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la transparence et le secret d’Etat

Publie le mardi 18 août 2009 par Open-Publishing

Le principe de la démocratie suppose une transparence totale sur les activités d’un Etat. Malgré ce principe, il est établi que la raison d’Etat justifie tous les actes concourant à l’intérêt suprême de la Nation. Et, partant de là, autorise évidemment le recours au secret d’Etat.

Un secret d’Etat est un fait ou un savoir connu des services de l’Etat, et caché sciemment par ces derniers dans un but précis. La notion de secret d’Etat implique que la connaissance de ce secret révélée au peuple est susceptible de porter atteinte soit à la sécurité de l’Etat, soit à l’Etat lui-même. Encore faut-il définir ce qu’est l’Etat (le petit groupe qui dirige la masse ou la masse intégrant ce petit groupe ?)...

La nécessité du secret peut donc sembler valable dans le cas de relations internationales tendues, de technologies potentiellement dangereuses ou même vis à vis des véritables capacités de son armée. Bien qu’un Etat démocratique peut avant tout apparaître comme éminemment pacifique, on peut comprendre qu’il ne puisse faire autrement, si on considère le danger que représentent les Etats n’adhérant pas à la même vision.

Mais le secret d’Etat est une notion double car qui dit secret dit inconnu, et cela ouvre la possibilité à d’autres raisons que celles dites « d’Etat » de s’y glisser. On pourra me taxer de mauvais esprit, mais je ne peux me résoudre à croire que seule la défense de la démocratie soit réellement couverte par cette notion.
De plus, le secret qui entoure la définition même du secret d’Etat participe au manque de confiance qui peut exister entre les Etats, ou entre le peuple et ses élites, et ainsi favoriser les tensions entre eux.

Pourtant, il faut bien se résigner à l’existence du secret d’Etat. l’Histoire en est pleine, et pour cause : l’homme est ainsi fait qu’il croit toujours avoir raison, et que ceux qui ne sont pas de son avis ont tord. Mais comme il se croit (ou se veut) également un être bon, il justifie le secret de ses actes par l’objectif à atteindre (le bien de tous, croit-il). Le fait est que face à l’opposition que ne manquerait pas de faire naître toute prétention au pouvoir d’un type ouvertement dictatorial (ou contre un régime dictatorial), il est plus judicieux de préparer son coup en douce.

Et même en interdisant l’existence du secret d’Etat (en rendant accessibles tous les documents classés secret-défense par exemple) les secrets se reformeraient toujours, impossible autrement.

En ces temps de surveillance accrue, d’intrusion dans tous les actes quotidiens qu’a rendu possible la technologie (au nom de la transparence), il devrait être évident pour tous que l’exemple soit montré au plus haut niveau de l’Etat. Mais la nécessité du secret va si loin que comme pour la réforme des retraites, ceux qui sont au pouvoir ne votent les lois que lorsqu’elles servent leurs intérêts. Comme dans 1984, les élites au pouvoir se sont arrogé le droit d’éteindre leurs télécrans, sans que personne n’y trouve rien à redire : « secret d’Etat ».

Le secret d’Etat englobe donc ce que le gouvernement qui le définit veut bien y faire rentrer. Il creuse le trouble dans la population qui, évidemment, ne peut connaître ce qui est secret. Quand bien même ce trouble favorise la suspicion envers les élites ou l’émergence de théories conspirationnistes, l’Etat ne semble pouvoir se passer de cette notion de secret. Un monde transparent signifierait la mort des élites, car ainsi les peuples seraient à même de comprendre et de connaître les rouages qui provoquent leur exploitation, et finiraient par ne plus pouvoir l’accepter. Faire accepter l’existence du secret est bien plus subtil qu’il n’y paraît au départ, car cela permet au pouvoir de jouer la transparence tout en justifiant cette existence.

Finalement, un monde où tout se sait n’est pas un monde sans secret, mais tout simplement un monde où nous savons tous que les secrets sont bien gardés...

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