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Ma part de vérité - Lettre de Raoul Marc Jennar

Publie le lundi 15 janvier 2007 par Open-Publishing
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Mosset, le 15 janvier 2006

Je me suis trompé. Et je tiens à m’en expliquer.

Publiquement. C’est nécessaire puisque, parmi les aménités que m’ont été adressées par un certain nombre de personnes qui pourtant prétendent faire de la politique autrement, j’ai été accusé d’user et d’abuser de l’autorité morale qui serait la mienne. On me reproche d’avoir, en vue des élections présidentielles, préféré Yves Salesse à José Bové, puis, dans un effort ultime, désespéré et pathétique pour sauver la démarche unitaire, d’avoir proposé Francis Wurtz en remplacement de Marie-George Buffet.

Je suis un simple citoyen. J’exerce depuis de nombreuses années une activité de chercheur en science politique. Fidèle à ce que m’a appris Pierre Bourdieu, je me suis efforcé de devenir un chercheur militant afin que les militants puissent devenir eux-mêmes des chercheurs. Et je suis donc devenu un décodeur, un défricheur de textes internationaux souvent inaccessibles, toujours inintelligibles afin que chaque femme et chaque homme puissent se les approprier et juger ainsi de la manière dont les décideurs orientent nos destinées. Habitué à cet exercice, c’est tout naturellement que je l’ai appliqué au traité constitutionnel européen.

Comme j’ai la passion de mes engagements, c’est aussi tout naturellement que j’ai répondu cent trente deux fois aux invitations à expliquer le TCE et les raisons de le rejeter. Il paraît que j’en aurais acquis une autorité morale. Je n’en sais rien. Cela ne m’intéresse pas. Je n’ai que mépris pour tout ce qui confine au médiatique. Je n’ai pas besoin d’être populaire pour être heureux. Même si, comme tout pédagogue, je ressens du plaisir à expliquer, à convaincre.

Par contre, ce que je sais, c’est que je me suis retrouvé, presque malgré moi, dans une aventure que, sans le précédent de la campagne référendaire, j’aurais sans doute regardée en observateur et où je suis devenu un acteur. Un acteur modeste sans doute, mais un acteur quand même. Cette aventure, c’est celle d’une belle ambition : donner un prolongement politique au refus du TCE exprimé par 12 millions de femmes et d’hommes qui partagent des convictions de gauche. Dès la veille du référendum du 29 mai, je n’ai pas cessé d’exprimer, à travers de multiples écrits, une préoccupation partagée par beaucoup : "nous avons suscité une immense espérance, nous n’avons pas le droit de décevoir" [1] .

Mon erreur fut de croire que la volonté d’unité était partagée par tous. Par les individus comme par les appareils qui composaient notre rassemblement antilibéral de gauche. J’avais été de ceux, assez rares, qui s’étaient inquiétés lorsque Mme Buffet, une semaine à peine après le 29 mai, avait annoncé sa candidature aux présidentielles. Mais nombreux autour de moi ont été ceux qui m’ont alors expliqué que le PCF avait vraiment changé, que Mme Buffet manoeuvrait habilement pour ménager les staliniens et les carriéristes de son parti et qu’elle était portée par un courant vraiment pénétré par la nécessité de ne pas confondre rassemblement et ralliement. Et ceux qui me le disaient avaient à mes yeux un avantage sur moi, qui ne vit en France que depuis quelques années et qui n’a connu comme communistes que ceux du Cambodge et du Vietnam. : ils avaient pratiqué, côtoyé ou observé le PCF depuis longtemps. Ils disaient bien le connaître. Le seul à me tenir des propos contraires fut Alain Krivine, qui invoquait sa longue expérience au sein de ce parti pour me dire "elle a annoncé sa candidature, elle l’a maintiendra envers et contre tout." En août 2005 !

Mais comme cette lucidité venait du leader historique de la LCR, qui a quand même quelques comptes à régler avec le PCF, j’ai préféré croire mes camarades de ce qui allait devenir le collectif national où ma présence fut réclamée comme porte-parole par l’assemblée des délégués qui l’a investi. Et donc, j’ai considéré que toutes les options étaient ouvertes.

Dans ce contexte, mon opinion sur la candidature était la suivante :

 a) José ne devait pas être candidat pour garder absolue son immense autorité morale et agir en gardien vigilant de l’unité ;

 b) il fallait que nous montrions le sérieux et la rigueur de notre rassemblement en proposant la personne la plus compétente, le candidat ayant la plus forte maîtrise de tous les dossiers et capable de débattre de ceux-ci avec n’importe quel adversaire. Ma conception de la démocratie ne privilégie pas la popularité sur la compétence. Ce n’est pas parce qu’on accède facilement aux médias qu’on est capable de gérer des dossiers en toute indépendance d’esprit. Je sais, par expérience professionnelle, que l’incompétence des élus et des gouvernants facilite l’influence des lobbies et l’adoption de lois et de traités qui génèrent de l’injustice et de la souffrance. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé la candidature d’Yves Salesse dont personne ne peut contester sa maîtrise des dossiers et sa supériorité, à cet égard, sur tous les autres candidats.

C’est l’origine de mon erreur. Si j’avais maintenu la méfiance à l’égard du PCF qu’avait suscitée l’annonce si rapide de la candidature de Mme Buffet, j’aurais compris qu’il fallait un seul candidat en face d’elle, qu’il fallait rassembler tous les courants et toutes les individualités pour faire contrepoids à l’appareil du PCF. Dans une telle perspective, la candidature de José s’imposait. Je n’ai pas compris cela. D’autant moins, que toutes les personnalités du PCF que je rencontrais, avec lesquelles, dans certains cas, je collaborais, manifestaient un esprit d’ouverture qui me confortait dans ce que me disaient mes amis du collectif national sur les changements intervenus au PCF.

D’avoir donc soutenu quelqu’un d’autre que José m’a valu de la part de certains de ses partisans inconditionnels d’être traité de "diviseur". Même si je savais que les épithètes sont, comme d’habitude, l’argumentation préférée des fanatiques, je comprenais d’autant moins que, pour moi, il était normal qu’il y ait plusieurs candidatures.

Les débats qui ont précédé l’adoption du document "Ambition-stratégie-candidatures" m’ont à nouveau alerté. Sur deux points. Tout d’abord, il était manifeste que le PCF refusait toute référence à la recomposition du paysage politique à la gauche du PS et qu’il ne pouvait être question d’indiquer que non seulement nous ne voulions pas faire un coup politique en 2007, mais que nous nous inscrivions dans la durée avec pour objectif un "nouvel espace politique". Mais, toujours confiant, j’ai même plaidé, dans certaines conférences, en faveur de la compréhension qu’il fallait témoigner à l’égard de partis qui ont une histoire et qu’il faudrait ménager des transitions.

Le deuxième point concernait les relations avec le PS. On sait que la formule inscrite dans l’Appel du 11 mai avait été insuffisante pour que la LCR puisse signer cet Appel. J’étais de ceux qui lui ont donné raison. Notre texte du 11 mai devait être plus précis. Les contacts qui furent menés pour inscrire dans le document "Ambitions-stratégie-candidatures" une formulation ne laissant pas de place à des inquiétudes légitimes ont abouti à un texte qui, personnellement, me satisfait. Mais ce qui m’a inquiété, c’est que le PCF a refusé une formulation encore plus précise qui avait été rédigée par un de ceux qui négociaient avec lui.

Ma confiance a totalement cessé au début de la dernière étape, quand la question fut celle du choix d’une candidature. Quand j’ai appris de tous les coins de France, en particulier là où j’avais donné des conférences pendant la campagne contre le TCE, que se créaient subitement des "collectifs" bidons qui ne rassemblaient que des militants du PCF, que se multipliaient des collectifs où les militants de ce parti imposaient la loi du nombre plutôt que le consensus, que, parfois, le seul nom de Mme Buffet était soumis à la discussion et que, le jour du choix, des militants du PCF jamais vus auparavant venaient en grand nombre participer au vote, j’ai compris que les pratiques léninistes - j’ai quand même quelques lectures - étaient restées bien vivantes et que l’appareil de ce parti n’avait en rien changé.

Un rassemblement comme le nôtre n’était pas en mesure de supporter la logique du rapport de forces. Le comportement du PCF détournait des collectifs des militants non encartés qui s’étaient engagés dans la campagne contre le TCE et qui me téléphonaient pour me dire qu’ils ne voulaient pas être soumis au PCF. Notre rassemblement était donc en grave danger. J’ai multiplié les alertes auprès du collectif national. Je n’ai pas été entendu. Pour donner du poids à mes cris d’alarme, j’ai démissionné. José m’a informé qu’il ferait de même si, dans les trois semaines, rien ne changeait. Mon geste a eu le mérite de mettre au grand jour les pratiques du PCF. Malheureusement, il n’a pas incité la majorité du collectif national à s’opposer à ces pratiques.

Cette démission du collectif national - je suis resté actif dans mon collectif du Conflent, dans les Pyrénées orientales, et je n’ai pas cessé par mes écrits d’intervenir dans le débat - m’a valu des tombereaux d’injures de la part de militants communistes. Ce qui m’a confirmé que ceux-là au moins n’avaient pas changé du tout. On était bien dans la tradition léniniste de la diabolisation du contradicteur. Elle m’a valu aussi d’être traité de "déserteur". Un déserteur, c’est-à-dire un lâche, un traître. Moi qui n’ai pas eu de carrière, car toute ma vie professionnelle a subi les contre coups de la fermeté de mes engagements. Jamais, de toute ma vie, je n’ai été aussi sali que depuis que je milite dans le pays de Voltaire (« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire. »).

Lorsque mes craintes ont été confirmées par l’attitude du PCF qui, tirant parti d’une manipulation massive des collectifs, oubliait soudainement la règle du consensus et invoquait la démocratie pour imposer le ralliement à sa secrétaire nationale, j’ai soutenu l’idée d’une candidature de Francis Wurtz. Tout d’abord parce que les qualités qui sont les siennes et que j’ai décrites dans mon texte de soutien sont réelles. Ce n’est pas un clône de Mme Buffet. Ensuite, parce qu’il me semblait important, dans une logique de rassemblement, de montrer qu’il n’y avait aucune hostilité de principe à ce qu’un communiste puisse être notre candidat. Enfin, parce qu’il m’apparaissait, ainsi qu’à plusieurs membres du collectif national, qu’il s’agissait là de la dernière chance de sauver la démarche unitaire.

Cette chance n’a pas été saisie. Et peut-être est-ce mieux ainsi, puisque de toute façon notre rassemblement était gangrené par des pratiques à l’opposé de la volonté unitaire qu’il prétend mettre en oeuvre. Ce que j’ai pu mesurer aussi par les réactions à mon soutien à cette ultime tentative. En guise d’arguments, des insultes. Vieux procédés qui signent les limites de notre démarche.

