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CUBA : RSF, CIA, Télérama, omerta

Publie le dimanche 26 juin 2005 par Open-Publishing
16 commentaires

Lettre ouverte au rédacteur en chef de Télérama

de Maxime Vivas, écrivain démocrate et abonné à Télérama.

Cher monsieur Jean-Claude Loiseau,

Au mois d’octobre 2004, nous avons échangé quelques mails à propos d’un article de quatre pages sur Cuba dans Télérama. L’auteur (Christian Sorg) avait vu des policiers partout à La Havane, il déplorait les crispations politiques sans trop s’appesantir sur la situation de guerre larvée entretenue par le puissant voisin qui se dit autorisé à envahir l’île sans préavis pour la "libérer" [1]. Il nous laissait croire que Fidel Castro se fait appeler "lider maximo" et il ironisait sur les pénuries alimentaires sans jamais écrire le mot "blocus".

Télérama m’ayant habitué à plus d’objectivité, je vous avais trouvé une excuse : votre collaboration affichée avec Reporters Sans Frontières dont je jugeais les partis pris plus que douteux. Je précisais que "les Cubains affirment disposer des preuves de ses liens avec la CIA."

Ce à quoi vous répondiez : "Si les Cubains "affirment", soit [...]. "Agent de la CIA", ça nous renvoie à un vocabulaire qui fleure bon son stalinisme pur jus."

Laissons donc l’opinion des Cubains et la mienne : nos dires sont suspects. Comme le furent, jadis et naguère, ceux des minorités non homologuées qui croyaient que la terre était ronde, que les maladies venaient d’invisibles microbes, sans parler des gogos qui disaient Dreyfus innocents ou des méfiants qui ont soupçonné le nuage de Tchernobyl d’avoir cyniquement violé nos frontières ou encore des alarmistes incompétents qui, à Toulouse (d’où j’écris) prédisaient depuis des décennies qu’AZF "allait péter" (Voir mes commentaires sur ce drame dans Télérama N° 2714, page 24).

Or, pour en revenir à RSF et à son secret de polichinelle, des informations nous proviennent des USA, assez étayées pour que Robert Ménard soit contraint de lâcher un gros morceau de vérité compromettante. Pour son aveu, je me réfère à une source non suspecte, laquelle n’est pas un lecteur stalinien, ni un Cubain de la même chapelle, mais un compte-rendu d’un forum Internet organisé par un journal démocrate et français : le Nouvel Observateur : ( http://www.nouvelobs.com/forum/archives/forum_284.html ) dans lequel Ménard confesse ce qu’il niait quelques mois auparavant au même endroit : ( http://www.nouvelobs.com/forum/archives/forum_152.html ).

Au cas où vous manqueriez de temps, voici, sur ce point précis, la retranscription du dialogue de Ménard avec des lecteurs Internautes :

1)Premier forum, octobre 2004 :

"Internaute : J’aimerais savoir si c’est à cause du financement de RSF par le gouvernement américain que monsieur Ménard a, en avril 2002, félicité les auteurs du coup d’état dictatorial au Venezuela soutenu par la CIA...

Ménard : Je pense que vous auriez intérêt à lire les prises de position de Reporters Sans Frontières avant de nous infliger autant de bêtises.

On trouvera une esquive du même tonneau dans le livre "Dissidents ou mercenaires" (éditions EPO, 1998) où deux journalistes, la Belge Katlijn Declercq et le Colombien Hernando Calvo Ospina ont interrogé Robert Ménard sur les ONG financées par les Etats-Unis. Dénégation indignée de Ménard : "RSF veut être clair là-dessus : notre argent est totalement propre ! [...] C’est important que cela soit clair !" [2]

2) Deuxième forum, avril 2005 :

Internaute : Dans un article daté du 11 mars 2005, Diana Barahona dans Northern California Media, prétend que RSF perçoit des fonds gouvernementaux américains via la NED, pouvez-vous confirmer ses propos ?

Ménard : Absolument, nous recevons de l’argent de la NED. Et cela ne nous pose aucun problème."

