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Bernard Thibault, s’adresse aux SG des organisations de la CGT

Publie le mardi 8 mars 2011 par Open-Publishing
10 commentaires

Bernard Thibault, Secrétaire général de la CGT, s’adresse aux SG des organisations de la CGT

Cher(e)s camarades,

À circonstance exceptionnelle, démarche exceptionnelle, je m’adresse directement aux secrétaires généraux des organisations de la CGT suite à l’annonce par la direction d’un parti politique, le Front national, de son intention de porter plainte à l’encontre de la CGT au motif qu’un de ses candidats aux élections cantonales est suspendu dans l’attente d’autres décisions. La direction du Front national revendique au travers de la tenue de ce futur procès d’en faire « un événement dans la vie politique et sociale française en faisant reconnaître le FN comme un parti politique comme les autres ». Pour eux« la liberté d’opinion est bafouée », « il faut déverrouiller l’étau syndical » et cela s’inscrit « dans la stratégie de Marine Le Pende conquérir le champ social et le monde du travail » dixit P. Alliot, Vice Président du FN.

Naturellement, la CGT saura répondre devant tout tribunal de son bon droit. Les jurisprudences européenne et française sont suffisamment fournies pour qu’il n’y ait aucun doute sur l’issue juridique de cette affaire. Ce n’est pas tant le terrain du droit qui motive le FN que la campagne que cette affaire peut alimenter. Nous avons à faire face à une volonté délibérée d’instrumentalisation du combat syndical et donc de la CGT pour promouvoir les thèses du FN parmi les salariés.
Après que nous ayons mis en échec par voie de justice, dans les années 90, toutes les tentatives du FN de créer des pseudos syndicats qui n’étaient que des succursales de ce parti (FN-Police, FN-RATP …), nous avons égalementrepoussé la tentative du FN de présenter ses candidats derrière la façade de la Confédération nationale desTravailleurs (CFNT) aux élections prud’homales de 2008. Confronté à ses échecs successifs, le FN avait explicitement indiqué dès cette époque que sa stratégie consistait à s’infiltrer dans les organisations existantes. Nous savons qu’il y est parfois parvenu dans des sections syndicalesd’autres confédérations peu regardantes. Cet entrisme dans les syndicats a clairement pour objectif d’en faire des marchepieds au service d’une stratégie politique.C’est ce qu’il a réalisé dans le syndicat CGT des Territoriaux de Nilvange affilié à la fédération des Servicespublics et à l’union départementale de la Moselle. Comment comprendre le choix du FN de présenter aux élections cantonales un adhérent de fraiche date (4 mois) si ce n’est pour instrumentaliser sa première qualité de secrétaire général d’un syndicat CGT. Cette appartenance syndicale qui est historiquement une tare aux yeux de l’extrême droite compte tenu « de la philosophie marxiste de la CGT » devient subitement une qualité en période électorale. Les deux organisations, union départementale et fédération concernées, travaillent en étroite relation pour faire face à la situation. Les membres de la Commission exécutive confédérale réunis le 1er mars ont apporté un soutien unanime aux procédures qu’elles ont engagées. Nous avons également décidé d’élaborer un argumentaire détaillé pour les organisations qui reviendra sur la véritable nature du FN. J’ai clairement indiqué lors de notre discussion qu’il revenait en particulier aux secrétaires généraux des organisations de la CGT de veiller au respect des valeurs fondamentales et des statuts de la CGT dans leur organisation. Cela nécessite de revenir sur quelques principes :

‡ la CGT est ouverte à tous les salariés quels que soient leurs statuts social et professionnel, leur nationalité, leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses ;

‡ la liberté de candidature aux élections politiques est elle aussi reconnue dés lors qu’elle s’exerce en respectant
l’indépendance de l’organisation et que nul ne se réclame de son appartenance à la CGT pour des fins autres que l’action du syndicat. C’est une règle de vie commune qui s’applique quelques soient les étiquettes et qui préserve ainsi l’unité des adhérents dans la CGT pendant et au-delà des campagnes électorales. Ces principes rappelés, il n’est cependant pas envisageable qu’au nom de la liberté d’opinion dans la CGT, la CGT puisse être représentée, à quelque niveau que ce soit, par des militants revendiquant par ailleurs publiquement leur adhésion au concept de « préférence nationale » qui est le socle du FN. Ceci pour une raison simple mais oh combien essentielle : cela est contraire aux principes et aux valeurs fondamentales de la CGT inscrits dans ses statuts.

