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mais qui sont donc ces casseurs...?
Publie le mercredi 16 mai 2007 par Open-Publishing10 commentaires
mais qui sont donc ces casseurs
on parle de ceux du pouvoir bien sur
Ma mère cassée par le travail en lui même, mais aussi par le manque de reconnaissance alors que c’est elle qui torche le cul de leurs vieux abandonnés à l’hospice. Cassée par les menaces de sanctions et les mesures disciplinaires parce qu’elle est grande gueule et syndiquée. Cassée par le harcèlement des supérieurs et l’isolement vis à vis de collègues rampants. Cassée par les arrêts maladie arrachés au toubib pour tenir. Cassée par les batailles au tribunal administratif pour faire reconnaître ses droits alors qu’on ne fait pas le poids. Cassée lorsqu’on divise par deux les effectifs de la structure où elle bosse, pour économiser (pas pour économiser ma mère en tout cas). Cassée par la pression de commencer l’intérim à cinquante ans passés, après s’être cassée en CDI. Cassée dans sa fierté, par le regard des autres, sur la manière dont elle et son mari avaient bien pu éduquer leurs gosses. Cassée car sa mère n’a pas passé la quarantaine. Elle a l’habitude, casée en voie de garage à l’école et cassée dans les foyers de bonnes sœurs. Cassée car je ne savais pas répondre quand elle rentrait en pleurs dans ma chambre. Cassée par mutisme, chez nous on n’a pas appris à parler mais à serrer les dents.
Mon père cassé sur les chantiers alors qu’il aurait pu, comme d’autres autour de lui, se caser peinard dans l’usine d’armement de son bled. Une bonne gâche, y paraît. Cassé dans ses ambitions parce qu’il était gosse d’ouvriers et que son père non plus n’avait pas passé la quarantaine. Cassé quand on le pousse dehors d’une boîte. Cassé dans son orgueil par le patron. Cassé par le fait de retomber au bas de l’échelle sur le tard. Cassé dans sa morale de travailleur par le chômage de longue durée. Cassé par la peur d’un contrôle quand il se débrouillait au black. Cassé par les dettes, ou en rentrant d’un rendez-vous à la banque. Cassé quand il construisait notre baraque tant bien que mal, à la veilleuse, en rentrant de construire les baraques des bourges. Cassé d’avoir gâché plus d’énergie chez les riches que dans sa propre famille. Cassé quand, à plus de cinquante ans, il dort sur un lit de camp au milieu des travaux, ou dans la caravane en plein hiver. Cassé par le poids des sacs de ciment. Cassé par le calendrier qui passe trop vite. Cassé par les journées qui passent trop lentement.
Mon frère cassé à partir du CP. Cassé par les regards condescendants ou charitables. Cassé par les diagnostics de la médecine. Cassé par les éducateurs spécialisés, les instituteurs spécialisés, les institutions spécialisées ; cassé par les psychologues, les psychomotriciens, les psychopédagogues, les pédopsychiatres. Cassé quand on souligne son retard. Cassé par ses petits camarades dans la cour de récré ou en dehors de l’école. Cassé en sport, cassé en classe. Cassé par les sarcasmes, les moqueries, les quolibets, le rejet. Cassé par la normalité. Cassé par les trahisons et les mensonges. Cassé la journée dans les ateliers « protégés », cassé la nuit dans les sanglots. Cassé au chômedu. Cassé physiquement parce qu’on l’a acculé à mépriser son corps. Cassé par les services sociaux qui te baladent en attendant ta disparition de leurs putain de statistiques. Cassé par des échecs prémédités, scolaires, professionnels, affectifs. L’amour-propre en miettes.
Son frère cassé quand il a compris lentement que, issu d’un milieu modeste, on passe sa vie en tricycle à pédaler sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. Cassé, parce que toujours deuxième derrière les gosses de bourges qui jouent à la dernière console au lieu de faire sagement leurs devoirs. Cassé par les grilles du collège. La gueule cassée parce que trop bronzée. Cassé parce que jamais assez costaud. Cassé par ton père parce que tu pleures en rentrant de classe. Cassé dans ton cœur parce que t’as arrêté de pleurer. Cassé quand t’encaisse, cassé quand tu rends les coups. Cassé par les heures de présence gâchées au lycée ; cassé par leurs mots d’absence. Cassé par le shit trop tôt le matin. Cassé par leurs programmes mensongers. Cassé par les sapes de marque des autres, par les vacances des autres, par le Noël et l’anniversaire des autres, par la maison et la caisse des parents des autres. Patates, pâtes, patates, pâtes. Cassé parce qu’on se moque de toi quand t’aides ton père au chantier. Cassé parce que t’aides pas assez ton père au chantier.