Mais cela devrait ! En effet, l’action de la NED, National Endowment for Democracy (Fondation Nationale pour la Démocratie) est supervisée par un officier d’Opérations Spéciales de la CIA. Un ancien agent de la CIA, spécialisé dans l’Amérique latine, Philip Agee, a révélé dans une interview au journaliste Jonah Gindin en mars 2005 [3] que la NED est une des nombreuses organisations écrans dont la CIA se sert pour intervenir dans les affaires intérieures des pays : "Le Congrès donne des millions de dollars à la NED qui passe ensuite l’argent à ce qu’ils nomment les fondations noyaux." (relais de la NED). Au Nicaragua, pour intervenir sur les élections qui virent la défaite des sandinistes, "la CIA et la NED ont mis en place un front civique appelé Via Civica".

Répondant à Diana Barahona, journaliste de Long Beach, spécialiste de l’Amérique latine, une représentante de la NED a été précise : un versement de 39 900 dollars a été fait à RSF, le 14 janvier de cette année.

La journaliste se livre à une enquête qu’elle dit "d’intérêt public puisque plusieurs médias se réfèrent à RSF comme source". Elle ajoute que "tout financement gouvernemental devrait être divulgué, de telle sorte que des journalistes n’aillent pas utiliser sans connaissances adéquates des sources qui ne sont pas objectives" et elle déplore que "plusieurs médias de la presse écrite et électronique utilisent RSF comme source sans rien connaître ou sans rien dire au public du conflit d’intérêt (ou se place) RSF en recevant des subsides gouvernementaux."

Par ailleurs, le journaliste canadien Marc Thibodeau, traite du même sujet dans un article (au titre peu ambigu : "Questions troublantes pour Reporters sans frontières") publié le 30 avril dans le quotidien La Presse, de Montréal : "Lors d’un entretien avec La Presse, M. Ménard a indiqué que les sommes reçues de la NED et de USAID (US Agency for International Development, autre nébuleuse de la CIA. Note de MV.) pour l’année à venir représentaient moins de 2 % du budget de RSF, qui totalise plus de 5 millions de dollars."

"Ce serait stupide de refuser cette somme", a-t-il affirmé. »

Monsieur Loiseau, verrez-vous dans ces informations les prémices d’un « procès de Moscou » ou motif à vous interroger ?

Autre chose : si vous allez sur le site du Nouvel Observateur (deuxième forum), vous aurez le désagrément d’y lire Ménard quand il confesse avoir "énormément d’estime" pour François d’Orcival que je n’ai pas entendu regretter son passé d’activiste violent de l’extrême droite, ses implications dans une faction qui souhait renverser la République en posant des bombes à l’Assemblée Nationale avant de fonder le mouvement nationaliste-européen GRECE.

Ménard, CIA, extrême droite : qui se ressemble...

Croyez bien que je sais Télérama d’un autre bord. C’est pourquoi je m’alarme quand je le vois flanqué d’une officine qui barbotte dans ces marigots.

Mais il reste un mystère : RSF est une association française. Les esprits curieux en savaient ou en soupçonnaient la nature (compte tenu d’un faisceau dense et concordant d’indices faciles à recueillir sans lourde investigation). Il aura fallu que le pot aux roses soit dévoilé outre-Atlantique pour que Ménard passe aux aveux (partiels). Qu’est-ce qui rend nos médias muets, sourds et aveugles devant une réalité qu’ils ont sous le nez et sur laquelle nous avons été nombreux, depuis des années, à les alerter ? [4] Pourquoi n’ont-ils jamais cherché à vérifier ?

Vont-ils continuer à regarder ailleurs pour que perdure l’hexagonale omerta ? En fait, j’ai posé cette dernière question pour me donner l’occasion d’y répondre : oui.

Voulez-vous faire un pari là-dessus ?

Bien à vous.

Maxime Vivas, écrivain démocrate et abonné à Télérama.


