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joxe se lache sur le conseil constitutionnel... A LIRE !
Publie le jeudi 4 février 2010 par Open-Publishingje vais lire le bouquin de Joxe !
bonne lecture à tous.....
sur le conseil constitutionel .... MAIS.... publié en suisse ! Comme au 18ème ?
Pierre Joxe brise le silence du Conseil constitutionnel
Sylvain Besson
L’ancien ministre protestant sort un livre décapant chez un éditeur genevois. Rencontre.
Le Conseil constitutionnel est l’un des lieux opaques du pouvoir français. Un peu semblable au Tribunal fédéral dans son rôle de censeur des lois, il est parfois critiqué pour sa politisation – comme à Noël, lorsqu’il a invalidé le projet de taxe carbone cher à Nicolas Sarkozy. Il ne publie pas les détails de ses délibérations, ni les opinions dissidentes à ses décisions. C’est ce secret que brise aujourd’hui Pierre Joxe, membre socialiste du Conseil nommé en 2001, dans un livre* publié par l’éditeur genevois Labor et Fides.
Pourquoi Genève ? « Par les temps qui courent, il y a un petit clin d’œil », explique cet ancien lieutenant de François Mitterrand, qui fut ministre de l’Intérieur et de la Défense. Acte de résistance contre la « politique bling-bling », selon son éditeur Gabriel de Montmollin, mais aussi hommage à ses ancêtres suisses – Pierre Joxe est l’arrière-arrière-petit-fils de l’horloger Abraham Louis Bréguet, dont il habite encore la maison située en face du Louvre, sur l’île de la Cité.
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Avec Gaston Deferre et Michel Rocard, Pierre Joxe fut l’un des ministres protestants qui tint le haut du pavé dans les années 1980 (Lionel Jospin, petit-fils de pasteur, a toujours refusé de se définir comme protestant). « Mais on ne peut pas dire qu’il y ait une position politique des protestants, précise Pierre Joxe. Sauf peut-être sur la défense des libertés publiques, de la liberté de pensée. »
C’est au nom de ces libertés que Pierre Joxe a combattu, au Conseil constitutionnel, la loi dite Perben II, qui permet de placer des mineurs en garde à vue durant quatre jours, le contrat première embauche, et l’une des décisions les plus controversées de Nicolas Sarkozy, la nomination des dirigeants de la télévision publique par le chef de l’Etat.
La « bêtise » de Berlusconi
« Je pense que c’est trop grave de faire machine arrière à ce point, s’indigne-t-il. C’est un retour en arrière incroyable, alors que la Constitution vient d’être réformée, en 2008, pour garantir la liberté et l’indépendance des médias. »
Voyant que le Conseil – où siègent les anciens présidents Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing – allait approuver la loi, Pierre Joxe a demandé que son désaccord soit publié. « On m’a écouté poliment, et on n’a rien publié », regrette-t-il. Or, la publication des opinions dissidentes, pratiquée un peu partout en Europe, permet d’améliorer la qualité des décisions.
Le livre contient aussi des révélations. Comme le passage par la Suisse, en 1985, de terroristes du groupe Abou Nidal, venus négocier avec Pierre Joxe la libération de deux de leurs prisonniers. Ceux-ci finirent par être « exfiltrés » en Suisse. Les autorités helvétiques étaient-elles au courant ? « Ce n’est pas un sujet de conversation avec un journaliste », dit Pierre Joxe.
Le passage le plus savoureux concerne les relations entre François Mitterrand et Silvio Berlusconi, au moment (1985) où ce dernier s’apprête à créer une chaîne privée en France, la Cinq. Pierre Joxe se plaint de la stupidité de ses programmes en Italie. « Laissez donc ce Berlusconi mourir de bêtise », répond François Mitterrand avant d’accorder sa licence à la Cinq.
Ainsi, regrette Pierre Joxe, un président socialiste contribua-t-il à « fabriquer l’un des dirigeants les plus cyniques de la droite en Europe ».
* Pierre Joxe,« Cas de conscience », Labor et Fides, Genève, 2010.