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Réunion ajournée en Guadeloupe, tension en Martinique

Publie le vendredi 27 février 2009 par Open-Publishing

Les négociateurs qui devaient se réunir jeudi à Pointe-à-Pitre pour tenter de parvenir à un accord en Guadeloupe, ont ajourné la réunion en l’absence des représentants du Medef et de la CGPME.

Willy Angèle, président du Medef dans l’île, a expliqué lors d’une conférence de presse qu’il n’était pas venu parce qu’il avait estimé que les conditions de sécurité n’étaient pas réunies mais que les négociations n’étaient pas rompues pour autant.

Le collectif LKP est pour sa part prêt à signer un accord avec les organisations patronales présentes et il renvoie le Medef et la CGPME à leurs responsabilités, a déclaré Rosan Mouniem, un membre du collectif, lors d’un point avec les militants.

Angèle a expliqué qu’il s’était senti insulté et menacé mercredi soir lors d’un vif échange avec Elie Domota, chef de file du LKP.

Aucune date n’a été fixée pour une nouvelle réunion.

Médiateurs, patronat et syndicats, qui avaient discuté mercredi pendant 11 heures, auraient dû se retrouver jeudi pour tenter de s’entendre sur un "Meccano" financier accédant aux revendications salariales du collectif LKP.

En Martinique, où de nouveaux incidents étaient redoutés après 20 jours de conflit, malgré des renforts de police, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo s’est dit prêt à étendre les concessions financières faites en Guadeloupe.

Recevant 30 élus de l’outre-mer à Matignon, le Premier ministre François Fillon a appelé les négociateurs et la "responsabilité" et a lancé une mise en garde aux auteurs de violences en Martinique.

En Guadeloupe, les locaux de RFO ont été envahis par les manifestants dans l’après-midi, une action condamnée par les élus présents à Paris. La ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie a annoncé des poursuites judiciaires sur ces faits.

Dans sa première concession financière, le gouvernement a proposé mercredi une prime mensuelle de 80 euros de 2009 à 2011 pour les 45.000 salariés guadeloupéens touchant jusqu’à 1,4 smic (le smic équivaut à environ 1.000 euros nets par mois) dans le cadre de "l’adaptation" du Revenu de solidarité active (RSA).

Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo a annoncé jeudi soir sur France 3 que cette mesure, si elle était confirmée, s’appliquerait en Martinique.

"Toutes les mesures qui sont mises sur la table au nom de l’Etat en Guadeloupe s’appliqueront dans les départements d’outre-mer dans les mêmes conditions si cela est souhaité", a-t-il déclaré.

Ce "revenu supplémentaire temporaire d’activité" s’ajouterait en Guadeloupe à la contribution promise par les collectivités locales - 50 euros pour une année non reconductible - et à celle du patronat - entre 50 et 90 euros exonérés de charges.

L’addition s’approcherait ainsi de l’augmentation mensuelle de 200 euros nets réclamé par le collectif "contre l’exploitation" depuis le début du mouvement.

TENSION EN MARTINIQUE

Les parties devaient encore s’entendre sur les modalités d’application du dispositif.

Elie Domota a rappelé que les organisations engagées dans la grève refusaient le principe d’une allocation sur le mode du RSA et a demandé que l’offre gouvernementale profite à davantage de salariés, jusqu’au niveau de 1,6 Smic, afin d’englober 55.000 salariés.

Il a dit vouloir aussi progresser sur "le montant de l’intervention des patrons, qui reste à négocier et, la pérennité de l’accord".

"Il est prévu sur trois ans. Au-delà, nous demandons à ce que cette augmentation de salaire soit prise en charge par les patrons", a-t-il dit.

Quelques centres commerciaux et stations-service ont rouvert en Guadeloupe mais en Martinique, la situation s’envenime.

La ville de Fort-de-France a connu une deuxième nuit de violences. Une vingtaine de commerces ont été pillés par des bandes de jeunes qui, selon la radio locale RCI, auraient été armés de fusils à pompe. Une trentaine de personnes ont été interpellées, a-t-on précisé de source judiciaire.

Les négociations sur les salaires sont au point mort entre le "collectif du 5 février", et le patronat. Le collectif réclame 354 euros d’augmentation, le patronat en propose 60.

"Nous ne laisserons pas le désordre s’installer en Martinique", a dit jeudi soir à Paris François Fillon à la presse, promettant "les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des biens et des personnes". (Reuters)

Colette Borda, avec Sophie Louet, Elizabeth Pineau, Thierry Lévêque et Nicole Dupont à Paris

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