Il nous faut donc prendre acte et faire du neuf.

Prendre acte signifie reconnaître l’échec d’un rassemblement qui réunit des appareils de partis et des personnes non encartées.

Prendre acte signifie intégrer le danger de la rémanence d’une culture politique caractérisée par le besoin de rapports hiérarchisés et par l’habitude de disqualifier celui qui pense autrement.

Prendre acte signifie enregistrer la faiblesse d’un projet issu de compromis et non de convictions.

Prendre acte, c’est aussi reconnaître que parmi celles et ceux qui ont refusé le TCE parce qu’ils sont de gauche, au moins 85% n’appartiennent pas à l’électorat régulier des partis associés dans les collectifs du 29 mai. [2]

Prendre acte, enfin, c’est admettre qu’on ne fait pas du neuf avec du vieux, que les défis du siècle qui commence appellent d’autres analyses, d’autres méthodes, d’autres instruments que ceux que le 20e siècle nous a légués.

Faire du neuf signifie avant tout mettre nos pratiques en cohérence avec nos idéaux et nos valeurs. Comment peut-on prétendre bâtir un monde plus fraternel et plus juste si, même entre nous, nous sommes incapables d’un minimum de fraternité et de respect de l’autre ?

Faire du neuf, c’est imaginer pour créer. L’espérance que nous avons suscitée doit trouver son prolongement politique. Ce qui exige de notre part, en tirant les leçons du passé, une capacité à inventer. Inventer un projet en phase avec les besoins du plus grand nombre. Inventer une réponse appropriée aux conséquences dramatiques pour les humains et pour la planète des politiques pratiquées jusqu’ici.

Faire du neuf, c’est intégrer enfin les dimensions spatiales nouvelles des défis auxquels nous sommes confrontés. Notre rassemblement est né d’un combat contre un projet européen, pas contre l’Europe. Mais dès le lendemain du référendum, la tendance majoritaire était de revenir dans nos limites hexagonales. Alors que l’essentiel de ce qui conditionne nos vies se décide d’abord dans les cercles du patronat européen, puis au sein des institutions européennes.

Faire du neuf, c’est aussi forger l’outil qui portera ce projet. Et je ne peux que répéter ce que j’ai déjà écrit. Il nous faut concevoir, après mûres réflexions, une manière d’agir ensemble qui évite les pièges du passé. Il faut tenir compte des expériences passées, de la crise des partis politiques et de leur rôle dans la crise de la démocratie. Il faut réfléchir aux tentatives de faire de la politique autrement qui ont échoué et analyser les causes de ces échecs. Il faut intégrer dans notre réflexion les explications du succès international du mouvement altermondialiste (qui ne se réduit pas à Attac, enfin sortie de crise) et de la campagne contre le TCE : le travail en réseaux plutôt que l’organisation hiérarchique pyramidale traditionnelle. Nous devons imaginer une manière nouvelle d’agir dans l’espace public qui soit en permanence en prise avec les gens et qui ne confisque pas la volonté des gens au profit d’appareils.

Faire du neuf, c’est créer une façon de militer ensemble

* qui soit démocratique, mais capable néanmoins de faire des choix,
* qui crée des liens de respect et de fraternité entre ses membres
* qui pratique en son sein les valeurs dont il se dit porteur
* qui apporte une réponse aux problèmes que posent à une véritable démocratie les limites de la délégation,
* qui ne soit pas une fin en soi, mais un outil pour la transformation,
* qui évite les pièges de la "carrière politique",
* qui soit au plus proche des gens,
* qui respecte les autonomies et les diversités
* qui rassemble sans se diluer,
* qui soit en capacité de surmonter les pièges de la personnalisation et de la médiatisation.

Je n’ai pas de formules toutes faites. Elles n’existent pas. C’est bien pour cela qu’il faut réfléchir et travailler ensemble pour créer. Cela ne s’improvise pas dans la précipitation et l’agitation.

L’Appel à José Bové

Je n’ai pas immédiatement signé cet appel. Parce que je savais que José n’envisageait d’être candidat que dans un contexte unitaire et que je doute fort, toutes choses restant égales par ailleurs, que Besancenot et Buffet retirent leur candidature. Je ne l’ai pas signé non plus d’emblée, car j’aurais préféré un appel à un projet plutôt qu’à un homme. Je ne prise guère la personnalisation du débat politique. Mais j’ai compris que le mérite premier de cet appel est de montrer aux appareils que ceux qui ne sont pas encartés ont une existence réelle. Bien entendu, je sais que les initiateurs de cette démarche ont d’autres ambitions.

Mais signifier par une pétition ayant un large écho que les non encartés existent et qu’ils peuvent peser ; démontrer que José peut réunir sur son nom, par une démarche libre et spontanée, autant sinon plus de voix que celles obtenues grâce à la manipulation des collectifs par Mme Buffet ; entretenir une dynamique mobilisatrice qui donne du corps à la perspective d’un nouvel espace politique sont aussi des objectifs que permet d’atteindre cette pétition. Ces objectifs-là sont, à mes yeux, au moins aussi importants que les scénarios échafaudés ici et là dont certains, pour le moment en tout cas, relèvent surtout de la politique fiction.

C’est la raison pour laquelle j’ai signé et j’invite à signer cet appel

Propositions pour 2007

En m’efforçant à la cohérence avec ce qui précède, en tirant les leçons de mes propres erreurs (penser que le PCF avait changé et écouter ceux qui me le disaient), en évitant - ne fut-ce que par respect pour la discipline que je sers - de faire de la politique fiction, je voudrais suggérer ce qui suit dont nous pourrions tous ensemble débattre les 20 et 21 janvier :

(1) je suis d’accord avec la proposition qui consiste à dire que ce sont des citoyennes et des citoyens qui se réunissent à Montreuil, en dehors de toute référence à un parti ou à une association et en excluant qu’il y soit fait référence. Je propose que ce soit la première décision de l’assemblée. Et que ceux qui ne sont pas d’accord la quittent.

(2) je propose que l’assemblée se prononce ensuite sur un ordre du jour clair et précis. Je considère donc l’ordre du jour annoncé comme une proposition qui peut être remise en question. La seule légitimité réside désormais dans l’assemblée qui va se réunir.

(3) Mes propositions pour l’ordre du jour sont les suivantes :

* a. permettre l’expression du plus grand nombre sur les causes de l’échec du projet lancé par l’Appel du 11 mai et en tirer des conclusions concrètes ;

* b. sur la base de la situation telle qu’elle se présentera le 20 janvier, suite à l’Appel lancé à José Bové, décider d’une ligne politique pour les présidentielles ;

* c. débattre des élections législatives, mais en s’accordant au préalable sur une ligne politique claire : seuls recevront notre label des candidats totalement indépendants des partis existants et décidés à faire campagne en toute autonomie au nom de notre rassemblement. S’il devait y avoir des accords avec le PCF et la LCR, cela signifierait dédouanement des partis qui ont brisé la démarche unitaire ; ce ne serait que magouilles ;

* d. débattre du nouvel espace politique à créer avec pour objectifs au terme de nos deux journées : - choisir une dénomination : nous avons à nous définir non seulement par ce que nous condamnons et rejetons, mais aussi et surtout par ce que nous proposons. On ne peut pas se définir exclusivement comme des "anti" ; - définir les équipes de base (les comités locaux) et les critères qui les valident, - mettre en place un groupe de réflexion et de proposition sur les formes futures de ce nouvel espace politique ; - mettre en place un groupe de travail chargé du réexamen des 125 propositions trop connotées par les concessions lourdes qu’il a fallu faire à la direction du PCF ; - désigner un comité national provisoire en place au moins jusqu’au deuxième tour des élections législatives, chargé de valider les équipes de base et de coordonner les actions décidées par l’assemblée.

* e. décider qu’une nouvelle assemblée se réunira au lendemain de l’élection présidentielle pour prendre attitude en vue des élections législatives.

Je voudrais immédiatement indiquer à ceux qui ne sont pas d’accord avec mes propositions que ce ne sont que des propositions et qu’ils n’ont pas besoin de m’injurier s’ils veulent les rejeter. Merci.

Depuis que j’ai commencé à m’exprimer publiquement en France en juin 2000, à Millau, je me suis toujours exprimé de bonne foi. En toute sincérité. Je crois avoir eu raison dans un certain nombre de cas. Et je n’hésite pas à reconnaître que je me suis aussi trompé. Je n’ai pas le sentiment - ridicule, mais fréquent en France - de perdre la face en reconnaissant une erreur. Mais je ne suis pas certain que la sincérité soit une qualité reconnue par tous. J’espère qu’elle le sera au sein de ceux qui vont désormais se mobiliser pour une alternative démocratique, sociale et écologique en France et en Europe.

Messages

  • Il y a quelque chose de touchant dans cette longue lettre qui décrit sur le fond la différence fondamentale entre le chercheur et le politique.

    Ce que Bourdieu avait bien perçu même s’il s’est parfois fourvoyé comme quand il avait voulu faire de la candidature Coluche une candidature de témoignage de la vanité du politique. Bourdieu capable d’analyser avec une grande finesse la société n’avait pas su sortir de sa déception devant la rupture de l’union de la gauche. Cette union de la gauche avait été une stratégie dans laquelle toute une génération avait cru, s’était reconnue.

    Cette stratégie avait abouti à redonner vie à un PS qui s’était historiquement déconsidéré dans les guerres coloniales et elle avait offert à un intrigant trouble un appareil pour devenir Président. Est-il temps aujourd’hui de dénoncer les années Mitterrand alors même que de Renaud à Guediguian il y a tant de coupable faiblesse pour cet homme trouble qui n’eut jamais d’intérêt que pour son propre destin et considéra la présidence comme un médicament de confort pour une éternelle agonie. Les années Mitterrand furent celles où la gauche perdit pied, non seulement le PCF fut réduit à néant, mais le PS devint ce qu’il est aujourd’hui le parti que rien ou presque rien ne sépare de la droite. Les années Mitterrand c’est l’illusion offerte à une génération, double illusion, celle du "enrichissez-vous à la Bernard tapie", celle de la fréquentation cynique des allées du pouvoir à la Serge July et tant d’autres devenu "le politique".

    Bourdieu déçu par la rupture de l’union de la gauche, en voulait beaucoup au PCF qui tentait de résister à la dérive. Il l’accusait comme jennar dans ce texte d’avoir brisé son beau rêve...

    Mais dans ce texte fleuve tout est dit quand jennar parle d’Yves salesse, il s’est prononcé pour lui parce qu’il connaissait les dossiers... Alors qu’il aurait du bander toutes ses forces pour s’opposer au seul PCF.... Comme l’y invitait Alain Krivine...

