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Standard & Poor’s place le FESF sous surveillance négative

par Paris

Publie le mardi 6 décembre 2011 par Paris - Open-Publishing
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L’agence de notation Standard & Poor’s a annoncé, mardi 6 décembre, avoir placé sous surveillance négative la note du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Le FESF, dont la France et l’Allemagne sont les principaux contributeurs, risque de perdre sa note triple A d’un ou deux crans.

Cette décision est consécutive au placement sous surveillance avec perspective négative de la note de 15 pays de l’Eurozone par l’agence de notation américaine la veille. Six pays, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande et le Luxembourg, perdraient ainsi leur "AAA". Si la rumeur concernant une dégradation de la note française gonflait ces derniers temps, c’est la première fois que l’Allemagne, première économie européenne, se voit mise en danger par une agence de notation.

Standard & Poor’s a précisé, dans un communiqué, que la note de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Finlande, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la Belgique serait abaissée d’un cran maximum. Celle des autres pays, dont la France, pourrait être abaissée d’un maximum de deux crans.

>> Voir notre infographie : La notation des pays européens par S&P

En cause dans cette décision de S&P : l’accroissement des tensions systémiques au cours des dernières semaines. Et plus précisément, le durcissement des conditions de crédit, les primes de risque plus élevées demandées pour des obligations souveraines, y compris celles émises par des pays notées "AAA", la persistance des désaccords entre dirigeants européens sur la manière de sortir de la crise, le niveau élevé d’endettement dans une bonne partie de la zone euro et un risque accru de récession dans la zone euro.

UN SOMMET EUROPÉEN TEST

L’avertissement de Standard & Poor’s en direction des pays européens est une action politiquement motivée, a dénoncé mardi l’Autrichien Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE). "Le moment choisi pour lancer cet avertissement, et son ampleur, ont un contexte clairement politique", a déclaré M. Nowotny, également gouverneur de la Banque centrale autrichienne (OeNB).

En effet, la décision de l’agence intervient peu avant le sommet de l’UE qui se tiendra vendredi pour tenter de sortir de la crise de la dette. Très attendu, ce sommet doit conclure une semaine marquée de rendez-vous européens importants, dont la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui a abouti à la proposition d’un projet de nouveau traité européen.

Standard & Poor’s a prévenu mardi qu’elle examinera si ce sommet aura été en mesure de "ramener la confiance". L’échec de ce sommet pourrait entraîner une nouvelle phase de la crise et peser encore plus sur la confiance des investisseurs, a commenté Moritz Kraemer, responsable de la notation souveraine pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient de S&P.

"PRENDRE TOUTES LES DÉCISIONS NÉCESSAIRES"

Après l’annonce de lundi, la France et l’Allemagne se sont voulues rassurantes et ont déclaré dans un communiqué commun que la stabilité de la zone euro était leur premier objectif. "La France et l’Allemagne, pleinement solidaires, confirment leur volonté de prendre toutes les décisions nécessaires, en lien avec leurs partenaires et les institutions européennes pour assurer la stabilité de la zone euro", indique le texte. Et de préciser : "La France et l’Allemagne réaffirment que les propositions formulées aujourd’hui conjointement permettront de renforcer la gouvernance de la zone euro afin de rétablir la stabilité, la compétitivité et la croissance."

La menace de S&P est un "avertissement collectif" qui rend incontournable un désendettement, a martelé mardi le premier ministre français, François Fillon. "L’Europe doit se réorganiser et se désendetter : c’est un fait", a lancé le chef du gouvernement. "Ce que nous dit cette agence est clair : pour les investisseurs, la zone euro et l’Europe ont besoin d’un cadre politique rigoureux, structuré, efficace, capable sur le moyen et long terme de tenir ses engagements", a-t-il également relevé. "D’une certaine façon, c’est un appel à une gouvernance politique et économique plus solide, et notre réponse est sans ambiguïté : c’est l’accord franco-allemand élaboré [lundi] par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel", a-t-il assuré.

PAS D’AUGMENTATION DU CAPITAL DES BANQUES

Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a qualifié mardi de "follement exagéré et injuste" l’avertissement de Standard & Poor’s. "Je ne suis pas troublé par ceci, mais je suis stupéfait, vu les efforts significatifs ces derniers jours pour surmonter la crise, notamment les programmes d’économies en Italie et en Irlande", a-t-il déclaré sur la station de radio allemande Deutschlandfunk.

Le ministre de l’économie français, François Baroin, a quant à lui assuré que "tout était fait pour protéger les économies des Français". Il a également affirmé que l’Etat n’aurait pas besoin de participer à une augmentation du capital des banques françaises. "Tout est fait pour permettre aux banques de maintenir l’irrigation à l’activité économique. Elles le continueront. Il n’y aura pas besoin de participation publique à l’augmentation du capital des banques", a-t-il déclaré sur France 3.

http://www.lemonde.fr/crise-financiere/article/2011/12/05/standard-and-poors-menace-de-degrader-les-triple-a-europeens_1613697_1581613.html

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