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La convention de France Insoumise

par Comité Maximiien Babeuf

Publie le jeudi 2 novembre 2017 par Comité Maximiien Babeuf - Open-Publishing
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POUR UNE CONVENTION DE FRANCE INSOUMISE DYNAMIQUE
COMITE MAXIMILIEN BABEUF

Avec l’avènement à grande vitesse de Macron, les observateurs spécialisés sont convaincus que nous sommes entrés dans un nouveau monde politique. Les vieux Partis seraient remplacés par des Mouvements. Cette forme d’organisation politique n’est pas nouvelle. MRP, RPF, RPR, UDF, MODEM, MNR, Nouvelle Donne, Mouvement des Citoyens ou encore les Mouvements de la Paix, de Libération des Femmes, contre le Racisme l’Antisémitisme et pour la Paix.

Ces structures sont des pyramides dont les sommets sont leurs créateurs. Pour les 2 nouveaux nés. Un Dieu proclamé, Jupiter, et un Tribun assumé, pourtant issu d’une tradition revendiquant ni dieu ni césar ni tribun. Le Dieu des acclamations médiatiques fabrique ses images pour contrôler son image monarchique et l’imposer au peuple afin qu’il accepte sa politique pour les riches. Tandis que le Tribun profite de la haine des propagandistes de l’autre camp, et de son âge, pour construire son image de sage.
Les étages inférieurs de leurs pyramides sont composés de centaines de milliers de « marcheurs » pour expliquer que ces pyramides sont mobiles. Avec « En Marche », derrière Macron, ou plutôt sous lui, nous trouvons des marcheurs, façon gaulois sous le bouclier d’Abraracourcix. Tandis que derrière Mélenchon les marcheurs pour la République, sixième du nom, sont prêts à défiler façon légions romaines arborant le Phi grec.

Si nous analysons leurs fonctionnements nous voyons, dans leurs ressemblances, une différence significative d’avec les partis dont ils prétendent avoir eu la peau, dans ce séisme que Jean-Luc Mélenchon baptisa le « dégagisme » : l’absence de démocratie interne. La vie du mouvement est calquée sur celle du leader charismatique, sur le modèle des prédicateurs évangélistes américains. Chaque meeting est l’occasion d’une mise en scène de l’intelligence, de la culture, du savoir faire, de l’entregents du guide. Bien loin de préfigurer la future organisation qu’ils souhaitent pour leur pays, leur organisation est antidémocratique. Ils ont constitué des appareils opaques, composés d’un mélange de fidèles,et de jeunes loups issus des grandes écoles ou institutions d’Etat, qui ne doutent pas d’avoir une carrière à faire. Même fonctionnement mêmes types de « personnels », (heureusement pas les mêmes personnalités). Schiappa pour l’un Chikirou pour l’autre, Griveau pour l’un Bompart pour l’autre, Aghion pour l’un Généreux pour l’autre, Villani pour l’un Miller pour l’autre, Arditi pour l’un Karman pour l’autre, Berger pour l’un Garrido pour l’autre, et ainsi de suite. Les bénévoles, comme dans les ONG, réalisent les taches ménagères. : collage d’affiches, tractage, phoning, démarchage, collecte de fonds, service d’ordre et piétaille des manifs.

Les campagnes électorales terminées, les divergences de fonctionnement entre les deux mouvement tiennent plus au statut de la victoire qu’à leurs structures. Chez « En Marche », chacun cherche, le doigt sur la couture du pantalon d’un des 300 députés, que l’un d’eux veuille bien se souvenir de son existence, si Dieu le veut, afin de recevoir, en gage, un peu de poussière d’ange… A « France insoumise » c’est plus complexe, car les groupes d’appui se réunissent encore grâce à l’utopie des plus anciens militants, ouvriers ou associatifs, qui agissent comme dans une organisation politique nationale. Puisqu’ils avaient oeuvré, écrit, pensé, discuté, validé et voté en commun un programme pour l’avenir, ils sont prêts à décider par eux-même de la meilleure façon d’aller à la bataille finale. Ils ne souhaitent pas qu’on leur dicte ce qu’ils ont à faire. iIs décident de leurs actions. Encore plus depuis que le Tribun est redescendu de sa chaire pour un poste de député qui n’est pas à la hauteur des ambitions pour lesquelles ils se sont mobilisés.