La CGT « agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination, contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie, et toutes les exclusions » (statuts de la CGT). Le FN, quoi qu’il en dise, ne peut pas être considéré comme un parti politique comme les autres, par la CGT comme par l’ensemble du mouvement syndical. Les positions du FN, en préconisant la préférence nationale sont même contraires aux principes républicains et aux textes internationaux, comme les tribunaux l’ont dit lors de jugements successifs. Il est de notre responsabilité dans ce contexte de faire preuve d’une grande vigilance et d’une réactivité collective déterminée. C’est une exigence supérieure à toute autre considération, y compris la perte éventuelle de syndiqués, voire exceptionnellement la perte d’un syndicat. On ne transige pas avec les valeurs fondatrices de la CGT.
Les organisations syndicales qui, en Europe, n’ont pas su porter les principes d’entraide et de solidarité qui sont au fondement de la constitution des syndicats, sont aujourd’hui en prise aux pires difficultés, avec des partis d’extrême droite très influents, voire au sein de gouvernements. L’histoire nous enseigne que les partis fascistes se sont souvent parés de vertus sociales pour accéder au pouvoir. Face à ce risque majeur pour les salariés et la démocratie, il est de notre responsabilité d’éclairer les salariés par l’information et le débat sur la réalité des thèses et des positions du FN, sur le plan économique et social comme en matière de libertés publiques. Même repeinte à « la couleur Marine », l’exploitation par le FN des peurs et de la précarité sociale engendrée par les politiques en vigueur demeure la même et trouve sa source selon lui dans une cause principale : l’étranger. L’immigré comme le français qui n’est pas « de souche » sont ainsi présentés comme les responsables de tous les maux. Cela a comme conséquence de détourner l’attention des véritables causes de l’exploitation dont les salariés, quelque soit leur origine, sont victimes et donc de contribuer à entretenir le système tant décrié. D’ailleurs, régulièrement, les déclarations du FN ont dénoncé les mobilisations syndicales, ce fut encore le cas lors des manifestations pour défendre les retraites :
‡ Marine Le Pen le 22 octobre 2010 : « Ensemble, gouvernement et syndicats jettent la France dans le chaos … Voilà deux semaines que la France s’installe dans le chaos, entre grève, manifestations et blocus … La tolérance zéro doit s’appliquer à tous les émeutiers. »
‡ Bruno Gollnisch le 4 novembre 2010 : « le sabotage de l’économie française caractérise l’action des dirigeants de la CGT … Ces blocages frappent avant tout les salariés qui se rendent à leur travail, les entreprises et menacent l’emploi … La CGT doit être rendue pénalement responsable, ses dirigeants doivent en répondre ».
Face à l’offensive du Front national, soyons convaincus que l’opinion et le comportement de la CGT auront de l’influence chez les salariés. Mettons la conviction nécessaire dans les formes de débat permettant la participation la plus large des syndiqués afin d’empêcher le FN d’instrumentaliser la CGT et de duper les salariés sur ses motivations véritables. Autant que de besoin, la direction confédérale pourra vous apporter le soutien nécessaire dans vos
initiatives.

Voilà, Cher(e)s Camarades, les éléments d’information et d’appréciation que je tenais à vous apporter et qui permettront, je l’espère, de mobiliser par votre intermédiaire l’ensemble des directions syndicales pour la défense de nos valeurs communes.
Bien fraternellement et bon courage.
Bernard THIBAULT
Secrétaire général de la CGT

Messages

  • C’est bien. Mais ça vient un peu tard. Le feu est déjà dans la maison.

  • C’est bien Bernard !encore un effort sur le temps de réactivité de la conf. ( quand elle a lieu ) et ce sera parfait.

    Cela fait 10 jours que mon syndicat CGT a apporté le contre-poison aux saloperies du FN.Mais comme dit mon Cde Richard,mieux vaut tard que jamais.