    Ou tout cela mène ? Pour qui et par rapport à qui nul ne le sait... Le politique est devenu jeu de sérail, problème d’appareil. Il y a eu d’autres intellectuels qui se sont brulés à ces petits jeux, et qui fascinés par le sentiment de toute puissance à se frotter à ce qu’ils croient être le politique et qui n’est justement que les petits jeux cyniques de Guy Mollet à Mitterrand, tous les opportunismes en oublient pourquoi ils se sont occupés de cela...

    J’ai beaucoup vécu les coulisses du politique, et ceci non seulement au niveau français mais international, j’ai rencontré des gens d’une grande force, je puis vous assurer que ce sont les second couteaux, les minables qui sont cyniques, les grands et ils existent croient en leur engagement comme le militant communiste de base... Ils se perdent dans l’Histoire avec un grand H et ceux-là un intellectuel peut les fréquenter sans perdre son âme...

    Si je reste communiste malgré tout ce que j’ai subi de la part de la direction actuelle du parti, c’est parce que j’ai eu la chance jennar de rencontrer cet engagement là, de connaître une autre conception du politique...

    Un jour je déjeunais avec Bourdieu dans un restaurant de la bastille, il m’a demandé : "Comment quelqu’un d’aussi indépendant, libre d’esprit que vous peut-il être dans ce parti ?" Je lui ai expliqué que ce parti était ma liberté, celle qui donnait à la pensée le pouvoir de l’action collective, que j’y avais été formé à comprendre le monde mieux que dans n’importe quelle université, parce que j’avais su écouter les leçons de qui en vallait la peine, du militant de base à ceux qui s’étaient réellement engagés, parce qu’ils m’avaient appris que nous étions les serviteurs du peuple et quand on oubliait qu’il fallait d’abord être utile le politique n’avait plus de sens.

    Cher jennar, vous avez beaucoup à apprendre dans ce domaine, la fréquentation des livres et des dossiers n’est pas suffisante, la politique c’est l’art de la conviction et cela passe par des êtres humains... J’aimerais parler avec vous de tout cela... Parce que vous êtes en train de vous fourvoyer et je ne parle pas de votre hostilité au pcf mais de vous même...

    Danielle bleitrach

    • j’allais oublier, puisque nous en sommes aux Travaux pratiques de la politique, un exemple :

      qu’est-ce qui donne de la lucidité à Krivine ? Qui lui permet de dire que MGB ira jusqu’au bout ?

      Simplement le fait qu’à l’inverse de vous qui en restez à une vision manipulatrice, il sait ce qu’est un parti, n’a-t-il pas souffert toute sa vie et encore aujourd’hui de ne pas arriver à en créer un, d’être y compris au niveau des jeunes un simple antichambre pour la social démocratie...

      Votre vision à vous, vous la décrivez avec naïveté c’est une offensive contre le PCF, c’est même la seule constante de votre analyse. MGB a toute votre sympathie et celle de vos amis parce qu’elle mène un combat contre "les staliniens", contre "les conservateurs" à l’intérieur de son propre parti... Elle vous a déçu parce qu’au lieu de poursuivre l’offensive et le dépeçage, elle voit la force à sa disposition et tente de la rassembler.

      Cela dit vous êtes loin d’être le seul fautif. ceux qui à l’intérieur du pcf se sont amusé à nourrir de fausses confidences sur une bataille interne et vous y inviter sont mille fois plus coupables que vous, parce qu’ils ont utilisé l’anticommunisme ambiant pour des manoeuvres de couloir.

      Pire encore, je n’ai cessé de le dire tout part d’une faute politique, le PCF fait un congrès entier sur la candidature communiste, sur MGB candidate communiste de rassemblment et le lendemain sans même en avoir parlé durant le congrès, la direction du PCf propose à un certain nombre d’intellectuels peu connus (1) de promouvoir une candidature anti-libérale. Ces gens là qui ne représentent qu’eux-mêmes sont sur vos bases, convaincus que le pcf est un appareil stalinien plus ou moins déconsidéré, qui doit se faire oublier, et qu’il faut aider MGB à le contenir.

      Ils reflètent non la population française, ses ouvriers, ses employés, mais les couches intellectuelles qui ont été élevés dans la méfiance du pcf dont vous témoignez vous-même, de l’idée que leurs capacités vallent mieux que les bases de la confiance acquise dans les luttes.

      Krivine n’est pas idiot il mesure tout cela, il subodore même que si MGB a lancé cette candidature avec vous c’est pour rendre service au PS et éviter l’émiettement des dernières présidentielles... Il voit un espace ouvert devant lui celui où il arrivera à plumer la volaille PCF en l’accusant de collusion avec le PS, tout en vous persuadant ce qui est facile que le PCF reste "stalinien"...

      ce que vous prenez pour de la "lucidité" n’est que manoeuvre politicienne... Il ne faut pas être Hugo Chavez ou Fidel Castro pour maîtriser ce politicien là, pour le jouer, parce qu’il n’y a plus qu’une chose qui compte dans ce petit jeu ce sont ses propres intérêts, on ne construit aucun avenir...

      Danielle bleitrach

      (1) parce qu’excusez moi cher jennar malgré le visible contentement avec lequel vous vous décrivez vous n’êtes pas Sartre, ni Bourdieu et ceux qui vous entourent ont le même genre de notoriété... Nous sommes vous et moi l’honnête piétaille, celle qui effectivement doit offrir ses capacités à notre peuple, mais sans pour autant croire jouer un rôle historique décisif...

    • cher raoul,

      j’apprécie beaucoup votre lettre, et j’espère très fort que la réunion du prochain week-end puisse déboucher sur une perspective positive.

      NON, vous ne vous fourvoyez pas, en espérant la naissance de pratiques poitiques neuves, qui tournent le dos aux pratiques actuelles, réglées uniquement par des calculs. Caculs de pouvoir, calculs d’appareils, c’est ignoble. Et c’est à cause de ces pratques, en décalage complet avec ce que sont les femmes et les hommes "ordinaires" de notre pays, que l’on observe une telle coupure, un tel gouffre, entre la politique et les citoyens.

      NON, vous ne vous fourvoyez pas, ou bien nous sommes des milliers, des millions à nous fourvoyer, car ce que vous ressentez, nous l’avons au coeur, pour nombre d’entre nous qui avons été militants voire dirigeants du PCF et qui en sommes revenus si tristes.

      Dans le collectif ou nous préconisions mon mari Roland et moi que la candidature idélae n’était pas celle de MG Buffet, nous avons récolté en retour un monceau de haine.

      Je ne pense pas que l’on puisse bâtir un nouveau monde avec des gens pleins de haine, de ressentiments, si occupés à défendre leur bout de gras qu’ils en oublient de ce centrer sur l’essentiel : l’état de la société et le désir vrai de la changer.

      Donc n’écoutez rien de ceux qui vous expliquent in fine que les choses doivent rester en l’état. Ils n’ont pas compris la soif que vous avez, mais aussi que des millions de simples gens ont, de devenir de vrais acteurs d’une politique enfin régénérée.

      Bonne chance pour le week-end prochain, je suis avec vous, et avec nous des millions.

      N’oublions jamais que nos interlocuteurs ne sont ni le PCF, n aucun autre Parti, mais bel et bien ceux qui souffrent et espèrent des jours meilleurs. Et eux, ils ont le même dégout que nous, et les mêmes espoirs.

      nanie, martigues.

    • Nanie et Roland,

      si je ne partage pas votre analyse, je peux vous comprendre parce que je connais les acteurs de ce que vous avez vécu ces derniers temps et je sais par exemple ce que le couple F...à Aix en provence, ce qu’il peut accomplir...

      Mais comment vous expliquer, peut-être parce que j’ai eu la chance de trouver en Amérique latine, à Cuba un autre monde où le fait d’être communiste ou tout simplement révolutionnaire a un sens je ne peux pas partager la ligne de colère et d’amertume, in fine de divisions qui risque d’être celle dans laquelle s’engouffrent des gens qui vallent mieux que ça...

      Oui vous avez raison l’essentiel n’est pas la politique politicienne mais de répondre aux problèmes terribles en France mais aussi sur la planète... Ce n’est plus simplement le malheur, le mal vivre, mais le devenir de l’humanité qui nous est posé... Je ne cesse de tenter d’intéresser les gens de ce site à ce qui menace au Moyen orient et qui va avoir des conséquences terribles, incalculables qui perdureront tandis que tout le monde aura oublié ces vaines querelles...

      Si des gens comme vous ne sont pas capable de surmonter cela, de construire l’avenir, donc de voir plus loin que cet épisode présidentiel où va-t-on ?

      Quoique l’on en pense nous aurons toujours besoin d’organisations et celles-ci nous donneront d’autant plus satisfaction qu’elle nous apporteront un combat désintéressé... Il faut un parti... Le spontanéisme ne mène nulle part, ou alors on ne cessera de renouveller l’expérience d’ATTAC...
      Est-ce qu’honnêtement vous avez plus confiance dans les autres que dans MGB ? Moi non ! En particulier José Bové, tous ces gens là ont plus mal agi qu’elle et n’offrent aucune perspective, si vous voulez vraiment construire quelque chose de neuf, vous ne pouvez pas le faire sur ces bases-là...

      Danielle B.

    • Bonjour,

      Il est regrettable que R-M Jennar et D. Bleitrach fassent référence à Pierre Bourdieu sans jamais le citer.
      A R-M Jennar qui écrit : "Fidèle à ce que m’a appris Pierre Bourdieu, je me suis efforcé de devenir un chercheur militant...", on pourrait opposer l’un des derniers écrits de Bourdieu (l’article "Le mystère du ministère", revue Actes, n°140, décembre 2001) : "Destin (celui de l’Eglise réformée) qui est aussi celui des sectes du monde politique, groupuscules, tendances, courants ou factions, qui, issues de la scission, sont vouées à une scissiparité indéfinie". La "volonté d’unité" de R-M Jennar pourra-t-elle le mettre à l’abri de cette trajectoire ?
      A D. Bleitrach qui prête à Bourdieu des intentions et des déceptions dont celle de la rupture du programme commun PC/PS, on cherchera en vain une trace dans ses écrits, même s’il lui a fait des confidences dans un bistrot de la Bastille.
      Sébastien

    • pierre bourdieu

      Les relations entre Pierre Bourdieu et la politique nécessiteraient un espace beaucoup plus considérable, je pense qu’à la fin de sa vie il n’a jamais renoncé à ce que l’on pourrait considérer comme l’engagement sartrien, l’intellectuel et le peuple... Et il proposait ce qui serait intéressant à analyser un double mouvement sur lequel s’appuyer les altermondialiste, et les syndicats. Il était d’ailleurs en relation en particulier avec le syndicalisme allemand...

