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Roland Dumas alerte les francais sur l’otan

Publie le jeudi 3 avril 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Roland DUMAS : OTAN, j’alerte les Français
Publié 3 Avril 2008 1

Roland Dumas : “J’alerte les Français !”
Propos recueillis par Thomas de Rochechouart, le jeudi 3 avril 2008 à 04:00

Alors que s’ouvre le sommet de l’Otan, Roland Dumas dénonce « l’alignement » de la France sur Washington : « La responsabilité du gouvernement sera immense devant l’histoire », redoute-t-il.
FRANCE-SOIR. Que pensez-vous du rapprochement France - Etats-Unis à l’occasion du sommet de Bucarest ?
Roland Dumas. L’annonce à grand fracas de ce sommet laisse penser que nous sommes sur la voie d’un alignement avec les Etats-Unis. C’est un changement cardinal de la politique étrangère française depuis le général de Gaulle. Tous les présidents successifs avaient veillé jusqu’à présent à ne pas modifier notre politique. Ainsi, durant la guerre du Golfe, j’ai assisté à des entretiens entre François Mitterrand et George Bush père, où le président avait insisté sur la nécessité pour la France de garder son autonomie. C’est lui-même qui a donné l’ordre aux soldats français d’attaquer au Koweït. Cela ne sera plus possible. C’est la mort du gaullisme.

Pourquoi ?
Si, comme on l’annonce, la France va rejoindre le commandement intégré de l’Otan, elle va perdre son autonomie d’action, à l’image de la Grande-Bretagne. Elle sera un partenaire de l’Alliance, assigné à telle ou telle mission, et elle devra s’y plier. Sa voix n’existera plus. Ce que la France a fait en 2003, lors du déclenchement de la guerre en Irak, ne sera plus possible. En vertu des accords, elle n’aura plus la faculté d’adopter une autre position que celle de l’alignement.

Quelles sont les contreparties pour la France ?
Celle de bénéficier de ce qui se prépare actuellement : une réorganisation de l’ordre mondial autour des Etats-Unis. Un processus dangereux qui se fera au détriment de l’Europe. A partir du moment où l’on s’inscrit dans un contexte atlantiste, à quoi bon une défense européenne ? A ce titre, il faut noter les propos ce matin (hier, NDLR) du président Bush qui a vanté chaudement la position défendue par Nicolas Sarkozy, la semaine dernière à Londres, de se rapprocher de la Grande-Bretagne. Si l’on se réfère au proverbe « dis-moi qui t’encense, je te dirai qui tu es », c’est signé.

Pourtant, une majorité de Français semble hostile à cette politique…
Les Français sont des gens prudents et sensés. Ils se demandent quel est notre intérêt à aller se battre en Afghanistan. Le général de Gaulle avait fondé sa politique sur un principe : « La France ne doit pas se laisser entraîner dans un conflit qui ne la concerne pas. » D’autant que durant le débat à l’Assemblée, aucune réponse n’a été donnée aux questions essentielles : combien de renforts ? Quelle mission : organiser la circulation des routes ou participer aux combats dans les montagnes ? Et surtout : quels objectifs ?

Craignez-vous que la France ne soit désormais la cible du terrorisme ?
C’est la question que l’on doit se poser. Nous avons réussi jusqu’à présent à ne pas être mêlés au terrorisme qui a touché la Grande-Bretagne ou l’Espagne. En allant jouer les gendarmes dans cette région tourmentée, difficile, le risque est très grand de devenir la cible des attentats.

La décision du gouvernement sera lourde de conséquences ?
C’est une décision totalement irresponsable. Et la responsabilité du gouvernement sera immense devant l’histoire. C’est pourquoi je veux alerter aujourd’hui les Français. Qu’ils sollicitent leurs parlementaires, qu’ils fassent pression sur eux et leur demandent pourquoi nous envoyons des renforts. Il faut que le débat public s’ouvre sur ce sujet grave.

Edition France Soir du jeudi 3 avril 2008 n°19762 page 4

Messages

  • "Ils se demandent quel est notre intérêt à aller se battre en Afghanistan. "

    en effet, on se le demande...et aux premiers de nos soldats tués, est-ce qu’on le saura ou est-ce que çà sera couvert par le secret-défense ?

    C’est quoi ce pays ou on part en guerre sans rien demander à personne ?
    Déjà en 1999 on a bombardé la Yougoslavie et là c’est les socialos qui gouvernaient : de qui se foutent-ils ?

  • "Se battre en Afghanistan". Jeu très vilain de la part des Russes au début des années 80, bien qu’ils prétendaient d’une part répondre à un accord les liant au gouvernement légal du pays et d’autre part d’y construire des écoles, d’émanciper les femmes, d’y supprimer les servitudes féodales, etc.
    Mais au même moment : jeu très honorables des socialos français que d’intervenir au nom d’un accord similaire au Tchad afin d’y maintenir les arriérations tribales et les contrats léonins entre honnêtes industriels, financiers et commerçants des deux bords.
    C’est ainsi que vivent les hommes. Jesse

    • Pourtant, une majorité de Français semble hostile à cette politique… Les Français sont des gens prudents et sensés. Ils se demandent quel est notre intérêt à aller se battre en Afghanistan. Le général de Gaulle avait fondé sa politique sur un principe : « La France ne doit pas se laisser entraîner dans un conflit qui ne la concerne pas. »

      "Les français sont des gens prudents et sensés", dites-vous ? Ca m’étonne, ça ! On a Sarkozy au pouvoir ! C’est déjà le début d’une réponse. Bon c’est vrai qu’il a menti à ses électeurs !

      Faut croire que les "caisses sont pleines" pour servir l’OTAN. Déjà, Bush a fait savoir qu’il fallait une Europe opérationnelle en Afghanistan. Je suppose qu’il a voulu dire que "notre armement nucléaire" qui nous coute assez cher en postes d’enseignants qui ne seront plus renouvelés (11 000 à la rentrée 2008), par exemple, doit être mis au service de l’Europe et en plus de l’OTAN, avec la perte d’indépendance et l’augmentation des impôts ou la baisse de la fonction publique pour aller gaspiller dans l’armement et la tuerie d’hommes qui ne nous ont rien fait ! C’est beau la morale, la croyance en un dieu : tuer des individus ! Beau programme politique, pour satisfaire un nase de Bush !

      Au passage, ne vous étonnez plus si ça marche moins bien chez nous qu’en Allemagne, en ayant la même monnaie ? Beaucoup d’argent est mis sur cet armement de la mort, alors qu’en Allemagne, il n’y a pas besoin, la France fait le travail pour les autres ! C’est beau l’Europe !

      Diable, comment Sarkozy peut-il être séduit par un Bush finissant, qui est au plus bas des sondages dans son pays, et qui est aussi le plus impopulaire chef d’état dans le monde, car en fait de "gendarme du monde", il vaudrait mieux dire qu’il est "le plus grand boucher du monde" !

      Viva el liberalismo ! (mdr, et triste aussi)