Cassé parce que tes vieux te foutent la honte : y sont pas toubib, y sont pas kiné, y sont pas pharmacien, y sont pas chercheurs ni chefs d’entreprise... Cassé parce que tu fous la honte à tes vieux qui en ont plein le dos de venir te chercher au poste au milieu de la nuit. Cassé par le manque de cash mais cassé dans ton ego quand tu le prends dans les poches des autres. Cassé par les regards méfiants des commerçants du patelin, puis des vigiles de la métropole. Cassé par les crapuleries entre potes. Cassé par des jeux dangereux et par la frime morbide. Bombes le torse : cran d’arrêt dans le cartable dont t’oseras jamais te servir. Cassé quand t’as du entrer en cassant et pour casser dans une baraque qui était pas la tienne. Cassé par les balances. Cassé par les flics quand ils viennent te chercher au fond de la classe. Cassé par les interrogatoires, par les témoignages, par les confrontations, par les perquisitions. Cassé devant le juge pour recel de rancune. Cassé par les conseils de discipline et les leçons de morale de ces connards de profs. Cassé par des gueules d’anges de richards qui t’expliquent en bêlant que tu déconnes, quand même… Cassé quand on te traite de « clepto » ou de « clochard ». Cassé parce que les meufs tombent toujours amoureuses des autres, plus clean.
Cassé quand tu jouais les méchants, cassé quand t’es gentil. Tu voudrais apprendre à nager, mais on t’apprends à te noyer. Cassé quand tu découvres qu’il y a pas de liberté, pas d’égalité, pas de fraternité qui tienne. Cassé parce que c’est la compèt’ qui compte, et que t’es pas un athlète. Cassé entre intérim et travail au black. Cassé par le contremaître qui te parle petit-nègre. Cassé parce que tes parents peuvent pas se porter caution. Cassé par ton proprio parce que t’as pas payé le loyer. Cassé par ta banque, t’as pas comblé ton découvert. Cassé par les patrouilles qui continuent de te casser les couilles. Cassé par les étudiants de gauche, en manque d’exotisme, qui te demandent si t’as des « origines ». Cassé parce que t’as pas le niveau, et que quand t’es bon, on t’accuse de tricher. Cassé parce que les autres vont trop vite et trop loin, alors que t’as même pas compris où t’es. Cassé parce que les gosses de riches parlent mieux que toi de la lutte des classes, et se cassent avec les lauriers. Cassé parce que tu fais tellement d’efforts pour te fondre dans le décor.
Moi qui ne casse pas, j’ai aussi une peur bleue des casseurs. J’en entends parler partout alors je me dis qu’on est plein à se préoccuper de la même chose. Et puisqu’ils me font peur je surveille mes arrières, je regarde par dessus mon épaule pour surveiller les casseurs : casque et bouclier ou bien costard trois pièces ; peu importe l’uniforme.
Un conseil à celles et ceux qui s’inquiètent de la casse et qui veulent surveiller leurs arrières : protège ton dos camarade. Cependant très pacifique, je risque de casser les dents au prochain qui me casse les couilles avec les casseurs.
Une pensée à toutes celles et tous ceux, en particulier de notre génération, cassé-e-s dans les tribunaux, les prisons, la toxicomanie et l’alcoolisme, les hôpitaux psychiatriques... La lutte paie
Messages
1. mais qui sont donc ces casseurs...?, 16 mai 2007, 21:53
Combien de gens sont cassés ainsi. Mais ont-ils votés en masse contre S., le méga-casseur ? j
2. mais qui sont donc ces casseurs...?, 17 mai 2007, 12:18
Stupéfiant à quel point les autonomes justifient leurs actes qui favorisent sarkozy ! ! !
Dans ma fac ils ont détruit une ag parcequ’il y avait des membres de l’unef ! ! !
1. mais qui sont donc ces casseurs...?, 17 mai 2007, 16:09
Ah bon ? parce que l’apathie des syndicats, leurs collaborations à la gestion du capital et les RDVs
sous les lustres clinquants des ministères.....ne favorisent pas les Sarkos & cie.
