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Reprise d’article du site fairelejour.org

Publie le dimanche 5 février 2006 par Open-Publishing

Blasphème ?
dimanche 5 février 2006
par Bruno ALEXANDRE

Le blasphème est un concept strictement religieux. C’est une injure au sacré, or les croyances génèrent du sacré à l’infini. Il se logera dans des esprits, des hommes, des animaux, des végétaux, ou des choses. Alors si je m’interdis de critiquer les interdits des autres, je m’interdis presque tout ! Le blasphème est donc un concept privé qui ne peut s’imposer à tous.

Dans une société laïque qui a pour base la Déclaration des droits de l’homme, l’exercice de l’esprit critique vis-à-vis de tout système de pensée est un droit. Il n’est pas inutile de rappeler les articles 18 et19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme :

Art. 18 : Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

Art. 19 : Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. (1)

Pourquoi donc n’aurais-je pas le droit de dire que l’Islam est né dans la guerre et qu’à partir du moment où Mahomet s’est senti choisi par Dieu, il a conduit au moins 75 coups de main, razzias ou batailles ? Dans une biographie du IXe siècle, le chroniqueur Tabari consacre un tiers de son ouvrage aux exploits guerriers !

Pourquoi n’aurais-je pas le droit de dire que le saint Homme de l’Islam, après avoir eu le souci de se concilier les tribus juives (comme en témoigne la Constitution de Médine), les a persécutées ? Ainsi après la bataille victorieuse du Fossé en l’an 627, la répression fut sans pitié, à savoir, la mort pour les hommes, l’esclavage pour les femmes et les enfants, et le partage des biens des vaincus. Toute une journée se déroula, sous le regard silencieux de Mahomet, la scène atroce de décapitation des juifs (au moins 600 individus), l’ultime communauté juive de Médine fut ainsi anéantie. Le Coran lui-même authentifie cette tuerie. (Sourate 33 : 26,27) - (2)

Dire cela n’est pas blasphème ou "diffamation" pour reprendre le terme de Dalil Boubaker, c’est de l’histoire ! L’Islam m’interdirait de dire l’histoire ? !...

Que le lecteur se rassure, quant aux autres religions du livre, le judéo-christianisme aussi est né dans la guerre et le sang.

Me fondant sur la Bible, n’aurais- je pas le droit de désapprouver le dieu Yahvé qui, s’étant choisi un peuple saint, a décidé de l’installer en Canaan en exterminant les peuples qui occupaient ce pays et d"une façon horrible, souvent sans épargner femmes, vieillards et enfants ? (Cf les récits des nombreuses batailles relatées dans l’Ancien Testament. - Josué en cite 31 ! (Jos 12:24)

Dans un autre ordre d’idée, n’aurais-je pas le droit, moi, athée, de m’insurger contre les conceptions religieuses de l’homme, celle par exemple de feu cardinal Daniélou qui conçoit l’homme ainsi : "Un homme à qui manque une de ses dimensions (l’adoration de Dieu) n’est pas un homme" et aussi : "le message premier est de rappeler qu’un homme sans Dieu n’est plus digne du nom d’homme, qu’une société sans Dieu est une société inhumaine."(3)

Jean Paul II est très proche du cardinal quand il déclare les conceptions matérialistes "incompatibles avec la vérité de l’homme" et "incapables de fonder la dignité de la personne". (4)

Quant aux athées et aux mécréants vus par le Coran, le jugement est encore plus radical : il vaudrait mieux les voir morts que vivants...(Cf entre autres les sourates : 4:84, 4:89, 8:12, 8:17, 9:5, 9:29, 9:36, 33:61, 47:4, 51:10)

Les terribles invectives de l’Ancien Testament et du Coran contre les infidèles, les mécréants, les incroyants, les impurs, devraient aujourd’hui, en toute rationalité, si le lobbying religieux n’était pas ce qu’il est, tomber sous le coup de la loi pour "injure et provocation à la haine, à la discrimination et à la violence racistes". On me dira que je ne relève que le pire en oubliant le meilleur. Argument sans valeur, car le meilleur ne pourra jamais justifier le pire !

En opérant de subtils glissements sémantiques on voudrait aujourd’hui faire condamner, pour racisme, les islamophobes, les christianismophobes ou judaïsmophobes... comme si ce n’était pas légitime de pouvoir l’être, alors qu’il s’agit dans le cadre de la liberté d’expression, du légitime droit de s’en prendre non pas aux hommes mais aux systèmes de pensée.

Je réclame hautement aussi le droit à l’athéophobie et à la caricature la plus sévère des athées, qui n’ont pas d’âme bien sûr, et qui savent à l’occasion manier la bombe et le couteau.

Toutes les valeurs ne sont pas d’égale valeur. Au nom du multiculturalisme et de l’enrichissement par la différence (il est des différences non enrichissantes), il ne faudrait pas oublier certaines de nos valeurs comme d’aucuns nous y poussent, celles qui ont destin d’universalité et qui pourraient conditionner le rêve de Zénon, celui d’une fraternité universelle.

Je citerai à ce propos et pour terminer un éminent philosophe, Marcel Conche, qui justement s’est efforcé de trouver le fondement à une morale commune et qui l’a trouvé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme qui suppose l’égalité de tous les hommes en débat, par le dialogue, avec les armes de la raison. (5)

Bruno ALEXANDRE


Notes :

(1) Déclaration universelle des droits de l’homme - proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948.

(2) Se rappeler l’affaire Chagnon, ce professeur d’histoire sanctionné pour avoir enseigné de tels faits.

(3) Cl Daniélou - Au commencement - Seuil - 1963

(4) Jean Paul II - Message à l’Académie pontificale des sciences - 1996

(5) M. Conche - Le fondement de la morale - PUF - 1993
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