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A l’ANPE, "plus impliqué dans le poste, plus de prime"

Publie le lundi 20 octobre 2003 par Open-Publishing

LE MONDE | 18.10.03
Les directeurs départementaux et régionaux sont récompensés en fonction de
statistiques locales sur le nombre de chômeurs ou de RMistes.

Cette directrice départementale de l’ANPE a reçu, il y a quelques mois, sa
première "prime de performance" : "environ 2 000 euros". Et comme elle
dirige un "grand" département, elle perçoit une indemnité forfaitaire de
direction de 2 940 euros - cette prime étant de 1 470 euros dans les plus
petits départements. Elle préfère rester anonyme, mais livre son salaire
brut annuel : "Dans les 46 368 euros, hors primes." Nous l’appellerons
Anne.

Tous les directeurs départementaux et les directeurs régionaux perçoivent
désormais ces deux primes, selon un accord signé en 2001 par la CFDT et la
CFE-CGC, et rejeté par le Syndicat national unitaire (SNU, affilié à la
FSU), majoritaire à l’ANPE, ainsi que par les autres organisations
syndicales de l’entreprise publique. Les premiers assument l’idée que l’ANPE
est une "entreprise de services", les seconds maintiennent que le service
public de l’emploi "ne peut pas être une entreprise comme les autres".

Cette gestion des agents "d’en haut" est destinée à coller au plus près du
terrain : chaque directeur départemental ou régional fixe les critères de
la prime de performance avec son supérieur hiérarchique. Les objectifs
peuvent varier d’un département à l’autre, "car chaque bassin d’emploi est
différent", explique Anne. Selon les cas, on accordera plus ou moins de
poids à la "diminution du nombre de jeunes demandeurs d’emploi" ou au
"nombre de sorties de bénéficiaires du RMI".

MOBILITÉ ENCOURAGÉE

Globalement, le montant de la prime de performance versée en 2003 a oscillé
entre 350 euros et 4 700 euros, avec une moyenne de 2 320 euros, selon la
direction générale. Elle représente 5 % de la rémunération fixe annuelle
des directeurs départementaux. "Plus on est impliqué dans le poste, plus la
prime augmente", résume Anne.

C’est l’inverse avec l’indemnité forfaitaire de direction, dont le niveau
diminue avec le temps. C’est qu’elle obéit à une logique différente : elle
vise à récompenser la mobilité géographique ou fonctionnelle des directeurs
départementaux qui, désormais, doivent changer de poste tous les cinq ans.

Ainsi, 100 % de la prime est versée six mois après l’arrivée sur le poste
 ; puis seulement 50 % au bout de 18 mois, 25 % au bout de 30 mois, etc.,
jusqu’à devenir nulle au-delà de 42 mois. Soit un an et demi avant la
prochaine mutation. "C’est le signe qu’il faut commencer à chercher
ailleurs", explique Anne, qui juge cet accompagnement financier
"insuffisant" pour compenser les tracas d’un déménagement.

La rémunération au mérite va s’étendre progressivement aux agents "d’en
bas". Déjà, les directeurs d’agence perçoivent une prime annuelle qui peut
représenter jusqu’à 15 % de leur rémunération annuelle fixe, ainsi que les
animateurs d’équipe. "En 2004, ces deux primes seront fusionnées et leur
montant revalorisé pour instituer une prime de performance voisine de celle
des directeurs départementaux", dit-on à la direction.

RÉPARTITION CONTESTÉE

PAR AILLEURS, TOUS LES AGENTS REÇOIVENT UNE PRIME D’INTÉRESSEMENT LIÉE À
L’ATTEINTE D’OBJECTIFS NATIOnaux et locaux. Le secrétaire général du
SNU-ANPE, Noël Daucé, pointe les effets pervers de ce dispositif en
s’appuyant, par exemple, sur l’objectif de diminution du nombre de chômeurs
de longue durée : "Il suffit que l’ANPE fournisse une prestation de type
bilan de compétences ou stage, et non pas une réelle insertion de qualité,
pour que la personne quitte cette catégorie."

Il ajoute que, dans une période de taux élevé de chômage, la répartition de
la prime d’intéressement peut s’avérer inéquitable. "Les agences des
quartiers difficiles ont beaucoup de travail à fournir ; mais, comme elles
ont évidemment du mal à remplir les objectifs, elles reçoivent de faibles
primes."

Clarisse Fabre