Accueil > Au coeur du colonialisme : "Les trois couleurs de l’Empire" et (...)

Au coeur du colonialisme : "Les trois couleurs de l’Empire" et "Zoos humains"

Publie le jeudi 20 janvier 2011 par Open-Publishing
1 commentaire

Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures". Jules Ferry, Discours à l’Assemblée nationale, le 28 juillet 1885.

Nous admettons qu’il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu’on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation. Léon Blum, discours devant l’Assemblée nationale sur le budget des colonies, 9 juillet 1925.

Chevillées au corps de l’idéologie occidentale, les notions de progrès et de civilisation. Par suite, au cœur de la république française, le colonialisme et l’Empire.

L’histoire commence avec la découverte de ce qui fût nommé le "nouveau monde", et l’inscription de ce nouveau, pour l’occidental, dans de purs rapports de domination et de prédation. Massacres et génocides, pillages, esclavage - avec l’appui il est vrai de quelques petits chefs locaux. Mais déjà la rationalisation de l’exploitation est du côté de l’occident : des bateaux négriers sont aménagés pour maximiser ces convois. L’église est alors convoquée pour justifier cette traite : Dieu si juste ne peut pas avoir mis des âmes dans des corps si noirs. Une fois l’âme reconnue, il fallut l’évangéliser. Puis vint la conquête coloniale et le temps des Empires.

Au cœur de cette histoire, l’autre nom du racisme ou plutôt son nom véritable : l’ethnocentrisme de l’homme (le mâle s’entend) blanc et chrétien, puis républicain. La conviction que ces mondes humains ne sont pas réellement, ou complètement des mondes humains et civilisés. L’idée complémentaire que l’histoire est une histoire à sens unique qui mène de la sauvagerie à la civilisation. Et la certitude alors que ces mondes sont arriérés, en retard. Plus sobrement, on parle aujourd’hui de pays développés et sous-développés, avancés et moins avancés.

Ici apparaissent deux justifications du colonialisme. Une justification dure et cyniquement assumée : Le droit pour les peuples supérieurs d’éliminer les peuples inférieurs s’il en va de leur développement et de leur expansion. C’est la théorie de l’espace vital qu’on retrouvera telle quelle chez Hitler.
Et une justification "molle", proprement française, cache-sexe de la première : le devoir pour ces mêmes civilisations supérieures de civiliser les races inférieures.

Alors de Zoos humains en exposition coloniale, les grilles et autres dispositifs permettent d’établir clairement la ligne de démarcation entre le civilisé et le sauvage et de mettre en scène des mondes réinventés et scénarisés affirmant la supériorité de l’occident et justifiant la domination coloniale.
Comme le dit un intervenant, "cette histoire n’est pas terminée". Voir : le couvre-feu imposé dans les quartiers populaires pendant les émeutes de 2005 réactive des dispositions qui datent de l’état d’urgence pendant la guerre d’Algérie. Où l’on voit alors qu’il ne s’agit pas seulement de gestion postcoloniale des populations issues de la colonisation mais bien d’une continuation de ces pratiques coloniales. Du sauvageon à pacifier, de la racaille à nettoyer.

Les trois couleurs de l’Empire, documentaire de Jean-Claude Guidicelli (France, 2001, 1h10mn).


Présentation Arte :

Colonisée au nom de valeurs humanistes et républicaines, l’Algérie symbolisa pendant deux siècles l’utopie coloniale française. Examinant la manière dont la France y a géré son "image", ce documentaire rythmé et richement documenté retrace les étapes d’une "idée coloniale" dont les principes n’ont pas disparu.
Sûre de sa mission civilisatrice et désireuse de construire un empire puissant pouvant rivaliser avec celui du Royaume-Uni, la France entreprend, dès 1830, de conquérir l’Algérie. Les soldats, les ingénieurs puis les colons agriculteurs venus de France mais aussi du reste de l’Europe s’emparent du territoire. Massacres des opposants, expropriation des indigènes, entreprise de "désislamisation", installation d’industries et constructions de voies de communication : tout est légitimé par une certaine idée du progrès et la nécessité d’une "Algérie française". Car, la colonisation est aussi affaire d’image et de propagande, sous l’égide de l’Agence générale des colonies, créée en 1919. Malgré les voix discordantes, la politique coloniale de la France s’affiche républicaine et humaniste. Elle atteint son apogée lors de l’exposition coloniale de 1931. Développant l’idée d’une hiérarchie entre les "races", les tenants de l’empire vont pourtant bientôt devoir affronter les soulèvements de ceux qu’ils ont "éduqués" pendant un peu plus d’un siècle.