[1Connu sous le nom de "Plan Powell", le programme d’administration de l’île sous protectorat états-unien compte 450 pages. Ce n’est pas un document secret. Voir Commission for Assistance to a Free Cuba. : http://www.state.gov/p/wha/rt/cuba/commission/2004/

[2Retranscription de l’interview consultable à l’adresse http://vdedaj.club.fr/cuba/rsf.html

[4Voir, chez Lanctôt éditeur, 2004 : « Le dossier Robert Ménard. Pourquoi Reportes Sans Frontières s’acharne sur Cuba » de Jean-Guy Allard et Marie-Dominique Bertuccioli.

Messages

  • Heeeuu, Monsieur Vivas, c’est vrai que la personnalité et les agissements de Fidel Castro ont mis votre pays au ban des nations. C’est vrai que dans une dictature, on en arrive à croire qu’un démocrate ne peut pas s’exprimer... Et puis ça dure depuis tellement longtemps qu’on ne fait plus attention...

    Pourtant... Les temps changent, Castro vieillit, l’Amérique du Sud s’émancipe, pouquoi ne croirait—on pas à un Cuba qui progressivement abandonnerait la dictature pour aller vers la démocratie, pas un ersatz à l’ombre du colosse voisin, une démocratie vraiment indépendante qui s’appuie sur son peuple...

    C’est tout, j’ai été touché par ce que vous avez exprimé, par le fait que vous soyez blessé par des perfidies françaises bien cachées. C’est vrai qu’il y a beaucoup à faire chez nous. Vous êtes bienvenu, puissions nous être nombreux à vous écouter avec attention.

    ap

    • Heuuu, pardon de vous contredire. Ce n’est pas vrai que la personnalité et les agissements de Fidel Castro ont mis son pays au ban des nations. C’est l’incroyable prétention des Cubains, peuple et dirigeants, de préserver leur indépendance, de choisir un mode de développement solidaire, de ne pas faire de l’argent la valeur suprême, de la maladie une fatalité, de la famine un mal inhérent aux pays pauvres, de l’analphabétisme une donnée immuable. Bref, c’est de vivre en dehors de la loi de la Banque Mondiale, du FMI, de l’OMC, c’est-à-dire des USA.
      Vous dites "dictature". le mot est commode en effet pour désigner un pays où la pression mortelle d’un géant qui braque son bazooka, le doigt sur la détente, n’incite pas au pluralisme politique. Dans la cité de Carcassonne assiégée, les défenseurs qui faisaient l’éloge de l’assaillant où qui organisaient des débats abstraits tandis que les échelles se dressaient contre les ramparts risquaient dêtre passés par dessus bord. Cela dit, ne confondez pas : il n’y a pas à Cuba de police anti-émeute, jamais depuis 45 ans la police ou l’armée ne se sont tournées contre le peuple. Pis, celui-ci est armé.
      Et depuis quand avez-vous vu une dictature au ban des nations ? Cela fut-il le cas du Chili ? du Brésil ? de l’Argentine ? de la Colombie ? du Paraguay ? du Guatemala ? du Salvador ? du Honduras ? pays amis des USA ? Du Koweït ? de l’Arabie Saoudite ? Des Emirats Arabes Unis ?
      Ah ! si, nous avons un exemple : L’Afrique du Sud de l’Apartheid, pays pour lequel des soldats cubains sont allés mourir. Pas étonnant si le premier voyage de Nelson Mandela à l’étranger le conduisit.... à La Havane.
      Vous avez tort de miser sur la mort de Castro pour une décrispation . Au mieux, Cuba continuera (la relève est là, jeune, passionnée, brillante). Au pire, Cuba sera irakisée.
      La seule vraie solution humaniste, celle pour laquelle je milite est simple : pas touche à Cuba et mouvement des peuples jusqu’à obliger les USA à respecter l’intégrité de cette île, à promettre de n’y plus intervenir, ni militairement, ni par le blocus, ni par le financement de partis à sa botte. Ni par le financement de campagnes de presse (n’est-ce pas, Ménard ?).
      Maxime Vivas

    • Il reste le fait que Cuba n’est pas une démocratie, que des journalistes ou des dissidents ont été emprisonnés, qu’il n’y a pas (à ma connaissance) d’élections libres, etc.