      Vous me faites un faux procès parce que n’importe qui se souvient qu’un vieux compagnonnage de Pierre Bourdieu avec le PCF commencé avec la guerre d’Algérie se rompt avec la rupture de l’union de la gauche. Si j’ai eu des contacts avec luic’est non seulement parce qu’il appréciait mes travaux en sociologie, mais parce que je tentais en vain d’utiliser cette estime pour obtenir un interview de lui. Il refusait de l’accorder et j’ai du me résigner à expliquer ses théories faute de cet interview. il y a l’opération Coluche et surtout des écrits sur les partis politiques parus dans Recherche, j’en avais d’ailleurs rendu compte dans un numéro de Révolution avec un long article justement consacré à Pierre Bourdieu... Voilà pour le contexte... puis ça c’est poursuivi de loin en loin...

      Danielle Bleitrach

    • Mais qui sont ces personnes qui parlent du peuple, qui savent ce qu’il pense, qui connaissent ses aspirations ? Comme si "le peuple" était un et pratiquait la pensée unique. Les gens voudraient peut être, sans doute même voir faire de la politique autrement. Ca va être difficile quand on voit les "casse croûtes " servis ici. Ils ne s’adressent pas au peuple.

      Dans des réunions peut-il y avoir des dérapages verbaux ? Certainement oui, mais peut-on parler de haine ? Ce mot est si fort, ne s’agit il pas de discussions passionnées, fortes aiguisées par les écrits qui excèdent comme certains de ce que nous pouvons lire ça et la.

      Que des militants de collectifs, se trompant d’adversaires puissent perdrent leur sans froid, ce n’est pas bon mais de l’à utiliser les mots à tord et à travers.

      Concertant le sens des mots, comme ça m’irrite de lire encore et encore le qualificatif de stalinien concernant les communistes ! J’ai puisé mes convictions de lutte des classes dans les combats des mineurs de fer dont j’étais fils, petit-fils, neveux et frère. Les communistes étaient à leurs cotés, solidaires dévoués.

      Qui peut nier l’importance de l’influence positive du PCF dans les luttes sociales et de son apport pour les droits acquis, sécu, statut de la fonction public, nationalisations etc...

      Staline a du sang sur les mains, pas les communistes. Alors stop, car insulter les militants du PCF en les traitant de stalinien c’est quelque part, afficher réellement de la haine...

      Patrick, sidérurgiste

    • Pierre Bourdieu

      Oui, ce n’est pas le lieu de discuter de P. Bourdieu.
      Juste deux remarques.
      Dans votre article de Révolution (n° 706/9 septembre 1993), vous écriviez : "Cette analyse (celle de Bourdieu), outre sa roborative dénonciation des pratiques de pouvoir, a un mérite, celui de montrer la vanité de solutions de démocratisation qui renforcent la prégnance du champ politique sur les pratiques, qu’il s’agisse des unions de sommet entre partis ou des tendances qui engendrent les querelles byzantines et excluent de fait les mandants auxquels il est demandé un simple ralliement."
      A vous lire, il semble bien que Bourdieu n’ait été guère surpris de l’échec du programme commun PCF/PS (les unions de sommet).
      Par ailleurs, vous citez Sartre à propos de l’engagement intellectuel de Bourdieu. Celui de Bourdieu s’est défini contre celui de Sartre ("intellectuel total", "le compagnon de route", etc.). Il a prôné à rebours pour un "intellectuel collectif" et fondé ce qui est devenu l’association "Raisons d’agir".
      Cordialement,
      Sébastien.

    • Oh merde Mr RMJ,vous ne pouvez pas créer votre parti sur le décés du PCF.Vous ne pouvez pas récupérer les structures,l’argent,les militants,le siége national et ceux départementaux et vous êtes déçu.

      Votre volonté de créer un nouveau parti date de la signature de l’appel du 10 mai,ou pourtant il n’était pas question de nouveau parti mais de présenter un programme et des candidatures communes de tout les antilibéraux.Vous avez avancé masqué avec Debons et Autain et un certains nombres d’autres. et vous pensiez récupérer la mise.

      Et vous appelez ça des pratiques démocratiques.Chaque militant compte pour un,qu’il soit ouvrier,employé,intellectuel et vous l’intellectuel avez pris les deux premiére catégories pour des demeurés incapables de penser.En fait vous voulez remplacer une domination par une autre:le pouvoir de l’argent par la domination d’intellectuels de"gauche" en clair par des gens qui veulent penser et agir à notre place parce que nous ne sommes pas "bien" !

      votre prose ne me rend ni triste ni déçu,ni amer ,juste plus certain encore de l’utilité,avec ses forces et ses faiblesses,du PCF et de la candidature de MGB !

      Jean Claude des Landes

  • Mais allez y monsieur Jennar, créez le votre parti avec salesse ! Essayez de construire quelque chose plutot que de cracher sur ceux qui se bougent aujourd’hui...
    Allez y montrez nous que vous etes capable de réunir autour de vous autre chose qu’une poignée de bobos en quète de bonne conscience, quelques intellos quasi-inconnus et qui se prennent pour la prunelle du monde et aussi quelques aigris.

    Je vous souhaite du courage car seul l’anticommunsiome est le ciment de vos rapprochements. Meme le principe 1 homme = 1 voix est étranger à votre démarche alors ça risque d’etre animé vos réunions... surtout avec des gens qui parle autant d’eux même qui qui se croient tellement au dessus de la mélée (comptez le nbr de "je" et de "moi"). Vosu n’avez que des "je" a proposer monsieur Jennar pas de "nous" ....

    Jips

  • Ta contribution est intéressante car elle explique bien le cheminement de tes idées et donc de ton comportement. Moi aussi, il m’arrive de "péter les plombs" quelques fois car au moins pour toute une génération, devant le gâchis actuel, ce sont les tripes qui parlent.
    Je ne vais pas développer ici car je n’ai pas le temps, mais je pointe quelques désaccords :
    * sur le "léninisme" mais c’est pas un sujet urgent sauf qu’il y a encore dans quelques têtes et malheureusement parfois enseigné dans les collèges : Lénine = Staline. Comme le disait mon ami Ernest MANDEL, Lénine a sans doute fait des erreurs en terme organisationnel mais c’est l’expérience qui le montre et il est mort trop tôt hélas pour rectifier. Mais bon ...
    * Le PCF n’est pas la seule organisation présente dans le collectif. Dans une contribution, COHEN SEAT l’explique bien. Etienne ADAM par exemple représente l’ANPAG qui a beaucoup moins de "pluralisme" qu’au sein du PCF actuel. J’ai entendu BESANCENOT ce matin, il dit bien que pour lui, toute union électorale avec le PS était exclu et il ne s’est pas positionné sur le 2éme tour = je ne crois pas que c’était la position du collectif national ! La LCR a autant de responsabilité dans la division que le PCF ! Quant aux fans de José BOVE, il y avait un souci de se positionner sur : un candidat mais surtout pas communiste ! Je ne vois pas comment dans ces conditions le "double consensus", pouvait fonctionner. La venue tardive de Mélanchon n’a rien arrangé !! Bon ...
    * on ne peut pas faire abstraction de sa citoyenneté, pour moi c’est comme si je devais taire mon sexe ! par contre, oui, dans les discussions et les votes, ce ne sont pas les consignes du PCF qui doivent primer, mais ce que je pense en tant que citoyen. Cela fonctionne ainsi d’ailleurs au sein du PCF maintenant (mais si) contrairement aux pratiques encore en cours à la LCR et pire à LO !!! Mais je pense que sur ce point, on est d’accord c’est plutôt une précision.
    * le meilleur moyen de rebondir, et y compris par rapport au PCF, ce n’est pas de refaire les 125 propositions, ce qui les fera évoluer éventuellement, c’est le mouvement social c’est à dire pour moi la lutte des classes, mais à partir de là, et là je suis ok prendre des dispositions pour les prochaines législatives avec un label clair sur les candidatures. Et ce point dans l’immédiat est le plus important car si la réunion du 20/21 se termine sans de perspectives de mobilisation politique unitaire, alors cela sera uniquement une réussite pour ceux qui veulent se mobiliser autour de José BOVE, c’est à dire donc une partie seulement des anti-libéraux, et donc qu’on le veuille ou non une nouvelle division. Car sur faire avec des jeunes et du neuf, c’est pas très politique, sarko aussi fait avec des jeunes et du neuf avec des anciens qui pilotent !
    Fraternellement, amitiés, saluté ! René LE BRIS PCF CAEN

    • Cher RMJ,

      Je vous rejoins totamement lorsque vous dites : le PCF n’a toujours pas rompu avec ses logiques anciennes d’appareil.

      Mais je ne tomberais pas dans l’erreur de qualifier de "stalinisme" une logique qui ressort aujourd’hui d’une simple stratégie de frilositée due à sa fragilité actuelle. ("Stalinisme" c’est le galvaudage d’une forme de déviation particulière appliqué à tout et n’importe quoi).
      fragilité, qui, n’en déplaise à certains n’est à mon avis pas due à une intervention massive du PS,

      Pour le rôle du PS, il est TOUJOURS intervenu au cours de l’Histoire pour amoindrir et réduire l’influence du PC. Mais lui mettre tout sur le dos me semble un raccourci dangereux des responsabilités du fait.

      Tout simplement, le PCF a subi son incapacité à assumer plusieurs décennies tournées vers l’Est, passées à assumer une politique "socialiste" qui n’en avait plus que le nom. Et tout cela en sacrifiant une stratégie interne tenant compte des particularités nationales françaises.

      Et aussi une stratégie basée sur un programme interne et une gestion de ses finances axée sur un "Grrrrand Parti" d’un million d’adhérent alors que ses effectifs ont fondu en deux décennies jusqu’à un point critique. Ce qui l’a mis en remorque des aides de l’état, l’a contraint à brader sa presse au Capital, et l’a soumit à une addiction totale aux indemnités de ses élus.

      Dans un tel cas on ne peut absolument pas imaginer l’indépendance nécessaire à finaliser une rupture avec le système.

      Il faut comprendre que les militants dont tu dis qu’ils ont déversé "des tonnes de haine" sur toi lors des collectifs ne représentent en aucun cas la majorité des militants du PCF. Il s’agit simplement de ceux qui en étant des plus actifs, bien souvent ponctuellement lors d’évenements tels qu’ici, faussent tout le débat au sein du PCF, jusqu’à faire taire la voix des autres par la "visibilité" qu’ils monopolisent. Ou font taire en interne ceux continuent la lutte unitaire, ou vont jusqu’à faire "partir" ceux qui sont trop pugnaces dans la critique.