" Oeuvre d’histoire plus que de mémoire, ce film tire avec pertinence les enseignements de la "dérive" de l’humanisme glorieux. Par là même, il souligne combien l’illusion d’une supériorité de l’Occident et du christianisme sur l’Orient et l’islam peut être dévastatrice".

Zoos humains, Un film de Pascal Blanchard et Éric Deroo
2003 - France - 52 minutes


"L’Occident a inventé le sauvage. Beaucoup plus, l’Europe et l’Amérique l’ont exhibé, l’ont montré, dans des zoos, des expositions ou des scènes de music-hall pour convaincre les populations blanches de leur évidente et définitive supériorité sur le monde. Telle est l’histoire des zoos Humains. la télé réalité aujourd’hui n’est pas autre chose. Et, le succès est au rendez-vous. Sachant jouer de cette demande voyeuriste, les impresarios d’hier et les producteurs d’aujourd’hui livrent en pâture des corps. Hier pour fabriquer de la race, aujourd’hui des modèles".

***

Un livre sur l’anéantissement de peuples entiers au nom du Progrès et de la Civilisation : Exterminez toutes ces brutes ! de Sven Lindqvist.

http://www.arenes.fr/spip.php?article28

Extrait :

"Lorsque les massacres des Juifs commencèrent, il ne restait en Allemagne qu’un quart de million de Juifs. Le reste avait soit fui, soit été chassé. Les grandes populations juives se trouvaient en Pologne (1,8 million) et en Russie (5 millions). Hitler eut la possibilité de les éliminer seulement en attaquant et en prenant ces pays.
L’intention première de cette conquête n’était pas d’assassiner des Juifs, de même que les Américains n’avancèrent pas vers l’ouest pour assassiner des Indiens. L’objectif était d’étendre l’espace vital allemand. Les Juifs russes vivaient précisément dans ces régions que convoitait Hitler, représentant 10% de la population totale et jusqu’à 40% de la population urbaine.
Pour les nazis fanatiques, l’extermination des Juifs était une manière de réaliser le point central du programme du parti. Pour les moins fanatiques, c’était un moyen pratique de réduire la consommation de nourriture et de faire de la place pour les futurs colons allemands, La bureaucratie allemande parlait de la « déjuivation » (« Entjudung ») comme d’un moyen d’éliminer les « bouches superflues » (« überzähligen Essern ») et, ainsi, de créer un « équilibre entre la population et les vivres disponibles ».
Hitler lui-même fut mené durant toute sa carrière politique par un antisémitisme fanatique qui trouvait ses racines dans une tradition millénaire, tradition qui avait souvent conduit à des massacres de Juifs. Mais le pas entre massacre et génocide ne fut pas franchi avant que la tradition antisémite ne rencontre la tradition du génocide qui avait surgi durant l’expansion européenne en Amérique, en Australie, en Afrique et en Asie.
Selon la théorie du Lebensraum, les Juifs étaient un peuple sans terres, comme les peuples de chasseurs arriérés de l’intérieur de l’Afrique. Ils appartenaient à une race encore plus inférieure que les Russes et les Polonais, une race qui ne pouvait exiger d’avoir le droit de vivre. Il était donc simplement naturel que ces races inférieures (qu’il s’agisse des Tasmaniens, des Indiens ou des Juifs) soient exterminées si elles barraient la route. Les autres peuples « supérieurs » de l’Occident avaient fait exactement de même.
Les nazis firent porter une étoile aux Juifs et les parquèrent dans des « réserves » - tout comme avaient été parqués les Indiens, les Herero, les Amandabélé et les autres enfants des étoiles. Ils mouraient d’eux-mêmes, lorsque l’on coupait les vivres aux réserves. C’était une règle bien triste qui voulait que les peuples inférieurs meurent au contact des peuples cultivés. S’ils ne mouraient pas assez vite, c’était donc un geste de pitié que d’abréger leurs souffrances. De toute façon, ils devaient mourir.

Auschwitz fut l’application moderne et industrielle d’une politique d’extermination sur laquelle reposait depuis longtemps la domination du monde par les Européens."

http://ledesertdureel.over-blog.com/article-au-coeur-du-colonialisme-les-trois-couleurs-de-l-empire-et-zoos-humains-61897683.htm

Messages

  • Aujourd’hui les plus riches,autrement dit les plus voleurs cherchent à coloniser la planète entière,et pour ce faire,il faut faire la guerre aux démunis et aux classes moyennes ! Ceci explique cela ! Un travail de longue haleine,mais nous en avons pris le chemin ; ne nous étonnons pas si de plus en plus d’enfants se suicident, car les esprits sensibles "sentent " sans comprendre le malaise généré par ce genre d’entreprise !