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Les trois types de petite-bourgeoisie.

par CD

Publie le dimanche 15 janvier 2012 par CD - Open-Publishing
15 commentaires

Il s’agit de donner la trame d’une conception hétérodoxe d’inspiration marxiste et altermondialiste à la question des classes sociales.

Reprenons la notion de "petite bourgeoisie". La tendance contemporaine tient à évoquer des couches moyennes et des couches modestes ou "populaires" comme composantes du peuple-classe. Le peuple-classe est le peuple résident moins la bourgeoisie.

Le terme de "petite-bourgeoisie" a longtemps fonctionné comme notion stigmatisante, à savoir une accusation portée sur un groupe social qui dans son mode de vie tendait beaucoup à copier le mode de vie "bourgeois". Ce n’est vrai que pour parti. Surtout cela empêche d’aller plus loin dans la réflexion. D’autant, qu’il existe de nos jours une fraction de la petite-bourgeoisie - grosso modo, celle proche des couches modestes - qui est nettement "progressiste" et qui lutte activement pour l’émancipation sous diverses formes.

Des distinctions sont donc à opérer. Dés lors, commençons par le début et entreprenons de donner à la "petite-bourgeoisie" une définition sérieuse. Quitte à constater ensuite que le pluriel est nécessaire.

La tentative de définition vaut pour la France de 2010 et les pays à développement économique et social similaire. Ailleurs des adaptations seraient nécessaires.

1) Localisation générale de la petite-bourgoisie.

 La petite-bourgeoisie est une fraction du peuple-classe.
 La petite-bourgeoisie est au-dessus des prolétaires.
 La petite-bourgeoisie est sous la classe dominante, sous la bourgeoisie.

Mais il importe de ne pas s’en tenir à une conception stratificationniste ou "par étage" et d’aller plus loin avec quelques distinctions supplémentaires. Il s’agira alors de croiser une conception verticale et une horizontale.

La première conception dite verticale distingue trois "petites bourgeoisies" en fonction de leur position par rapport au travail salarié mais vient ensuite immédiatement une seconde conception stratificationniste (dite horizontale) qui s’y ajoute. Cette dernière distingue les prolétaires (moins de 3000 euros net) des couches aisées juste au-dessus (plus de 3000 euros net par mois) . Elles sont aisées mais pas riches car loin de la richesse de la classe dominante.

2) Contenu : Trois petites-bourgeoisies.

 Le petit capital Les propriétaires du petit capital sont dominés par le capital financier ou "la finance" : la taille des entreprises concernées est de plus en plus grosse.

 Les travailleurs indépendants (ni prolétaires ni bourgeois) : les professions libérales aisées mais pas riches sont membres de la petite-bourgeoisie.

 Les travailleurs salariés aisés (ni prolétaire ni "salariés" bourgeois) du public ou du privé. Ce sont des travailleurs qualifiés disposant d’un bon salaire supérieur à 3000 euros net par mois. Ce sont aussi très souvent des cadres intermédiaires.

On notera qu’il existe :
 un petit patronat prolétarisé : moins de 3000 euros net mensuel
 des travailleurs indépendants prolétarisés (même raison)

3) Aspects subjectifs : Éléments de distinctions politiques.

 La petite-bourgeoisie non salariée : Le petit capital comme les travailleurs indépendants se disent majoritairement "de droite".

Ils sont en général contre la RTT, l’augmentation des salaires, les grèves et les manifestations des travailleurs salariés. Mais ces catégories sociales néanmoins dominées pourraient aujourd’hui se retrouver plus massivement en accord avec les travailleurs du rang pour revendiquer des TTF, une réglementation des banques et de la finance, une éradication des paradis fiscaux comme tous les "membres" du peuple-classe.

 La petite-bourgeoisie salariée  : Les travailleurs salariés aisés sont des dominés en position d’être des dominants pour l’encadrement.

De cette ambivalence on remarque qu’ils sont pour partie un groupe social solidaire des prolétaires mais aussi pour une autre fraction les relais de l’exploitation et de la domination de la bourgeoisie.

