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Rouge-gorge poème de Fabrice Selingant

par le Rouge-gorge

Publie le mercredi 25 janvier 2017 par le Rouge-gorge - Open-Publishing
26 commentaires

Rouge-gorge

Familier par ta voix qui exige le printemps à la morne saison

à la moindre lumière alimente la forge d’un grand feu de ferveur

fier, c’est bien toi, qui arrives en premier pour reprendre la pose

sans scrupule, d’un coup d’aile, t’empares de toute chose

t’es pas le rossignol, t’as pas d’ trilles abusives

ta modeste chanson n’a pas moins de passion

toi, t’es le rouge-gorge, ton écharpe, ton chiffon

est foyer qu’on attise pour faire chauffer l’acier

lorsque couleur cerise on pourra le frapper

pour enfin brutalement dans l’eau le faire siffler

car s’il est bien trempé, sera dur de nos sueurs

car on crache dans nos mains pour saisir la cognée

et nos pognes reluisent de nos jets de salive

alors, oui, Rouge-gorge, reste bien près de nous

et affirme notre présent toujours pas à genoux.

Fabrice Selingant

Portfolio

Messages

    • Un vibrant hommage à tout camarade porteur d’écharpe rouge, et pas seulement par couleur politique... car le registre de langue du poème met l’accent sur ceux qui triment, ceux qui connaissent le travail de l’acier, et puis les grèves et la solidarité pour ne pas plier les genoux.
      Enfin, c’est que je sens, moi, dans ce poème, et je dis une fois de plus :
      Merci Rouge-gorge de chanter aussi bien l’action et la vérité sociale !
      ( car la chanson , bien que revendiquant la modestie, fait preuve de sacrées qualités d’écriture)

      Chrys la déserteuse

    • Merci essim, aujourd’hui est un jour rapide où les écrits sont des Jets stream qui parcourent les nuages en les organisant en bandes parallèles se joignant à l’horizon comme quoi la perspective voit les maths d’un oeil narquois.

      Fraternellement.

      le Rouge-gorge

    • Merci Chrys la deserteuse, c’est plus qu’une étincelle qui embrase le ciel c’est une foudre nouvelle, es-tu celle qui s’exprime sur la delivre, la délivrance, es-tu celle qui parle aussi bien que l’on danse ?

      Fraternellement.

      le Rouge-gorge

    • Oh, je dirais juste que si je parle comme je danse je le fais par la nécessaire présence de l’autre dans l’affermissement de soi-même

      Source : Jean-Pierre Vernant, La traversée des frontières (2004)

      Et puis, tiens , pour finir par une étincelle majeure, j’offre, à toi Rouge-gorge ravitailleur de feu et aux lecteurs /trices de Bellaciao, ce texte écrit pour le 50ème anniversaire du conseil de l’Europe et inscrit sur une borne du pont de l’Europe reliant Strasbourg à Kehl.
      Après un rapprochement entre les divinités grecques Hermès et Hestia :

      « … Pour qu’il y ait véritablement un dedans, encore faut-il qu’il s’ouvre sur le dehors pour le recevoir en son sein. Et chaque individu humain doit assumer sa part d’Hermès. Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont. »

      C’était pourtant beau, cette Europe-là...

      Sororalement,

      Chrys

    • Héphaïstos "klutotechnès", l’illustre artisan dis -tu...
      Mais oui, helléniste, ... pour les latinistes, la forme ancienne Fabricius du prénom Fabrice serait dérivée du terme latin faber. Ce dernier désigne un ouvrier, un artisan spécialisé dans le travail de certains matériaux ou plus précisément un forgeron.
      Et me voici, ici, comparé à Hermès, compagnon des voleurs (et des héros), des voyageurs et du commerce, gardien des routes et carrefours, inventeur des poids et des mesures [oh ardents scientifique de la révolution française qui inventèrent le système métrique (si simple et si facile à retrouver) longueur, volume et masse liés par l’eau, dans le but que personne ne soit volé], donneur de chance (moi qui affirme le hasard comme référence), et surtout messager des dieux !
      Ἑρμῆς quoi !
      Rien que cela.
      Sur un site Héphaïstos sur l’autre Hermès. je ne me trompe pas c’est bien la même Chrys ! qui joue à cacher la fin de son prénom. en poésie la clef est à cacher souvent.
      Toujours merci. pour ces hommages, il font du bien, au retour de réunions longues si longues et pourtant porteuses d’avenir à bâtir.

