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" ... au seuil d’une crise économique, politique et humaine majeure."

Publie le lundi 14 avril 2008 par Open-Publishing
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" Nous sommes au seuil d’une crise économique, politique et humaine majeure.

La flambée des prix des produits alimentaires de base vient plonger dans une misère absolue des populations de plus en plus nombreuses qui se trouvent aujourd’hui frappées d’un désespoir total : à ce jour, 854 millions de personnes sont en permanence sous-alimentées, et chaque jour 100.000 personnes meurent de faim.

Or cette hausse des prix agricoles va durer car elle est structurelle, et les mesures d’allégement des droits de douane à l’importation ou de subvention publique massive ne permettront d’alléger la facture qu’à la marge. La politique des pays riches visant à remplacer l’énergie fossile par des carburants d’origine agricole absorbe dans des proportions astronomiques la production de maïs, sucre de canne, blé, etc. Ensuite, les pays riches, à commencer par la France, continuent de subventionner massivement leurs exportations agricoles dans ces pays, et ils empêchent ainsi l’organisation d’une production locale compétitive. Enfin, le report des fonds d’investissement vers les matières premières entretient les prix à la hausse.

En clair, le problème ne peut que s’aggraver : alors que 2,2 milliards de personnes, selon la Banque Mondiale, n’ont à ce jour pas de revenus suffisants pour nourrir leur famille, la faim va les pousser à l’insurrection. Les risques d’instabilité sont d’autant plus sérieux que la faim se répand dans ces pays du Sud où les régimes politiques sont fragiles. Il est urgent de renflouer le programme alimentaire mondial, qui a besoin aujourd’hui de 500 millions d’euros, puis d’aider ces pays à développer une agriculture autosuffisante. "

Jean Ziegler.

" Sur les trente-six pays où la flambée des prix alimentaires est dramatique pour ses habitants, près d’un sur trois se trouve dans une situation d’instabilité chronique, où domine un chef d’État à la légitimité contestée, en particulier en Afrique.

Ce qui amène notre ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à prédire que ces crises "ne seront pas seulement humanitaires" et qu’elles "constituent des enjeux de sécurité majeurs". S’il l’a dit à la veille du G7, c’est "au nom de la préservation d’équilibres politiques et migratoires précaires". Le mot est lâché.

Car il ne s’agit pas de famines, comme celles qui terrassèrent sur place les populations au Sahel, en Éthiopie, en Somalie ou au Darfour. Cette fois, les aliments de base existent. Mais ils sont devenus inabordables, et ils le resteront. Cette fois, s’ils n’ont plus les moyens de se nourrir, ce n’est pas à cause d’une succession de mauvaises récoltes. Mais parce qu’ils ont abandonné leur agriculture vivrière sous le "conseil avisé" de la Banque mondiale qui, depuis trente ans, les pousse à spécialiser leur agriculture pour l’exportation.

Ainsi, les populations de ces villes se nourrissent-elles d’aliments importés. Les plus frappés ne sont pas des paysans, mais des urbains par millions, dans ces villes surpeuplées qui ont explosé sous l’exode rural et la forte natalité. Or à l’heure de la fluidité des marchandises, des capitaux et des hommes, ceux-là mêmes qui se révoltent sont devenus mobiles. Voilà qui explique le réveil brutal des responsables des pays riches. "

Valérie Segond.

 http://www.latribune.fr/info/Les-em...

Dix ans après la publication du livre d’Alain Minc, La mondialisation heureuse, qui osera encore dire que la mondialisation est heureuse ?

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