Vous ne pouvez pas rire de tout. Vous êtes à Beit Hanoun.

Situation humanitaire dans ce village au nord de Gaza
Dimanche 5 Novembre. 2006

Beit Hanoun est un secteur résidentiel très dense. Il est localisé quelques kilomètres au nord de la ville de Gaza. C’est facile à atteindre là-bas en voiture. C’est aussi à quelques kilomètres au sud de ville de Sederot dans Israël. Historiquement, en1948, Sedrot a été établi sur les restes et la terre du village palestinien de Semsem. Il faut noter que Beit Hanoun contient terre la plus fertile de la Bande de Gaza. Est-ce pourquoi on le détruit ? La Banque mondiale a fait l’approche et les propositions pour investir dans le nord de Gaza, y compris Beit Hanoun afin de tenter d’améliorer et relancer l’économie locale
totalement dévastée par les incursions militaires israéliennes.

►Mercredi 1er Novembre 2006, l’armée israélienne avec ses armes extrêmement sophistiquées et un soutien logistique abondant a commencé un assaut sur Beit Hanoun sous le prétexte d’empêcher les milices de lancer des fusées artisanales vers Sedrot.
En quelques heures ils ont fait le siège du village. Nous avons pensé que les activités militaires seraient limitées dans le temps, comme cela a pu être mentionné dans la presse, mais en réalité de la situation a prouvé qu’il en est autrement. L’action militaire a visé les habitants et chaque parcelle de terre cultivée sans aucun discernement, et de très graves dommages ont été constatés sur le tout le secteur agricole.

►Aujourd’hui c’est dimanche ; c’est le cinquième jour de l’opération militaire israélienne qui continue à Beit Hanoun et autour et que l’armée d’Israël appelle « l’Opération brouillard d’automne ».
Dans Beit Hanoun et ailleurs dans Gaza, depuis le début de l’opération, on compte jusqu’à aujourd’hui un total de 48 hommes de tous âges, 2 femmes tuées et quelques 250 blessés dont plus de 50 gens dans des états sérieux et critiques dans « ICU » de deux hôpitaux dans le secteur. Ce nombre inclut ceux qui ont été assassinés par l’attaque d’hélicoptères et les jets israéliens lançant des missiles sur leurs voitures. Les officiers israéliens ont rituellement déclaré leur regret d’avoir tué des civils innocents dans l’opération. Le chef d’état major israélien a visité ses troupes dans Beit Hanoun et a exprimé son admiration pour leur exécution de l’opération et a fait des compliments aux dirigeants et aux unités recherchant les caches d’armes.

►De plus, après un ordre militaire par haut-parleurs pour les hommes palestiniens du village à se rassembler dans une cour d’école, des centaines des Palestiniens entre 16 et 60 ans ont été rassemblés et emmenés dans les camions militaires dans une destination inconnue ; ce pourrait être à un camp de concentration érigé dans le désert de Negev, à l’est de Burij le camp de réfugiés dans le secteur de milieu de Bande de Gaza. On estime leur nombre à environ 1500.

►Il est utile de noter que deux femmes ont été tuées pendant qu’elles marchaient avec des douzaines d’autres femmes dans une tentative de résistance passive pour protester contre les atrocités des soldats israéliens. Les femmes recherchaient des issues
pour trouver la nourriture et le nécessaire pour la vie quotidienne.
Il semble que nous ne sommes pas vraiment dans le cadre strict des activités militaires,. Les Israéliens ramènent l’agriculteur palestinien au point zéro où il doit tout recommencer une nouvelle fois ! Les politiques et les activités israéliennes représentent une gifle aux organisations civiles palestiniennes de service y compris les associations agricoles en particulier. Ils détruisent tout à vue. En 5 jours à peine, Beit Hanoun a été privé de tout comme l’électricité, les télécommunications, la nourriture et les provisions médicales. De plus, l’objectif est clairement de détruire les terres agricoles, le bétail. Il vise bien particulièrement ce secteur de Hanoun de Beit riche de sa production de fraise, d’agrumes, de fleurs et d’autres plantes. Il semble que l’intention israélienne soit de détruire le secteur agricole. Ceci est de la preuve indiscutable qu’Israël pratique une punition collective. En termes simples, c’est une destruction organisée de la vie humaine des villageois palestiniens et l’anéantissement de tous les efforts et les investissements de soutien.

►Au premier jour de l’offensive un couvre-feu a été imposé sur le village permettant d’entourer les secteurs agricoles et laisser libre le mouvement des véhicules militaires et des tanks. Les bulldozers ont pris la part principale dans l’opération. Discrètement des tanks et des hélicoptères, les bulldozers ont déraciné des arbres et détruit des récoltes sur des centaines d’ acres ( 1dunnum= 1/10ème d’hectare) de terre sous les prétextes divers tels que l’ouverture de nouvelles routes pour leur opération militaire et créant des secteurs nus pour empêcher prétendument le lancement de missiles artisanaux
contre Israël. Seulement, après cinq jours ces missiles sont toujours lancés et la vaste campagne militaire ne les a pas arrêtés. Les soldats israéliens avancent maison par maison pour chercher des armes et des hommes, ce qu’ils ne font pas facilement. Cependant ils se pervertissent dans l’humiliation et le harcèlement des enfants et des femmes supposés être restés à la maison.

►Au quatrième jour de l’offensive, l’armée Israélienne a levé le couvre-feu pour quelques heures pour permettre aux femmes seulement de se déplacer pour obtenir le minimum pour vivre, tel que le lait pour les enfants et la farine pour faire le pain familial. Aucune échoppe n’étant ouverte, les femmes ont recours à leurs voisins et aux autres parents qui eux-mêmes cherchent le nécessaire ! Avec cette nouvelle situation, les gens de Beit Hanoun ont été enfoncés entre pierre et rocher dur. Ils ont perdu de larges secteurs de terre cultivée ; leurs plantations, leurs champs et leurs serres ont été intentionnellement ciblés. En conséquence, il y a rien d’étonnant à ce que leur économie s’effondre avec cette offensive de tous les jours.

Pire encore est le sort que les agents du secteur public qui n’ont reçu que 20% de leurs salaires depuis sept mois, sans parler de l’emploi au plus bas dans le secteur. Tous ces facteurs détruisent le tissu économique, social et culturel du village. Alors, l’incursion a ajouté du sel à la blessure ; l’opération militaire a empiré la situation
humanitaire qui est passée du mauvais au pire. En termes simples, les gens ont perdu l’espoir en presque tout autour d’eux et leurs enfants vraiment meurent de faim. Ils ont été privés du besoin fondamental d’une vie normale. Les enfants ont été terrifiés par les tirs, bombardements, les explosions. Les opérations militaires actuelles aggravent la situation humaine à l’extrême.

Pendant deux jours l’ UNRWA a été autorisée à entrer dans Beit Hanoun mais il est évident que les gens ont faim et meurent de faim, que la mort menace.
Un moment de démonstration et de protestation pacifique s’est transformé en un moment de mort pour deux femmes et des blessures pour les autres ! Les manifestants faisaient appel aux dirigeants arabes et la communauté de monde pour intervenir arrêter l’opération Israelienne. Imaginez seulement la situation.

Ahmed Sourani à Gaza

Cooperation & External Relations Department.
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