      Frater-nellement .

      le Rouge-gorge

      Ma mère m’a choisi ce prénom par romantisme (La chartreuse de Parme).

    • 0 toi Fabrice Del Bellaciao , tu confirmes qu’il est salutaire de publier de la poésie sur un site d’expression sociétale-sociologique-politique , car cela prouve que le champ des Happy few auxquels Stendhal dédicaçait ses livres s’élargit.
      Et comme Nul n’est jamais contraint à se complaire d’un rien il me semble normal d’encourager ce supplément d’âme sur le site...

      Signé : Chrys-tel qui n’a qu’une l

    • Je t’en offrirais bien deux.

      D’autant que tu offres des suppléments d’âme.

      Fraternellement.

      Fabrice

  • Lucie, Océane et moi sommes ravies de voir de plus en plus de lectrices et de lecteurs se précipiter pour lire les écrits du Rouge-gorge. Les commentaires s’enrichissent de leurs diversité.
    Merci pour l’appel à l’action politique mais toujours poétique. Merci Rouge-gorge.
    Léa

    • Merci à vous trois de réaffirmer qu’il est possible d’écrire encore de façon engagée et de ne rien lâcher de la qualité poétique.

      Oui, la diversité des lecteurs et leurs commentaires enthousiastes me vont droit au cœur. Il en est de même sur un autre site où une certaine Sanseverina me renvoie ce texte de quatre vers d’Allain Leprest pour répondre à trois plumitifs poussiéreux qui n’apprécient pas ce texte, faisant cela, elle les compare à des loups :

      Tout au bout de la ville morte
      Des loups m’attendront à la porte
      J’voudrais qu’mes couplets les effrayent
      Le temps de tuer la bouteille

      Fraternellement.

      le Rouge-gorge

    • Quand je lis les prénoms Lucie et Océane, le joie me vient au cœur comme toujours lorsque je vois des jeunes séduits par la poésie...

    • Toute lecture est une réécriture et le lecteur (la lectrice) en lisant, écrit à son tour le texte qu’il (qu’elle) a devant les yeux, décodant la méthode, l’écriture percevant les effets, redonnant sens aux émotions. C’est en cela que l’acte de lecture est aussi grand que l’acte d’écriture. Trop de gens on voulu faire accroire que lire est un acte passif, il n’en est rien c’est un acte qui a toujours précédé les bouleversements progressistes. Et les progrès réalisés l’ont toujours été à son aune. Plus l’acte de lire est partagé, plus les changements à venir le seront.

      Je vous assure de la lecture attentive de vos commentaires qui me sont précieux au plus haut point.

    • On ne peut que souscrire à cet hommage original à la lecture-écriture palimpseste, r-éveilleuse de pensée créatrice , d’imagination et de développement sociétal, allumeuse de révolutions.

      Et pour ajouter une analogue dimension, celle de l’humain - l’humain d’abord ;) je joins en écho cet extrait d’une lettre de Rilke à sa femme Clara :

      {}"Les sonnets à Orphée contiennent bien des pensées qui auraient trouvé l’acquiescement de Schuler ; qui sait si ce n’est pas par le contact avec lui qu’il m’a été donné d’écrire bien des choses si ouvertement et néanmoins si secrètement ?"

      Pour finir il convient de relier à cet extrait le sonnet IX :

      {}
      Seul qui éleva sa lyre

      au milieu des ombres,

      peut en pressentant

      rendre l’hommage infini.

      Seul qui avec les morts

      a mangé du pavot, du leur,

      n’égarera pas même

      le son le plus léger.

      Le mirage dans l’étang

      a beau parfois se troubler ;

      connais l’image.

      Dans l’empire double

      les voix se font

      tendres et éternelles.{}

    • Je trouve beau la sonorité des mots de Rilke, mais pour le sens, je sèche : mal réveillé, Dimanche repos ?
      Là, las, j’ai modestement, besoin d’une explication de texte, ce matin, des mésanges polaires viennent en touristes picorer un crâne qui ressemble aux boules pour les oiseaux des jardins...

