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Des dizaines de milliers de manifestants à Bilbao pour les prisonniers

par EH

Publie le lundi 14 janvier 2013 par EH - Open-Publishing
2 commentaires

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants - plus de 100.000 selon les organisateurs - ont défilé samedi à Bilbao pour réclamer un changement de la politique pénitentiaire.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi à Bilbao réclament le rapprochement des prisonniers basques et un changement de la politique pénitentiaire. Les organisateurs ont décompté plus de 100.000 manifestants, autant de manifestants voire même plus que l’année dernière (http://www.eitb.com/fr/infos/politi...).

Ouvraient la marche des camionnettes qui transportent chaque semaine les proches des prisonniers vers les prisons situées souvent à des centaines de kilomètres du Pays Basque. Suivaient ensuite les proches des prisonniers et une méga banderole avec le slogan : "Droits humains, solution, paix. Les prisonniers basques au Pays Basque. Rapatriez tous les prisonniers basques".

Sur un total d’environ 700 prisonniers, seuls quelques dizaines se trouvent emprisonnés au Pays Basque. Les autres se trouvent dispersés à 750 kilomètres en moyenne de chez eux, selon le collectif Herrira.

>> Photos de la manifestation à Bilbao http://www.eitb.com/fr/photo/detail...

À la fin de la manifestation, un communiqué a été lu en basque par Nagore Garcia, membre du collectif Herrira, en espagnol par le journaliste Iñaki Olasolo, en français par Laurence Hardouin, membre de Bake Bidea, mouvement civil du Pays Basque nord, et en langue de signes par Ainhoa Moiua.

Dans ce communiqué, ils ont demandé aux gouvernements français et espagnol d’en finir "une bonne fois pour toutes avec la politique de dispersion", de libérer les prisonniers gravement malades, d’abroger "toutes les mesures qui entraînent de facto la prison à vie", de garantir l’attribution de la liberté conditionnelle à tous les prisonniers qui ont accompli les 2/3 ou le 3/4 de leur condamnation. Pour finir, ils ont demandé aussi aux gouvernements français et espagnol de changer "totalement" la politique pénitentiaire de sorte qu’elle soit "adaptée à ces temps de construction de la paix et de résolution du conflit, en la basant sur des solutions de justice transitionnelle et sur le respect des droits des prisonniers et prisonnières, et refugié(e)s politiques basques".

Le communiqué (en 3 langues) lu à la fin de la manifestation :
Nos premières pensées sont pour les familles des prisonniers et réfugiés politiques basques qui ont ouvert cette marche, bougies de lʼespoir à la main. Recevez notre solidarité, notre reconnaissance et nos encouragements devant les violations de droits dont vous souffrez quotidiennement.

Merci de tout cœur pour l’exemple que vous donnez. Grâce à vous, Euskal Herria nʼoubliera jamais la dignité dont vous faites preuve au jour le jour. Cʼest pour nous toutes et tous un immense honneur de marcher à vos côtés. Nous vous aimons. Entre tous et toutes, nous sommes en train de construire un nouvel avenir pour le Pays Basque.

Nous avons une opportunité historique dʼobtenir la paix sur de solides bases : de justice ; de reconnaissance et de réparation aux victimes, à toutes les victimes du conflit ; de respect de tous les droits individuels et collectifs, pour tout citoyen et à tout moment.

En ce sens, lʼaccord dʼAiete est un exemple clair de ce nouvel avenir. Nous exigeons des gouvernements français et espagnol :

Quʼils en finissent une bonne fois pour toutes avec la politique de dispersion et quʼils ramènent tous les prisonniers et prisonnières politiques basques au Pays Basque.

Quʼils libèrent immédiatement les prisonniers et prisonnières politiques basques gravement malades. Quʼils abrogent toutes les mesures qui entrainent de facto la prison à vie : la doctrine 197/2006 du Tribunal Suprême dans le cas de l’Espagne, et la condamnation à la prison à perpétuité pour ce qui est de la France.

Quʼils garantissent lʼattribution de la liberté conditionnelle à tous les prisonniers et prisonnières qui ont accompli les 2/3 ou le 3/4 de leur condamnation. Pour finir, quʼils changent totalement la politique pénitentiaire, quʼelle soit adaptée à ces temps de construction de la paix et de résolution du conflit, en la basant sur des solutions de justice transitionnelle et sur le respect des droits des prisonniers et prisonnières, et refugié(e)s politiques basques.

Merci beaucoup pour votre solidarité. La lutte sera longue et difficile, mais nous la gagnerons.

Nous réussirons !

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Messages

  • Pour donner un ordre de grandeur :

    il y a environ 3 millions d’habitants au pays basque (Navarre et départements "français" inclus).
    Rapporté à la population française (65 millions), cela donne une manifestation de 2 100 000 personnes...
    Il y a environ 350 000 habitants à Bilbao.

