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le mensonge et la liberté

Publie le vendredi 1er mai 2009 par Open-Publishing

A première vue, on serait tenté de penser que ces deux termes sont liés par opposition : la vérité se trouvant être « moralement » un souverain bien la liberté, qui en est un également, devrait lui être un corollaire.

Mais qu’en est-il exactement ?

La vérité est un terme philosophique et sa définition est assez floue. Le plus sûr serait encore de la considérer comme le contraire du mensonge, mais nous n’en sommes guère plus avancés.
Selon Wikipedia, la vérité « exprime la qualité de ce qui est vrai. C’est la conformité de l’idée avec son objet, conformité de ce que l’on dit ou pense avec ce qui est réel ». Nous entrevoyons déjà ainsi la difficulté induite par une telle définition, car elle en implique une seconde, la réalité. Mais la réalité est-elle ce qui est vrai ou ce qui est accepté par le plus grand nombre comme vrai ? Car si la vérité se base sur le vrai, la méconnaissance de la réalité se caractérise-t-elle par un mensonge ou une erreur ? et à partir du moment où l’erreur peut être considérée comme fruit de cette méconnaissance, on peut aisément avancer la possibilité pour un menteur de se dire dans l’erreur. C’est la volonté qui fait la différence, mais il faut être capable à un tiers de prouver la « non-méconnaissance » du menteur pour le confondre avec son mensonge.

Mais que se passe-t-il lorsque le tiers, qui se veut contradicteur à la recherche de la vérité, est lui même victime de la méconnaissance d’un fait ? et si le menteur est en capacité d’effacer les traces de son fait ?
Et même si le contradicteur est capable de fournir les preuves du mensonge, qu’arrive-t-il s’il n’a pas les moyens d’exprimer ses preuves à la face des juges de l’action ou des dires du menteur ?

Alors voilà, on pourrait éventuellement dégager de cette réflexion que la vérité est un mensonge accepté par le plus grand nombre, ou produit au plus grand nombre. La véritable force du mensonge est de faire mélanger la réalité et les apparences, et la faiblesse de la vérité c’est de transformer une apparence en réalité. Le mensonge se sert de la vérité, et réciproquement.

Peut-être après avoir lu ces lignes cherchez-vous toujours le lien entre la liberté et le mensonge, et je vais maintenant tâcher de satisfaire rapidement à votre curiosité : le mensonge est la possibilité (la liberté volontaire et consciente) de faire ce mélange entre la réalité et les apparences.
On se souvient du paradoxe du menteur : « en vérité je vous le dis, je suis un menteur ». Suis-je un menteur, et je ne vous mens pas en l’affirmant, ou cessé-je d’en être un puisque je vous le dis ? sachant que si je vous dis que je suis un menteur, ce que je dis n’est pas la vérité. A vous de me croire, ou pas.

Le mensonge est donc une liberté de dire parfois la vérité, et d’autres fois de la cacher. Le menteur qui mentirait tout le temps serait vite démasqué, tandis que le véritable « bon » menteur est celui qui sait utiliser la réalité, les apparences, tout en sachant donner à ces mensonges l’apparence de la réalité et à ses vérités l’apparence du mensonge. Mais pas tout le temps.

Que se passerait-il alors s’il devenait impossible de mentir ? il faut bien réfléchir aux conséquences d’une telle possibilité, car cette hypothèse est aujourd’hui techniquement réalisable. A partir du moment où tous nos actes (à travers internet, surveillance GPS et vidéo, informatisation, vérichip, biométrie, génétique…) sont susceptibles d’être surveillés, analysés, enregistrés, il n’est plus envisageable de mentir. Et s’il n’est plus possible de mentir, il devient alors impossible ni de se révolter, ni de désobéir, ni de se cacher, et même de penser à le faire.

La liberté aura disparu de fait.

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