S’asseoir aux tables des chefs d’orchestre de notre exploitation ce n’est pas cautionner les faits des princes..?.On voit ou vos tergiversations on mené les citoyens...10 millions de pauvres et précaires !!
2. mais qui sont donc ces casseurs...?, 17 mai 2007, 20:25
ET SI LES DIX MILLIONS DE PAUVRES ET DE PRÉCAIRES DESCENDRAIENT DURABLEMENT COMME UN SEUL HOMME DANS LA RUE LORSQU’IL LE FAUT,
À CE MOMENT-LÀ LES SYNDICATS N’AURAIENT PAS BESOIN DE S’ASSEOIR AUX TABLES DES CHEFS D’ORCHESTRE.
À CE MOMENT-LÀ CE SONT LES "CHEFS D’ORCHESTRE" QUI SERAIENT OBLIGÉS DE VENIR S’ASSEOIR À !!! N O T R E !!! TABLE.
QUAND Y A T-IL EU 10 MILLIONS DANS LA RUE ? !!! J A M A I S !!!
ALORS QUI SONT EN PRIORITÉ LES APATHIQUES ?
NOUS AVONS DONC LES SYNDICATS À NOTRE IMAGE .
Esteban
3. mais qui sont donc ces casseurs...?, 17 mai 2007, 22:41
Il ne sert à rien de crier...ni même de manipuler le conditionnel. les faits sont là, lorsque les syndicats sont représentatifs de la base, ils sont combatifs et dés lors c’est un appel à l’union, à la résistance, à la lutte. Si les syndicats n’étaient pas verrouillés croyez moi il y aurait du monde ! s’ils n’étaient pas subventionnés à 80 % ils y gagneraient en autonomie et en combativité.
le problème c’est donc l’opa du pouvoir sur les syndicats (sur la bureaucratie) et la corruption des représentants.
Jamais....en 68 il y avait près de 10 millions de grévistes non ? mais même à cette époque
les syndicats (pas les syndiqués) ont eu peur et ont mis fin à toute velleité de changement durable dans les rapports sociaux.
4. mais qui sont donc ces casseurs...?, 18 mai 2007, 00:22
Jamais....en 68 il y avait près de 10 millions de grévistes non ? mais même à cette époque les syndicats (pas les syndiqués) ont eu peur et ont mis fin à toute velleité de changement durable dans les rapports sociaux.
Ca c’est un peu vrai, non ? Pourquoi en MAI 68 la gauche et les syndicats ont-ils arrêté la grêve ? Pour des raisons d’accords secrets avec le pouvoir ? Parce que les salariés commençaient à souffrir financièrement ? POURQUOI, j’aimerais savoir le fond de l’histoire, jamais évoqué ???j
5. mais qui sont donc ces casseurs...?, 18 mai 2007, 09:59
Esteban tu utilises un drôle d’argument:le peuple n’est pas assez révolutionnaire,DONC les directions syndicales sont excusées de faire du réformisme et de saboter la greve generale comme en 2003 !!
Et depuis quand une direction syndicale doit être à droite si une partie du salariat ne lutte pas assez ?
oui je voudrais un peu plus de combativité de la part des salaries mais quand ils le sont et en 2003 ils l’étaient,et c’est bien la cgt qui par Thibault en direct à la tv a rendu servuce au patronat en disant:il n’y aura pas de greve generale !!
Le medef était rassuré !!et fillon rendra hommage à la cgt à l’assembleé nationale !
Quand les permanents seront certains de retourner bosser apres 10 ans de syndicat et bien ils dirigeront les luttes plus radicalement !!!
Si thibault était encore sur les voies à la sncf avec son cap et bien il aurait appelé a faire greve generale !!
la bureaucratie détruit nos syndicats !!!!
RED FOX
6. mais qui sont donc ces casseurs...?, 18 mai 2007, 20:02
Cher RED FOX,
Je n’utilise pas un "argument" - c’est à dire que je ne m’invente pas une réponse sortie de nulle part- mais malheureusement une vérité vérifiable.
Au niveau de l’entreprise J’AI VÉCU des moments où il suffisait de réunir nos délégués syndicaux la CGT pour la nommer, majoritaire à 45% et de montrer notre détermination à obtenir des revendications salariales pour qu’immédiatement la machine du collectif syndical se mette en branle.