      Lorsque Castro va mourir, probablement ses adjoints se débrouilleront pour récupérer le pouvoir en poursuivant l’oeuvre de Castro. Cependant, il est difficile de douter du fait que les Etats-Unis profiteront de ce moment pour s’imposer à Cuba (cela semble d’ailleurs plus ou moins implicite dans le "Comission For Assistance to a Free Cuba")...

      Et, évidemment, les Etats-Unis pourraient prétexter le fait du régime non-démocratique. Sauf si, d’ici là, l’île connaissait des changements politiques, ce dont on peut douter.

      Pourtant, l’éducation, la santé, ou d’autres droits fondamentaux sont toujours assurés à Cuba et c’est indéniable. Bien qu’il n’y ait pas de police anti-émeute, il y a une police politique. Peut être les Cubains sont ils armés et pourraient renverser le régime actuel, mais ce n’est pas suffisant pour empêcher la tenue d’élections libres ! De même que le prétexte de la pression militaire américaine.

      Selon vous, cette pression légitimerait les mesures de restriction d’un certains nombres de libertés à Cuba. Le gouvernement Bush s’est servi du même type d’alibi pour justifier son "patriot act" : la menace terroriste lui a permis de restreindre les libertés des citoyens américains...

      Castro a beaucoup d’amis. Alors d’une chose ou l’autre, d’ici à la fin de sa vie, soit il décide de suivre Garcia Marquez et Mandela sur la voie de la démocratie et des libertés, soit il suit plutôt Fraga (ancien ministre de Franco, président de la région Galice, et lui aussi ami de Castro).

    • Mmmhh, je connais très peu le sujet, c’est sûr, mais - sans faire de recherche sur la Toile et en utilisant seulement ma mémoire - j’ai souvenir qu’au déclenchement de l’invasion de l’Irak, qui monopolisait l’attention des médias, un certain nombre d’intellectuels ont été mis en prison dans votre pays. Pour des motifs intellectuels et pour de très nombreuses années. C’est pour moi une marque de dictature, et il me semble qu’avec un peu de recherche, sans même parler d’élections "libres et non faussées", je saurais en trouver d’autres...

      Qu’il y ait des raisons à ce comportement, je n’en doute pas, et que la réalité ne soit pas aussi simple que je l’ai exprimée (sans vouloir vraiment le faire), j’en conviens aussi. Je veux bien croire aussi que la situation n’est pas aussi figée qu’elle ne le semble et qu’une évolution vers des pratiques moins dictatoriales puissent se faire en douceur. En attendant, comme un français moyen sous-informé, mais pas tant que ça tout de même, je pense que Castro est un dictacteur et, comme vous le dites, j’en suis réduit à miser sur son départ (sûrement sa mort) pour qu’arrive ce que vous appelez une "décrispation", que j’appelle "une sortie de la dictature".

      Ceci étant dit, vous avez raison sur l’ostracisme économique. La Chine, par exemple, est une dictature, elle n’est pas du tout traitée sur le même plan que Cuba et ce n’est pas innocent. Cette façon de "faire deux poids deux mesures" est révoltante, et davantage pour des ONG que pour des gouvernements...

      ap

    • Estimado Sr. Vivas

      Je n’ai qu’une chose à dire : chapeau bas Maxime !!!

      Charles de Bellaciao

    • """(n’est-ce pas, Ménard ?)"""
      Mais de quel Ménard il parle çui-là.?
      Moi, A. Ménard, qui habite le trou du cul du monde (à l’île de Groix) je vous invite à lire ce qu’un pote Groisillon qui fait actuellement le tour du monde, écrit de son passage à Cuba.
      _Le seul souhait que mon grand âge m’autorise, c’est qu’un "sans-papier officiel" soit aussi bien reçu
      partout dans le monde !!!
      Et vous pouvez lire ce que notre concitoyen (Roquefeuil) pense de ses autres escales au même endroit : ile-de-groix.info (et il n’y a pas que ça d’intérressant...notre île en elle-même vaut le détour)