Le Comité Maximilien Babeuf réunit des militants dont l’avis n’a pas été sollicité pour décider du positionnement de Jean-Luc Mélenchon après la présidentielle alors qu’il venait de recueillir plus de 7 millions de voix. Face à Macron, ces militants envisageaient que JLM valorise sa stature d’homme d’Etat, en prenant la tête d’une constituante populaire dont l’objectif était d’écrire la constitution de la 6eme République, pour la mettre en oeuvre. Un scénario à l’anglaise avec un gouvernement fantôme, un gouvernement de rechange pour que le peuple imagine une autre politique possible. Au lieu de cela Jean-Luc Mélenchon, mal conseillé par sa bande des petits chefs auto-proclamés, s’est laissé convaincre qu’il devait se présenter en circonscription. C’est ainsi que des 7 millions de voix des Français il ne resta à peine que quelques dizaines de milliers de voix de la 4eme circonscription de Marseille. Et surtout qu’on repart pour regarder les joutes oratoires de l’assemblée aussi inutiles qu’anesthésiantes. Pour maintenir un semblant de conflictualité les deux pôles se sont constitués en mouvement. Si « En Marche » et « France Insoumise » ont opté pour ce modèle plutôt que le parti politique c’est qu’ils ne savaient que faire des 500 000 cliqueurs pour « En Marche », 400 000 pour France insoumise.

Du côté d’ « En Marche » l’évolution du nom en « La République En Marche » a permis de régler deux problèmes, en éliminant toute structure concurrente, d’où la sortie du MoDem, en prenant appui sur la Véme République pour justifier la posture du monarque élu.. Les marcheurs faisant de leur chef, surnommé Jupiter, un napoléon de supermarché, un bateleur de la République des riches.

Du côté de la « France Insoumise », la soumission s’arrête aux paroles du chef qui fixe les actions, désigne les porte-paroles, et tranche publiquement sur ce qui mérite débat ou pas, sans jamais prendre l’avis de sa base, c’est à dire sans jamais en référer à ce peuple dont pourtant il ne manque jamais une occasion de vanter les profondes qualités politiques.

Dans ces 2 mouvements,celui qui a quelque chose à dire n’a pas plus de place, que celui qui n’a rien à dire, mais qui fait tout ce qu’on lui demande de faire au moment où on le lui demande. L’ « En Républicain Marcheur » met à profit le temps de la patience pour générer ses espoirs de profits. Le bénévole « Insoumis" se soumet aux volontés de la direction opérationnelle pour réussir chacune des actions symboliques initiées par Jean-Luc Mélenchon qui doit rester présent quotidiennement dans la vie des français. Les militants insoumis, eux, poursuivent « l’avenir en commun » qu’ils continuent d’inventer d’où l’idée du gouvernement fantôme à l’anglaise qu’ils eurent préférer aux réactions en chaînes, fusent elles médiatiques.

Si nous décidons de prendre collectivement la parole c’est que tout ce que laisse transparaître de sa structuration future la préparation de la convention de la « France insoumise », annoncée pour la fin novembre, est loin d’être à l’image de ce qui fait débat dans les groupes d’appui !
Parce que, n’en déplaisent aux petits chefs auto-proclamés des débats entre insoumis, Il y en a beaucoup. Que peut-on attendre d’autre quand 2 militants, qui eux-mêmes se déclarent insoumis, se rencontrent et confrontent leurs façons de penser ? Ils parlent, analysent, inventent et tentent de monter des projets viables et parfois mêmes durables. Et en cette période de préparation de la convention qui va structurer l’organisation du mouvement, les insoumis continuent à s’insoumettre, en tous cas pour ceux qui se définissent comme des militants.
En toute logique, ils ne veulent pas de soumission à un chef qui a tant oeuvré pendant sa campagne présidentielle pour éduquer ses partisans à ne jamais scander son nom comme un slogan. Jean-Luc a répété que son nom n’avait pas à être hurlé, que les insoumis n’étaient pas des dévots qui suivaient aveuglément un chef pourvu de toutes les vertus.

Les militants portent des actions souverainement décidées par petits groupes, en veillant à ce qu’elles soient dans les axes du programme « l’avenir en commun ».C’est pourquoi ces militants s’attendent à voir évoluer leur organisation vers un réseau de groupes de base, élisant ensuite des représentants pour coordonner nationalement l’ensemble des actions prévues dans « l’avenir en commun ». Mais voilà qu’en haut de la pyramide, juste en dessous du Tribun, une poignée d’intrigants en a décidé autrement préférant au modèle léniniste, celui de l’obédience.

Pour autant, on ne peut pas en rester là lorsqu’il s’agit d’organiser de façon permanente un mouvement qui a un nombre de membres important. Il n’y a que trois modèles viables durablement dans l’histoire des organisations de masse en France.

