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Le communisme à l’ordre du jour, loin des affaires de boutique

Publie le dimanche 23 mai 2010 par Open-Publishing
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Le communisme est à l’ordre du jour,
loin des affaires de boutique !

par Jean-Paul Legrand et Habib Abba-Sidick

Un texte signé par Blanchard Alain, Boulanger Norbert, Boutroue Alain, Cesbron Paul, Dupuis Denis, Lamirand Bernard, Lamirand Marie, Macudzinski Serge, Pleuchot Martine, Salomon Aline, Salomon Serge, Tuil Fernand et intitulé "Contribution collective au débat" a été publié sur le site du PCF de l’Oise dans le cadre de la préparation de son Congrès

Malgré la volonté d’ouverture et de respect affichée, les signataires de ce texte ont un point de vue centré sur des préoccupations essentiellement internes. Ils raisonnent sur le PCF tel que le PCF agit désormais, très refermé sur lui-même, force politique extrêmement affaiblie regroupée dans une organisation ne pesant pratiquement que très peu dans la vie politique de notre département et de notre Nation. Cependant, c’est parce que pour nous, le communisme n’est pas mort, qu’il est au contraire plus que jamais à l’ordre du jour, que nous participons au débat de tous ceux qui s’en réclament. En effet pour nous, les combats dont font référence les signataires de ce texte qu’ils soient internes ou externes au PCF, sont contrairement à ce qu’ils pensent, des combats naturels, où se confrontent des idées qui ont dans la dernière période montré les différences fondamentales d’analyse et de pratique des uns et des autres. Si de tels combats existent, c’est tout simplement et naturellement parce que la situation politique conduit à des contradictions entre les hommes, au sein même des rapports sociaux, et donc aussi entre des militants d’un même parti. S’en étonner, voire le regretter, montre à quel point la conception des signataires relève davantage d’une incantation que d’une analyse de la réalité comme nous l’a prouvé l’attitude de certains "camarades" qui nous ont parlé de fraternité pendant des années mais qui le jour où des militants ont été mis à l’index par les dirigeants, ont rejoint sans sourciller la direction et l’ont soutenue dans ces basses œuvres.

C’est cette conception qui a conduit les principaux dirigeants de la fédération de l’Oise à mettre à l’écart de l’organisation les militants qui se sont engagés avec Colère et espoir, jusqu’à leur refuser leur carte du PCF ou encore à les "suspendre" bien que ce terme n’a guère de signification, sauf, mais on n’ose le penser, si il s’agissait de les suspendre à quelque chose ? Ce genre de conception montre à quel point ces dirigeants se sont enfermés dans un système de pensée tellement dépassé, qu’ils croient que ce sont des mesures administratives qui règleront des problèmes politiques. Heureusement qu’ils ne détiennent pas les rênes du pouvoir car on n’ose en imaginer les conséquences sur leurs adversaires.

Pour ces signataires "Ainsi de trop nombreux combats d’hommes et de dirigeants, se sont souvent substitués au combat politique. Chercher en la matière des responsabilités personnalisées n’offre aucun intérêt. Par contre comprendre en quoi nos modes de vie et de fonctionnement, comme la crise de la politique les ont permis et parfois amplifié, pourrait permettre de s’en prémunir à l’avenir, ou du moins de les réduire. "