      Mon expérience personnelle me laisse à penser qu’en réalité, si on juge à l’aune des niveaux de conscience révolutionnaire et des volontés politiques, il y a actuellement plus de "communistes" en dehors du Parti qu’en dedans.

      Une des questions stratégiques clefs, que j’ai vu rarement poser ici ou ailleurs dans le débat, est le fait qu’on ne peut comprendre pourquoi, alors que les élections présidentielles sont programmées régulièrement, un parti qui se prétend capable de "diriger" le changement, est incapable de prévoir à l’avance un autre candidat que sa Secrétaire générale. Ou de la dégager suffisamment à l’avance en remettant quelqu’un d’autre à sa place dans le rôle.

      Or, ce "manque" de prévision, dans une structure qui se prévaut d’une expérience "révolutionnaire" pose gravement problème.

      Si c’est voulu, c’est du sabotage délibéré. Et sans être paranoïaque on peut légitimement se demander "Qui ça sert".

      Si c’est involontaire ou si c’est parce qu’il n’y a personne d’autre c’est grave. Car ça dénote une dégradation de la qualité d’analyse et de la capacité d’action qui ne peut qu’interpeller.

      Dans tout les cas ça signifie, dans un Parti qui se prévaut de sa haute qualité démocratique, soit d’un manque d’analyse de la base, qui n’a pas été capable de faire redresser la barre à ses directions, soit d’un déficit de démocratie consistant à faire taire toute critique interne dans ce sens ou à éliminer ceux qui insistent trop.

      Ceci, joint à une dégradation volontaire de la qualité de l’éducation des militants depuis la clôture délibérée des écoles du Parti, entraîne des phénomènes corollaires "gauchisants" et sectaires chez ces fameux camarades "haineux" dont tu parles.
      Parce qu’il faut comprendre que la "haine", comme la "peur" sont avant tout des signes d’incompétence et d’incompréhension devant des événements qui semblent nous échapper.

      Dans le débat actuel, cette "haine" n’est d’ailleurs pas l’apanage de certains Communistes", mais est aussi maniée par les autres tendances des collectifs et par les supporters des autres candidats.

      Pour ce qui est d’une nouvelle force commune, avec ou sans le PCF, je ne pense pas qu’il soit positif d’en parler aujourd’hui, sinon informellement comme élément de réflexion.

      En effet, aucune force commune efficace ne pourra émerger sans les trois tendances majeures qui ont guidé les collectifs et que ces tendances deviennent des partenaires efficaces dans cette force.

      Pour cela il faut, je pense attendre les effets de l’expérience qui va être acquise lors de ces élections en assurant les arrières afin de remobiliser ceux qui déchanteront au lendemain des victoires éphémères.

      C’est sûr, même si les forces organisées "gagnent 2 ou 3 points, ou même plus, elles ne seront pas en mesure de changer quoique ce soit, avec en prime l’ire de ceux qui auront cru à un vrai changement. dans et en dehors d’elle-mêmes. C’est là qu’il faudra alors être présents pour les empêcher d’aller vers n’importe ou, mais au contraire canaliser leur dépit vers une dynamique vraiment unitaire. pas seulement en les faisant venir à nous, mais aussi en les aidant à intervenir dans leurs structures pour celles-ci retrouvent une vraie efficacité révolutionnaire.

      Je pense qu’alors les personnes comme toi, sincères mais sans ambitions politiques personnelles affirmées, (Du moins c’est ainsi que je t’ai perçu dès le début du TCE), auront un vrai rôle à jouer par leur poids et leur capacité d’analyse.

      Pour mon compte, je pense que toute tentative actuellement, et jusqu’à l’échéance électorale, d’imposer un candidat alternatif ne servira qu’à créer des prétextes aux direction faillies pour justifier leur échec annoncé.

      Mieux, je pense qu’il faut leur "donner" nos voix et le faire savoir, mais en expliquant pourquoi on le fait. Après tout on m’a bien contraint à donner la mienne à un certain Jacques Chirac au nom du "barrage contre le fascisme". Et je l’ai fait en expliquant ma pensée sur le sujet. Et elle n’était pas flatteuse pour les partis de gauche en général et surtout pour leurs directions.

      Pour mon compte je remettrait à un ex-camarade connu et patenté de mon ex-cellule, la procuration de mon épouse et de la mienne, en lui expliquant qu’il peut voter Buffet, mais en lui expliquant aussi mon point de vue et mes prévisions... Comme ça il pourra pas dire que je suis rsponsable de l’echec programmé.

      Maintenant si j’ai tort et qu’un raz-de-marée se produit, (Faut bien rêver de temps en temps), ce que je souhaite, je ferais mon méa-coulpa volontiers.

      Et puis on en reparlera après.

      Je suis sûr que ça sera une conversation intéressante.

      GL

  • La sincérité est une chose. elle ne prémunit en rien contre des présupposés qu’il faudrait pour le moins expliciter et une lecture des faits qui est ce qu’elle est. De même la vogue de l’homme seul contre l’appareil, c’est plaisant , mais c’est un peu la posture de l’usager contre les syndicats lors des grèves.
    Plusieurs choses me dérangent dans ce texte, à commencer par la fin, véritable chute littéraire. Rejoindre Bové, c’est nier toute légitimité au processus collectif engagé antérieurement. C’est oublier les votes (oui mais bourrage, bourrage) ; c’est oublier que si MGB "voulait aller jusqu’au bout", ce qu’on peut débattre, c’était comme candidate à la candidature. Krivine n’est peut-être pas le mieux placé en terme d’objectivité, lui qui a tout fait pour n’y pas participer.
    mais j’aimerais qu’ici on analyse enfin ce qu’on entend par "stalinien". On ne peut sans cesse se plaindre d’insultes et balancer ça à longueur de textes.
    Il me semble que ça fonctionne comme le processus de racisme définit par Balibar : une très longue sédimentation historique et un précipité rapide qui en actualise les effetset les affects.
    C’est quand même là qu’est le coeur du problème, dans l’analyse et les rapports avec le PCF.
    C’est ce qui donne sens au véritable feu d’artifice qui a suivi l’échec de la désignation du candidat.
    Qu’est ce qu’être stalinien aujourd’hui, hier, toujours ? Moi qui suis au PCF, j’aimerais savoir : autoritarisme ? intolérance ? Insultes, ouvriérisme ? type d’organisation ?
    Les affrontements au sein du PCF, les claquements de portes, la tentative de MGB de maintenir l’unité en se maintenant, est-ce du stalinisme ?
    J’ai même pu lire qu’on avait voté sur un bulletin "stalinien", comme si Staline avait ce mot là dans son dictionnaire.
    Pourquoi n’exige t-on des transformations de cette ampleur que du seul PCF. la crise des partis, c’est quoi ? Le FN est-il en crise ? le PS ?...
    Le processus de transformation du PCF est une réalité. Qu’il soit inachevé aussi. Qu’au delà, la gauche d’alternative se conçoive déja comme en construction est un pas immense fait en peu de temps. Que la clarté des démarches, des projets soit faite. pas de projets sous la table, condition nécéssaire à la confiance. Le PC s’est déja fait avoir tellement de fois avec des opportunistes que la réaction d’une partie de ses membres peut se comprendre hors de toute réfèrence à Joseph Staline. Quant à MGB, n’est-il pas légitime que la secrétaire d’un parti pense au maintien de son unité. les autres composantes n’ont pas voulu le voir. Ils ont préferé camper sur l’impossible double consensus pour écarter MGB et faire éclater le mouvement. Tout est engagé, tout est à repenser, en attendant la campagne a commencé et il faut y aller.
    Léon

    • A RMJ et qq contributeurs

      Que de temps de matiére grise d énergie depenser pour stigmatiser l ennemi du peuple ce diable cornu pret a toute les forfanteries que serait le PCF et MGB

      Que de contre verités rependues
      Comme dirait l autre c est tjrs facile de voir la paille ds l oeil du voisin mais pas la poutre ds le sien

      Les communistes dont je suis avons été vraiment naif de ne pas voir des le debut la manoeuvre la félonie

      Pour vs RMJ pour Salesse Autain debons et QQ autre L AU n A jamais été un outil au service des couches populaires permettant d engager un processus de transformation de la sociéte Non neni vs n en avez rien a battre de ceux qui souffre juste votre égo a satisfaire ....

      Mais votre BUT inavoué etait est comment se debarrasser et tuer la PCF

      Comme si c etait lui et non le medef la droite qui opprimaient etouffaient notre pays et notre peuple

      Ca d autre que vs et bcp plus costauds si sont risqués et le faire part de notre mort n est tjrs pas parut .....

      Phantasmez......Rever a notre disparition....

      NOUS NOUS SOMMES AUX PORTES DES BOITES DS LES QUARTIERS SUR LES MARCHES POUR PORTER LES 125 PROPOSITIONS AUX COTE DE MGB et en cela les SEULS a respecter les decisions des collectifs locaux

      Chacun sa conception de la politique

      CF vitry 94

      PS/

      Vous trouvez RMJ les 125 propositions trop marqué par l influence du PCF porter des coups a la finance aux medef vous derange t il a ce point ?????

      En rappellant que sur la petitions BOVE exit les 125 propositions tien tien comme vs cher RMJ
      et juste un appel tres gaullien au sauveur supreme du causse du larzac (on a eut l hermite de colombey merci on a donné ...)je nai franchement pas l impression que ce soit cela l appel du 10 mai ....

      Discourez nous on bossent on est EN CAMPAGNE

    • De tous vos commentaires, des plus éclairés aux plus succints, CF est le seul à recentrer le débat ou il doit être, je le cite : "Comme si c etait lui et non le medef la droite qui opprimaient etouffaient notre pays et notre peuple".

      La seule chose qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est qu’une poignée de bonhommes s’est accaparée les fruits du travail des salariés, recréant sans vergogne les conditions de l’esclavagisme, dans une société pseudo-démocratique libérale, portée à l’échelle mondiale. Mais nous sommes beaucoup plus nombreux qu’eux. La seule question qui vaille : "nous laisserons-nous faire ?"

      Pour ce qui est de RMJ, même s’il explique le cheminement de ses idées, toujours intéressant, j’ai l’intuition d’une grande faiblesse de sa part, ou d’une méconnaissance des gens qui ne sont pas faits pour me rassurer. Je le trouve trop incertain sur ses appuis (un coup je suis manipulé, un coup je manipule...), en tout cas rien de bien consistant pour le mouvement antilibéral.

  • Merci Monsieur Jennar,

    Cet article me permet de comprendre votre cheminement et vos prises de position.

    Je n’ai pas encore signé la pétition de soutien à José Bové, car comme vous j’aurais préféré une autre forme. Si je le fais ce sera avec les mêmes raicons que vous, pour une alternative démocratique, sociale et écologique en France et en Europe.

