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Vague d’arrestations politiques en Belgique

Publie le lundi 9 juin 2008 par Open-Publishing
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La liberté est une notion à plusieurs extensions. Selon l’idéologie libérale, la liberté est circonscrite à la sphère privée, à la poursuite de la jouissance et de l’intérêt particulier. L’égalité en droit s’y trouve toujours contredite par les faits. Pour les socialistes, la liberté ne peut s’entendre sans une participation active à la chose publique et un partage équitable du pouvoir social. Egalité et liberté se présupposent dans ce système de pensée.

Le peuple cubain est libre et souverain dans la mesure où il peut choisir l’ordre social qui lui convient suivant son histoire et ses propres expériences. Les orientations générales de la politique y sont discutées en assemblée. C’est un Etat de droit en ce sens qu’il est permis de faire tout ce qui n’est pas défendu et que tous sont soumis aux mêmes lois. C’est la raison et non l’arbitraire qui préside. Il existe un appareil législatif et des mesures de contrainte pour toute personne qui enfreindrait les lois préétablies. Dans un contexte de guerre larvée, les autorités cubaines ont arrêtées en 2003 quelques dizaines de personnes compromises dans des activités à caractère subversif. Ces personnes étaient coalisées à des agences étasuniennes pour déstabiliser et renverser le pouvoir en place. Des preuves circonstanciées ont d’ailleurs été présentées par les autorités cubaines. Le monde entier a dénoncé cette vague d’arrestations et l’a présentée comme une entorse aux normes fondamentales des droits de l’homme. L’UE a même imposé des sanctions envers Cuba.

Une vague d’arrestations analogue vient d’avoir lieu en Belgique sans générer cette fois le moindre émoi. Elle concerne des activistes communistes apparentés au Secours Rouge, qui a vocation à exprimer sa solidarité avec les prisonniers politiques en Europe. Il n’est personne pour s’indigner et remettre en cause le bien-fondé de ces arrestations dans les milieux d’ « extrême gauche ». Wahoub Fayoumi, journaliste à la RTBF, a été placée sous mandat d’arrêt dans le cadre de cette affaire pour « participation aux activités d’un groupe terroriste ». D’ordinaire si prompt à réagir, on n’a pas encore entendu le président de RSF Robert Ménard s’exprimer sur ce sujet. L’inculpation de Wahoub Fayoumi est disproportionnée au regard des indices divulgués. Son arrestation est fondée sur des suppositions : on lui reproche d’entretenir des relations personnelles avec un activiste des C.C.C (Cellules Communistes Combattantes) ainsi que d’avoir des liens réguliers avec un groupe prétendument lié aux brigades rouges (PC politico-militaire). Sous couvert de secret de l’instruction, les éléments à charge ne sont pas rendus publics. On sait par ailleurs que cette journaliste avait déjà été recadrée par sa hiérarchie pour son empathie avec les étudiants en grève et les sans-papiers. Est-elle arrêtée pour ses convictions ou pour des faits ?

C’est l’exercice effectif de la liberté politique qui est remis en cause dans cette affaire. Le pouvoir bourgeois ne force pas à agir mais s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse. Il n’est pas possible de donner une suite expresse à son opposition au système. L’électoralisme nous contraint à abdiquer dans une urne notre souveraineté politique et à voter pour un des partis bourgeois promu par l’ordre bourgeois. Nous sommes dans une société asservie à ses propres lois. On ne peut à proprement parler de démocratie là où on n’a pas le pouvoir d’agir contre le pouvoir.

Emrah KAYNAK

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