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LA DEMOCRATIE DE L’OMBRE

par provola

Publie le jeudi 27 octobre 2011 par provola - Open-Publishing
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Ils l’on fait, nos dirigeants européens se sont réunis, une nuit, à l’ombre des projecteurs, en catimini, à l’abri des urnes, pour piétiner la volonté populaire et démocratique, pour concocter un lego financier à la sauce des marchés. L’Europe est là, désormais, dans ces couloirs feutrés, dans cette prison d’espoir, ce coffre-fort vide de sens, devant ces micros à la langue de bois, derrière ces paravents infranchissables et ces cordons de police. Ces élus devenus pantins suspendus au fil des places boursières font de cette construction européenne qui devrait être l’expression des peuples une véritable tour d’ivoire, un bunker désormais inexpugnable qui s’estime en capacité de se passer de tout contrôle démocratique.

A la barbe de tout processus électoral, en menaçant les canards boiteux des foudres de la banqueroute, en tançant les cigales qui laissent filer les déficits qui ont contribué à la fortune des élites et des dynasties, la Présidente de l’Europe Merkel, comme il s’agit dorénavant de la désigner, a imposé la politique du payeur qui est aussi le grand bénéficiaire de la faillite du système.

En l’espace de 24H, puisqu’on avait en quelque sorte démasqué l’Italie comme étant le principal des moutons noirs, sous les injonctions du Conseil européen, Berlusconi a du imposer une cure de cheval à son pays en augmentant d’un coup de baguette magique, l’âge de la retraite vieillesse de 65 à 67 ans, simplement en serrant la pogne de son allié dans la coalition gouvernementale, le raciste Umberto Bossi, Président de la ligue du nord. On imagine la tête des Italiens ce matin au réveil, en apprenant la nouvelle, certains en prenaientÉ pour deux ans de plus d’un coup.

On imagine la façon dont il faut contraindre le processus démocratique et distordre la volonté du peuple pour se jouer ainsi à la fois des institutions, du parlement et des syndicats, pour accepter de la sorte la mise sous tutelle de Rome par Bruxelles. Comme d’habitude, comme c’est la règle depuis le vote raté de 2005 de la Constitution Européenne, remplacée comme l’on sait par le Traité de Lisbonne, on ne demande plus rien aux peuples, on pense à leur place, on tranche dans le vif, on déchire les liens sociaux, on impose les règles du fondamentalisme libéral, on contraint les nations les faibles, on massacre les acquis sociaux, on purge toute volonté de résistance.

Dans ce que l’on peut appeler cette nuit des longs couteaux, Berlusconi a même accepté d’avaler le Narghilé tout entier en prévoyant la possibilité pour toute entreprise confrontée à des difficultés de licencier sans ambages ses salariés et en hotant à ceux-ci toute possibilité de recours.

Des privatisations accélérées de pans entiers du secteur public et une mise en concurrence des services de transports régionaux seront également engagées au plus tôt. En une nuit Berlusconi a donc laché aux marchés financiers tout ce qu’il n’a pas pu ou voulu faire sur une période de plusieurs législatures.

En Grèce également les comptes seront désormais contrôlés et certifiés par des experts de Bruxelles, ici, on est plus en régime de tutelle mais de curatelle, les Grecs sont spoliés de leur dignité, de leur indépendance, on va finir de vendre ce qui est encore vendable aux Chinois et aux Allemands qui se rembourseront avantageusement de leurs investissements hasardeux.

Ne nous faisons aucune illusion, la France est la prochaine sur la liste allemande, De Funès dans sa quête du graale du triple AAA à conserver à tout prix avant les élections du printemps prochain, sera bientôt contraint également à bousculer sa rhétorique anti-impôt, la foudre va s’abattre mais on nous expliquera dira que c’est un pétard mouillé.

Toute cette bande de néo-libéraux à la noix qui gouvernent de leur superbe le continent, qui nous ont conduits à la faillite , qui nous ont expliqué que l’impôt tuait la croissance, qu’il fallait ne surtout pas toucher aux patrimoines, qui ont balayé les droits de succession, qui ont galvanisé la fuite des usines, qui nous ont expliqué combien nous avions besoin de garder nos riches, qu’il ne fallait pas les faire fuir vers les paradis fiscaux, qu’il fallait donc abaisser la fiscalité au maximum en laissant si besoin déraper la dette, nous expliquent maintenant en grands théoriciens de l’ordre compatable, que les peuples doivent contribuer à remblayer les trous qu’ils sont les premiers à avoir à creuser.

Attali nous expliquait que si nous avions gardé les taux de prélèvements obligatoires de l’an 2000 en France, le ratio de la dette sur le PIB ne serait pas cette année de 85%, mais de 60% ce qui n’est plus du tout la même chose quand il s’agit de garantir la confiance aux prêteurs. La Cour des comptes nous explique aussi que la crise des subprimes de 2008 n’est responsable que du tiers de la dette accumulée depuis 10 ans en France, que le Président ne vienne pas cacher sa responsabilité dans la dégradation des comptes publics sous de fumeuses explications.

Comme ces néo-libéraux à la noix sont les rois de l’embrouille, ils tentent aujourd’hui de nous convertir en prenant la situation à revers, la crise ne serait pas due à un trop-plein de libéralisme mais à un manque, si la croissance, la marche vertueuse des marchés n’est pas enclenchée c’est aux freins structurels, aux mécanismes de soutiens sociaux qu’on le doit, la piste royale vers la mythique production de richesse c’est la dérégulation, la privatisation, des autoroutes, des prisons, des hôpitaux, des écoles, des églises et pourquoi pas du Saint Sacrement, car Dieu aussi serait libéral, s’il le pouvait.

Le communisme aussi est libéral, le totalitarisme est libéral, la Chine de la peine de mort , des prisonniers politiques, du martyrs des Tibétains, des musulmans, des dissidents, des intellectuels, cette Chine de Tian-en-Men va venir à notre secours, elle va racheter notre dette, puis elle demandera des gages, c’est à dire de racheter à peu de frais les ports de Lisbonne, de Gênes, d’Amsterdam, d’ Hambourg ou d’ailleurs, pour y déverser des containers pleins de conneries à trois sous, plein de putes à deux dollars, plein de bénéfices pour des actionnaires véreux, prêts à mettre leur âme aux enchères pourvu que ce soit pour la juste cause de juteux profits. Amen.

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