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Rencontre avec Djemila Benhabib

Publie le lundi 16 novembre 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

« L’islamisme politique n’est pas une religion »

L’auteure de "Ma vie à contre coran" a participée à une rencontre-débat organisée le jeudi 12 novembre, à la Bourse du Travail de Saint-Denis, par les associations Femmes solidaires, Société des laïcs, Initiative féministe européenne et Algérie au cœur.

Le Journal de Saint-Denis : En 1994, à 22 ans, vous avez fui l’Algérie pour la France avec votre famille menacée de mort par les islamistes. Vous avez vécu à Saint-Denis. Vous vivez et travaillez aujourd’hui au Québec où vous venez de publier Ma vie à contre coran, sous-titré « une femme témoigne sur les islamistes ». Comment est né le besoin d’écrire ce livre qui, au-delà du témoignage, est une analyse sur « l’islamisme politique » selon vos propres termes  ?

Djemila Benhabib : Quand j’ai quitté l’Algérie, je voulais tourner la page. Et puis, en France comme au Québec, j’ai découvert comment cet islamisme politique est animé par des groupes organisés. J’ai pu le constater aussi lors de déplacements en tant que journaliste dans plusieurs pays d’Europe, au Moyen-Orient ou aux États-Unis. C’est ce qui m’a motivée. Certes il y a des différences. Au Québec où les gens sont très attachés à l’égalité des sexes, ce n’est pas la même chose qu’en France où ces forces mènent un travail constant dans la société. Et dans ce contexte, l’Île-de-France est encore un sujet à part. Lorsque des amies ont organisé un débat autour du livre à Saint-Ouen, elles ont été insultées dans la rue et les affiches déchirées. À Marseille, nous avons tenu une rencontre dans un théâtre du centre-ville et il ne s’est rien passé de semblable.

Le JSD  : Ces phénomènes d’intolérance sont assez récents…

D.B.  : Il s’agit de la prise en otage de populations immigrantes. Et c’est un recul dans la société, pour des jeunes des 2e ou 3e générations qui sont aujourd’hui moins avancés que leurs parents il y a des années. Incontestablement, la société, pas seulement française, a raté quelque chose, et le fossé s’élargit. Quand les jeunes notamment d’origine des pays du Maghreb sont descendus dans les rues, ils n’ont pas réclamé la construction de mosquées, mais ils ont demandé à la République de leur donner les mêmes droits qu’aux autres. Rien de plus. Ils n’ont pas été réellement entendus. S’ajoutent la lâcheté de certains politiciens et la complicité d’une certaine gauche qui confortent ces idées rétrogrades.

Le JSD  : Vous faites allusion là au voile…


D.B.
  : Oui, car les femmes voilées sont les premières victimes. C’est là encore un phénomène récent qui n’a rien de religieux ni de traditionnel. Le voile avant tout veut marquer l’appartenance à une idéologie et marquer la différence. C’est en cela qu’il est gênant, car il tourne le dos aux valeurs de la République dont une est l’égalité hommes-femmes. Le foulard est sexiste, ce sont les femmes qui le portent. Comment peut-on tolérer le sexisme ? Pour moi, il devrait être considéré comme un délit, au même titre que le racisme ou l’homophobie. Il faut en finir avec cette permissivité héritée de 2000 ou 3000 ans de patriarcat.

Le JSD  : Vous contestez aussi le repliement sur le lien religieux…

D.B.  : Bien évidemment. La société a raté l’intégration dans ses multiples composantes et ne permet pas à certains d’exister en tant qu’êtres humains entiers, avec leurs droits et leurs devoirs. Ils se replient sur le lien religieux. C’est tout ce qui leur reste pour exister. Avec tous les dévoiements possibles. Et puis sur le terrain, quand on voit des élus demander l’intervention d’un imam pour régler un conflit entre citoyens immigrés, je suis tout autant inquiète. Pourquoi permettre ainsi l’intrusion du religieux dans la sphère publique  ? Un musulman n’est-il qu’un musulman et pas avant tout un citoyen  ? Et c’est gravement oublier que l’islamisme politique est une idéologie qui n’a rien à voir avec une religion.

Recueilli par Gérald Rossi

JOURNAL de SAINT-DENIS

Ma vie à contre coran, VLB éditeur – groupe Quebecor – 268 pages.

Née en Ukraine et élevée en Algérie, dans une famille de scientifiques épris de liberté et de connaissance, la jeune Djemila se passionne très vite pour la liberté de conscience, la liberté religieuse, les droits des femmes et les droits humains. Mais pendant la décennie noire de 1990, son pays connaît une islamisation qui force la famille Benhabib à l’exil, vers la France, pour échapper à la mort promise par le Front islamique du salut (FIS). Djemila finira par partir seule vers le Québec, où elle vit depuis. Dans Ma vie à contre-Coran, au travers de son expérience personnelle, l’auteur en dit long sur les tentatives d’islamisation de nos sociétés occidentales, et sur l’histoire de l’Algérie. C’est un témoignage précis et profond qui nous fait prendre conscience des enjeux et du danger de l’islamisme politique, et de la nécessité de le combattre.Depuis quelques années, elle constate dans son nouveau pays d’adoption le même processus que celui qu’elle avait constaté en France. Les accommodements raisonnables ont été le comble. Le danger, pour elle, est « de faire passer du politique à travers des revendications culturelles et religieuses. L’islamisme est politique, certainement pas religieux ou culturel. Le religieux appartient à la sphère privée. La société n’a pas besoin d’endosser les choix confessionnels de chacun ».

Ses parents militent au PAGS (Parti de l’avant-garde socialiste), un mouvement communiste. A la maison, on préfère les livres d’Angela Davis. A l’époque, il existe encore de nombreux Algériens pour préférer le progrès à la réaction. On les marginalise en les traitant d’“occidentalisés”. La police les traque...

Messages

  • Tiens, on a retrouvé Betty Mahmoudi....

  • Ce qui est incroyable, c’est que cette pseudo-intello est inconnue au bataillon, elle n’a rien écrit à part ce livre inintéressant, sur le danger islamiste en Algérie (Alors qu’elle vit au Canada) quelle est sa crédibilité dans ce cas ? Elle écrit pour les occidentaux tout simplement, pour qu’elle puisse avoir une place auprès du monde occidental, mais ce qu’ignore cette bonne femme, c’est que en dehors de ce rôle : taper sur ses frères et sur sa religion, il ne lui sera confié aucun autre rôle.
    tapez sur Google et vous verrez qu’elle n’a écrit que ce livre : Ma vie à contre coran- Une femme témoigne sur les islamistes