Certains défendent les couches, pauvres, modestes et moyennes y compris moyennes supérieures parfois mais contestent la classe dominante. C’est le cas de la fraction aisée des enseignants de l’Education nationale. A distinguer comme le fait JC Milner de la bourgeoisie d’Etat qui "pantoufle" dans le privé et réclame des privatisations, des mécanismes de gestion issus du privé, des dispositifs de "marchandisation", etc... Et qui veulent surtout plus de traitement alors qu’ils sont déjà "pétés de thunes" pour le dire enfin comme je l’entends très souvent !

Une vision dynamique et non statique amène à remarquer aussi que les travailleurs qualifiés qui sortent du prolétariat en fin de carrière peuvent aisément se montrer solidaire de leurs semblables ’plus modestes". Remarque à moduler car le souci de conserver les acquis a eu pour résultat paradoxal de voir d’autres aller vers le FN pour empêcher la montée des couches inférieures dangereuses françaises ou non.

Christian DELARUE

Messages

  • Je ne suis pas un spécialiste de ce genre de questions théoriques, mais certains trucs m’étonnent.

    On serait prolétaire sous 3000 euros nets par mois, petit-bourgeois au-dessus ? Je pensais que prolétaire signifiait n’avoir que sa force de travail à vendre pour gagner sa vie...

    Un salarié payé au-dessus de 3000 euros aurait plus tendance à être "relai de l’exploitation" qu’un salarié moins payé ? J’ai comme un doute...

    Sur quoi repose cette analyse ? A-t-elle une "caution scientifique", est-ce une étude sociologique rigoureuse ou un point de vue comme ça ?

    Chico

    • C’est l’ensemble des travailleurs salariés qui, à la différence des travailleurs indépendants, vendent leur force de travail pour vivre. Mais il n’y a pas que ce volet "côté production" à prendre en considération, il y a aussi celui "côté circulation".

      C’est là qu’une autre différence apparait : il y a ceux qui épuisent leur salaire en fin de mois - les prolétaires - et les autres qui ont des capacités d’épargne. Mais il faut distinguer celui qui place 100 euros et celui qui en place 1000 ; Ici il faut distinguer ceux qui ont une très faible capacité d’épargne en fin de mois (ceux qui mettent un peu sur un livret A) de ceux qui en ont une plus importante et qui sont "petits porteurs" et placent en bourse. Les premiers sont prolétaires - à mon avis (c’est une position) alors que les seconds ne le sont pas. S’ils sont aisés ils seront dans la petite-bourgeoisie, s’ils sont de grands possédants ce sera la bourgeoisie.

      Ce qui est moins rigoureux c’est le chiffre proposé. C’est issu d’un rapport du conseil des impôts qui remarquait qu’au-delà de 2800 euros net par mois l’argent était épargné. En fait cela dépend de la composition de la famille et du lieu de vie. Un célibataire n’est pas un travailleur avec une famille et un parisien n’est pas un creusois. 3000 euros est arbitraire. Ce peut être bcp moins : 2600 par exemple. Ce qui est certain c’est que l’on quitte le prolétariat au-dessus d’une certaine somme. On ne l’est plus à 3500 euros. Pour autant on n’est pas riche mais aisé. C’est F Hollande qui disait que les riches débutait à 4000 euros net par mois. Il proposait de taxer la petite-bourgeoisie aisée. Ce qui est juste si cela n’est pas prétexte pour ne pas ponctionner la classe dominante.

      Cette façon de voir tient compte de l’évolution du salariat. On a même un salariat de "faisant fonction" qui perçoivent de très hauts salaires, qui ne sont plus de vrais salaires. On retrouve cette évolution dans le public, en Grande Bretagne comme en Europe mais aussi moindrement en France ou une sorte de bourgeoisie d’ Etat apparait.

    • j’suis comme toi, CHICO....

      On confond tout : prolétaisation decouches de salariés, et appartenance de CLASSE.

      Les" petits bourgeois", voilà une expression qui repose sur le langage courant, mais sur aucune analyse du salariat, de s exploiteurs, de la propriéte des M.P.et d’échanges

      Jren veux à personne : je déclarais "bourge" les pratiquants du tennis et ceux qui allaient au Grand théatre deBordeaux quand j’avais 20 ans !

