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Sarkozy cède face aux « durs »

Publie le samedi 28 février 2009 par Open-Publishing
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Guadeloupe samedi28 février 2009 , le temps (ch)
Sarkozy cède face aux « durs »
Sylvain Besson
Elie Domota.

L’Etat accepte de financer une augmentation des bas salaires pour mettre fin aux troubles

Les autorités françaises ont fini par céder. Vendredi, après cinq semaines de grève générale, elles ont accepté de payer pendant deux ans une augmentation de 100 euros (environ 150 francs suisses) des bas salaires en Guadeloupe. Les entreprises et les pouvoirs locaux avanceront chacun 50 euros supplémentaires, ce qui devrait mettre fin au mouvement.

Cet épilogue représente une demi-capitulation pour Nicolas Sarkozy et son gouvernement, qui avaient d’abord refusé que l’Etat participe directement à l’augmentation des salaires. Mais la concession est limitée dans le temps : après deux ans, les collectivités et entreprises de l’île sont censées remplacer la contribution de l’Etat – même si nul ne sait comment cette transition sera financée.

Une partie du patronat local a cependant refusé de s’associer à l’accord, accusant le leader des grévistes, Elie Domota, d’intimidation physique. Ses méthodes et son vocabulaire sont controversés. Les « gros bras » du LKP, la coalition qu’il dirige, auraient contraint des chefs d’entreprise à fermer boutique. Le Mouvement des entreprises de France (Medef) lui reproche ses « logiques racistes inadmissibles » : il oppose volontiers les Gwadloupéyens (noirs) aux « descendants d’esclavagistes » (blancs) qui contrôleraient l’économie.

Au plus fort de la crise, Elie Domota avait accusé l’Etat français de vouloir « casser du nègre » et « tuer des Guadeloupéens ». Il prétend que « les patrons ont monté une milice pour tuer les syndicalistes », dont lui-même. Le principal membre de sa coalition, le syndicat UGTG, souhaite l’indépendance du péyi face aux « capitalistes colonialistes français [qui] exploitent et oppriment l’ensemble du peuple guadeloupéen ».

Si cette rhétorique a pu enflammer les esprits, et contribuer aux violences qui ont fait un mort, un syndicaliste tué par des émeutiers, le patronat a aussi sa part de responsabilité, expliquait dimanche l’ancien premier ministre socialiste Michel Rocard : « Il y a […] une aile irréductible qui semble vouloir engranger son argent en ne faisant aucune espèce de sacrifice, quel que soit le coût pour l’ordre public. »
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