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Comité de Soutien à Maria Vuillet -
Communiqué
"Ce n’est pas celle que voulait Guy Môquet" répond Maria Vuillet au Sous-Préfet qui vient de lui dire "Je représente la République", alors que, ce lundi 22 octobre 2007, il se rend au métro Guy Môquet où il est accueilli sous les sifflets de lycéen.n.es venu.e.s du proche lycée Carnot. S’estimant outragé dans l’exercice de ses fonctions, il porte plainte, affirmant que Maria lui a dit "Vous êtes facho", ce qu’elle nie fermement. Le 4 février 2008 Maria Vuillet est citée à comparaître le 16 juin, quatre mois plus tard.
La dérobade.
À l’audience, le public est venu nombreux. Maître Thierry Lévy présente ses quatre témoins au Tribunal. Maria Vuillet est là. Au banc de la partie civile, un avocat, seul : le Sous-Préfet a eu "un empêchement d’emploi du temps". Stupéfaction dans le public. En termes d’agenda cette date est fixée depuis fort longtemps, il faudra donc qu’il se soit produit un événement exceptionnel pour que le Sous-Préfet, Chef du Cabinet, ne se déplace pas à l’audience. Par ailleurs, pour autant que les fonctions de la partie civile soient importantes, elles ne semblent pas aussi contraignantes que celles du Préfet, Secrétaire général et de la Sous-Préfète, Directrice du Cabinet [voir l’organigramme de la Préfecture sur http://www.idf.pref.gouv.fr/etat/organisation.htm].
Le mépris.
Parmi les quatre témoins de la défense, trois sont des lycéennes, au cœur de la période du Baccalauréat et des concours d’entrée aux grandes Écoles, l’une d’entre elles venant de surcroît de grande banlieue. Ces jeunes filles, pour lesquelles le calme et la concentration sont indispensables, se sont tout de même rendues à l’audience, dont on peut imaginer qu’elle représentait, de plus, une épreuve difficile au regard de leur responsabilité face à une lourde accusation portée par un Haut-fonctionnaire de l’État. Et le-dit plaignant ne vient pas... Et, en admettant qu’il se soit produit un événement exceptionnel, pas le moindre et simple mot d’excuse. Rien.
Le déni.
Maria Vuillet vit depuis plus de quatre mois dans l’attente de ce jour. Elle est passible de 7 500 € d’amende (un an de son salaire d’assistante-sociale à mi-temps), de six mois d’emprisonnement et de l’interdiction d’une durée de cinq ans d’exercer une fonction publique. De lourdes peines. Sur les dires du Sous-Préfet de Paris. Le pot de terre contre le pot de fer. Maria est responsable, courageuse, et elle n’est pas seule. Cette audience allait enfin, après toute cette attente, lui permettre, après n’avoir cessé de clamer son innocence, de démontrer que l’accusation était fausse. Et de quitter le Tribunal relaxée. Elle a été privée de ce droit fondamental, sans la moindre explication concrète.
Et la colère.
Sitôt le renvoi demandé par l’avocat de la partie civile, le ministère public suit cette demande. Alors même que l’avocat précise que "s’il y a un renvoi, je ne peux m’engager à ce qu’il soit là"... D’autre part, le Code de procédure pénale dit [Art. 425-1°al.] : "La partie civile régulièrement citée qui ne comparaît pas ou n’est pas représentée à l’audience est considérée comme se désistant de sa constitution de partie civile". Le Sous-Préfet étant représenté, il n’y a donc pas désistement. Ce qui signifie aussi que l’audience peut se tenir. C’est ce qu’a défendu fermement Maître Lévy contre l’avis du Procureur. En vain. L’huissier est venu face au public à deux reprises pour faire cesser les grondements qui montaient. La Présidente du Tribunal a prononcé le renvoi. Au 10 juillet. Maria attendra quatre semaines de plus.
pour le Comité de Soutien,
Jacques Monge
à Paris, le 17 juin 2008.
solidarite-maria.vuillet@live.fr
[ci-après, le témoignage de Madame Odette Nilès, Présidente de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé, Chevalier de la Légion d’Honneur]
L’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé rassemble les anciens internés et les familles des fusillés du 22 octobre 1941, et cela depuis 1945. Cette année la cérémonie a été très importante avec 5 000 participants.
Le 22 octobre, jour anniversaire de l’exécution des otages dont Guy Môquet, un rassemblement des organisations démocratiques et des gens du quartier est organisé au métro dont la station porte le nom de ce jeune résistant patriote. Se joignent alors un groupe de jeunes du Lycée Carnot, ce Lycée avait accueilli dans son sein le jeune héros.
Ce groupe, accompagné de parents, se rend sur place pour lui rendre un dernier hommage.
Un incident est venu entacher cet hommage, les jeunes se sont heurtés au service d’ordre de la police. Une maman révoltée s’est adressée au Sous-Préfet, celui-ci étant sur place. Conduite au Commissariat menottée elle sera poursuivie.
Notre Amicale s’élève contre cette injustice, un jour anniversaire, au moment où le Pdt de la République a demandé aux enseignants la lecture de la lettre d’adieux de Guy à sa famille, en omettant de faire connaître les valeurs pour lesquelles sont tombés les Résistants pionniers de cette époque.
Monsieur le Préfet, nous l’espérons, sera sensible à cette journée du souvenir et retirera sa plainte en souvenir des 27 fusillés du 22 octobre tombés pour la libération de notre pays.
La Présidente,
Odette Nilès
Chevalier de la Légion d’Honneur
à Drancy, le 15 juin 2008