    • Ayant lu le mythe d’Orphée et Eurydice, je parviens mieux à comprendre :

      1 je ne prendrai pas une lyre abandonnée,

      2 je ne chercherai pas à redonner vie par delà la mort,

      3 je ne signerai de pacte que ceux contenant une issue honorable pour tous,

      4 je ne me soumettrai jamais (insoumission totale, même aux insoumis),

      5 je chercherai l’écrit qui évoquera bien et pourtant sera secret afin de quêter l’acquiescement d’un Schuler (pas d’Umlaut, : pas de tréma) donc pas des élèves mais bien plus de l’illustre illustrateur. Là, je sèche encore quelque peu...

      6 je ferai attention, les dimanches matin, de regarder les mésanges à longue queue Aegithalos caudatus et non polaires en me souvenant qu’elles sont à queue de poêle (et non de poète...) et que mon crâne n’est pas encore déplumé et donc n’est pas à picorer...

    • Tu m’oublies, moi, Léa. ;))

      Oui, nous aimons et n’oublions pas de passer par Bellaciao, pour lire les poèmes de Fabrice Selingant.

      La poésie c’est la vie.

      C’est devenue notre habitude, quasi hebdomadaire.

      Sororalement, même si tu es plus l’aînée...

      Léa

    • @ Rouge-gorge :
      Je suis confuse d’avoir sans doute contribué aux picotements crâniens par ma réponse alambiquée, en ajoutant de surcroit un poème sans pouvoir le mettre en page correctement, sans la grâce de ses strophes.
      Mais ta charte de bon aloi désavoue l’annonce initiale d’un crâne accablé ;)
      Je n’ai malheureusement pas de lien à échanger pour une explication de texte de ce sonnet. Je l’ai joint car j’y ai vu un écho admirable au thème de la lecture/réécriture/partage- mais cela n’engage que moi finalement.
      Le but « orphique » de Rilke, à savoir faire naître son auditeur, ne t’a pas échappé, Rouge-gorge : à peine Orphée chante-t-il qu’il suscite l’écoute universelle, animaux compris. Orphée par son chant ouvre nos oreilles- comme le livre ouvre nos sens émoussés par la paresseuse routine, non ?
      Ne t’a pas échappé non plus cette figure d’un Orphée conforme à la mythologie qui a connu les enfers, et qui est donc à la fois de ce monde-ci et de l’autre monde, connaissant la vie de ses 2 côtés...
      Enfin, pour répondre à une de tes interrogations, Alfred Schuler était un visionnaire ayant fortement marqué cette époque, proche d’un cercle mystique- aïe, je risque la censure pour ce mot irrationnel sur un tel site !
      @ Léa :
      Oui, la poésie c’est la vie, et même les vies. Vivre autrement, c’est vivre poétiquement...

      Poétiquement et chaleureusement,

      Chrys la déserteuse

    • Si, si, si, tu me surestimes, maintenant que tu l’as dit, tout m’apparaît limpide, parfois, il est si bon qu’une simple explication de texte apporte le jour.

      Ainsi, malgré de multiples tentatives, je ne parviens pas à lire Proust, qui , j’en ai terriblement honte, m’ennuie.

      Pour ce qui est du mystique, quel poète ne s’en approche pas ? Le credo, l’Utopie, sont autant de variantes d’une aspiration. Le seul élément qui me laisse de glace est la notion de Foi, pensée indiscutable, objet de blasphèmes, affirmant tout de go, avoir valeur de vérité révélée. Elle est, comme les miracles, les miraculés et autres illuminés, sujet à offenses, par refus de dialogue.

      On peut-être agnostique, ou même athée et savoir écouter Brel affirmer Jésus comme premier communiste. On peut s’intéresser aux saints et remarquer l’ecclésia comme place de discussion publique, être œcuménique en politique, reconnaître dans Saint Martin, celui du manteau coupé en deux, le rassembleur des intellectuels d’Europe, à la Martinière de Tours, pour préparer la fin de l’esclavage. on peut voir en Saint Eptade d’Autun, un communiste militant pour la fin de l’esclavage et le droit à la vie et la dignité des serfs.

      On peut voir en Rabelais (abbé) un précurseur de la vision actuelle émancipée de l’éducation.

      En tout cas merci pour ce mythe d’Orphée. c’est pour moi une thématique porteuse d’écritures.

