en état de bien fonctionner, et sans détérioration des conditions de travail des salariés, la direction de l’AFP prépare une « nouvelle et drastique réduction de voilure accompagnée d’une profonde dégradation des conditions de travail », peut-on lire dans le tract. Peut-être est-ce de cela que Pierre Louette discutera aujourd’hui avec la ministre de la Culture, Christine Albanel…