      AM

      http://ile-de-groix.info/article.php3?id_article=4549

    • Je veux rester courtois parce que je crois que les Internautes qui fréquentent cette liste sont des gens estimables avec qui je pourrai vibrer pour bien de justes causes qui nous réuniraient sûrement. Mais je lis ici trop d’affirmations erronées, parées du vernis de la vérité à force d’avoir été répétée par la presse asservie aux puissances d’argent
      Je vous mets au défi de me citer un reportage, un article, une libre opinion parue dans la grande presse (journaux, radios, télés) ces dernières années (mis à part le Monde Diplomatique et, plus rarement, l’Humanité) qui ne soit pas suystématiquement hostile à Cuba. Quand on a lu mille fois qu’un dictateur opprime un peuple, on finit par se dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et, faute d’autres informations, on se surprend à répéter.
      Ainsi, l’un dit qu’il n’y a pas d’élections à Cuba. Un autre que Castro a profité du détournement d’attention consécutif à la guerre en Irak pour arrêter des journalistes et dissidents.
      Il faudrait des pages pour réfuter autant de contrevérités concentrées ci-dessus.
      1) Renseignez-vous sur le système électoral cubain, vous aurez des surprises. Je vous en livre quelques-unes vite fait. Parti Unique ? Non, interdiction aux candidats d’être présentés par une organisation (même le PC), vote secret, plusieurs candidats, élu révocable par les électeurs, impossibilité d’occuper une haute fonction (même pour Fidel Castro) sans avoir d’abord été élu dans un quartier (n’est-ce pas, de Villepin ?), pas de professionnel de la politique (les députés conservent leur métier et en vivent, un ministre gagne 50 dollars par mois...). J’arrête là. Avant de me répondre, SVP, essayez d’en savoir plus sur les élections et replacez ce que vous aurez appris dans le contexte (c’est-à-dire, pensez au puissant voisin) et voyez s’ils peuvent vraiment faire mieux, en l’état.
      2) Les arrestations du printemps 2003 ont eu lieu AVANT le déclenchement de la guerre en Irak, contrairement à ce que RSF a craché et à ce que la presse servile et paresseuse a répété.
      3) Ce ne sont pas des "dissidents" qui ont été arrêtés, mais des "mercenaires", c’est-à-dire des citoyens qui, moyennant finances (parfois le double d’un salaire ministériel) fournissaient des renseignements à la puissance ennemi. L’un d’eux, en vérité un agent double membre de la sécurité cubaine, journaliste recruté par RSF (directement par Ménard à La Havane) a pu exhiber l’argent perçu, le passe permanent qui lui permettait d’entrer, de jour comme de nuit dans les locaux de la Mission US à La Havane (équivalent d’une ambassade). Il a raconté comment RSF lui reprochait de ne pas traiter Castro d’assassin dans ses articles de commande et comment il était interrogé sur le moral de l’armée et de la police (pouvait-il indiquer des opposants ?).
      4) Les milliers de Cubains qui ont signé, avec noms et adresses la pétition Varela pour exiger une évolution politique ne sont pas inquiétés : ils ont usé d’un droit constitutionnel.
      5) RSF et le chargé d’affaire US à Cuba incitent à la création "d’agence de presse indépendantes" souvent composés de quelques membres d’une famille qui reçoivent aussitôt du matériel et de l’argent (assez pour ne pas conserver un emploi, salarié et vivre bien). Quand ces indics sont mis hors d’état de nuire, RSF comptabilise les "journalistes" arrêtés.
      Bref, il serait bon de pouvoir discuter de la réalité cubaine, de ses défauts, mais un minimum d’information est nécessaire, faute de quoi, c’est sur une caricature qu’on discute et là, on est sur le terrain de Ménard et de Bush.

    • Bonjour,

      Fidel Castro est un "dictateur" c’est vrai, on ne peut le contester.

      Cependant, si on compare Cuba avec certains pays d’Amérique Centrale ou notamment avec sa voisine Haïti, je pense qu’il faudrait faire preuve de beaucoup de mauvaise foi en niant les différences de leurs évolutions respectives.

