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Toulouse : la police de Sarko incapable d’empêcher la tuerie de l’école juive, pourquoi ?

par CAPJPO

Publie le vendredi 23 mars 2012 par CAPJPO - Open-Publishing
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Alors que l’affaire de Toulouse a connu un premier épilogue, jeudi, avec la mort de l’auteur des trois tueries de Montauban et Toulouse, le comportement de la police politique du régime, la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) est mis sur la sellette.

Deux personnalités dirigeantes : le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, et le procureur de Paris, François Molins, ont publiquement suggéré que quelque chose clochait dans le comportement de la DCRI.

Il y a en effet une interrogation majeure : comment se fait-il que l’auteur –dont le public va apprendre mercredi matin qu’il s’appelle Mohamed Merah, 23 ans- n’a pas été localisé, et soumis au minimum à une surveillance 24 heures/24 avant la commission du troisième attentat, celui de l’école juive de Toulouse le lundi matin 19 mars ?

Le 11 mars, un militaire parachutiste est abattu à Toulouse devant témoins par un homme agissant de manière calme et déterminée, qui s’éloigne au volant d’un scooter. Un tel homicide est suffisamment exceptionnel dans la France de 2012 pour dépasser la simple rubrique des « faits divers », et on s’attendrait en pareil cas à des investigations policières d’emblée plus poussées, plus rapides et plus dynamiques que de routine.

Mais surtout, le 15 mars, un nouvel attentat a lieu, dans des circonstances en tous points analogues, contre d’autres militaires parachutistes, toujours dans la même région (Montauban, à 60 kilomètres de Toulouse). Deux militaires sont tués à bout portant, un troisième grièvement blessé.

Les autorités déclarent en quelques heures que l’auteur de l’attentat de Toulouse et celui de Montauban sont une seule et même personne, au vu du faisceau convaincant d’éléments concordants (nature de l’arme utilisée, nature des cibles, nature du mode opératoire notamment).

Elles ajoutent qu’elles ont établi deux « courtes listes » de suspects gravitant dans deux « mouvances » qu’elles considèrent comme potentiellement impliquées dans les attaques, une mouvance dite « néo-nazie suprémaciste blanche » d’une part, une mouvance dite « salafiste/djihadiste » d’autre part.

Or, il est impossible que Mohamed Merah, au vu des informations officielles relatives à son passé, n’ait pas figuré sur la deuxième courte liste, et ce bien avant l’attaque de l’école juive du lundi matin (quatre morts, dont trois enfants).

C’est impossible parce qu’aux dires mêmes de la police, Merah faisait partie des très rares jeunes occidentaux à avoir séjourné au cours des dernières années dans la zone frontalière Afghanistan/Pakistan, décrite par la DCRI comme le foyer d’entrainement de futurs terroristes djihadistes.

Les policiers français ont recensé, sur une dizaine d’années, le voyage dans la région de 23 Français seulement, dont une partie sont d’ailleurs morts sur place. La DCRI a en outre confirmé qu’elle connaissait l’itinéraire de Mohamed Merah, qu’elle avait interrogé –sans conséquences judiciaires, aucun délit ne lui étant reproché- pas plus tard qu’en novembre 2011.

Les « anciens » d’Afghanistan/Pakistan fichés par la police étant 23 en tout et pour tout pour la France entière, et ce sur une dizaine d’années, combien y-en-a-t-il en 2012 pour figurer sur une « courte liste » en région Midi-Pyrénées ? Merah et à la grande rigueur un ou deux autres, mais en tout cas Merah.

Et il est alors inconcevable que dans le cadre d’un plan de recherches à priorité absolue –au minimum à partir du 15 mars, après l’attentat de Montauban qui indiquait qu’on était confronté à une série- Merah n’ait pas été l’objet d’une surveillance de tous les instants, laquelle aurait permis de l’empêcher de commettre le troisième attentat.

Et ce, d’autant moins que les informations officielles publiées sur les allers et venues de Merah au cours de la dernière période font état d’une personne ne vivant pas clandestinement, mais disposant d’un domicile légal (celui où il a été assiégé puis tué), et se présentant même au tribunal (pour un délit ordinaire de conduite sans permis) pas plus tard qu’il y a un mois.

Pour des affaires infiniment moins graves et infiniment moins pressantes, comme la tragi-comique histoire de la « bande de Tarnac » (où un groupe de jeunes gens ont été soupçonnés d’avoir voulu provoquer des pannes –pas des déraillements, de simples pannes- sur le réseau ferroviaire), des moyens humains et techniques exceptionnels sont mis en œuvre ; même chose, assez souvent, pour les auteurs de canulars ou injures sur internet, qui se retrouvent avec les gendarmes à leur porte en l’espace de quelques heures.

Mais là, Merah a pu disposer d’une entière liberté de mouvements, y compris après le déclenchement de l’alerte générale le 15 mars, et ce jusqu’à commettre la tuerie de l’école juive. Ce n’est que par l’enquête de terrain (témoignage d’un concessionnaire moto, épluchage d’adresses IP, etc.) que Mohamed Merah sera a posteriori cerné à son domicile.

Le ministre de l’Intérieur Guéant, mal à l’aise, jouait jeudi matin, une fois n’est pas coutume, au grand défenseur des libertés fondamentales, en nous sortant un couplet sur « la France, Etat de droit », qui ne poursuit pas des gens pour leurs seules idées.

Une heure plus tard, pas à une contradiction près, son chef Sarkozy annonçait au contraire son intention d’enrichir le code pénal d’un nouveau délit : la simple consultation de sites internet « faisant l’apologie du terrorisme » !

Comme quoi, face à ce qui apparaît pour le moins comme un gros ratage de la lutte anti-terroriste, le gouvernement entend rebondir avec un projet supplémentaire de lois scélérates.

N’oublions pas enfin que cette fameuse DCRI est dirigée par Bernard Squarcini, un homme directement redevable à Sarko et Guéant, pourtant mis en examen (soupçonné d’avoir espionné des journalistes), mais néanmoins maintenu en place.

http://www.europalestine.com/spip.php?article7029

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