    Amicalement

    Q. S.

  • Au moins on n’est jamais déçu. D’après-vous les militants communistes sont toujours des moutons staliniens qui suivent aveuglement leur direction. En continuant sur cette fausse pseudo-analyse, vous atteindrez toujours des conclusions fausses. En insultant toujours ainsi les militants du pcf vous ferez toujours un peu plus reculer l’unité.

    En lisant votre texte on s’aperçoit que ce que vous vouliez c’est non pas une unité pour cette série d’échéances électorales, mais la recomposition de la gauche. Et pour vous cette recomposition doit se faire sur la disparition du pcf et doit surtout abandonner l’idéologie communiste.

    Bref, vous venez vers les communistes ; vous leur dite qu’ils ne comprennent rien à rien, que leur orientation politique est archaïque et qu’ils doivent s’autodissoudre... mais en plus qu’ils doivent aller coller les affiches proposant cette orientation.

    Avec cette vision de l’unité, l’échec n’est pas étonnant !

    Il va falloir que les militants "hors pcf" finissent par être honnête ; qu’ils acceptent que le militant pcf a un cerveau, une réflexion et une autonomie (quand la direction veut imposer des choix à la base elle se casse les dents : regardez la campagne de Hue).

    Dans cette suite à la victoire du Non, je soutenais, comme beaucoup, la candidature de Buffet pour les collectifs. Ou était le problème ? En quoi cette candidature aurait repoussée qui que se soit ?

    On nous disait "allez les communistes faites un efforts, le pcf sera grandi de se mettre dans l’ombre". Ne vous seriez vous pas grandi en acceptant une candidature de Buffet et en laissant tomber, un temps, la méfiance envers le pcf ?

    Buffet avait donné tous les engagements nécessaires pour que cette candidature n’apparaisse pas comme celle du PCF (présence dans les documents de tous les portes paroles à égalité, etc.). Il vous suffisait de jouer le jeu.

    Vous avez refusé ce qui correspond à un consensus. Vous ne vouliez faire aucune concession, pas le moindre pas vers tous les militants communistes et leurs propositions. Les anticommunistes portent la plus grande part de la responsabilité de l’échec de l’unité et malheureusement on voit bien que vous ne vous remettez pas le moins du monde en question. Ce n’est pas encourageant pour la suite...

    frederic

    • Parmi les signataires de cet appel à une candidature Bové : Dieudonné. l’humoriste qui ne fait plus rire grand monde vient de diffuser un communqué en ce sens.
      En novembre dernier, il était à la fête du Front national au Bourget. Il s’est était longuement expliqué dans une vidéo en ligne qui, personnellement, m’a fait froid dans le dos, affirmant par exemple qu’il se retrouvait sur de nombreux aspect du discours auparavant prononcé par le Pen à Valmy.
      Encombrant soutien... qui témoigne du marigot idéologique dans lequel patauge une certaine "gauche de la gauche".
      Affligeant.

    • Sartre a dit une phrase célèbre "un anti-communiste est un chien" ou quelque chose d’équivalent....

      Je crois qu’il faut faire très attention, on quitte le pcf, on lui est hostile pour de très bonnes raisons et puis on en rajoute, on veut à n’importe quel prix justifier la rancune, l’amertume, on l’intellectualise... Et c’est la dérive...

      Donc il faut être très critique sur le pcf parce que ce parti ou celui qui un jour le remplacera comme parti REVOLUTIONNAIRE a besoin de critiques, il doit sans cesse chercher à s’améliorer, il faut la critique et surtout l’auto-critique... Mais si on pousse la critique constructive jusqu’à la volonté de détruire c’est la culbute...

      Danielle Bleitrach

  • Jennar, Soral, Dieudonné, en toute honnèteté, pas grand chose en commun, mais c’est précisément là qu’est le problème. pour quelques têtes d’affiches connues en bien comme en mal, combien d’autres qu’on ne connait pas, je veux dire idéologiquement, politiquement ? Sur quelles bases ces signatures. les formes structurées sont encore, à bien y regarder, une garantie démocratique. Quand on lance une machine, il vaut mieux savoir ce qu’elle produit, par exemple une machine à saucisses, à défaut on se retrouve à jouer le rôle de l’apprenti sorcier perdu dans ses balais.
    Léon

  • J’ai relu plusueurs fois ce plaidoyer ,avant de décider d’apporter une tres modeste contribution.

    Il me semble qu’en dehors de la solitude de l’incompris,le trait principal est l’indrédulité de l’intelectuel devant tant de fourberie et de malhonneté de ce Parti totalitaire qu’est le Parti communiste et ses "staliniens".

    Voyez vous RM.Jennar je ne perdrais pas du temps à essayer de vous convaincre que vous avez tort ,car il me semble que vous êtes aveugle et sourd à tout ce qui se passe autour de vous ;Les Communistes et ce n’est pas nouveau ne tirent aucun avantage personnel à leur engagement,à leur militantisme,Quelques uns ,une tres faible minorité tentent de tirer profit de la notoriété qu’ils croient acquerir, ils restent "petits".Mais voyez vous l’immence majorité sont des hommes et des femmes profondément honnetes au service du Peuple,(Savez vous ce que c’est).Ils prennent des coups ,se font licencier,et même quelques fois ils meurent fusillés ou sous la torture,.Savez vous pourquoi ?Simplement pour que vous puissiez parler ,vous exprimez librement ! Mais cela vous ne pouvez le voir ni même l’entendre,"Tuez les communistes"ce qu’ils représentent vous n’y arriverez pas ,votre langage je l’ai entendu et vécu au cours de mon enfance et mon adolescence,je l’entends aujourd’hui encore,dans votre longue plainte pas un mot,sur ce que vit aujourd’hui notre peuple,ce qui se passe dans le monde,sur ce risque embrasement mondial,sur le rapport des forces de paix dans le monde ,sur ceux qui luttent vraiment,Seuls les Communistes sont responsables.... Je ne veux pas vous convaincre ,je vous plains.....

    Roger bretagne

  • La lettre de Raoul-Marc Jennar ne manque pas d’impressionner … texte long et dense. Qui en impose par sa « masse ». Mais c’est aussi un texte qui procure une sensation de malaise indéfini comme s’il manquait quelque chose. Alors quoi ? Peut-être le sentiment du « déjà vu, déjà entendu » … et aussi probablement le sentiment d’une pensée qui fuit les profondeurs pour se résoudre au superficiel voire aux « lieux communs ».

    Un exemple … le long passage intitulé « il nous faut donc prendre acte et faire du neuf ». Le neuf, c’est précisément ce qui nous intéresse. Que dit donc RM Jennar ? « Prendre acte signifie reconnaître l’échec d’un rassemblement qui réunit des appareils de partis et des personnes non encartées. » Qui d’autre un rassemblement pourrait-il bien réunir ? Et surtout quel sens donner à l’utilisation de telles expressions non passées au crible de l’analyse critique … l’adhérent d’un parti est un « encarté » … il ne saurait être autre chose que l’expression d’un « appareil » ? Loisir à chacun(e) de réfléchir à cela ! Et aux « encartés » d’apprécier ce qu’un intellectuel pense de leur expérience de vie.

    « Prendre acte signifie intégrer le danger de la rémanence d’une culture politique caractérisée par le besoin de rapports hiérarchisés et par l’habitude de disqualifier celui qui pense autrement ». Vaste débat … très vaste débat … exprimé ainsi, à l’emporte-pièce, en vingt mots fort impressionnants. Pour faire vite … on peut constater que cette tare constitutive de l’ordre social et du discours politique … est la chose du monde la mieux partagée ! La connotation péjorative attachée à l’expression « encartés » n’est-elle pas aussi une forme de disqualification de celui qui pense autrement ? Qu’en pensez-vous ?

    « Prendre acte signifie enregistrer la faiblesse d’un projet issu de compromis et non de convictions » … Là … la colère ! On peut discuter calmement ou avec passion, voire se déchirer, mais qui peut juger de la conviction intime de son interlocuteur ? Et surtout pourquoi ce « projet issu de compromis » (brillante découverte) serait-il exclusif de toute forme de conviction ? Ne serait-ce que la conviction que c’est un bon compromis ? C’est-à-dire un compromis sans compromission.

    On ne peut examiner tout le texte de RM Jennar sans produire également un pavé indigeste. Mais tout de même … l’inimaginable est là. Surtout venant d’un intellectuel de cette dimension. Car comment ne pas attirer l’attention sur l’emploi de formules à ce point « généralisantes » qu’elles en deviennent vides de sens (pour autant qu’elles aient jamais servi à autre chose qu’à briller en société) … « on ne fait pas du neuf avec du vieux » … « les défis du siècle qui commence appellent d’autres analyses, d’autres méthodes, d’autres instruments que ceux que le 20e siècle nous a légués » … « faire du neuf signifie avant tout mettre nos pratiques en cohérence avec nos idéaux et nos valeurs » … « faire du neuf, c’est imaginer pour créer » … « Ce qui exige de notre part (…) une capacité à inventer » … et enfin ce morceau d’anthologie : « Faire du neuf, c’est créer une façon de militer ensemble
    * qui soit démocratique, mais capable néanmoins de faire des choix,
    * qui crée des liens de respect et de fraternité entre ses membres
    * qui pratique en son sein les valeurs dont il se dit porteur
    * qui apporte une réponse aux problèmes que posent à une véritable démocratie les limites de la délégation,
    * qui ne soit pas une fin en soi, mais un outil pour la transformation,
    * qui évite les pièges de la "carrière politique",
    * qui soit au plus proche des gens,
    * qui respecte les autonomies et les diversités
    * qui rassemble sans se diluer,
    * qui soit en capacité de surmonter les pièges de la personnalisation et de la médiatisation.
    Je n’ai pas de formules toutes faites » …

    Affligeant. Car il s’agit bien là de formules toutes faites ! Avec lesquelles je suis d’accord. Tout comme n’importe qui. Et c’est là le drame. Car des formules que tout le monde ou presque peut revendiquer … n’apportent rien, ni à la pratique ni à la réflexion. En fait, elles ne servent strictement à rien. Et d’ailleurs la conclusion de RM Jennar est à la hauteur de ces formules … « il faut réfléchir et travailler ensemble pour créer ». C’est bien mal parti ! JPL - Collectif de Manosque

  • La guerre de Troie a bien eu lieu, et la réunion des collectifs de Montreuil des 20 et 21 janvier verra son ultime bataille. Le Parti des Sans-Parti, les "citoyens" sans attaches partidaires chers à Raoul-Marc Jennar, immoleront leur Cassandre. Haro sur Alain Krivine, dont Raoul-Marc Jennar ne discute jamais les positions politiques, mais ne lui prête que des "postures", des "comptes à régler", etc. Bref lui attribue des intentions qu’il n’a pas : détruire le PCF. Absurde ! Le PCF a été bien assez grand jusqu’à présent pour courir tout seul à sa perte, dans cette alliance dissymétrique avec le PS depuis... 1936, en appui ou en participation à des gouvernements socialistes qui ont mené une politique bourgeoise. Krivine fut déjà le Cassandre en 1965, quand, jeune étudiant communiste, il prédisait que le refus de présenter un candidat PCF à l’élection présidentielle et la décision du bureau politique de l’époque de soutenir Mitterrand dès le premier tour étaient une politique mortelle pour la classe ouvrière et le parti qui l’organisait "du berceau au cimetière" pour reprendre l’image de l’époque. Exclu Krivine !

