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Del Piero, le Duce, Pasolini, Bruno et la globalisation de l’idéologie

Publie le vendredi 2 décembre 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

de Enrico Campofreda traduit de l’italien par karl&rosa

Ce n’est pas facile de relancer la mémoire dans la période où l’attaque contre elle et son engourdissement par ceux qui à travers le révisionnisme coupent, modifient, recousent l’histoire et la juxtaposent à leur restyling politique se fait plus pressante. Le Champion de cette entreprise est la Droite fasciste transformiste qui, recyclée par Berlusconi, a trouvé le moyen de satisfaire ses appétits de macro pouvoir en politique nationale et internationale. Forte des hommes de sa propagande, camouflés en journalistes de la Rai fascisée et des médias qui ne sont plus des organes de parti ou des périodiques d’opinion, cette Droite s’échauffe en évoquant les temps "où Il était là", des temps qui - ce que confirment les professeurs révisionnistes de chez nous - n’étaient ni tristes ni sombres.

La transversalité du transformisme est si ample que cette Gauche qui n’aime pas être de gauche en rajoute du sien à l’ample chœur : hier Violante qui cherche les raisons des "garçons" de Salo’, aujourd’hui D’Alema qui donne des leçons au CNL sur la façon dont on devait traiter Mussolini après le 25 avril.

C’est un tableau parfaitement ravageur qui continue en mêlant tout dans le Blob de la désinformation médiatique et de l’inculture, d’une analphabétisation scolaire, de la banalisation de symboles et d’idéologies, de sottises, d’indifférence et d’infamies à la mode.

Si le petit calendrier du Duce est vendu dans les kiosques à côté de celui du Che, dont le visage a été déjà misérablement commercialisé des années durant, la superficialité de la vie actuelle pose la question en guise d’un résultat nul dans un match de foot. Si tu soutiens le Che comme s’il était Del Piero, je peux tranquillement soutenir Benito comme s’il était Totti (que le joueur de la Rome ne m’en tienne pas rigueur à cause de la comparaison), quitte à découvrir que l’apologie du fascisme est encore un crime.

Mais à qui cela intéresse aujourd’hui ? Avec les La Russa qui braillent à propos du droit de rappeler le chef du fascisme dans sa qualité d’homme d’Etat et quelques DS de service invitant à le laisser dire parce que nous sommes en démocratie, le scénario esquissé est très actuel et possible. Nous aimons la démocratie et nous la défendons mais cet oxymore politique appelé "Casa della Libertà" est-il la même chose ?

Nous avons déjà dit du retour de la politique bon enfant qui voit le Maire de Rome et probable futur leader de l’Union attribuer à des rues les noms d’un gauchiste et d’un fasciste, en dépoussiérant ainsi de malheureuses théories d’extrémismes opposés, en étant quitte et en contentant tout le monde. Ou faisant accepter une idée passe-partout de ces choix politiques, jamais les mêmes, sur la base de l’âge des jeunes. Justement comme le conte des "garçons" de Salo’, dont on a arrêté de rappeler qu’ils pourchassaient et torturaient les partisans et servaient les assassins nazis en brutalisant et en massacrant avec les partisans la population civile. L’opération des "plaques alternées" ne promeut pas la démocratie mais la salit, c’est un peu comme imprimer les calendriers du Duce et les vendre à côté de ceux du Che.

L’histoire et aussi faite de détails et les détails mentionnés ne sont pas des inepties, on doit les rappeler, on ne doit pas les cacher et les soumettre à révision. Ainsi comme on doit rappeler le rôle de la DC dans l’après-guerre, l’ingérence américaine dans la vie nationale, l’usage de criminels fascistes réorganisés dans le MSI et nourris par les RG italiens et étrangers, la stratégie des massacres et des ainsi dits mystères d’Italie.

La mémoire historique ne doit pas servir à faire du sensationnalisme pour des noirs à la télé, la mémoire la plus vive et utile est celle qui rappelle le passé et ne le fait pas en le réécrivant à merci mais le met au service du présent et de l’avenir.

Dans le souvenir de nombre d’évènements des années Soixante-dix dont on célèbre dans ces jours trente années bien tristes (2 novembre le meurtre du poète Pasolini, 22 novembre l’assassinat du militant Piero Bruno), la fausse note est une mémoire sans justice. Une mémoire qui n’est que témoignage douloureux reste impuissante envers des responsabilités précises est certaines. Si elle ne devient que célébration, elle risque le plagiat des transformistes politiques, l’incompréhension des nouvelles générations et l’asphyxie. En divulguant le message pasolinien et l’exemple de la meilleure jeunesse sacrifiée à une vie meilleure, joyeuse, collective comme le faisait Piero, étudiant du quartier Ostiense, on pourra relancer ces idéaux. Pour essayer de revivre en public et en privé des valeurs semblables et ne pas s’aplatir dans la globalisation de l’idéologie.

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=11341

Messages

  • C’est sans doute en réaction avec une misérable tentative de berlusconi pour faire croire qu’il est contre les dictatures. Peut-être que sur une affiche de propagande appelant à la liberté et à la lutte contre les dictature, il a oublié la photo de Mussolini.

    Cela dit, en france, la photo de Philippe Pétain est rarement montrée fierement non plus.
    Il était le héro de la révolution nationale, un terme encore employé par certains partis politiques en france (FN par exemple, ou bien l’ex-parti du petit bruno mégret, dont le nom m’échappe).

    Sa devise était travail-famille-patrie, pour remplacer Liberté-Egalité-Fraternité , pour une raison sans doute liée à sa répulsion aux idée républicaines issues de la révolution française de 1789.

    Son gouvernement était très patriote . Il a duré pas très longtemps (1940-1944), mais il a marqué les esprits.
    Ecoutez attentivement les discours actuels de certains députés UMP, cela ressemble parfois à un copier/coller des discours de cette période.

    Ne pas se rappeler d’où viennent exactement les idées du F.N., qui influencent actuellement si activement l’U.M.P., c’est commettre la même erreur que des footballeurs italiens ignares.

    Sans l’excuse d’être ignare.

    jyd

  • en regardant la photo il me semble qu’il manque quelqu’un ? un petit SARKO !
    Arlequin