      Chez les employés, c’est très confus et cela m’amusait quand on s’inventait dans les milieux de la Banque, de curieuses"classifications"

      Une question, CHICO, qu’ai je été 40 ans ?

      Est ilbasurde de dire que si le matin , "techicien bancaire" (genreICTAM, dernier niveau avant les"cadres") je passais 6h sur un dossier complexe de crédit pour une entreprise..qui allait donc renforcer son outil d’exploitation.., j’étais cependant partie intégrante de la C.O..puisque vendant ma FDT à un Capitaliste (via son outil banciare) mais en faisant bouger l’état antérieur de l’appareil d’exploitation ?

      Par contre si l’"après midi" , je rendaisvisite à des"rentiers" pour qu’il suive les conseils bancaires de "placement"( clous dans le cercueil dee l’appareil productif par financiarisatio accrue desl’économie, boursicotage)..j’étais , objectivement aussi peu ouvrier que le flic salarié qui matraque la manif ?
      Même si j’étais un peu mieux rémunéré ,à la banque q’un CRS débutant..?

       :)))

      Il faut, certes prendre en compte ce qu’est l’évolution du "salariat", mais , selon moi, pas que pour des raisons de "principe" !!

      Rester strict sur la notion des contours de la nouvelle classe ouvrière , toujours en augmentation malgré la casse...et en "brisant" en m^me temps les réflexes"ouvriéristes" ??)qui font, par exemple, du prolétaire en blouse blanche , de l’ingénieur dans l’automobile ou dt...un" étranger" à laclasse..pour pas mal de camarades militants !

      Mais, bof bof..
      pour l’instant, qu’un p’tit employé desi mpots -carlà aussi rien n’est simple..-comprenne surtout que nous sommes, hormis des gavés du système, des"compahgnons demisère" et on aura avancé !

      Cela sera un garnd pas qund, -ce qui n’est pas du TOUT le cas-..la majorité des ouvriers payés au SMIC dans des milliers dePME, ne répêteront que le"patron peut pas payer plus !"

      Ou que la caissièrede Carrefour en CDD..et smicarde ne traitera plus traitera de"nanti" le cheminot..

      NON ?

      Amitiés

      A.C

    • Cela sera un garnd pas qund, -ce qui n’est pas du TOUT le cas-..la majorité des ouvriers payés au SMIC dans des milliers dePME, ne répêteront que le"patron peut pas payer plus !"

      Ou que la caissièrede Carrefour en CDD..et smicarde ne traitera plus traitera de"nanti" le cheminot..

      NON ?

      Si ... mais je suis assez pessimiste pour le moment, avec un Hollande qui voit des riches à 4000 euros par mois et d’autres qui ne pensent plus qu’en termes de "riches et pauvres" et ont complètement fini d’évacuer les dichotomies de classe....on est mal :-(

      LL

  • Un autre éclairage ?

    Les salariéEs - c’est à dire la classe ouvrière au sens historique du terme qui regroupe non seulement les ouvrier(e)s mais aussi les employé(e)s, les fonctionnaires, les cadres et techniciens etc. - représentent plus de 90 % de la population active alors que la véritable classe moyenne (ou petite bourgeoisie) atteint péniblement les 7 % (dont 5 % pour les artisans, petits commerçants, professions libérales, patrons de P.M.E./P.M.I. et 2 % pour les exploitants agricoles).

    Il y a dans ce constat à la fois des motifs d’optimisme et des motifs de pessimisme. C’est à nous de choisir, non ?

    • Jean-Louis je partage assez ton "éclairage".

      Les employés de base et les ouvriers de base ainsi que, au-dessus, les techniciens et les petits cadres - les A de base chez les fonctionnaires - forment les prolétaires et ils sont effectivement nombreux. Plus 85 % que 90% mais peu importe.

      Au-dessus il y a l’encadrement supérieur salarié - les A+ chez les fonctionnaires - en général nettement mieux payé, souvent au-dessus de 3000 euros net . Ceux-là forment une composante de la petite-bourgeoisie. On dit que la bourgeoisie est a 1 % (c’est peu à mon avis). Dans ce cas les petites-bourgeoisies toutes confondues formeraient, si l’on prend 90% de prolétaires, les 9% restant.

