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Très vives inquiétudes pour les Chantiers de Saint-Nazaire

Publie le samedi 27 octobre 2007 par Open-Publishing

Construction navale . Après le rachat par un groupe sud-coréen, les syndicats redoutent une délocalisation rampante de leur savoir-faire vers l’Asie.

de Thomas Lemahieu

Dans la nuit de lundi à mardi, les chantiers sud-coréens STX Shipbuilding, numéro 7 mondial du secteur de la construction navale, ont annoncé qu’avec le rachat de 39,2 % de ses parts pour un montant de 563 millions d’euros, ils devenaient l’actionnaire principal d’Aker Yards, lui-même leader européen au coude à coude avec le groupe italien Fincantieri, en voie de privatisation. À Saint-Nazaire, sur les ex Chantiers navals de l’Atlantique (2 800 emplois directs et 6 000 emplois induits chez les sous-traitants), les syndicats contestent cette opération. Alors que la Corée du Sud possède déjà sept des dix plus grosses entreprises de la construction navale au niveau mondial, la CGC s’inquiète d’un « péril asiatique qui s’installe chez Aker Yards ». Selon le syndicat, « la construction navale coréenne n’a jamais caché sa stratégie de développement sur les navires à forte valeur ajoutée, et à moyen terme le risque de transfert de savoir-faire est inévitable ». « Il est vital que le capital d’Aker Yards reste européen si l’on veut conserver les chances d’une construction navale de pointe en Europe », ajoute la CGC. Côté CFDT, on regrette également qu’il n’y ait « pas eu d’investisseur européen », tout en constatant qu’« avec l’arrivée d’un groupe industriel coréen, les actionnaires banquiers européens ont, semble-t-il, fait un très gros profit (+ 44 %) ».

Hier, la CGT a profité d’un comité d’entreprise pour décortiquer la manoeuvre : « En rachetant Aker Yards, STX s’offre le marché de la croisière et de l’offshore, donc des produits à forte valeur ajoutée. STX achète ce qu’il ne sait pas faire ou qui aurait été particulièrement compliqué, long et coûteux à développer. » Le syndicat alerte sur un « scénario catastrophe » : « STX prendra le contrôle total du groupe dans les mois à venir. Suivront des échanges de bons procédés où notre savoir-faire sera décortiqué dans les moindres détails. Puis viendra la construction à titre exceptionnel d’un paquebot dans les cales coréennes avec l’apport technique du chantier. Cette expérience sera reconduite et, afin de réduire les coûts de production, les blocs seront fabriqués en Chine dans un nouveau chantier de STX qui sera terminé en 2008. La présence de la Corée sur le marché des paquebots risque donc à moyen terme de devenir une véritable menace pour toute la construction navale européenne. » La CGT soupçonne que les « manoeuvres préparant ce hold-up boursier soient tombées dans les oreilles de certains dirigeants de l’entreprise, du ministère de l’Industrie et de la Commission européenne » et interroge : « Quelles actions ont été menées pour contrer cette OPA hostile déguisée ? » Et de regretter qu’« à ce jour, rien ne semble avoir été entrepris pour lutter contre ce capitalisme sauvage ». Réclamant l’organisation d’une table ronde regroupant les politiques, les dirigeants du groupe et les organisations syndicales des divers chantiers européens, la CGT de Saint-Nazaire exige aussi que « toute la transparence soit faite sur ce boursicotage nauséabond ».

http://www.humanite.fr/2007-10-26_P...