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Le film « Intouchables » : clichés ou réalités ?

par Peggy Cantave Fuyet

Publie le mercredi 14 décembre 2011 par Peggy Cantave Fuyet - Open-Publishing
12 commentaires

« Intouchables » est un film rempli de clichés racistes et de clichés sur les classes sociales (le riche peut tout se permettre, vit dans une grande maison luxueuse, a une secrétaire particulière, des infirmières, des servantes, etc., achète des tableaux très cher, laisse sa fille gâtée faire la pluie et le beau temps ; le pauvre est noir, est un petit délinquant qui ne fait rien de ses journées, prend de la drogue, vit dans une barre de cité, dans un appartement rempli d’une ribambelle d’enfants dont la mère monoparentale travaille de nuit, etc.) de ces "2 France" qui vivent dans un monde parallèle. En aucun cas le film est représentatif de la réalité de la majeure partie des gens ordinaires.

De plus, il y a un tas de clichés machistes (les voitures de luxe, rouler à 200km heures, les salons de massages asiatiques, etc.) et de blagues sexistes sur les femmes que je n’ai pas trouvées drôles du tout. Pour moi, ce film n’est ni réaliste, ni représentatif, ni drôle et le fait que tant de gens l’aie aimé sans avoir relevé ce genre d’éléments est attristant. Cela révèle, en quelque sorte, que nous vivons dans une société qui est "Mcdonalisée" et semble de plus en plus "anesthésiée" au point où elle ne sait pas remettre en cause des choses essentielles. Ce n’est pas parce que les gens ne sont pas intelligents, mais parce qu’on nous formate, très tôt en ce sens. C’est pourquoi il faut utiliser ce genre de films pour débattre sur le fond, car « Intouchables » est un symbole révélateur de notre société d’aujourd’hui. C’est à nous d’effectuer un travail de désaliénation de notre pensée et à lutter contre les stéréotypes qui nous ont été inculqués dès l’enfance (le blanc est riche, le noir est pauvre, le noir sert le blanc et c’est le devoir du blanc de le civiliser, etc.).

Le danger est de préférer aller voir un film sur l’handicap (« Intouchables » en l’occurrence) sans se soucier du handicapé qui vit peut-être dans son immeuble, du SDF qui dort dans la rue, du Tiers-Monde qui meurt de faim, des pauvres gens qui se font expulser de leur logement, des malades qui ne peuvent pas se payer leurs médicaments, des gens qui fouillent les poubelles, des travailleurs qui touchent à peine de quoi vivre, des retraités qui ont une retraite qui n’est même pas le SMIC, des sans-papiers qui n’ont aucun droit et se font exploiter, etc. Le danger aujourd’hui est de ne pas avoir assez d’esprit critique, de s’intéresser qu’à soi-même sans se soucier de ce qui se passe autour de soi ou ailleurs dans le monde. Le danger est de penser que notre avenir n’est pas lié à celui des autres alors que nous vivons sur la même terre et dans un monde globalisé.

Ce qu’on laisse faire aujourd’hui peut arriver demain à nos enfants, parents, grands-parents, cousins, cousines frères et soeurs, oncles et tantes. C’est à nous de réfléchir à ce que l’on veut léguer aux générations futures, afin qu’elles puissent vivre dans un monde meilleur que le nôtre. Pour cela, il faut réfléchir, débattre, lutter pour un monde meilleur.

Le film « Intouchables » est un cadeau empoisonné. Emballé de beaux sentiments et d’acteurs talentueux, il contribue à véhiculer des stéréotypes, qui, tels une bombe à retardement, vont se disséminer dans la conscience collective et contribuer à une intériorisation de clichés (Je ne crois pas que cela a été fait volontairement par les réalisateurs du film, car je pense qu’eux aussi, sont victimes des stéréotypes de la société). Si un débat de fond est engagé là-dessus, peut-être que ce film aura au moins eu le mérite (à défaut de nous avoir présenté une vision réaliste de la situation de l’handicap) de nous pousser à réfléchir sur la représentation que la société française a d’elle-même et sur les moyens de lutter contre des clichés et stéréotypes qui sont véhiculés depuis les temps de l’esclavage et de la colonisation.

http://www.frantzfanoninternational.org/spip.php?article288

Messages

  • les réalisateurs de ce film n’ont jamais prétendu avoir fait de ce film un reflet de la société mais juste un divertissement un même titre qu’un "la vérité si je mens"... ils se disent même dépassés par l’ampleur de son succès.