    Haro donc sur les « appareillés » du PCF et de la LCR, les « encartés sectaires ». Que les premiers aient dit clairement depuis le début, avec leur candidate, Marie-George Buffet, qu’ils ne rompraient pas leur alliance avec le PS dans les assemblées électives (conseils municipaux, généraux, régionaux…, et demain au Parlement si la victoire de la gauche était au bout de l’épreuve électorale). Que les seconds aient dit tout aussi clairement, avec leur candidat Olivier Besancenot, qu’il fallait rompre avec le PS, aujourd’hui et demain si on voulait réellement remobiliser le peuple de gauche aux élections et dans les luttes. Cela Raoul-Marc Jennar, Yves Salesse et les "unitaires jusqu’au bout à tout prix" ne l’ont pas entendu. Ou plutôt ils n’ont voulu l’entendre. L’auraient-ils entendu qu’en septembre nous nous serions séparés, sans haine et sans passsion, en toute clarté, actant des options politiques divergentes sur la tactique électorale. On se serait souhaité bon vent, mais disponibles pour agir ensemble sur le terrain des luttes sociales et de la solidarité internationale.

    Au lieu de quoi, vous avez proposé le « Tous contre Buffet » (et Besancenot), l’usine à gaz du « double consensus », les compromis des 125 propositions, toujours favorables au PCF (ben oui ! c’était le plus gros morceau à avaler), sur les mesures d’urgence, sur le nucléaire, sur la politique internationale. Tout cela vous en avez été un acteur, Raoul-Marc Jennar, pas un « conseiller » de bonne volonté dépassé par des « appareils ». Ce fut votre choix. La détestation des uns et des autres, les invectives (« bobos » contre « staliniens ») qui en sont résultées, vous en avez été l’instrument, pas l’innocent spectateur… Parce que vous n’avez pas voulu débattre franchement sur les « amendements d’Aubagne », ni des désaccords sur la municipale de Bordeaux, ni de la rupture nécessaire au Conseil régional de Languedoc–Roussillon d’avec Georges Frêche après ses propos racistes…

    Dont acte. Et pour le dire sans détour. Votre posture de sainte nitouche « bourdieusien » (pauvre Bourdieu qui jamais ne descendait dans l’arène sans y avoir été invité) est exaspérante.

    Mais attention à la prochaine étape. A vouloir créer le week-end prochain le Parti des Sans-Parti (un nouvel « appareil » en fait), à vouloir « pour en sortir » promouvoir en sauveur providentiel José Bové — l’un des hommes les plus populaires de France, dont il serait étrange que ses supporters ne recueillent pas 100 000 signatures "sur les marchés, dans les bureaux, dans les champs et les usines", jusque dans les latrines de l’antisémite Dieudonné — pour l’implorer de prendre la tête du peuple de la gauche antilibérale en déshérence, las de ses divisions, meurtri dans son âme..., prenez garde à ne pas dérouler le tapis de l’intronisation du bonaparte. Ici, en France, les de Gaule on connaît. En Belgique aussi, il me semble, dont l’unité ne tient plus qu’à un fil, le corps du roi… entouré de ses conseillers.

    Quelle ironie de l’histoire ! Raoul-Marc Jennar, le pourfendeur du présidentialisme monarchique de la Ve République et du présidentialisme européen du TCE, entrave à la liberté des peuples, converti en démiurge du bonapartisme de l’antilibéralisme.

    Où va-t-on ?

    Pierre Vimont (LCR)

    • Je ne suis pas d’accord pour décider au début de la réunion du 20 d’en exclure à priori les organisations ;
      Ce n’est pas mon mandat.
      Roger 50.

    • Ca ne m\\’intéresse pas toutes ces histoires.
      Un des livres les plus enrichissant et des plus difficiles que j\\’ai lu c\\’est structuralisme et dialectique de Lucien Sève.
      Il y a tellement de choses à lire importante que je n\\’ai jamais lu plus de trois ligne de Bourdieu.
      parlez moi de
      un peu au hasard :
      LUkas
      Gramsci
      adam schaff
      levy strauss
      Lacan
      Wallon
      Wygotsky
      Marx de long en large
      Feuerbach
      Engels
      Lénine
      Freud
      Les linguistes de toutes sortes
      Jakobson
      Benveniste
      Tran duc tao
      Emile Jalley
      Kojève
      un peu de Merleau ponty pour voir
      Marcel Mauss
      Diderot
      Flaubert
      Balzac
      Zola
      un peu d\\’althusser
      un chouia de trotsky
      Kant
      Spinoza
      Sans parler d\\’Hegel
      clausewitz
      Machiavel
      Hobbes
      en passant par un peu de kiergegard
      Husserl avec Désanti
      Pour voir
      les idéologies des autres à travers ces lectures
      Plus la géopolitique actuelle
      un zeste de Foucault
      Derrida pour le critiquer mais ça peut être intéressant
      Heidegger sans trop s\\’attarder
      Quelques bons bouquin des anciennes éditions du progres

      Les premières pages de l\\’introduction à la phénoménologie çà prend déjà un temps fou

      Il y a déjà là des lectures pour plusieurs vies
      plus le reste d\\’en face, et d\\’à coté qu\\’il faut bien se taper .
      Ah oui j\\’oubliais une lecture qui m\\’avait passionné c\\’est le chapitre sur l\\’argent dans les grundisses
      Ca me faisait penser à la trace de pas au pataques et au pas de trace de Lacan, allez savoir pourquoi.
      Tout ça pour pas se laisser raconter d\\’histoire.

      Alors Bourdieu je veux bien mais faut il avoir le temps. Et puis est ce vraiment si intéressant.
      Deleuze un peu, Bon c\\’est vrai il y a toujours quelque chose à trouver.

      OH il y a bien l\\’étage en dessous

      l\\’inénnarable Comte Sponville associe aux nouveau nouveau philosophe Onfray avec une pincée de Glucksman et de BHL

      Et WEBER DURKHEIM il faut bien se les taper un peu aussi

      Peut on lire Lacan si l\\’on a pas lu Hegel et Marx.
      ect
      ect

      Dans Bourdieu que je n\\’ai jamais lu, je le confesse, Il y a peut être allez savoir la vérité, l\\’élément, le chainon manquant que je cherche depuis toujours. J\\’y vais.
      excusez les fautes d\\’orthographe. Après l\\’étalage de tant de nom.
      Mais
      L\\’eau ferrugineuse oui non oui le vin oui ..........
      en tout cas pas de canada da da dry.

    • Juste - si je peux me permettre - ce petit conseil à propos de Bourdieu : prenez le temps de lire : "Interventions : 1961-2001", éditions Agone. Pas dur et plutôt enrichissant. u bien encore, si vous voulez vous en faire une idée de manière encore plus agréable, regardez en vidéo ou DVD : "La sociologie est un sport de combat".
      Je n’ai pas lu tout Bourdieu, pas le temps et parfois difficile pour moi, mais ces deux documents-là sont une très bonne entrée.
      Amicalement.
      Pascale Cherrier. Bourges.

  • Cher monsieur Jennar, cher monsieur Cohen-Séat,

    Tout d’abord, permettez moi de vous dire que, l’un comme l’autre, j’apprécie vos contributions à la bataille politique que nous menons contre le capitalisme. Vos cent trente deux réponses pour expliquer le TCE et les raisons de le rejeter pour l’un... tout comme vos contributions aux propositions du PC sur la démocratie, sur le logement... me paraissent être des éléments importants de nos combats pour l’égalité, la fraternité, la solidarité, bref, pour un monde juste.

    Que je vous associe dans ma réponse peut vous surprendre. J’espère que mes explications seront suffisamment claires pour cela et que ni l’un ni l’autre ne prendra ombrage de cette association. Pour ma part, je ne veux pas donner une responsabilité plus importante à un groupe plus qu’à un autre, dans la mesure où un certain nombre de circonstances ou d’actes en ont entraîné d’autres et ont débouché sur cette situation que j’aurais préféré différente : j’étais pour une candidature unitaire d’une personne non encartée, connue ou non mais capable d’argumenter sur nos propositions et de les défendre face à l’adversaire car, si la bataille contre le TCE nous a rassemblé et donné les moyens de lancer un rassemblement des forces antilibérales, la majeure partie des électeurs est encore trop anti-partisane, volontaire pour le « tous ensemble » mais délégataire, attentiste donc pas assez constructive pour espérer un vote rassembleur autour de n’importe quel candidat que nous proposerions.

    Je tiens avant tout, parce je suis militant au PC, à demander à monsieur Jennar de bien vouloir excuser les communistes qui l’insultent, voire aussi tout autre. J’ai toujours pensé que l’insulte était l’argument ultime lorsqu’on n’en a plus ; pour certains parce qu’ils n’arrivent pas à les exprimer (d’où ma demande de les en excuser, surtout que, malheureusement, beaucoup n’ont pas lu Lénine). Je suis persuadé que, l’un comme l’autre, vous avez à coeur et du plaisir à expliquer, à convaincre. Je suis, je crois, dans une position quelque peu similaire, bien qu’ayant, c’est sûr, moins d’arguments, à mon niveau local ardéchois. Je me dois d’ajouter que, comme je défends ardemment mes convictions, je subis régulièrement des attaques, voire aussi des insultes, même par des camarades.

    Monsieur Jennar, vous dîtes que votre erreur a été de croire que la volonté d’unité était partagée par tous, par les individus comme par les appareils. Je ne suis pas assez haut placé dans les hiérarchies du PC pour affirmer que sa direction calculait déjà la méthode pour avoir les voix sur sa candidate, mais je reste persuadé qu’une majorité (je dis bien majorité) des responsables souhaitait l’union pour la réussite du rassemblement antilibéral de gauche. Et je ne rejoins pas Alain Krivine sur ses propos concernant la candidature annoncée par Marie-George Buffet dès août 2005. Je pense plutôt qu’il préparait celle de son collègue Besancenot parce que l’engagement des communistes dans les comités locaux ne permettait pas à l’aile majoritaire de la LCR d’aller vers la recomposition politique des forces de gauche qui détruirait le PC.