Point de vue totalement irréaliste. D’ailleurs le fait d’écrire que ces combats pourraient être au moins réduits, montre bien que ces signataires sont obligés de reconnaître qu’on ne vit pas dans une société sans conflit, sans combat entre les hommes et sans confrontation des idées. Car en vérité, il faut admettre que les hommes agissant en fonction de leurs intérêts représentent les opinions, les idées qui correspondent en définitive à ces intérêts. Au sein du PCF, si de tels combats ont eu lieu c’est que l’insuffisance de vie démocratique et de lien avec les masses a conduit à ce qui se passe dans toute formation politique dans une société de classe : la lutte pour le pouvoir au sein de l’organisation, ce qui en soit est historiquement la réalité indépendamment de la conscience que les uns et les autres en ont. Quand on a entendu le Premier secrétaire de la fédération de l’Oise du PCF, 1er candidat du "Front de gauche" en Picardie expliquer qu’il avait combattu "Colère et Espoir" pour avoir sa place au sein du Conseil régional, on a entendu la vérité, la parfaite vérité qui a été révélée devant son dépit de ne pas avoir été récompensé de son boulot en étant recalé par le Président de la Région qui ne lui a même pas offert un poste. Cet exemple illustre bien que les souhaits des signataires ne sont que des rêves pieux, que dans une situation contradictoire où s’aiguise la lutte de classes, où la perspective d’une révolution communiste commence à prendre corps, dans des événements révélant chaque jour qui est vraiment qui, qui est responsable de quoi, ils est illusoire d’imaginer que les hommes se conduiront en toute fraternité alors que des intérêts liés à leur pouvoir politique les opposent. Il faut en finir avec l’angélisme de façade qui se pare des mots "fraternité, démocratie, respect etc..." quand on a vu comment ont été traités des camarades dans la dernière période, exclus, mis à l’index, en raison de leurs idées. Nous savions qu’en faisant le choix de soutenir "Colère et Espoir" la direction du PCF se conduirait comme elle l’a fait, nous n’avions aucune illusion sur son attitude et nous avons poussé la contradiction jusqu’au bout pour que la clarification se fasse. Ainsi elle révèle son incapacité à gérer les différences d’opinion, à accepter le pluralisme, au sein du parti et donc réellement au sein de notre peuple. Mais cette incapacité n’est pas seulement liée à une incompétence, elle est surtout en relation au projet politique de cette direction.

En effet, qui veut dissocier la forme du fond fait fausse route. Il en est de même entre forme d’organisation et projet politique. Un parti se donne le type d’organisation qui correspond en général à son projet politique. Or le projet du PCF étant un énième "remake" de l’union d’organisations politiques de gauche dans lequel le peuple devrait s’inscrire (Front de gauche), il conduit inéluctablement à une conception politicienne de l’organisation "communiste". Les signataires souhaitent que les responsabilités des dirigeants dans la situation que l’on connait ne soit pas posée et font mine de chercher dans des aspects organisationnels les difficultés que le PCF rencontre. Mais c’est un point de vue purement idéaliste. On sait bien que ce sont les hommes qui font l’histoire, et ce sont eux qui en dernière instance prennent des décisions qui conduisent dans certaines circonstances aux succès ou aux échecs d’une organisation. On sait par exemple que malgré nos nombreux appels depuis mai 2009 à confronter fraternellement les points de vue et à tendre la main aux camarades de "Colère et Espoir", le secrétaire de la fédération de l’Oise du PCF et une partie de la direction fédérale ont toujours refusé une rencontre et ont laissé pourrir la situation jusqu’à la conférence régionale qui a été un moment absolument significatif de sectarisme et d’indigence intellectuelle digne des pires procès staliniens.

Ces signataires souhaitent apporter leur contribution au débat pour le Congrès du PCF tout en regrettant les délais de préparation de celui-ci et l’ordre du jour limité. C’est le moins que l’on puisse dire. Il s’agit en fait d’une véritable farce organisée par la direction du PCF qui ne permettra ni aux militants du PCF, ni à notre peuple de participer à l’indispensable réflexion sur la situation et les solutions politiques à mettre en oeuvre face à la crise du capitalisme. Mais qu’ils le regrettent ou pas, cela ne changera rien sur le fond car le simulacre de débat ne concernera qu’une petite minorité de dirigeants pris à leur propre piège, paniqués par l’effondrement qu’ils ont eux-mêmes provoqué. Si nous écrivons ce texte ce n’est pas pour eux mais pour ces hommes et ces femmes, ces militants, qui ne renoncent pas au communisme et font l’expérience que le PCF n’est plus l’organisation révolutionnaire nécessaire face aux défis qui nous attendent. Des hommes et des femmes qui ne se font aucune illusion sur l’âpreté du combat de classe naturellement traversé par des combats politiques inédits qui vont bouleverser la politique traditionnelle. Des hommes et des femmes qui ont gardé la fraternité vivante et ont tendu la main aux militants de Colère et Espoir même quand ils ne partageaient pas leurs idées.

