Primaire socialiste : Beaucoup de bruit pour pas grand chose !

Bonjour,

Le 5 octobre, j’ai posté en commentaire à l’article "Primaire socialiste : une fuite en avant qui fragilise la gauche" de Philippe Marlière le message que j’avais expédié, le 26 septembre, à Arnaud Montebourg. Selon toutes vraisemblances, à l’instar d’autres personnes qui ont interpellé le sémillant compagnon d’Audrey Pulvar, je n’obtiendrai pas de réponse à mes deux questions, une quant au nucléaire, la seconde sur sa stratégie et son positionnement. Alors qu’il prône, sans aller aussi loin que le NPA, une "rupture" avec le système dominant, il semblerait, à en croire certaines rumeurs, qu’il prépare d’ores et déjà en coulisses un ralliement à...François Hollande. Le député de Saône-et-Loire ne craindrait pas de s’emberlificoter dans d’apparentes contradictions en misant sur le plus "mou" des deux "favoris". Pourtant, les thèses du prédécesseur de Martine Aubry à la tête du parti se situent presque aux antipodes de celles qu’il professe. De plus, bien que lui-même fût le seul à se montrer très critique quant au comportement de l’ancien boss du FMI, il rejoindrait le candidat auquel quelques-uns des plus acharnés défenseurs de Strauss-Kahn (Pierre Moscovici, Jean-Marie Le Guen, Gérard Collomb, François Patriat...) ont exprimé leur aval. Peu importe par ailleurs que l’ex de Ségolène Royal ait menti à propos de ce qu’il savait de la tentative de viol dont fut victime Tristane Banon, le 11 février 2003 au 13 rue Mayet (6ème arrondissement parisien) ! Le chaud partisan de la "VIème République", un vulgaire opportuniste ?... Quel dommage, alors que ses deux essais, "Des idées et des rêves" (1) et "Votez pour la démondialisation !" (2) font un tabac ! Peut-être serons-nous amené(-e)s à le juger sur un de ses sujets de prédilection : la lutte contre la corruption. Je trouverais plutôt cocasse qu’il occupe le poste de Garde des Sceaux dans un gouvernement conduit par la maire de Lille, alors qu’il s’est frité avec celle-ci dans "l’affaire Guérini" à Marseille...

Je retiendrai surtout des sept heures de "débat" que des thèmes très importants ont été complètement squeezés : l’agriculture, la viticulture, la diplomatie, les ventes d’armes, la défense, même si pour les trois dernières, le PS ne se singularise de la droite que sur des "détails". La politique énergétique n’a été qu’effleurée. La présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes a cité la "révolution écologique" sans préciser les contours ni le contenu de son concept, préférant insister, dans les trois "rounds", sur la fabrication de la voiture électrique par l’entreprise Heuliez à Cerisay (Deux-Sèvres), sauvée de la faillite par l’administration qu’elle cornaque. Lors des échanges sur les retraites, nul(-le) n’a jugé utile de fustiger les déplorables conditions de travail, l’ambiance très dégradée, dans nombre de bureaux, ateliers, services, accroissant la pénibilité des tâches à accomplir. Je n’ai pas non plus entendu grand chose en matière de santé, rien du poids du lobby pharmaceutique, de la surconsommation de médicaments dans notre pays, du mandarinisme dans les grands centres hospitaliers, en particulier du privilège du "secteur privé" dont jouissent de nombreux médecins exerçant à temps plein (3)...

Les personnes qui se déplaceront aux urnes seront conviées à se délester au minimum d’un euro et à signer la charte d’adhésion suivante : « Je me reconnais dans les valeurs de la Gauche et de la République, dans le projet d’une société de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire. ». Plus bateau tu meurs ! Hormis les nostalgiques du IIIème Reich et les fans d’Al-Qaida, à peu près chaque Français(-e) se sent concerné(-e) peu ou prou par ces principes.

René HAMM
Bischoffsheim (Bas-Rhin)

(1) Chez Flammarion, novembre 2010, 340 pages, 19 euros.

(2) Même éditeur, mai 2011, 86 pages, deux euros.

(3) Ils engrangent la recette de certains actes pratiqués, moyennant une retenue ridiculement faible (entre 20 et 30% des honoraires, sur la base des tarifs conventionnels, même dans le cas, très fréquent, de dépassement) sur les frais de fonctionnement, puisqu’ils utilisent le personnel et le matériel de l’établissement. Le plus gros scandale : les radiologues et les biologistes qui bénéficient de cette disposition sans se trouver au contact des patient(-e)s !