Le modèle des organisations de producteurs, syndicats, mutuelles ou coopératives, dont l’ axe idéologique est la défense, ou la promotion, d’un mode de production. Dans ce cas, c’est ce mode de production qui décide de la structuration de l’organisation.
Ainsi les syndicats d’ouvriers, de paysans, de travailleurs indépendants, sont structurés sur la base de sections syndicales d’entreprises, de syndicats de branches, de fédérations de familles de métiers, ou de fédérations de secteurs industriels ou agricoles. Pour les confédérations syndicales de salariés, une vieille tradition anarcho- syndicaliste, bizarrement associée au rôle des corporations et du compagnonnage, a parallèlement développé les unions locales, voire départementales et régionales, pour créer la solidarité dans le tissu local en respectant le découpage administratif de la République. Ce modèle est décliné depuis la CGT jusqu’à la CFE-CGC, en passant par la confédération paysanne et la FNSEA , sans oublier les syndicats patronaux, mis à part le Medef qui lui fonctionne comme un club d’aristocrates anglais.

Le modèle des partis politiques, quels que soient leurs corpus idéologiques, s’est consolidé sur le modèle léniniste avec son centralisme démocratique. Les militants se réunissent dans des unités de base, désignent des représentants pour le niveau supérieur, qui eux-mêmes élisent des délégués pour le niveau du dessus, et ainsi de suite, jusqu’à la direction suprême. Celle-ci est toujours collégiale tout en étant présidée par une personnalité dominante, parce que nous sommes, issus des cultures dites « judéo-chrétiennes », dans une République incarnée. Cette organisation verticale ascendante permet de recueillir à chacun de ses niveaux, par des débats horizontaux, des données de la vie réelle des citoyens, d’inventer des solutions, de débattre des évolutions sociales, de créer des utopies. C’est sur ce modèle que les partis politiques ont permis à la République Française de vivre dans une démocratie élective représentative.

Le troisième modèle est celui de l’obédience. Cette organisation est d’inspiration sacerdotale. C’est à la fois celle des églises et celle de la maçonnerie. Des ateliers de travail ou des communautés qui agissent selon le principe de la souveraineté locale. Elles se réunissent, se développent, recrutent de nouveaux initiés, sans demander l’autorisation à un pouvoir supérieur, à condition de respecter une constitution et un règlement général. Ces ateliers travaillent selon un rituel ; c’est-à-dire qu’ils suivent un corpus de textes, d’attitudes, de comportements, qui est un canevas pour une forme de travail. Un rituel porte une pensée spirituelle symbolique à laquelle les membres d’un atelier rattachent leurs travaux. Une fois par an, en préparation d’un convent, quelques questions sont soumises en même temps à la discussion de tous les ateliers, les délégués de chaque ateliers échangent leurs analyses et construisent des solutions originales pour régler ou faire avancer ces questions au convent. Comme ces délégués sont désignés en fonction du rituel qui réunit les initiés, ce sont des clercs pour les églises, des vénérables pour les obédiences maçonniques. Ils pilotent le travail. pendant un temps donné, à la suite duquel il redescendent de charge. Dans les obédiences maçonniques il peut y avoir plusieurs rites organisés en chapitres (comme pour les églises qui organisent leurs évêques) qui se coordonne au sein d’un collège des rites.

Nous constatons une certaine analogie pour l’organisation de la « France insoumise » avec celle du Grand Orient de France ; et pour la République En Marche » c’est celle de la Grande Loge de France.
Dans la « France insoumise » les groupes d’appui souverains, travaillent selon la forme qu’ils souhaitent sur le sujet qui intéresse ses membres et sans en référer à aucune instance hiérarchique. Comme les Loges du GODF, les groupes d’appui s’organisent comme bon leur semble. Chacun travaille, invite, initie les personnes qu’il choisit. De la même façon l’espace politique composé des parti de gauche, d’ensemble insoumis, des écologistes insoumis, des communistes insoumis, joue le même rôle que le collège des rites.Sur le plan idéologique le GODF, et « La France Insoumise » valorisent les différences à condition qu’elles résultent de véritables choix et qu’elles gardent et transmettent leurs cohérences internes. Une différence de taille cependant le Grand Maître du GODF ne maîtrise que l’organisation administrative alors que Jean-Luc Mélenchon est omniprésent.
Dans la « République En Marche » la différence d’organisation réside dans les étages sommitaux de la pyramide. Comme la Grande Loge de France, elle privilégie un rite, et fonctionne comme une seule loge. Dans ces ateliers les officiers sacerdotaux sont des intermédiaires. Les vénérables maîtres dépendent des conseillers de l’ordre, véritables adjudants du grand maître si bien que l’organisation administrative se superpose à l’organisation du travail symbolique. Si bien que la « République En Marche » ne supporte pas l’existence de divergence et se fonde sur un rite unique : le libéralisme.

