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Faute de grives, on ne se contentera pas de merle

Publie le jeudi 17 novembre 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

Le scientifique de l’éducation de l’IUFM de Bretagne P. Merle s’entretient avec un journaliste dans Sciences Humaines de novembre 2005, à l’occasion de la parution de son livre sur "l’humiliation" des élèves.

"49 % des élèves déclarent s’être sentis parfois ou souvent humiliés ", nous dit le pédagogue, hors-sol depuis près de quinze ans. Face à ce tragique constat, notre expert avance des explications dont la sagacité nous coupe la chique : "les élèves faibles déclarent beaucoup plus souvent le sentiment d’être humiliés que les bons élèves" . Il croit également savoir que " la concurrence scolaire liée à l’importance actuelle du diplôme rend les élèves beaucoup plus sensibles aux propos humiliants des professeurs". Ce drôle d’oiseau nous démontre alors la cohérence de sa pensée : "si un diplôme apportait davantage d’emplois, les élèves seraient plus studieux".
Enfin quand il s’agit d’expliquer pourquoi le sentiment d’humiliation n’a pas disparu chez les élèves, (et alors que les enseignants sont quotidiennement humiliés par le manque de respect à leur égard et le mépris du savoir et de la culture de beaucoup d’élèves), le théoricien a la bonté de nous indiquer les ouvrages contraires au dogme : "la fabrique du crétin (1) respire un petit parfum d’injure".
Un jugement d’une extrême courtoisie, et qui en plus a le mérite de viser à limiter les tentatives de comprendre certaines causes du désastre de l’Education nationale.

(1) JP Brighelli, La fabrique du crétin, JC Gawsewitch, 2005, 16,90 euros.

Messages

  • Les études du sociologue P. Merle valent ce que valent l’étude des sentiments humains.

    MERLE n’étudie pas l’humiliation chez les élèves, mais le "sentiment d’humiliation".

    Voici une notion remarquablement facile à définir, surtout chez des adolescents !

    Tout sociologue, et même toute personne sensée, peut comprendre que les conditions de l’enquête vont induire chez les élèves une sur-représentation du "sentiment d’humiliation".
    Le questionné se conforme souvent à ce qu’il pense être la bonne réponse, la réponse attendue par le questionneur.

    Des sociologues sérieux, comme P. Champagne, ont étudié cela pour dénoncer l’utilisation des sondages en politique, en remarquant que l’on pouvait obtenir une très grande variabilité de réponses en fonction des conditions dont la question est posée.

    Les élèves en difficulté vont-ils être aidés par le "travail" de MERLE ?
    A QUI va réellement servir cette étude hautement scientifique ?