      En 1958, Papa Doc dirigeait Haïti et Batista Cuba. Dans les deux pays il y avait une classe de riches et une classe de pauvres analphabètes, sous-alimentés avec un taux de mortalité infantile élevé. Leur grand voisin, les USA les considérait avec bienveillance et il n’y avait pas de blocus.

      Quelque 47 ans plus tard, Haïti est toujours sous protectorat américain et n’a pas cessé de recevoir des aides internationales, elle n’a jamais subi les effets dévasteurs d’un blocus et cependant la situtation de sa population n’a guère changé.

      En ce qui concerne Cuba, si elle fait toujours partie des pays du tiers monde, son taux de mortalité infantile est devenu l’un des plus bas du continent, l’analphabétisme a été réduit de façon considérable et Cuba a envoyé quelques 15000 médecins dans divers pays en voie de développement (notamment au Vénézuéla) pour y apporter aide et formation et ce développement s’est fait malgré le blocus sévère imposé par les USA , blocus que les Nations Unies condamnent sans succès année après année.

      Washington, en prétextant rétablir la démocratie (on sait ce que cela veut dire) finance les ligues anti-castrites pour faire tomber le régime mais il y fort à parier que la population cubaine n’aura rien à y gagner.
      Outre le fait que les USA veulent étendre leur hégémonie du Canada à la Terre de Feu, ce qui les intéresse dans le cas de Cuba c’est de mettre la main sur les richesses du sous-sol et par dessus tout sur le pétrole découvert dans le golfe du Mexique et dont une partie se situe dans les eaux territoriales cubaines.

      Le bien-être de la population, comme on dit de façon triviale, ils n’en ont "rien à cirer".

      Alors, dictature ou république bananière ?

    • Bonjour Maxime,

      Merci pour la réponse à mon propos précédent (ici suivant), je trouve très pertinent de faire une comparaison avec Haïti.

      Je suis plus circonspect face aux propos que vous tenez ici.

      "1) Renseignez-vous sur le système électoral cubain, vous aurez des surprises. Je vous en livre quelques-unes vite fait. Parti Unique ? Non, interdiction aux candidats d ?être présentés par une organisation (même le PC), vote secret, plusieurs candidats,"

      Fichtre, pas d’organisation ! Et comment gouverner un pays sans s’organiser ? Il y a obligatoirement une organisation, celle qui gouverne et le fait qu’elle refuse toute autre organisation est symptomatique...

      "2) Les arrestations du printemps 2003 ont eu lieu AVANT le déclenchement de la guerre en Irak, contrairement à ce que RSF a craché et à ce que la presse servile et paresseuse a répété."

      Autant que je me souvienne, ce qui a été rapporté à l’époque ce ne sont pas les arrestations mais les condamnations à la prison.

      " 3) Ce ne sont pas des "dissidents" qui ont été arrêtés, mais des "mercenaires", c ?est-à-dire des citoyens qui, moyennant finances (parfois le double d ?un salaire ministériel) fournissaient des renseignements à la puissance ennemi. L ?un d ?eux..."

      Peut-être, comment peut-on le savoir, sans procés vraiment public ? Et même à supposer que ce soit vrai, cela justifie-t-il plusieurs dizaine d’années de prison ?

      Rétrospectivement, je crois que ces évènements de 2003 ont beaucoup contribué à mon changement d’opinion sur Cuba.

      Ceci étant dit, oui, je ressens un besoin de varier mes sources d’information. Comme beaucoup, j’ai une confiance très limitée en nos médias et avoir des infos d’un autre biais est appréciable, c’est pourquoi j’ai eu envie de vous répondre et je vous ai lu avec intérêt. Ca serait bien si vous aviez, avec des amis, un petit site pour expliquer et développer ce que vous dites là...

      ap

    • Je réfute le terme de "dictateur" pour désigner Castro.
      Quiconque l’a vu dans la foule à Cuba (alors qu’il est l’homme le plus menacé de mort au monde), dans la foule des pays d’Amérique latine qu’il visite peut comprendre qu’il y a autre chose.
      Je ne vais pas mobiliser ce forum car ça risquerait d’être long. mais imaginez que nous arrive en France, pour les prochaines présidentielles, un homme qui a bravé mille fois la mort pour ses idées (un peu De gaulle, un peu Jean Moulin), un théoricien tribun (Jean jaurès) , un Robin des bois qui a pris aux riches pour donner aux pauvres, un David qui reste droit devant Goliath, saupoudrez de quelque chose qui s’appelle charisme et dites-moi si vous voteriez alors pour François Hollande au second tour ?
      Est dictateur, non pas celui qui dure, mais celui qui massacre son peuple, le pille, l’abêtit.