Donc, il faut l’admettre, ce sont bien sur des désaccords politiques fondamentaux que ces combats se mènent au delà des personnalités des uns et des autres. Le PCF n’est pas une organisation en dehors de la société et ses membres en dehors des situations et circonstances contemporaines de ce qui semble bien être une phase inédite du capitalisme pouvant déboucher sur une barbarie planétaire ou tout au contraire sur une révolution mondiale émancipatrice. Il faut reconnaître que ce grand parti populaire que fut le PCF à la Libération sur des positions de classe et qui avait activement participé au combat pour la Nation est devenu un parti réformiste dans des pratiques électoralistes qui se sont illustrées avec évidence durant l’accomplissement du mandat des conseillers régionaux et lors de ces dernières régionales en Picardie, un parti privilégiant les accords entre organisations au détriment du mouvement populaire dans cette stratégie qui est nommée "Front de Gauche" et qui n’est qu’une nouvelle édition de toutes ces tentatives depuis plus de 40 ans conduisant notre peuple à l’échec, aboutissant à laisser le champ libre à la domination politique et économique du grand capital sur la Nation. Il faut mettre en évidence le terrible fait que la conscience de classe a reculé significativement en raison des abandons théoriques successifs du PCF et de la liquidation de ses organisations populaires de base qu’étaient les cellules de quartier et d’entreprise.

En ce sens les signataires du texte ne parlent pas du tout de ces circonstances et causes contemporaines qui ont mené inéluctablement le PCF à abandonner le combat de classe. Et pourtant la clef pour comprendre les combats qui se sont déroulés au sein du PCF ces derniers mois réside dans cette histoire de la transformation de ce parti de lutte enraciné dans les quartiers et les entreprises en un parti qui fonctionne de plus en plus pour lui-même, pour ses cadres et ses élus. C’est parce que la direction du PCF est le fruit même d’un tel processus qu’elle est incapable de jouer son rôle de direction, et c’est d’ailleurs le but qui a été recherché par les adversaires du combat communiste. Car comment peut-on penser que lorsque François Mitterrand annonce sa stratégie de réduction de l’influence communiste dans les années 70, il ne le fait sans avoir l’objectif de combattre à la fois de l’extérieur et de l’intérieur ce qui constituait à l’époque la force révolutionnaire de notre pays ? Comment être naïf à ce point pour ne pas voir la liquidation progressive de la pensée et de la pratique révolutionnaire au sein du PCF que les forces du capital ont entreprise depuis des décennies. Certes cette liquidation ne s’est pas faite sans contradiction, sans luttes et nombreux sont les communistes qui dans le PCF pensent que c’est encore en son sein que le combat peut se mener pour lui donner une orientation révolutionnaire. Nous respectons ces camarades et nous appuyons leur démarche car rien ne doit être négligé pour rassembler tous les révolutionnaires. Dans le même temps nous entendons consacrer notre temps à la construction dans notre département comme dans le pays d’un rassemblement populaire inédit qui ne soit pas corseté dans des accords d’appareils politiques qui ont failli, mais qui soit l’émanation des gens eux mêmes, à la fois dans le projet politique et dans la forme de lutte politique que les citoyens décideront dans les circonstances déterminées et les événements que la crise du capitalisme va faire naître.

Pour nous, le peuple est le créateur des transformations sociales, et il n’appartient à aucun parti de prédéfinir son action. Au contraire le rôle d’une organisation qui prétend être révolutionnaire est de notre point de vue, de libérer toutes les énergies créatrices qui émanent de la société et qui inéluctablement vont s’affronter durement au carcan insupportable que le capitalisme impose à l’Humanité dans la phase développée qui est la sienne aujourd’hui. Ces énergies créatrices ne sont pas le monopole d’un parti, elles sont le fruit de la lutte de classes. En ce sens, au fur et à mesure de l’intensification du combat de classe, les gens reconnaitront "les leurs" comme on dit, c’est à dire ceux qui ont placé le combat pour l’émancipation humaine au dessus des petits intérêts boutiquiers de parti, de postes d’élus, de pouvoir. Or le peuple vient de faire l’expérience en Picardie, que le PCF s’est avéré un digne représentant de ces petits intérêts.

