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Sous Sarkozy, on peut tout dire sur les Noirs ! Et la gendarmerie ne veut pas être à la traîne !

Publie le jeudi 2 juin 2011 par Open-Publishing

Niktamère : deux gendarmes renvoyés en correctionnelle

Le commandant de la brigade de Bras-Panon et l’un de ses collègues sont poursuivis en correctionnelle pour avoir affiché les imprimés racistes sur les “Niktamères”.

L’enquête étant bouclée, le procureur a décidé, hier, de renvoyer deux gendarmes de Bras-Panon devant le tribunal correctionnel pour avoir affiché un imprimé raciste sur les jeunes Maghrébins sur un tableau de service. Les deux militaires pensaient faire de l’humour.

“Non, nous ne sommes pas racistes. Oui, nous avons cru faire de l’humour”. Telles sont en substance les explications des deux gendarmes de Bras-Panon sur l’affichage des imprimés racistes ciblant les “Niktamères”. Après les auditions des neuf militaires de la brigade dans la journée de vendredi, à la suite de la publication des photos des affichettes dans le Journal de l’Ile, le procureur de Saint-Denis s’est fait transmettre le dossier d’enquête. Et a décidé, hier, de lancer des poursuites pénales à l’encontre du commandant de la brigade de Bras-Panon, qui a affiché les imprimés, et de l’un de ses collègues qui avait reçu le mail et qui avait donné les imprimés à son supérieur. Les deux militaires seront poursuivis pour “provocation à la discrimination raciale”.

Le procès devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis aura lieu à la fin du mois ou début juillet. “Il est important que ces deux gendarmes puissent s’expliquer devant une juridiction qui tranchera”, déclare le procureur de Saint-Denis Richard Bometon. Ces poursuites ne signifient pas que ces deux militaires sont racistes. Mais ils ont véhiculé un document qui est profondément choquant et profondément raciste. L’aspect symbolique est très important dans cette affaire. Il est important que l’on prenne conscience que l’on ne peut pas faire n’importe quoi. Une gendarmerie est un lieu public dans lequel doivent être respectées les valeurs républicaines. Il n’est pas concevable de donner une pareille image de l’institution”.

Des gendarmes de qualité et de confiance

Selon le procureur Richard Bometon, les deux gendarmes n’avaient pas pris conscience de la portée de ce qu’ils pensaient être une “note humoristique” dans la brigade. “J’ai été le premier surpris car il s’agit de deux gendarmes expérimentés, de qualité et de confiance”. Les deux militaires étaient jusque-là très bien notés par leur hiérarchie et par le parquet puisqu’ils possèdent la qualification d’officier de police judiciaire. Parallèlement à cette procédure, une enquête administrative est toujours en cours. Vendredi, le préfet avait très vivement réagi en disant être “consterné” et “indigné”. Afficher un tel “torchon” dans les locaux d’un service de l’État est “inacceptable”, tempêtait le préfet promettant des sanctions seraient prises “avec la plus grande fermeté”. A ses côtés, le colonel Le Mouël, commandant la gendarmerie de la Réunion, avait déclaré que “rien ne pouvait justifier de tels agissements”. L’officier supérieur avait “présenté ses excuses aux personnes et aux associations qui ont pu être choquées”.

Le commandant de brigade reste suspendu de ses fonctions à titre conservatoire. La logique voudrait que des sanctions disciplinaires soient prises en fonction de la décision du tribunal correctionnel. Dans de pareilles affaires, la justice se prononce, en cas de culpabilité, pour des peines de principe

Jérôme Talpin

 Une motion déposée à la gendarmerie

Deux membres du collectif “Non au racisme et aux discriminations. Respekt a nou” ont déposé, hier matin, une motion à la brigade de gendarmerie de Bras-Panon où ils ont dialogué avec des militaires, dont le commandant de la compagnie de Saint-Benoît. “Nous n’étions pas venus pour une démonstration de force, explique Denis Lagrange-Bacary. Nous ne visons pas les gendarmes en particulier mais les comportements racistes ou xénophobes.” Les membres du collectif disent être indignés par “ce texte raciste qui opère des comparaisons avec des animaux et propage les pires amalgames. On ne peut l’accepter”. Pour Denis Lagrange-Bacary, il existe à travers cette affaire et d’autres moins récentes un “risque de banalisation des discours et comportements racistes ou xénophobes”.

http://www.clicanoo.re/11-actualites/16-faits-divers/285689-niktamere-le-commandant-de-la.html