  • Les cubains ont pourtant un bel exemple de démocratie sous les yeux : Guantanamo.

    • Toujours les mêmes donneurs de leçons, perroquets bien comme il faut, reprenant en choeur, à l’unisson la même partition des médias chics lorsqu’ils évoquent leurs sujets de prédilection : Cuba, le Venezuela etc.
      Bref, haro sur le baudet totalitaire...

      La DEMOCRATIE, si elle était aussi parfaite et sociale comme vous le laisser croire, cela se saurait car les pauvres qui constitue l’immense majorité de la population de la planète seraient logiquement au pouvoir depuis lontemps déjà, n’est-il pas vrai ?

      La DEMOCRATIE/LIBERTE, le destrier favori des Etats-Unis maître à penser en la matière et modèle du genre, c’est beaucoup plus simple DEMOCRATIE/LIBERTE = MARCHE, c.à.d bouffer et écrabouiller les autres, surtout ceux qui ne veulent pas suivre la même route qu’eux...

      Bravo et encore merci à Maxime Vivas pour sa claivoyance.

      Raul

  • Merci mille fois à Maxime Vivas. Dès que je parle de Cuba autour de moi, je me rends compte à quel point la désinformation est à son sommet sur ce pays. Et à chaque fois je me retrouve à avoir ce type d’échanges qu’il y a eu entre Maxime Vivas et "ap". Et c’est terrible car même quand ce sont des gens plutôt progressistes, ils reconnaissent qu’ils ne sont pas trop informés (pour ne pas dire pas du tout) mais ils défendent à fond la seule chose que la presse commerciale française leur sert, comme quoi Castro est affreux dictateur !
    Je recommande à ceux qui ne le connaisse pas, le site internet de RISAL qui est excellent, sur Cuba notamment (avec notamment des articles de Maxime Vivas et de Salim Lamrini).
    Henri.

    • Petite correction : il s’agit de Salim Lamrani et non Lamrini. Pardon à lui.
      Henri.

    • Oui ,Henri, RISAL est très bien et CubaSolidarityProject@yahoo.groupes.fr aussi.
      Sur la désinformation (qui nous navre parfois) une anecdote. Robert Ménard, chef à vie de RSF a organisé en 2003 une réunion anti-cubaine au théâtre du Rond-point à Paris. La gauche caviar paillette était là (pas en grand nombre, cependant). Un de mes amis, très investi dans les milieux culturels s’est ému de voir dans le lot deux artistes connus (je cafte pas, ici) et les a contactés pour leur parler de la caution qu’ils avaient donnée à une ONG douteuse et à une mauvaise cause. "Au bout de cinq minutes de discussion, me dit-il, je me suis aperçu qu’ils n’y connaissaient rien. Au bout de dix minutes, ils en convenaient volontiers".
      Mais, a priori, ces gens de gauche, gens de coeur, honnêtes, croyaient savoir que Castro est un dictateur et Cuba un goulag tropical. Pourquoi ? Parce que c’est la seule chose qu’on nous dit ici de Cuba.
      Maxime

  • Même si je repproche à Castro sa trop grande personnalisation du pouvoir, le fait de dire qu’un révolutionnaire ne prend pas sa retraite, qu’il envisage son frère, à peine moins âgé que lui pour lui succéder, même si je repproche cela et d’autres choses, je reste très largement aux côtés du Cuba d’aujourd’hui.
    Je regrette la pusillanimité de l’Humanité à propos de la défense de ce peuple courageux et de ses valeurs, de même que sa crainte à stigmatiser Ménard, fer de lance des fachos de Washington en Europe.