      Fraternellement, pour ma part, je ne sais qui de nous deux est l’aîné(e) sixties ; mais cela a si peu d’importance.

      Fabrice Selingant

    • Ah bon ? Je voudrais savoir pour quelles raisons. Que reproche-t-il à la chanson engagée ? Comment la définir ?
      J’ai pourtant toujours trouvé dans ses textes une forme d’engagement contre le système.
      Tout est question de forme sans doute.
      Je ne comprends plus trop... il faut bien rester accessible dans son message , ne pas écrire ou chanter juste pour les Happy few ?

    • La longue discussion que j’ai eu avec lui, dans un bistrot, en marge d’un festival à Lodève, longtemps avant qu’il ne tombe malade, ne reflétait absolument pas qu’Allain eu, un tant soit peu, détesté l’engagement dans les textes. Il disait juste que pour sa part, il ne mélangeait pas ses convictions avec la chanson et avoir du mal à écrire sous d’autres formes...

      D’ailleurs la plupart des chansons d’Allain ont, à mon sens, une ouverture sociale.

      Cordialement.

      le Rouge-gorge
      Voici d’Allain Sacré coco

      Déjà qu’à un an ses parents
      Poussaient son landau en gueulant
      Pour Vanzetti et pour Sacco
      Il a grandi sous une banderole
      Entre une affiche et un seau d’ colle
      La moindre manif, il y go
      Sacré coco
      Soixante-dix piges et des poussières
      Qu’il balaie chaque anniversaire
      Entre les miettes et les mégots
      Comme il dit "J’ suis un dinosaure"
      On cherchait pas le même trésor
      C’est là qu’on n’est pas ex-æquo
      Sacré coco
      Il dit aussi "Juré, craché !
      J’ boss’rai pas pour des haricots
      Et si ça arrange leurs affaires
      Demain pour la classe ouvrière
      J’ port’rai des godasses en croco"
      Sacré coco
      Il dit même "Pour les non-voyants
      Il faudrait écrire les slogans
      En braille sur les calicots"
      En classe, il a pas été loin
      Mais il connaît sur l’ bout des poings
      Cézanne, Beethov’ et l’ père Hugo
      Sacré coco
      On rentre chez lui sans frapper
      Là où c’est écrit "J’aime la paix"
      Au trente-six rue des coquelicots
      On sirote un alcool de fruits
      En rigolant, il dit qu’ chez lui
      C’est l’ temps des cerises en bocaux
      Sacré coco
      On chante la jeune garde à tue-tête
      Quand c’est qu’ des fois sous sa casquette
      Souffle un vieux coup de sirocco
      Et le lendemain, sa geule de bois
      Sûr c’est la faute à Paribas
      C.I.A. monopole and co
      Sacré coco
      Pour la castagne, il crie "D’abord !"
      Pour la fiesta, il crie "D’accord !"
      Et pour le cul, il crie "Banco !"
      Il dit encore "Si il fait froid
      Lutte à l’envers, lutte à l’endroit
      Se battre, c’est se faire son tricot"
      Sacré coco
      "Y a pas de sans-culotte au ciel"
      Comme il dit "J’suis pas éternel
      D’ailleurs, Dieu c’est du rococco
      Quand j’ s’rai mort, juste un bouquet rouge
      Des chansons et des gens qui bougent
      Pour qu’ le vent reprenne en écho"
      Sacré coco

    • Allain était contre le systéme ET contre la chanson engagé style "rive gauche" les tracts en musique il n’aimait pas du tout (question de forme ? ben oui évidence !!)

      il me l’a dit plusieurs fois,ainsi à peine deux ans avant son suicide

    • ""La longue discussion que j’ai eu avec lui, dans un bistrot, en marge d’un festival à Lodève, longtemps avant qu’il ne tombe malade, ne reflétait absolument pas qu’Allain eu, un tant soit peu, détesté l’engagement dans les textes""

      C’est pas un reflet,c ’est ce qu’il me disait perso,à17 ans ,et encore deux ans avant sa mort .
      oui ses chansons ont parfois une ouverture sociale,mais il ne voulait surtout pas qu’on dise qu’il faisait des chansons engagées,surtout pas !!c ’était très fort chez lui.
      Combien de fois on a rigolé à gorges déployées en entendant claude Vinci et son "je revendique" !! et allain hurlait de rire et disait : jamais ça jamais !!