    Vous faites par ailleurs référence à des collectifs bidons qui se créaient, ne rassemblant que des communistes. En Ardèche, où je milite et où je suis engagé depuis nombre d’années dans la plupart des mouvements de défense ou d’action locaux, il y a une douzaine de collectifs, presque tous créés à l’initiative de communistes. Vous le savez sûrement, ce n’est pas facile pour nous, malgré notre implantation et nos connaissances du terrain, d’amener les citoyens à participer à nos réunions, rencontres et autres débats, alors que nous voulons vraiment développer la participation citoyenne à la vie, à la construction et à l’action communes, afin de déboucher sur un monde meilleur. Ces comités sont pour nous, militants de base, un vecteur important de la bataille puisqu’ils nous permettent de partager, j’insiste sur le mot, avec d’autres. Il est à noter qu’un nombre majeur de ces comités fait suite à nos batailles contre le TCE, voire pour certains, d’une certaine manière, à la lutte pour la conservation de nos services publics. Ils datent, de fait, bien avant le TCE. Il n’y a eu ni pilotage du national, pas plus que du fédéral pour leur création. Elles sont le résultat des échanges entre communistes et non communistes dans chaque coin, souvent dus à d’autres rencontres avec des individus participant déjà, ailleurs, à un comité.

    Monsieur Cohen-Séat, vous regrettez avec amertume que le Parti ait été considéré et même traité par certains de nos partenaires comme s’il n’avait pas profondément changé depuis les années 50 ou 60. Militant depuis mon adhésion en 1975, je peux témoigner de ces changements : les militants n’ont plus les doigts sur la couture du pantalon. Mais cela est vu surtout de l’intérieur. Car un certain nombre de nos actes ne militent pas en notre faveur et le vote pour la candidature à la présidentielle peut en apparaître apparemment malheureusement un exemple. Si je crois que la question du rassemblement politique antilibérale est aux yeux de presque tous les communistes une question stratégique, cruciale pour notre peuple et pour la gauche, il est indéniable que quelques responsables du PC, y compris des responsables locaux, ne voulaient un rassemblement que sous la bannière communiste. Et ils ont gagné en parti : il y aura, sauf bouleversement de dernière minute auquel je ne crois pas, un candidat, une candidate communiste, sans rassemblement de tous les antilibéraux. Un nombre non négligeable de militants et d’adhérents est très déçu car ils ont bataillé réellement pour cette candidature unitaire, pour que le programme soit et reste la priorité. Mais la présidentielle et sa stratégie de la candidature a rattrapé tous les courants et presque tous les participants, encartés ou non.

    Le résultat est simple : si nous ne faisons pas un effort de réflexion et de rassemblement, en laissant de côté nos rancoeurs, et j’en ai contre mon propre Parti, nous aurons participé directement au deuxième tour avant le premier, nous aurons tracé la voie directe à Ségolène Royal. Et je dois dire, je le pense fortement, par peur. Des uns comme des autres. Peur surtout de la part de toutes nos Directions. Peur du nombre important de militants PC dans les collectifs locaux pour les uns, de la réaction de leur minorité pour d’autres, des risques de recomposition... Et quand la peur s’installe, la réflexion diminue, le doute nous déborde.

    Alors, pourquoi en est-on arrivé là ?

    Les responsables nationaux, tous, communément, portent les premiers la responsabilité de cet situation qui n’est pas encore un échec, pour n’avoir prévenu les collectifs du sens de la démarche du double consensus, pour avoir laissé privilégier la candidature plutôt que l’avancée du programme. Je ne peux pas croire que des responsables, communistes ou autres, n’avaient pas compris que le double consensus éliminait, de fait, toute candidature de parti. C’est une raison bien plus vraisemblable du refus de participation de la LCR, surtout face à la force du PC. Car le texte ambition-stratégie était clair sur le refus de participer à un gouvernement menant une politique non antilibérale ou à des accords de sommet avec un PS au summum de la politique sociale-libérale ; il l’était sur le but de battre la droite et l’extrême-droite au deuxième tour quoiqu’il en soit. Peut-on dire que Royal égale Sarko, que le PS et l’UMP c’est la même chose. Non, mais on peut dire qu’ils roulent tous pour une politique libérale qui favorise les capitalistes.

    La responsabilité des dirigeants du PC est engagée car ils ont mal informé les militants de la différence entre la bataille interne au Parti (vote pour une candidature unitaire ou vote pour un candidat PC) et le vote dans les collectifs. Dans notre secteur, il a d’abord été mis l’accent sur la nécessité que ce soit une personne encartée qui soit présentée (cela limitait bougrement le choix) afin de prouver aux anti-organisations que la politique avait besoin de l’engagement. Ensuite, du fait des progressions des résultats internes au PC, cela est devenu l’obligation d’avoir Marie-George sinon nous aurions une candidature indépendante communiste. Et puis, suite au résultat des votes des collectifs locaux, nous avons débouché sur le respect de la démocratie. Sans compter la peur que la LCR ait son candidat et pas nous, le manque de confiance dans la possibilité de réussite d’un projet qui peinait voir arriver de nombreux membres dans les collectifs locaux, notamment de syndicalistes, essentiels à la réussite, alors que les communistes auraient dû prendre des risques pour montrer leur vrai visage.

    La responsabilité des dirigeants des autres organisations est aussi à rechercher car ils ont privilégié la bataille pour une recomposition à la gauche du PS, certes à voir, discutable, peut-être d’avenir car un parti, s’il est une cellule vivante, peut aussi mourir, mais impossible, en si peu de temps, à réaliser. Ils auraient dû privilégier celle pour mettre en place un groupe à même de mener une campagne unitaire sur la base d’ambition-stratégie et des 125 propositions. Ils auraient dû aussi ne proposer qu’un candidat ou qu’une candidate au lieu de nous mener droit vers des primaires, l’option consensus ne pouvant pas sortir de la multitude et de la diversité des collectifs, surtout si, en haut, tout accord était déjà impossible. Et il l’a été.

    La responsabilité des « candidats » est,elle aussi, importante d’autant qu’ils étaient des meneurs, avec quelques autres, du collectif national. En restant tous candidat malgré les difficultés que l’on voyait poindre, ils ont laissé passer l’idée que la place valait plus que la stratégie, qu’ils travaillaient plus pour eux que pour la collectivité. Ils se sont lancé dans des querelles, allant même jusqu’à signer des pétitions pour rejeter l’autre. Erreur fondamentale sûrement due à l’importance de l’enjeu mais qui ne pouvait pas ne pas laisser de trace.

    A partir de là, le vote n’a plus pu n’être que défensif et non constructif dans beaucoup de têtes ; il n’a plus pu partir de la réalité sociale de notre pays : la politique discréditée pour beaucoup trop ; les politiques rejetés, amalgamés dans le « tous les mêmes » ; l’anticommuniste toujours fort même si les militants sont souvent reconnus dans leurs secteurs géographiques... même si la politisation du peuple de France reste importante. Le vote a donc viscéralement évolué pour devenir, chez beaucoup, consciemment ou non, un vote hyper-affectif. Que ce soit pour un des candidats, ou que ce soit contre d’ailleurs. Et la réunion de St Ouen m’en semble une excellente illustration : chacun sur ses positions, aucune écoute, l’affectif, encore l’affectif, toujours l’affectif. Je tiens aussi à vous citer ce jeune qui est venu à la réunion de notre collectif local, celui pour le deuxième vote, il n’avait pas encore participé et nous a dit qu’il ne comprenait pas que l’on revotât, que cela lui donnait une impression de manque flagrant de maturité. Mais j’insiste sur le fait que ce n’est pas, pour moi, un manque de maturité mais la conséquence de choix différents, parfois de volontés, mais qui pouvaient être dépassés par une réelle volonté commune de rassemblement à partir des réalités sociales et qui ont été noyés par l’affectif encore trop présent dans un mouvement trop récent, encore trop divers.

    Vous comprendrez, chers messieurs, pourquoi je veux une réponse commune car je crois à une responsabilité commune plutôt qu’à la rejeter sur les autres.

    Les choses en étant là, même si je souhaite un renversement pour une candidature de consensus, je suis persuadé que, pour cette élection, il ne pourra pas y avoir le rassemblement que nous souhaitions : Marie-George Buffet est condamnée à rester candidate du fait de ses résultats. José Bové, même s’il rassemble 30 000 signatures, ne parviendra pas à faire l’unanimité, à changer la donne chez ceux qui ont voté pour elle, et il n’y a pas que des communistes : il s’est retiré du mouvement alors qu’il aurait pu retirer sa candidature mais aurait dû rester dans le groupe. Pour changer les choses, il faudrait une arrivée massive dans les collectifs d’individus supplémentaires pour créer une vague, un tsunami. Mais nous n’en sommes pas encore là, pour ne pas dire que nous en sommes loin.

    Et l’avenir ?

    La construction que nous voulons, le rassemblement pour faire une politique antilibérale n’avancera pas si nous poursuivons dans l’affectif. Car il continue de dominer et il sera la cause de la division si nous recherchons une candidature vraisemblablement impossible actuellement. Il apparaît bien difficile de le dépasser dans les conditions de surchauffe des esprits actuellement. Vous, avec les autres responsables nationaux devez nous aider en ne rajoutant pas d’huile sur le feu.

    Et surtout, vis-à-vis de la population, de tous ceux qui attendaient tant, de tous ceux qui sont dans la misère, dans la précarité, ceux qui vivent l’exclusion, qui souffrent et souvent ne peuvent en aucune manière intervenir... avons-nous le droit de casser définitivement une dynamique qui allait dans le bon sens ? Serions-nous incapable de changer de méthode pour cette élection et mettre en place une bataille collective avec des responsables futurs potentiels déjà situés : Premier Ministre – finance – environnement – social... ? N’avons-nous pas, non un devoir de moyens, mais de réussite ? Nous devons montrer que le présidentialisme n’est pas notre choix, que nous voulons le dépasser, que nous ouvrons déjà la voie vers la VIème République. Les gens attendent notre accord plutôt que nos querelles. Nous devons discuter et faire discuter du programme en mettant en avant une dizaine d’actions fortes qui seront réalisées dans les sic premiers mois.

    C’est, je pense, en avançant dans ce sens que nous pouvons envisager des législatives avec des candidatures communes. Chaque composante devant faire l’effort pour que la représentation de tous soit possible.

    Je suis un optimiste. J’aimerais participer à la réunification, messieurs, de vos messages, à la complémentarité de nos actions. Bien sûr, mon avis sera noyé dans une masse de messages contradictoires et le trouverez-vous même peu pertinent. Mais je persiste et garde espoir.

    Je reste dévoué à notre cause.

    Patrick BELGHIT.