Le syndicat CGT sans se soucier des autres syndicats crées par la direction pour diviser, s’engouffrait dans les bureaux de la direction poussé par des centaines d’ouvrier pour imposer nos revendications...
IMPOSER OUI ! Car fort de notre appui et de notre puissance indéfectible, la confrontation avec la direction se faisait sur nos bases et nos délégués entourés par ces centaines d’ouvriers donnaient un élan à la "négociation" différente que s’il savaient que derrière il n’y avait personne.
Ce qui est faisable dans l’entreprise peut se faire au niveau National pour peu que chacun(e) montre sa persévérence et sa conviction dans la durée. Que chacun(e) prenne conscience qu’il pèse, que chacun(e) s’investisse enfin pour former la masse énorme qui rendra la force à nos élus Nationaux et surtout redonner la crainte aux gouvernants lorsque le peuple descend dans la rue...JUSQU’À LA GRÈVE GÉNÉRALE.
Tu me parles de la grève générale en 2003 ? Mais FOX, à 3 millions dans la rue (avec étudiant(e)s et retraité(e)s et 25 millions qui continuent à travailler ? C’est une plaisanterie non ?
Comment un syndicat peut-il appeler à une grève générale alors que les conditions ne sont pas réunies pour la déclencher ?
Lorsqu’au plus fort du mouvement ( je te parle de la ville où j’étais:MARSEILLE 250.000) avec une tribune où tous les ténors des syndicats étaient présents et avaient pris la parole, je citerai l’enflure de Marc BLONDEL qui bombait le torse en disant :"j’appelle à la grève générale" tout en sachant qu’elle n’était pas possible (chiffres c-dessus).
Ce même Marc BLONDEL qui le lendemain ne pipait mot lorsque tous les éboueurs agents municipaux de la ville de Marseille encartés FO reprenaient le travail.
Tout le monde parle de 68 (que je n’ai pas connu), aujourd’hui nous sommes en 2007 et les travailleurs(es) sont devenus peureux, serviles, individualistes. Donc les syndicats font avec ÇÀ !
Fraternellement
Esteban
7. mais qui sont donc ces casseurs...?, 18 mai 2007, 20:09
EXACT !
Le problème c’est que les travailleurs et travailleuses sont devenu(e)s des larves.
Le deuxième problème n’est pas l’OPA du pouvoir, mais la désyndicalisation...Tout le monde s’en bat les coui...
Çà rouspète et çà ne bronche pas !
Pire çà se recroqueville, çà se cache, çà ne s’investi pas et après çà casse les reins !!!
Esteban
8. mais qui sont donc ces casseurs...?, 18 mai 2007, 21:09
Je ne serais pas aussi catégorique que toi, je comprends ce que tu veux dire
cependant si les travailleurs sont devenus des larves, c’est toute la socièté qui est devenue molle
et les syndicats aussi !! ( représentants et effectivement une bonne partie des syndiqués )
et ne rejette pas sur les autres syndicats...ce que la cgt fait aussi bien..!
(moi je me rappel il n’y a pas si longtemps) comment se termine la grève sncm avec le vote à bulletin secret, le couteau sous la gorge ,organisé par la cgt (entre autre).
beau jeu maintenant de crier que la région est vendu à véolia.
et je me souviens aussi dans les années qui ont suivi 81 la réticence des syndicats -tous- à revendiquer, à faire grève car il ne fallait pas gêner le gouvernement de l’union de la gôooche
dans sa mise en place des années frics/entreprises et libérales... je bouillais dans mon coin avec d’autres devant l’inertie organisée et la désafection de toute une partie des travailleurs...et cela à duré
plus de 10 ans !!
Nous n’allons pas refaire l’histoire, il faut juste se mettre d’accord sur la nécessité d’une résistance et d’une unité dans la lutte. je persiste à dire que quand l’outil n’est pas bon ou plus adapté dans sa forme il faut pouvoir en prendre soit un neuf soit le transformer tout en gardant son utilité, sa fonction première.
encore un fois les jeunes en première ligne, au front...ils se prennent des mois fermes pour parfois que dalle pendant que la mafia capitaliste règne en maître ...je n’ai pas entendu beaucoup les syndicats sur ces évènements..et ce sont nos enfants bordel !