Il est clair que pour les mouvements ce modèle de l’obédience permet de gérer le grand nombre en mobilisant toujours de nouveaux arrivants, Il suffit de créer l’enthousiasme en mettant l’accent sur le fait que ce n’est pas donné à tout le monde d’être membre du mouvement. Pour ce faire l’usage des réseaux sociaux dans les 2 cas joue le rôle de colle. Macron et Mélenchon l’ont bien compris, En se choisissant comme meilleurs adversaires grâce à l’effet obédientiel la moindre de leurs interventions les renforce au sein de leur obédience respective. Si bien que marcheurs comme insoumis se fichent de la démocratie interne comme de leur première chemise. L’avantage de la France Insoumise pour ceux qui préfèrent les débats ouverts, les décisions collectives, la lutte finale, c’est qu’elle conserve un rôle aux partis. Ils sont toujours là , tapis dans l’ombre, ou bien travaillant dans un espace réservé ; ils continuent leur vie comme dans les obédiences maçonniques les rites sont là pour veiller à la transmission de la tradition et du corpus idéologique, symbolique ou spirituel. Alors que l’unanimisme d’En marche renforce son côté inexorable et intemporel.

Pour le comité « Maximilien Babeuf » la défaite des législatives qui n’a vu que 17 députés élus alors que 75 circonscriptions étaient gagnables par la « France insoumise » a été masquée par une stratégie de communication tous azimuts et le talent d’un bon tiers des députés élus. On a fait prendre pour une victoire une déroute grave car « France Insoumise » n’a retrouvé que 35% des voix de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Pas d’analyse des résultats, pas d’autocritique. Les législatives se gagnent circonscription par circonscription, localement, et se perdent nationalement. La défaite était bien le résultat de la stratégie arrêtée par le quarteron de petits chefs auto-proclamés qui n’en avaient que faire puisqu’eux étaient élus et n’avaient plus de compte à rendre à personne dans la mesure où dans ce système obédientiel la structure de base n’a aucun pouvoir, contrairement à ce qui se passe dans un parti.
Mettons en garde ceux qui pensent que la politique se renouvelle en préférant le modèle obédientiel au modèle des partis, et qui se croient modernes parce qu’à la place de la parole directe ils utilisent les paroles robotisées pour communiquer. Appelons à inverser cette tendance en prenant appui sur les luttes des populations, telles quelles sont. Le modèle d’organisation, si modèle doit y avoir, est plutôt à chercher du côté de celui des communes autogérées,de Tarnac, des ZAD, des réseaux d’entraide, vers un carrefour des ambitions et des actions.« France insoumise » doit tourner la page de ce modèle obédientiel qui a permis son émergence pour emprunter la voie d’une organisation apprenante avec une forme de démocratie interne singulière. Organisons la fronde populaire.

Paris Marseille Toulouse Clermont-Ferrand Bastia le du 17 au 19 octobre 2017 Maximilien Babeuf

Messages

  • Et le programme de justice sociale de La France Insoumise approuvé par plus de 7 millions de citoyens, vous le passez volontairement à la trappe ou c’est que vous êtes frappé d’amnésie ? Je rappelle que Jean_Luc Mélenchon a suffisamment déclaré que tous les citoyens de La France Insoumise pouvaient très bien dire ou faire ce qu’ils veulent sauf à ne pas rester fidèle à ce programme !Il est toujours d’actualité que je sache et même plus vivant que jamais ! Sans doute votre copie à revoir et à préciser de ce côté et la confirmer !

  • 1/ qualifier de défaite le passage de zéro à 17 députés d’un mouvement encore dans ses langes...un tantinet excessif
    2/ le grand timonier ne demande jamais l’avis de sa base ha bon ? Et la consultation pour le second tour ? C’était quoi ?
    3/ obédiance mais qu’est-ce que vous nous chantez la FI personne n’est obligé d’y adhérer d’abord et puis si on ne partage plus son programme comme ce n’est pas, contrairement à des insinuations à répétition lues dans toute la médiacratie, une secte on peut aller chercher meilleur programme ailleurs.
    4/ Sauf qu’il n’y a pas de programme alternatif valable....dommage !