A l’opposé, notre peuple fourmille de gens qui vont se révéler dans les circonstances de la lutte comme des "communistes" utiles au mouvement populaire. Notre peuple aura besoin de ces militants dans ces grandes luttes de masse qui ne verront pas quelques dizaines de milliers de personnes se rassembler mais des millions pour contester l’ordre capitaliste qui va très durement les agresser dans la prochaine période. Car l’agression qui consiste à broyer deux siècles de conquêtes sociales, ne concerne désormais plus seulement une partie du prolétariat mais l’ensemble des salariés et couches non-capitalistes de la société et dans le même mouvement l’indépendance nationale qui a été bradée aux établissements financiers. Cette immense force se reconnait de moins en moins dans le système politique et cherche des solutions qui vont s’en éloigner de plus en plus. C’est de la société elle-même que vont émerger des forces transformatrices qui se donneront elles-mêmes les moyens de changer la société. Le rôle des communistes est de contribuer à rassembler ces forces et leur apporter leur expérience démocratique : non celle des luttes intestines de l’appareil du PCF mais celle de ce qui a été de meilleur et de plus généreux dans l’histoire du communisme français et international. On est loin des lamentations sur ce qu’adviendra le PCF qui continue de s’inscrire dans l’ancienne époque et qui de ce fait n’est pas perçu, à l’instar des autres partis, comme vraiment utile par notre peuple.

Pour notre part nous entendons consacrer notre énergie à la rencontre quotidienne avec les gens, à leur écoute, mais aussi à soutenir leurs projets dans tous les domaines de la vie en leur apportant l’éclairage d’une analyse qui les place comme les acteurs de la révolution à venir indépendamment d’organisations qui ont fait leur temps, en réfléchissant avec eux aux conditions et aux formes de rassemblements politiques de masse afin de développer la démocratie contre la domination capitaliste.

* Jean-Paul Legrand et Habib Abba-Sidick sont tous deux militants communistes et maires-adjoints de Creil. Ils ont été candidats de Colère et Espoir, la liste conduite par Maxime Gremetz en Picardie aux élections régionales de 2010.

Cet article est publié sur les sites suivants
http://creil-avenir.com
http://colereetespoir.over-blog.com/
http://bellaciao.org/fr/

Messages

  • Nous sommes aujourd’hui en Europe en 1788, et l’urgence est le debat le plus large et transparent sur le projet programme dans toute l’Europe :

    Propositions mises en circulation depuis debut 2009, merci a toutes et tous de s’ecouter et de se lire sans appriori :

    TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS (SES) d’EUROPE,NON AU DIKTAT BCE /FMI :

    Pistes pour un programme commun minimum de la gauche de classe europeenne :

    salaire minimum garanti europeen 1500 € pour 30 H/semaine (GARANTI= MAINTIEN DU SALAIRE MEME EN CAS DE CHOMAGE TECHNIQUE DE DUREE INDETERMINEE )

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    acquis jusqu’a la retraite ou un nouvel emploi au salaire identique

    revenu garanti europeen inconditionnel de 1000 € pour toutes et tous
    (jeunes ,chomeurs, etudiants, retraités, malades, precaires, paysans, independants etc)

    droits sociaux garantis : santé education et transports collectifs gratuits

    echelle mobile des salaires et des revenus

    retraite a taux plein a 55 ans,garantie independamment des durées de cotisation

    logement garanti avec loyer 10% du revenu

    moratoire sur tous les interets des dettes privées et publiques ;
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    municipalisation des banques : cooperatives locales sous controle citoyen ; promotion des monnaies locales d’echanges non speculatives

    souveraineté populaire a tous les niveaux de pouvoir y compris BCE, a commencer par la monnaie et le credit ;

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    Fermeture des bourses et interdiction des paris sur les fluctuations de prix

    medias publics gratuits sous controle citoyen

    loi d’urgence europeenne de municipalisation des terres agricoles peri urbaines,a l’instart de ce qui existe en Suisse et au Japon afin d’assurer l’autonomie alimentaire le plus possible.

    toutes les terres agricoles a proximité des villes (perimetre a definir) sont inventoriées et declarées d’utilité publique donc non constructibles,mises immediatement en production biologique par des agriculteurs candidats ou a defaut par des cooperatives municipales ou collectifs d’habitants s’engageant a produire une agriculture vivriere biologique.

    Elles sont declarées inalienables,a statut definitif de terres nourricieres non negociables.

    Leurs proprietaires si agriculteurs partant a la retraite seront indemnisés au prix du terrain a batir sous forme d’obligations d’etat avec rente a vie.

    Assez de cadeaux aux patrons ! Un salaire social pour la jeunesse !

    PAR Webmaster

    PUBLICATION LE 3 mai 2009

    http://www.sud-etudiant.org/article.php3?id_article=1693

    Le Télégramme, le 24 mai 2010

    Auteur : Paul Jorion | Classé dans :

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=12120