    Quant aux autres OS,leur principal objectif n’étant pas la défense des salariés, mais de dézinguer la CGT,JE M’EN FOUT !!!

    LR

    • C’est quand la CGT est "marxiste" qu’elle est honnie de l’extrême-droite, BT le reconnaît lui-même. Si elle est jugée acceptable par les fascistes comme la fille Le Pen, c’est là que nous devrions nous inquiéter : Marxiste ou non, la CGT ?
      Mon inquiétude à moi, c’est de savoir si un de nos "conseillers" retraites de BT est adhérent au club "Le Siècle" avec des personnalités du MEDEF, des journalistes ou économistes serviteurs zélés du capital, et comme présidente une patronne : Nicole Notat ? Car cela ne nous arrange pas.
      Je ne pense pas que Georges Séguy ou Henri Krasucky aient même songé à se compromettre dans ce genre de collaboration de classe.

    • Marxiste ou non, la CGT ?

      Voilà qui ne veut rien dire, selon moi.

    • Pour moi, c’est important, suivant l’idée qu’on se fait de l’exploitation capitaliste : celle-ci existe et on se bat contre l’extorsion de la plus-value et on est dans un syndicat de lutte des classes "marxiste" comme disent nos ennemis, ou elle n’existe pas et on collabore avec le patronat ; Quand j’écris "marxiste" avec des guillemets c’est une citation.

    • Si on veut rappeler , comme tu le souhaites , qu’il ya une différence entre le"compromis" et l’esprit de combativité.... faut pas dire que le syndicat serait marxiste avec ou sans guillemets.

      Le marxisme c’est ce qui conduit à dire que la lutte des classes est le moteur de l’Histoire., afin que les Masses abolissent la Capitalisme.

      Ce qui est génant dans l’emploi des mots qui banalisent tout. ;c’est qu’on en oublie l’ESSENTIEL

      Par exemple à la CGT on oublie de rappeler que la Capitalisme , si on veut l’abolir, il ne faut pas oublier de rappeler que la "finalité"reste l’ABOLITION du SALARIAT

      Un syndicat qui tous les matins , avec conviction , démocratie, refusant le compromis, appelerait à la grêve générale reconductible pour 500 Euros d’augmentation des salaires et le smic à 2000 Euros ne serait pas marxiste pour autant, . il serait combattif , utile etc.., il exigerait plus de "répartition" du profit..

      En fait et objectivement, il avancerait une revendication salariale visant -s’il en reste là dans ce qu’il pense et qu’il dit-à conforter l’idée que la règle pour l’oiseau c’est de Vivre avec assez de grain et d’eau et dans une cage propre.

      Non, l’oiseau est fait pour VOLER..

      Pardon de cette parenthèse mais nous sommes dans une période ou au nom de la modernité, pour ne pas déranger les "gens" on oublie entre nous de nous souvenir de temps en temps ce qui fonde le malheur des Hommes...

      Y compris, à ne pas comprendre pourquoi la Capitalisme ne PEUT plus augmenter la"masse salariale".
      Comme il le pouvait quand il n’était pas en CRISE GLOBALE et SYSTEMIQUE qui"appelle" à ce que la question-clé de son abolition soit posé dans le mouvement dit social..

      Par du Syndicalisme de CLASSE.

      ce sera alors une démarche marxiste.

      pour cela, il faudrait un Parti révolutionnaire..etc etc etc..

      Désolé de sembler enc.er des mouches , je pense que nous"crevons" de perte de repères..

  • La lutte contre le FN est toujours d’actualité, je pense que cela va durer jusqu’à l’année prochaine.

    La conf réagie c’est excellent, cela va dans le sens que l’on doit attendre de sa part.

    En retard en avance, peu importe, le combat est d’actualité, c’est une lutte non pas de vitesse mais d’endurance, 2002 c’était hier, certains l’on déjà oublié.

    2007, SARKOZY faisait le malin en piquant les idées du FN, maintenant il est dans la mouise.

    2011 sera une année de démonstration de la part du FN, sans état d’âme dans son intention de conquête de l’opinion.

    La CGT sera présente contre ce parti qui sent la mort.