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Unis pour arrêter le mur

Publie le jeudi 24 novembre 2005 par Open-Publishing

de Françoise Germain-Robin

Proche-Orient. Deux associations, l’une palestinienne, l’autre israélienne, sont à l’initiative de la Semaine internationale de solidarité.

À l’occasion de la Semaine internationale de lutte contre le mur d’apartheid, lancée dans le monde entier à l’initiative de deux organisations, l’une palestinienne (le Pengon), l’autre israélienne (la Coalition contre le mur), la Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine (1) a invité à Paris deux représentants de ces associations : Mme Amal Nashashibi qui préside, à Jérusalem, l’association Al Mirsat, et M. Shmuel Groag, architecte urbaniste, membre de l’ONG israélienne. Sur place, toutes ces ONG luttent ensemble contre la construction du mur, organisent des manifestations communes, introduisent des plaintes contre les expropriations et les destructions de terres, de maisons, de cultures.

À Paris, tous deux ont lancé un appel urgent à la solidarité et à l’action. Cartes et schémas à l’appui, Mme Nashashibi, qui s’est surtout attachée à la situation dans la région de Jérusalem, a montré comment le mur qui s’y érige sous nos yeux en ce moment est « l’aboutissement d’une politique délibérée qui se prépare depuis juin 1967 », c’est-à-dire au lendemain de la guerre des Six Jours et de l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem Est. « Le 28 juin 1967, deux semaines après le début de l’occupation, Israël a multiplié par 12 la superficie de Jérusalem, cela de manière unilatérale par un décret voté par la Knesset. Dès cet instant, la politique suivie a utilisé trois méthodes : exproprier les terres par la force, implanter des colonies juives, tout faire pour rendre la vie impossible aux Palestiniens. Le mur est l’image même de cette politique. Il rend visible ce qui était implicite depuis 1967. Pour le construire, il a fallu exproprier encore plus de terres et rendre la vie impossible à plus de gens. Le message est clair. On nous dit : "Allez-vous-en, Jérusalem est une ville juive." Déjà 230 000 Palestiniens qui ont pourtant la carte de résidents de Jérusalem et vivent dans des faubourgs vont en être séparés par le mur et de ne plus pouvoir y venir. »

Schmuel Groag montre, lui, comment la situation s’est inversée depuis 1967. « Avant l’occupation, dit-il, Jérusalem était un cul-de-sac pour les Israéliens et une véritable métropole, ouverte sur la Cisjordanie par le nord, l’est et le sud, pour les Palestiniens. Avec le mur, c’est le contraire qui est en train de se réaliser. » Appuyant les propos de Mme Nashashibi, il cite aussi l’exemple du village de Bir Nabala, jusqu’alors rattaché à Jérusalem et désormais enclavé par le mur. « 17 000 Palestiniens vont y être tout à fait enfermés et ne pourront en sortir que par des tunnels souterrains ! » Il cite également le chiffre, impressionnant, de ce mur dont la construction a été condamnée et déclarée illégale il y a maintenant plus d’un an par la Cour internationale de justice de La Haye : « Chaque kilomètre, dit-il, coûte deux millions de dollars. Jusqu’ici, 255 km sont achevés sur les 670 km prévus. » Un coût faramineux qui pèse sur l’économie d’Israël pour un mur d’apartheid qui achève de ruiner la Palestine en même temps que tout espoir de paix.

(1) www.pengon.org

www.stopthewall.org

www.plateforme-palestine.org