    Quelques commentaires politiques :

    Absents côté Sud : bien sur le PSOE mais aussi IU (dont fait partie le PCE) ainsi que le parti bourgeois PNB.
    Côté "hexagonal" : présence de quelques élu(e)s basques du PS et d’EELV, des organisations basques et à ma connaissance, malheureusement seul, le NPA comme parti de surface nationale.

    La "gauche abertzale" a fortement mobilisé mais la participation dépasse largement sa base sociale et politique.
    Ce succès montre l’attachement d’une partie considérable des couches populaires aux revendications liées aux prisonniers politiques basques ainsi qu’à de nouvelles avancées dans le "processus de paix".

    Paco

  • Après la manifestation de Bilbo, la classe politique basque se déchaîne

    15/01/2013 - Carole SUHAS

    Colossale et plus encore. La manifestation pour le respect des droits des prisonniers politiques basques a réuni, selon ses organisateurs plus de 115 000 personnes sous une pluie battante, dépassant le score historique de l’an passé. Soit près de 4 % de l’ensemble de la population du Pays Basque qui se retrouvait cet après-midi-là à Bilbo.

    Les réactions de la classe politique n’ont pas tardé à se faire entendre, à commencer par le nouveau lehendakari, Iñigo Urkullu (PNV), qui exprimait hier, lundi 14 janvier, son “respect” aux quelque 115 000 manifestants de samedi – ainsi qu’aux “quasis 3 millions d’habitants du Pays Basque” qui n’y étaient pas – sur les ondes de la radio Cadena Ser. Alors que son parti n’avait pas appelé à manifester samedi, il a déclaré hier être favorable au rapprochement des prisonniers, et a surtout annoncé qu’il demanderait au gouvernement de Mariano Rajoy le transfert de la “gestion de la politique pénitentiaire” à la Communauté autonome basque (CAB).

    Samedi après-midi, plusieurs anciens conseillers de l’ancien gouvernement basque d’Ibarretxe (PNV) étaient d’ailleurs présents aux côtés des manifestants, à l’instar d’Ángeles Iztueta, ex-dirigeante d’Eusko Alkartasuna (EA) et ancienne conseillère à l’Éducation, de Txaro Arteaga, ancienne vice-conseillère de l’Institut basque de la femme (Emakunde), ou encore de Javier Madrazo, ancien conseiller au Logement et fondateur d’Ezker Batua-Berdeak. On comptait également dans les rangs le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) français, Philippe Poutou, la conseillère régionale Alice Leiciagueçahar pour Europe Écologie-Les Verts, ou encore Joan Tarda, du parti nationaliste catalan ERC.

    Les déclarations du secrétaire général du PSE, Patxi López, et du ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardón (PP) étaient, elles, beaucoup plus acerbes. Au lendemain de la manifestation, le socialiste basque déclarait que la mobilisation, “importante ou non, n’effaçait pas les délits commis par les prisonniers d’ETA et n’annulait pas non plus leurs responsabilités”, ajoutant que “le collectif des prisonniers d’ETA était un problème du monde de Batasuna” et que la question “ne se résoudrait pas dans la rue”.

    Le ministre de la Justice du Parti populaire, dans une interview accordée au quotidien La Razón, réagissait, lui, à la mobilisation populaire en annonçant que cette dernière ne donnerait “aucun avantage aux prisonniers avant qu’ETA ne se dissolve”. Le président du parti de droite dans la CAB, Antonio Basagoiti, a pour sa part répondu à Iñigo Urkullu qu’il accuse de rester enfermé dans son palais et de “laisser Batasuna mener la fin de l’ETA ainsi que l’image des Basques avec des manifestations de soutien au groupe terroriste comme celles de samedi”.

    Le ministre de l’Intérieur, Fernández Díaz, n’était pas non plus en reste dans El País, réitérant à la direction de l’organisation armée qu’il n’y aurait “aucune négociation”. Il a tenu à remercier une nouvelle fois le gouvernement français pour “sa collaboration dans la lutte antiterroriste”, en référence aux arrestations qui ont lieu dans la Nièvre la veille de la manifestation.

    Le vice-secrétaire du parti au pouvoir, Carlos Floriano, s’est de son côté étonné de la présence d’un dirigeant d’ERC à la manifestation “pro-etarra”, présence qu’il a qualifiée de “lamentable” et “honteuse” lors d’une conférence de presse. Pour finir, l’Association des victimes du terrorisme (AVT) a annoncé hier qu’elle porterait plainte pour “apologie du terrorisme”. Une décision saluée par le porte-parole d’Union progrès et démocratie UPyD, Gorka Maneiro, pour qui la manifestation de samedi aurait dû être interdite par l’Audience nationale, conformément à la demande de l’association.

    http://www.lejpb.com/paperezkoa/201...