      Dans ces 9 ou 10 % il y a une fraction aisée mais proche du haut des prolétaires car payée de 2800 à 4000 euros net. Et une autre, plus proche de la bourgeoisie du fait d’une part de salaires très éloignés des prolétaires (avec une consommation, une épargne et surtout des biens immobiliers sans rapport avec ce que possède les prolétaires) et d’autre part une capacité de commandement et d’imposition de la domination de classe qui les éloigne des prolétaires.

  • Euuuhhhh...

    Y’a effectivement des choses extrêmement étonnantes dans cet essai d’analyse...

    Je renvoie au texte de Poulantzas ici qui me semble une meilleure base si on veut parler "petite bourgeoisie" avec les sujets de la détermination de classe de la PB, et son idéologie, place dans les rapports de production (très important ça), place dans les échanges économiques, sous-ensemble idéologique, etc. C’est pas un sujet que tu peux traiter avec des catégories style "+ ou - 3000 euros nets/ mois", enfin je ne pense pas.

    http://bellaciao.org/fr/IMG/pdf/extr_poulantzas_classe_capitalpdf.pdf

    LL

  • C’est du bla bla de quelqu’un (CD) qui se prend pour un grand intelectuel.

    Il se prend pour qui ce "génial" inventeur de la notion de "peuple classe", pour Marx ?

    • Sur la petite-bourgeoisie on peut lire ce qu’en dit Alain BIHR à propos de l’encadrement capitaliste ainsi que sa critique des notions de couche moyenne ou pire de classe moyenne.

      Lire ci-dessous

      http://www.le-militant.org/praxis/encadrement.htm

      Il y a aussi la petite-bourgeoisie dite traditionnelle - artisans et paysans - et la petite-bourgeoisie libérale - notaires, avocats et médecins etc - mais les premiers connaissent des conditions de vie modestes pour du travail dur alors que les seconds sont très bien rémunérés (beaucoup plus que 3000 euros net par mois). Ils sont souvent abonnée à l’Impôt sur les grandes fortunes.

      Avec N Poulantzas il faut compter avec la nouvelle petite-bourgeoisie. La théorisation est complexe.

    • alors que les seconds sont très bien rémunérés (beaucoup plus que 3000 euros net par mois).

      Si je puis me permettre, ça c’est ce que colportent complaisamment certains ;-) je crois que t’as même pas idée du nombre d’avocats , notamment des moins de 50 ans, qui émargent aujourd’hui ... au SMIC (oui oui au SMIC) ou à maxi 3000e / mois...en travaillant 80 heures par semaine ....et sans avoir 5 semaines de congés payés ni de chômage ni rien de tout cela...et avec l’augmentation de la TVA pour les petits cabinets qui n’ont qu’une clientèle de particuliers de moins en moins fortunés, ces joyeux nantis passeront probablement du SMIC au RSA. La belle vie quoi.

      mais bon c’est pas grave, manifestement raconter n’importe quoi et parler de ce qu’on ne connaît pas, c’est devenu carrément un sport national....

    • et bien sûr, tous les avocats sont des gros bons à rien qui n’en foutent pas une ramée :-D cf la comparaison avec les artisans et les paysans qui eux "bossent dur".

      J’adore ce genre d’images d’Epinal.

      quelqu’un plus haut (je ne sais plus qui) a parlé de "prolétarisation".

      personnellement, je vois très bien de quoi il s’agit.

      Je dirais même prolétarisation ET paupérisation (et encore une fois quand je dis "paupérisation" je ne parle vraiment pas de gagner 5000 e/nets/mois !!!)

      A nous aussi le Capital nous mord les miches et nous défait la gueule. Et nous sommes de plus en plus nombreux à nous en rendre compte.

  • Il y a une grande importance à établir des données objectives pour déterminer des classes.

    C’est à dire à déterminer des classes en soi.

    Sinon après on part dans l’impressionnisme et des dérives vers des concepts à géométrie variable qui n’ont pas d’utilité autre que le brouillage.

    Ca ne signifie pas que les pour-soi soient inutiles, mais que c’est un autre débat.

  • 1. C’est quoi, TTF ?

    2. Merci à tous pour le débat.