    Il faut donc le prendre pour tel quel, et dans ce cadre j’ai beaucoup apprécié.

  • moralisation ou masturbation de l’esprit , cette ""critique"" me paraît totalement hors sujet
    totalement !

  • Sur le fond, le film ressemble un peu à une "image d’Epinal" avec une conclusion à la Hollywood, genre "Tout le monde est beau, tout le monde est gentil".
    Il n’est absolument pas réaliste, en ce sens qu’il gomme toute perspective de classe !
    Pour parler comme Aristote, le Riche est accidentellement handicappé, mais par essence capitaliste exploiteur ( et de surcroît, son modèle dans la vraie vie est d’extrême droite, car il s’agit d’une adaptation sucrée d’une histoire vraie !).
    Le Noir est accidentellement et exceptionnellement charmant en partie d’une façon sexiste et risque tout en plus, mais essentiellement typique de la triche de la sécu, de la drogue etc.
    Les deux protagonistes s’entendent comme larrons en foire, le colon blanc et l’indigène restent à leur place et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
    On peut donc s’attendrir avec bonne conscience sur cette guimauve ! On faisait lire aux enfants et on le fait peut-être encore aujourd’hui, des livres pour enfants comme Tintin en Chine où c’était le Chinois qui était une somme de clichés. Ce Tintin était et demeure un best seller tout comme le film "Intouchables".

  • bravo omar syr de ne pas être allé à l’élysée, bravo

    • OUI je dis également BRAVO à OMAR SY pour avoir refusé de servir de faire valoir à SARKO , et je ne fais pas parti de ceux qui vont lui reprocher d ’ avoir accepté de jouer dans ce film car je me suis bien marré , et c est ce que je demande en premier à un film comique ...

      Ceux qui estime avec juste raison que le film à des aspects caricaturaux , le bon riche et le nègre voleur et fraudeur , je leur dis que ce film relate une histoire réelle , celle du riche POZZO DI BORGO victime d un accident de parapente qui recrute un arabe comme serviteur à tout faire , ce film a plusieurs lectures possible, il ne s agit pas seulement d une caricature qui vise à effacer les contradictions d appartenance à des classes differentes , mais de la rencontre de deux êtres que tout sépare et qui finisse par s ’estimer et devenir amis , on peut donc y voir également une condamnation du racisme et de l ’intolérance ...

      Je crois qu’il faut arrêter de vouloir a tout pris faire une analyse marxiste de l art , sinon la censure n ’est jamais trop loin , cela n empêche certes pas la critique à condition qu’elle ne tombe pas aussi dans ..... la caricature .

    • Je crois qu’il faut arrêter de vouloir a tout pris faire une analyse marxiste de l art
      Ah bon !!! tu vois de l’art ? tu as de la chance , existe-il encore l’art ? je vois pas,

      là encore moins q’ailleurs

    • c est justement l un des paradoxes de l art certains crient au génie , dautres à l imposture , mais personne n’ est obligé de regarder , et pour ta gouverne le cinéma , c’est le 7ème art , les chefs doeuvres comme les navets , et je maintiens que ce n ’est pas une amalyse marxiste qui va nous aider à faire le tri ...

  • Ce qui est lénifiant dans ce film, c’est que l’on montre un handicapé riche, avec domestiques. Là encore il y a un rapport de classe. Un déni de vérité.

    On ne parle jamais des handicapés qui vivent avec une pension de la Sécu ou avec l’AAH (Rappel : l’AAH aujourd’hui est à : 743,62 € soit en-dessous du seuil de pauvreté), et qui représentent la majorité des handicapés.